Chp 13 : Varhun

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En voyant Kristie dans la tenue traditionnelle des femelles du clan, j’ai senti ma verge tressaillir comme un jeune mâle qui voit une elleth[1] en chaleur pour la première fois. La peau lisse et mate de ses fesses cambrées luit à la lumière des torches qui éclairent le couloir, et ses hanches pulpeuses rebondissent d’un côté et de l’autre alors qu’elle monte les escaliers menant à la caverne des femelles. Pendant un dangereux moment, j’ai bien du mal à me retenir de les saisir à pleines mains.

C’est ton frère qui y aura droit. Pas toi.

Un grognement monte le long de ma gorge, et de nouveau, mes griffes se hérissent. Je dois me rendre à l’évidence : l’idée qu’Azorth possède cette humaine m’est tout simplement insupportable. Si elle doit appartenir à un mâle ædhel, ce sera à moi, et à personne d’autre. Je ne laisserai même pas l’ard-æl lui prendre sa Première Nuit et l’initier devant tout le clan.

Lorsque je pénètre dans la caverne des femelles, certaines ellith reculent dans les ombres, tête baissée. Mais pas Rani. Elle se dirige droit vers moi, le menton fièrement relevé.

— Tu nous la ramène ? J’espérais que finalement le seigneur Azorth l’ait sailli, puis se soit déjà lassé d’elle et la renvoie chez les humains, raille-t-elle.

Je jette un regard à Kristie, qui se dirige vers le coin de la grotte où sa cousine coupe de la viande sous les instructions de Nur.

— Elle doit être formée comme les autres. Ordre de l’ard-æl. Ah, et il lui faudra un khangg.

Rani glisse un regard vipérin sur la silhouette athlétique et sensuelle de Kristie, accroupie près de Nur. Je sais qu’elle ne l’aime pas, et cela me donne envie de protéger l’humaine encore plus.

— C’est officiel, alors. Elle va participer à la Chasse ! grimace-t-elle.

— Tu sais bien qu’Azorth ne promet jamais rien à la légère.

— Mmh… Je vais devoir supporter une autre concubine humaine. Et une particulièrement ignorante, en plus, crache Rani en croisant les bras.

— Je te promets que non.

— Comment ça ?

— Je participe moi aussi. Pour protéger Kristie. Elle n’a pas demandé à prendre part à tout ça.

Rani lève un sourcil.

« Protéger Kristie »… et comment comptes-tu t’y prendre, alors que tu seras pris par les fièvres ?

— Ce ne sera pas la première fois que je passe cette période sans m’accoupler, Rani. Tu le sais bien.

Rani me fixe dans les yeux, pendant un long moment. Elle doit se remémorer, comme moi, ces longues nuits où nous chassions tous les deux, nous tournant autour sans jamais oser sauter le pas. Puis, soudain, elle plaque sa main sur mon entrejambe, et saisit mon sexe.

— Ton skryll est déjà dur comme une épée… alors que la Lune Rouge n’est même pas levée. Et tu me racontes que tu ne baiseras pas cette fille ? Ne me la fais pas à moi ! Je connais les mâles.

Je chasse la main de Rani d’un geste ferme. Elle tressaille lorsque j’empoigne son avant-bras, puis se dégage en montrant brièvement les crocs.

— Personne ne la baisera. Ni Azorth, ni moi. Je la ramènerai aux siens, intacte.

— Intacte… tu crois qu’elle est vierge, en plus ? siffle Rani.

— Elle n’a jamais couché avec un ædhel… alors c’est tout comme.

La première fois d’une humaine avec l’un des nôtres est spéciale. C’est d’ailleurs pour cela qu’une cérémonie a lieu, devant tous.

— Et tu penses que tu seras le premier, c’est ça ? ironise Rani avec ce demi-sourire provoquant qui m’excitait tant, avant.

— Et le dernier, grogné-je, les mots dépassant ma pensée.

Rani me fixe des pieds à la tête.

— C’est donc vrai. Tu convoites cette fille !

— Je veux juste la protéger. C’est une question d’honneur. Tu devrais comprendre ça, Rani.

— Elle est pour Azorth. Si tu t’opposes à sa volonté, vous devrez vous battre !

— Qu’il en soit ainsi, alors.

Je dépasse Rani pour rejoindre les humaines, la laissant fulminer sur place. Nur, occuper à écraser des herbes avec une pierre, relève l’un de ses yeux sombres sur moi.

