Chp 1 : Kristie

14 minutes de lecture

« Lassée des hommes rasoirs et machos ? Rejoignez le programme d’union inter-espèce !

Plaisir sensuel inégalé et possibilité d’ajouter de très longues années à votre espérance de vie font partie des nombreux bénéfices de l’union avec un ældien.

Les plus :

- des partenaires attentifs et dévoués, au tempérament intense et passionné

- les mâles s’impliquent autant dans les soins aux enfants que les femelles !

- une société matriarcale, qui fait passer les besoins féminins avant tout le reste

- la production de phéromones extraterrestres garantissant longévité, bonne santé et un bien-être sexuel incomparable au partenaire humain

Attention :

Les ældiens sont des prédateurs carnivores dotés des caractéristiques des grands carnassiers : crocs proéminents, griffes aiguisées, appétence irrépressible pour le sang et la nourriture carnée. S’ils ne sont pas tous chasseurs, il est conseillé de suivre une formation préalable pour éviter de provoquer leur instinct de chasse.

Les mâles sont également protecteurs et territoriaux, très jaloux de ce qu’ils considèrent comme leurs possessions. Une formation sera nécessaire pour ne pas mettre en danger votre entourage et apprendre à vos proches à respecter les limites du territoire que vous partagerez avec votre partenaire ældien. »

L’annonce passe en boucle sur CosmoNews depuis une semaine. Tout le monde ne parle plus que de ça sur New Arkonna, et probablement dans toutes les autres colonies.

Faut dire… c’est ce qu’on appelle un changement de ton.

Il y a encore quatre ans, les ældiens étaient l’ennemi absolu, et de nombreux enfants – moi y compris – ont été élevés avec ce nom comme synonyme de croque-mitaine. « Si tu n’es pas sage, un ylfe aux grandes dents et aux yeux rouges viendra t’enlever. » Ce discours terrorisait mes copines… mais pas ma cousine et moi, qui les intégrions à nos jeux.

Sauf que les ældiens, en plus d’être une réalité bien actuelle, ont décidé de rejoindre la République Galactique. Et maintenant, ils veulent épouser des humaines… paraît-il qu’il y a très peu de femelles aptes à procréer parmi eux, et que leur espèce est en voie d’extinction. Certains disent que c’est pas si mal de les voir disparaître… mais pas le gouvernement qui a décidé de les intégrer à l’Holos. Et pour solidifier les liens entre les humains et les ældiens, ils ont créé un bureau spécial, l’Agence pour l’Intégration des Non-Humains (AINH). Ce bureau a mis en place un programme d’union inter-espèce qui permet à des femmes humaines volontaires de rencontrer un mâle ældien et de se mettre en couple avec lui : le Galactic Mating Agency. Il existe une application, « exomatch », plusieurs agences matrimoniales (Cœurs Stellaires, Étoiles Jumelles, Fusion Astrale) ainsi qu’une journée portes ouvertes au forum de New Arkonna. Et surtout, ils ont lancé une grande campagne d’embauche. Ils ont besoin d’employés pour accueillir les femmes décidées à se lancer dans l’aventure… dont ma cousine Suri, décidée à se trouver un sauvage guerrier alien comme partenaire de vie. Pour ma part, après 4 ans d’armée et de relations pourries, j’ai perdu tout espoir en la gent masculine, humaine ou non.

— Tu es sûre de vouloir te lancer là-dedans ? lui demandé-je, circonspecte.

— Oui. Je suis décidée. J’en ai marre des mecs ! me déclare Suri, sûre d’elle.

Je pose ma main sur celle de ma cousine. Elle est jeune, encore naïve. Et elle n’a pas mon caractère frontal et sans concession, ce tempérament qui fait fuir les mecs. Je suis sûre que pour elle, il y a encore de l’espoir.

— Tu ne crois pas que tu vas un peu vite en besogne ? Tu vas finir par trouver chaussure à ton pied, j’en suis sûre. J’ai entendu pas mal de rumeurs sur les ældiens pendant mon service… ce ne sont pas des tendres. On les dit cruels, agressifs, et très dominants. Surtout… ils nous considèrent comme des inférieurs. Je suis même étonnée qu’ils participent à ce programme.

Suri réplique par un rictus complice.

— C’était de la provocation. Évidemment que je ne prends pas ça au sérieux ! Mais depuis le temps qu’on nous parle des ældiens… Je suis curieuse, c’est tout. Pas toi ?

