Chp 24 : Kristie
Nur vient m’apporter des fruits et un morceau de viande, car à cause de ce qui s’est passé tout à l’heure, j’ai raté le repas. Je mange seule, au bord de la falaise, les yeux fixés sur les étoiles et la jungle bruissant en contrebas. Parmi les milliers de points lumineux qui illuminent le ciel, je me demande lequel est un monde humain. Aucun, probablement… nous sommes loin de tout, ici. Et cet astre énorme, rouge comme une plaie sanglante…
Demain. Demain soir, la lune sera entièrement levée. Et les ældiens nous lâcheront dans la forêt.
Je jette une pelure de fruit par terre.
Il faut sans doute que j’essaie de parler à Rhun avant cette chasse. Mais il est devenu inapprochable…
Et il a complètement pété les plombs tout à l’heure.
Des éclats de rire et des conversations enjouées envahissent soudain le couloir menant à la caverne. Les filles sont de retour du banquet… escortées par les femelles ældiennes. Je remarque que certaines candidates tiennent la main de petits ældiens. Suri en fait partie. Mais dès qu’elle m’aperçoit, elle confie l’enfant à Nur et se précipite vers moi.
— Ça va ? murmure-t-elle, inquiète.
— Comme tu le vois, réponds-je en croisant les bras.
Eh oui. L’humiliation a eu lieu devant toutes les filles. Visiblement, les fellations et les accouplements, ça doit forcément avoir lieu en public, chez les ældiens.
— De là où j’étais, j’ai pas bien vu ce qui se passait, continue ma cousine. Mais je sais que le seigneur Azorth t’a appelé, et t’a demandé de…
Je le coupe.
— Tu appelles ce tyran « seigneur », maintenant ?
— Ben, je fais que répéter ce que Rani dit… se défend Suri en replaçant une mèche derrière son oreille.
Bien sûr. Elle au moins, elle s’intègre. Je soupire et décide d’abandonner. Ça ne sert à rien de la réprimander. Au fond, c’est elle qui a raison.
Elle sera heureuse, ici, avec son Khorn.
Justement, Rani débarque. Elle traverse la pièce comme une reine et vient se poster sur les marches qui mènent à l’espace bains, comme sur une estrade. Les filles s’arrêtent tout de suite de parler. Visiblement, elles sont habituées à cette procédure.
— Ce sera la toute dernière leçon avant la Chasse, annonce Rani à la cantonade. Pour la suite, vous apprendrez sur le tas, avec votre ou vos partenaires ældiens.
Lira sautille sur place, les paumes jointes comme une suppliante, tout excitée.
— Oh oui ! Est-ce que le seigneur Azorth visite souvent la caverne des femelles ?
Rani lui jette un regard noir.
— Si tu veux coucher avec lui, il faudra le réserver quelques nuits à l’avance, prévient-elle. C’est l’ard-æl : il est très sollicité. Mais tu y auras droit dès demain… bon, vous êtes prêtes ? La dernière leçon est importante. Elle concerne les positions d’accouplement.
Les positions de…
Les cris d’enthousiasme poussés par les filles m’empêchent de trop réfléchir à la nouvelle dinguerie annoncée par la chasseresse. Rani débite des instructions, nous commandant d’aller vers une ældienne. En se précipitant vers elles, Katie me bouscule, manquant de me faire trébucher. Ça, on peut dire qu’elle s’est bien remise de sa blessure !
Bientôt, toutes les candidates se sont trouvé une chasseresse avec qui former un binôme. Toutes… sauf moi.
Rani vient se planter devant moi, les mains sur ses hanches fines.
— Toi, la guerrière… tu te mets avec moi. Tu serviras d’exemple aux autres, vu que tu as déjà eu l’honneur de pratiquer un peu avec le seigneur Azorth !
— Pas avec Azorth, grogné-je dans un murmure, de façon à n’être entendue que d’elle. Avec Rhun.
Les pupilles fauves de la fière ældienne s’ouvrent tout grand. Mais elle ne se démonte pas, et me pousse à genoux.
— Demain, quand l’ard-æl vous prendra… vous devrez faire montre de votre soumission en vous plaçant par vous-même dans la position d’accouplement traditionnelle, nous annonce Rani. Kristie va vous montrer… puisqu’elle connait déjà !
Je croise le regard de Suri, qui hausse un sourcil interloqué.
La honte.
— Alors ? Tu sais, ou tu sais pas ? siffle Rani, plus peste que jamais. À moins que Rhun ne t’ai pas montré ça ?
Je me place à quatre pattes avec un soupir. Rani vient m’inspecter, la tête sur le côté. Je constate qu’elle tient un longue et fine baguette.
— Mouais… c’est pas terrible. Et Rhun a accepté ça ? Tu m’as vraiment l’air nulle, de ce côté-là… Bon, on va dire que c’est parce que tu es humaine. Tend plus les bras, et baisse la tête. Montre que tu es soumise à ton mâle, et consentante. Que tu t’offres à lui, comme un beau cadeau !
Elle ponctue son ordre d’une petite pression sur mes avant-bras avec sa baguette. Je suis obligée de poser la poitrine au sol, comme en position du chiot au yoga.
— Lève plus les fesses, rétroverse le bassin. Et plaque ta joue au sol… tu peux te laisser aller, car le mâle te soutiendra.
Rani saisit soudain mes cheveux. Et elle me grimpe dessus, comme sur un poney !
— Aie ! crié-je.
Un coup sec sur mes fesses met fin à ma tentative de rébellion.