— Tu ne peux pas rester là, As Feryn.

Je jette un coup d’œil à la ronde. Certaines candidates ont déjà interrompu leurs activités, et me fixent avec curiosité.

— Je sais. Je venais juste voir si tout allait bien. Besoin de rien ?

— Il nous manque un peu de viande pour le banquet de ce soir, admet Nur. L’ard-ælla a décrété que nous allions manger tous ensemble, pour que les nouvelles femelles puissent voir les mâles… il faudra beaucoup de viande pour les occuper. Tu peux nous en ramener ?

Je jette un œil à Kristie, qui s’acharne sur des tiges de puval avec une mauvaise volonté évidente. Elle a l’air de s’ennuyer ferme.

Et il faut que je lui apprenne à se servir de sa nouvelle arme. Plus vite elle saura survivre dans la forêt, mieux ce sera.

— Je réquisitionne une femelle pour la chasse, dis-je en désignant Kristie du menton. Toi, la guerrière, tu viens avec moi.

Kristie me regarde un moment, l’air interloquée. Mais elle ne demande pas son reste. La vitesse avec laquelle elle bondit, les coquillages et les os qui décorent son pagne cliquetant tandis qu’elle bouge, font naître une drôle de chaleur dans mon cœur.

Cette fille a du feu dans les veines. Elle n’a peur de rien. Quelle compagne elle ferait, à la chasse comme au lit…

Mais je disperse ses idées folles et lui tourne le dos, me dirigeant vers la sortie. Kristie m’emboîte le pas.

Alors que nous quittons la caverne où je viens à peine de la ramener, Rani nous suit des yeux, mécontente. C’est elle, la meilleure chasseresse des femelles. Elle, qui aurait dû ramener la viande. À la place, elle va devoir faire le travail de celles qui ne chassent pas : une humiliation, pour la première concubine de l’ard-æl.

Tant pis pour elle. C’est elle qui l’a voulu.


*


— Merci de m’avoir tirée de là, m’annonce Kristie une fois dehors. Je ne me voyais vraiment pas faire la popotte pour tous ces mâles.

Il faudra bien, pourtant. Et je doute que tu apprécies la suite de la formation.

— Dans notre culture, on ne dit pas merci, asséné-je sans la regarder. Si je t’ai fait venir, c’est que c’était nécessaire.

Kristie croise ses bras bronzés sur sa poitrine. J’essaie d’ignorer le creux entre ses seins, et l’envie de plus en plus pressante de mordre dedans.

— Nécessaire à quoi ? Je ne vais pas t’être d’une grande utilité sans mon bolter, malheureusement.

Je lui tends l’arc que j’ai sculpté pour elle.

— Voilà ta nouvelle arme. Je vais t’apprendre à t’en servir, aujourd’hui.

Kristie s’empare de l’arc et teste la corde, dubitative. Je ne me suis pas trompé : la courbure est adaptée à sa force.

— Pourquoi veux-tu que j’apprenne à me servir de cette arme ? Je veux dire, je te suis reconnaissante, bien sûr, mais… si tu voulais vraiment m’aider, tu m’escorterais à la base, pour que je reprenne une arme et cherche du secours.

Je me tourne vers elle.

— Non. Notre clan a besoin des femelles pour faire naître une nouvelle génération de petits, et je ne veux pas être celui qui brisera l’accord entre nous et provoquera une nouvelle guerre entre les humains et les ældiens. Mon seul but maintenant, c’est de faire en sorte que tu en saches suffisamment pour pouvoir survivre dans la forêt le premier jour, avant que j’aie le droit de te rejoindre. On laisse toujours une journée d’avance aux candidates, lors de la Chasse, pour corser le jeu. Je veux que tu partes le loin possible, que tu survives aux dangers de la sylve, et que tu te caches dans un endroit que je vais te montrer aujourd’hui. Tu es prête ?

Kristie hoche la tête gravement. Elle ne cherche plus à me contredire.

— Accroche-toi bien, lui dis-je avant de la saisir par la taille.

Elle tend ses bras et les tends sur les épaules. Sentir ses seins fermes contre mon torse termine de raidir ma verge, mais je me contiens. C’est un bon entrainement pour la Lune Rouge, quand je serai complètement en rut et devrais la protéger sans pouvoir la toucher.

Je déploie mes ailes, puis décolle du sol. L’endroit où je vais l’emmener sera notre refuge… ou il sera l’arène où je devrais affronter mon frère.

[1] Femelle adulte et initiée.

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