— Un peu, avoué-je en espérant ne pas être trahie par la chaleur qui vient de me monter aux joues.

Personne ne le sait dans ma famille, mais c’était pour en rencontrer que je me suis engagée dans l’Infanterie Mobile. Sauf que ça n’est jamais arrivé. Il parait que j’ai eu de la chance… et quelques mois après mon intégration, on a signé la paix avec eux, et j’ai été cantonnée sur une base rasoir, dans un coin d’univers pourri. Je n’ai jamais été mise en contact avec eux.

Alors, quand j’ai vu cette annonce… j’ai déposé ma candidature. Pas pour épouser un ældien, non : je ne suis pas désespérée à ce point-là. Mais pour vivre une véritable aventure, découvrir de nouvelles choses… Et cette semaine, j’ai reçu leur réponse : je suis convoquée à un entretien ! Mon travail, ce sera d’escorter les aspirantes au mariage alien sur la planète hostile où elles vont devoir s’embarquer. Je vais enfin voir à quoi ressemblent ces créatures qu’on nous présente désormais comme le mari idéal.

Les ældiens ne seront jamais matés. C’est une race fondamentalement guerrière, et l’affrontement, les tueries font partie de leur culture. Ce sont de grands carnassiers avides de sang, qui placent l’honneur suprême dans le fait d’anéantir leurs ennemis.

C’est ce que disait le Major Reitmann. Mon ex, accessoirement.

En réalité, c’est cette mention « grand carnassier » qui m’a interpellé, je ne sais pas pourquoi. Je m’intéresse à la vie sauvage, je visionne pas mal de documentaires sur la faune disparue. Et de ce côté-là, Vorak, la planète où les candidates de cette édition du programme doivent se rendre, est plutôt garnie.

— Ils précisent aussi « ne sont pas tous chasseurs », argumente Suri. On peut en demander un pacifique !

Je réponds par une moue dubitative. Notre histoire avec eux est plutôt claire sur le « pacifisme » des ældiens… d’ailleurs, pour accompagner les candidates sur Vorak, l’Agence voulait des ex-militaires, et je suis censée porter mon arme tout le temps.

— On a beau être en paix avec eux, le bureau gouvernemental nous a déconseillé de nous approcher d’eux si on devait en croiser par hasard, révélé-je à ma cousine. Selon eux, les ældiens supportent à peine la présence des humains, et celle des femmes peut les rendre agressifs. Ils peuvent sentir si on a nos règles ou qu’on ovule, et leur instinct les pousse à s’affronter entre eux, dans ce genre de cas… Je trouve ça plutôt de mauvais augure, si tu veux mon avis.

— Mais chez les ældiens au contraire, ce sont les femmes qui commandent ! s’écrie Suri. Et les mâles se battent pour elles.

— Ils les considèrent comme leurs possessions, grogné-je. Ils sont dominateurs et territoriaux… et subissent un terrible déséquilibre du ratio mâle/femelle. C’est ce que j’ai entendu, en tout cas.

J’ai entendu d’autres trucs, évidemment. Sur la taille démesurée de leurs organes génitaux ou les rites sexuels qu’ils pratiquent… mais je préfère ne pas ajouter de fioul au moteur de Suri. Mieux vaut éviter que ma cousine ne fantasme sur des guerriers aliens aux coutumes barbares, montés comme des zubrons.

— Qu’importe, je vais y jeter un œil, s’obstine Suri. J’irai à cette réunion d’information. Tu m’accompagnes ?

— J’ai été recrutée pour intégrer leur équipe, avoué-je avec un soupir. Me regarde pas comme ça, il me fallait bien un boulot… je suis chargée de la sécurité des candidates, avec d’autres mercenaires.

Suri bat des mains comme une gamine, en sautillant sur place.

— Génial ! On pourra aller au salon ensemble.

Je hoche la tête, résignée. Moi qui comptais faire ça discrètement…

— D’accord, mais pas de bêtise, hein ! Hors de question que tu te ramènes un de ces ældiens. Ta mère me tuerait ! Et ne dis à personne que je bosse pour cette agence de mariage alien. Il paraît que ce programme est très critiqué par certaines personnes. Après tout, les ældiens étaient nos ennemis, il y a encore quelques années…

— Mais si c’est juste pour s’amuser ? Elle n’en saura rien ! Allez, je te couvre, et je garde le secret sur ton nouveau boulot. Donnant-donnant !

Je suis obligée d’accepter. Suri peut-être très lourde, quand elle s’y met.