— Arrête de te plaindre ! Ça fera plus mal quand tu auras les deux verges de notre ard-æl dans tes orifices. Allez, bouge les fesses ! Cambre plus, et remue-moi ça, on dirait de la viande morte !
Avec de petites tapes rythmiques, elle me force à remuer du popotin, comme si je dansais un genre de déhanché exotique.
— Il faudra aussi l’encourager avec des cris. Allez ! Donne de la voix ! Pas trop fort au début.
Dans le genre humiliant… heureusement, les ældiennes ont forcé les humaines qui regardaient ce spectacle bouche bée à faire pareil. Je ne suis plus au centre de l’attention.
— Laisse-moi faire, intervient une voix grave et amusée.
Azorth. Qu’est-ce qu’il fait là, encore ? Je redresse vivement la tête et jette un coup d’œil affolé par-dessus mon épaule, pour découvrir le grand mâle juste derrière moi. Rani lui cède la place et observe la scène, les bras croisés, un petit sourire suffisant sur le visage. Toutes les autres binômes ont arrêté leurs travaux pratiques, afin de focaliser à nouveau l’attention sur nous. Une leçon du grand maître… ça ne se refuse pas.
Les mains d’Azorth viennent se poser sur mes hanches. Il flatte mon cul, appréciateur.
— Je me réjouis de te voir ainsi, déjà prête pour moi, murmure-t-il de sa voix grave et rauque.
— Dans tes rêves !
— Parfois, une femelle qui fait semblant de refuser est plus excitante encore, professe-t-il avec un sourire vicieux.
L’enfoiré ! Si c’est pas une leçon de viol, ça…
Ses hanches viennent soudainement se plaquer contre les miennes.
— Je vais vous montrer ce qui vous attend demain, et quel rythme il va falloir vous caler, annonce-t-il.
Ses mains se referment sur mes cheveux. Il me tire la tête en arrière, m’arrachant un juron.
— Calme, femelle.
Ses hanches cognent les miennes à haute intensité. Il mime le coït sur moi…. Je sens sa queue qui vient se frotter à mon entrejambe à chaque contact. Je tente de m’y soustraire, en vain. Il le fait exprès !
Azorth fait mine de me pilonner ainsi pendant quelques minutes. C’est intense, et je me rends compte qu’avec la double pénétration, l’acte doit être vraiment extrême. Heureusement, il ne me touchera pas. Jamais son fantasme ne se réalisera.
Lorsqu’il me relâche, je n’en peux plus. Il a failli me déboiter le bassin.
— Tu es forte, murmure-t-il en tapotant mes fesses pour finir. Toi et moi, on va s’éclater demain.
Le connard…
La désillusion va être rude.
— Entraînez-vous encore un peu, ordonne-t-il à la ronde des filles qui le fixent les joues rouges et la bouches ouverte. Puis baignez-vous, et allez vous coucher. Nous, les mâles, avons une surprise pour vous.
Azorth ménage son effet, ravi que les yeux énamourés des filles soient suspendus à ses lèvres.
— Exceptionnellement, afin de marquer votre dernière nuit en tant que femelles vierges, les chasseurs viendront vous remercier pour la traite en se glissant dans votre khangg… Pas de panique : tout sera autorisé, sauf la pénétration. Ce sera un test de contrôle viril pour eux, et la chance pour vous de voir leur futur mâle, celui qui vous donnera la chasse.
Je jette un coup d’œil alarmé à Suri. Mais les candidates laissent éclater leur joie. Il y en a même qui crient.
C’est pas possible. Elles sont ravies…
Alors que laisser ces femmes jouer avec les double-pénis gonflé de luith de ces ældiens, cela équivaut à laisser les commandes du super-collisionneur à émetteur gravitationnel entre les mains d’un singe.
Même Varhun n’a pas réussi à se maîtriser. Alors des chasseurs lambda…
Ces mâles vont les démolir.
Azorth glisse son regard froid sur moi, un demi-sourire satisfait sur le visage.
Il sait ce que je pense.
— Bien. Les mâles seront très honorés de voir avec quel enthousiasme vous vous préparez à les accueillir ! Que des bonnes recrues, cette année. Je vous souhaite un voluptueux repos.
Sitôt Azorth parti, je me tourne vers Rani, dans l’idée de savoir ce qu’elle en pense. Je ne suis pas certaine qu’elle approuve... Mais la chasseresse plisse les yeux.
— Ne crois pas que Rhun viendra te voir, persifle-t-elle. D’ailleurs, je pense que tu n’auras personne. Même le seigneur Azorth s’est lassé de toi : il a reporté ses ardeurs sur Sayul, la perædhelleth du clan des Cascades qui va revendiquer Rhun.
Je ne réponds pas à sa provocation.
— C’est pas ça qui m’inquiète. Que vont faire les mâles aux candidates ? Je ne pense pas qu’elles réalisent dans quel état les fièvres mettent les ældiens…
— Ils vont les faire jouir avec leurs doigts, leur panache et leur langue, répond Rani en croisant les bras. C’est la façon dont les mâles remercient les femelles qui leur ont rendu service. Je pense que vous ne le méritez pas, mais bon : c’est l’ard-ælla qui décide.
C’est donc Urtza qui a décidé de ça, sûrement dans le but de rapprocher les couples… et, peut-être, de rendre ce qui allait suivre un peu moins brutal. Après avoir sucé puis s’être fait lécher par un ældien, les candidates seront moins choquées une fois que les choses sérieuses commenceront. Du moins, en théorie. Pour ma part, je suis sûre qu’elles vont être terrifiées une fois mises devant un chasseur en rut, prêt à les pénétrer. Mais je ne peux pas les sauver malgré elles. Elles sont adultes.

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