Mais je pense qu’elle se fourvoie en pensant pouvoir « s’amuser » avec ces créatures aux instincts primaires. J’avoue que je suis curieuse de voir à quoi ils ressemblent réellement… et surtout, j’ai besoin de ce job. C’est les ældiens, où je repars dans l’Infanterie Mobile, et ça, c’est hors de question. J’ai envie d’autre chose, d’une nouvelle vie, plus proche de la nature, loin de ces immenses navires de guerre et de ces stations sinistres.


*


Il y a plus de monde intéressé par les mariages aliens que je ne l’imaginais. Quasiment que des femmes… évidemment. Les ældiens ne cherchent pas d’hommes. Ils ont besoin de ventres, d’utérus. Et vu que nos deux espèces sont inter-fécondes… c’est bien pratique.

— Où sont-ils ? chuchote Suri, excitée comme une puce. Tu crois qu’on va en voir ?

Les ældiens ne peuvent pas être pris en photo : quelque chose en eux dérègle les machine. Ce mystère ajoute à la fascination qu’ils exercent sur nous. Tout le monde les imagine d’une façon qui lui est propre, en y collant ses propres peurs et fantasmes. Pour ma part, je visualise un humanoïde de grande taille avec une longue chevelure et des oreilles pointues, courant presque nu dans la jungle, les muscles luisants et bandés, peut-être la peau bleue, avec des cornes.

— Attends. On m’a donné ce badge spécial.

Je le passe sur un terminal pour télécharger le dépliant virtuel et l’assistante IA. Une jeune femme habillée avec une tenue kitsch en écailles irisées, apparait aussitôt.

— Je m’appelle Mia, et c’est moi qui vous guiderai pendant ce salon, nous annonce-t-elle de sa voix mielleuse. Vous pouvez me poser toutes les questions que vous voulez ! Je suis là pour aider à trouver le partenaire ældien idéal. Une première question d’abord : vous préférez les contes de fées, les histoires horrifiques ou celles de survie dans la nature ?

Suri et moi répondons deux choses différentes.

— Voulez-vous que j’appelle une deuxième assistante ?

Je secoue la tête.

— Non, on est là pour ma cousine : elle est venue juste pour se renseigner. Quant à moi, je fais partie de l’équipe sécurité qui escorte les volontaires sur Vorak… est-ce que vous pouvez lui montrer quelques annonces ?

L’assistante sourit.

— Juste pour voir, d’accord. Je charge une première annonce. Numéro 134.

Elle nous tend la tablette holo. Pas de photo, évidemment, mais un petit texte directement récité par l’ældien en Commun. Sa voix est mélodieuse et grave, étonnamment addictive.

« Deanor, 5000 ans environ, yeux jaunes, robe rouille, panache coupé. Mâle expérimenté et romantique. J’aime le chocolat et la musique ancienne. Je cherche une femelle douce et gentille pour vie à deux. Les oreilles très rondes sont un plus. »

— 5000 ans ? s’écria Suri. C’est ce qu’on appelle un vieux garçon !

— C’est une estimation, me répond la conseillère. La plupart ne connaissent pas leur âge. Ce n’est pas important dans leur culture.

Je savais déjà que leur espérance de vie était très longue. C’est l’une des raisons pour lesquelles ils nous considèrent comme des inférieurs. Et, selon moi, un des obstacles majeurs à nos rapports avec eux. Ils n’ont pas la même notion du temps que nous. Mais j’avoue être surprise par le message enregistré par cet ældien. Il a l’air… tranquille.

— Et « robe rouille », ça veut dire quoi ? Et « panache » ?

— La robe représente la couleur de leurs cheveux, répond Mia. Celui-là a les cheveux rouges. Quant au panache… on vous dira ce que c’est lors de la formation, si vous en sélectionnez un.

— Pourquoi il veut des oreilles rondes ? s’étonne Suri.

— Les ældiens fantasment sur les oreilles des humaines, nous apprend l’assistante avec une pointe d’embarras. Plus c’est différent des leurs, mieux c’est.

Ce Deanor est donc un vieux célibataire maniaque qui fait une fixette sur les humaines. Next.

— Montrez-nous une autre annonce, demandé-je. Un peu plus… sauvage.

J’évite de croiser le regard de ma cousine. Mais l’assistante, elle, sourit de manière très professionnelle.

— Très bien. Voilà le numéro 152.

La voix, cette fois, est plus dure, plus rauque.

« Vern, moins de mille ans, yeux verts, cherche une femelle pour nuits chaudes et charnelles. Si tu n’es pas bruyante, que tu as deux jambes, deux bras, et connais la limite de nos terrains respectifs, tu m’intéresses. Je garde mon panache. »

« Nuits chaudes et charnelles »… en voilà qui va droit au but.

Ça correspond déjà plus à l’idée que je me faisais d’eux. Des êtres instinctifs, aux besoins primaires.

— Je veux rencontrer Vern, décide Suri en posant le catalogue.

— Vous ne voulez pas en voir d’autres ? s’étonne l’IA.

— Non. Je me jette dans le bain. Je n’ai aucune idée de ce qu’est un ældien : je verrais avec Vern, et ensuite, j’en convoquerai d’autres.

L’assistante affiche un air ennuyé.

— Attention : ils vous le diront à la formation, mais il vaut mieux être sûre avant de les rencontrer. Ils peuvent tomber fous de vous dès le premier regard !

Eh ben…

— Ce Vern n’a pas l’air du genre romantique, pourtant, objecté-je.

— C’est un mâle ældien. Il peut entrer en résonnance avec vous immédiatement et décider que vous êtes son âme-sœur, son « as-ellyn ». Si c’est le cas, il n’acceptera plus aucune autre femelle.

— C’est compliqué, quand même…

— Très compliqué. C’est pourquoi nous n’organisons aucune rencontre. Soit, vous êtes sûre de vous engager, soit vous renoncez.

Pour le coup d’un soir, c’est foutu. Suri va être déçue.

— Et si c’est du côté humain, que ça coince ? tente ma cousine.

— Impossible. Toutes les humaines tombent sous le charme de leur ældien dès qu’elles le rencontrent ! Nous sommes fiers d’annoncer à nos clients un taux de cent pour cent de satisfaction.

Se lier à un non-humain jusqu’à la mort… je ne suis pas sûre que Suri avait vraiment envisagé les choses comme ça.

— Je pense que ce n’est pas pour moi, finalement, admet-elle.

Elle renonce. Ouf ! Mais l’IA a continué à dérouler la liste.

— Regarde celui-là ! s’écrie alors Suri en me fourrant la tablette holo sous le nez.

« Varhun de la Meute Sanglante, de lignée urulædhel par ma mère, orcneas par mon père, deux cents ans. Je cherche une humaine qui aime la nature pour établir ma propre famille sur Vorak. Je suis un chasseur renommé dans mon clan, capable de prodiguer ressources et protection à ma femelle. Je la veux fertile et soumise, désireuse de vivre selon nos coutumes. Qu’elle sache chasser et survivre dans la nature est un plus. »

La Meute Sanglante. Un intitulé qui donne envie… et il veut une « femelle fertile et soumise » qui s’intégrera à sa « meute sanglante ». Sur la planète la plus hostile de la bordure extérieure. Gros red flag… Pourtant, je suis incapable de détacher mes yeux de cette annonce.

— Attention, nous prévient la conseillère. Les orcneas, même demi-sang, sont très typés. Je ne vous le conseillerai pas, si vous n’êtes pas du tout familiarisées avec les ældiens. Quant aux urulædhels…

Je relève les yeux vers elle.

— Pourquoi ? Qu’est-ce qui les différentie des autres ældiens ?

La conseillère tapote sur ma tablette holo.

— Tout est expliqué dans le guide, nous dit-elle en nous montrant l’écran.


Les différents types d’ældiens


Niśven/Stryges : ældiens ailés (plumes) à la chevelure noire et aux yeux rouges et/ou dorés. Très sensuels et sophistiqués.

Attention (1) : ils ont besoin de boire du sang quotidiennement, notamment celui de leur partenaire.

Attention (2) : ils se lient avec un.e partenaire unique.

Attention (3) : ces ældiens possèdent un tempérament passionné et sarcastique, voire un peu sadique.

Urulædhel/gargoyles : ældiens ailés (membrane) portant une paire de cornes, descendants de lointaines hybridations avec des wyrms, dont ils partagent certaines caractéristiques.

Attention (1) : ces ældiens aiment les environnements escarpés, et pratiquent « l’enlèvement rituel » des femelles, qu’ils gardent ensuite dans leur tanière sur une haute falaise pour copuler avec elle non-stop jusqu’à la ponte des œufs.

Attention (2) : ils sont ovipares.

Attention (3) : tempérament très dominateur des mâles.

Orcneas : ældien retourné à l’état sauvage dont les ancêtres ont fait le choix de revenir à des formes de subsistance plus primitives. En général plus massifs que leurs cousins des autres lignées, ils sont également plus agressifs et vivent en petits clans familiaux dirigés par une chamane matriarche (l’ard-ælla) et un chef de guerre (l’ard-æl) : voir à la rubrique « organisation sociale ældienne »

Attention (1) : ces ældiens refusent la civilisation moderne et vivent dans la nature « à la dure ».

Attention (2) : les unions matrimoniales sont scellées par le rite de la Chasse Sauvage, qui, si elle est sans danger lorsqu’elle est accomplie dans les règles, peut s’avérer éprouvante physiquement et mentalement pour une femme humaine

Attention (3) : les mâles possèdent un organe reproducteur double.


Cette fois, ce sont mes joues que je sens rougir.

— Ça veut dire quoi, « organe reproducteur double » ? demande Suri.

— Que ce Varhun a deux pénis, grommelé-je.

Je savais qu’il y aurait un GROS os.

Ma cousine écarquille les yeux.

— Tu veux dire que…

— Un pour chaque trou, oui, maugréé-je. Il a aussi des ailes, des cornes, et la « femelle fertile et soumise » qui tombera enceinte de lui pondra des œufs.

— Alors, pour les œufs, ce n’est pas cent pour cent certain : Varhun n’est qu’à moitié urulædhel, intervient Mia. Justement, il…

— Il a DEUX pénis, asséné-je.

Et énormes, en plus. La brochure est suffisamment claire là-dessus, même si c’est déjà de notoriété publique… le phallus de ces ældiens fait facilement le triple d’un pénis humain. Ce qui peut rendre les accouplements très compliqués, et rend obligatoire un « stage » de formation aux ébats avec le partenaire choisi.

— Ce ne sera pas le seul obstacle, précise la conseillère. Les orcneas suivent le rite d’union antique des ældiens : la chasse au partenaire. La femelle courtisée est lâchée dans la jungle pour être traquée comme une proie par plusieurs chasseurs, au terme de laquelle le vainqueur, au lieu de la mettre à mort, la capture pour la ramener dans la tanière du clan et s’accoupler avec elle devant tous ses membres. Ce rite est particulièrement éprouvant et humiliant pour les humaines. Jusqu’ici, aucune de nos volontaires n’a accepté d’y participer.

Tu m’étonnes.

— Et qu’est-ce qui se passe si ce n’est pas celui qu’on a choisi comme partenaire qui remporte la chasse ?

— Vous êtes obligée de vous unir au vainqueur. Les lois ældiennes sont très strictes là-dessus… la seule chance pour un autre mâle de vous récupérer serait de défier le gagnant. Et il est attendu de la femelle qui participe qu’elle fasse tout pour faire perdre les autres mâles et favorise celui qu’elle a choisi. Mais c’est difficile pour une humaine de survivre dans la jungle de Vorak et de semer un chasseur ældien… pour ne pas dire impossible. En général, les femelles ældiennes se cachent et attendent sagement d’être trouvées afin de permettre aux mâles de se battre pour elles : dans leur culture, c’est considéré comme un grand honneur, et c’est le meilleur moyen pour les femelles de sélectionner le meilleur chasseur pour ses futurs petits.

C’est pas possible. De toute façon, toute cette présentation n’est qu’une farce. Mieux vaut être célibataire que mariée à un guerrier extraterrestre sanguinaire, même s’il a remisé son sabre à plasma au placard.

Je pense Suri du même avis que moi, vu son silence. Elle a arrêté de faire défiler le catalogue.

Mais apparemment, je ne connais pas ma cousine si bien que ça…

— Il faut les rencontrer, décide-t-elle soudain. Je contacte l’Agence pour suivre la formation.

— Non, ne fais pas ça ! chuchoté-je, catastrophée.

Elle grimace d’un air coupable.

— Trop tard…

La conseillère nous gratifie d’un grand sourire.

— Vous avez fait le bon choix. De toute façon, en tant que salariée de l’Agence, vous auriez dû la suivre. Mais vous allez voir, les ældiens vont changer votre vie !

Je lui jette un regard noir. Ils l’ont déjà changé, notre vie, en des siècles de guerres qui ont complètement transformé notre société. Et maintenant, ils ont obtenu ce qu’ils voulaient : des femmes humaines, qui courent se jeter sur leurs griffes de leur propre volonté. Bien joué, les gars.

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