Chapitre 9
Pour cette soirée, Philippe avait réservé le restaurant afin qu'ils puissent être seuls. Heera, flattée par cette délicate attention, ne put s'empêcher de s'inquiéter de cette démarche. La salle avait été décorée avec simplicité et beaucoup de goût. La pièce était éclairée à la seule lueur des bougies parfumées qui répandaient le parfum des roses.
Philippe se comportait avec elle en parfait gentleman, ce qui la surprenait de plus de plus.
Une fois installée, Heera put admirer la décoration de leur table. C'était tout simplement magnifique.
- Dis-moi Philippe. Quelle est la raison de tout ceci ? Demanda-t-elle, gênée.
Celui-ci la fixa d'un regard profond accentué par la lueur des bougies. Heera ne put soutenir l'intensité qu'elle lisait dans ses yeux et se plongea dans la lecture du menu.
- Patience, je te le dirais bien assez tôt, répondit-il mystérieusement.
Heera dut se contenter de cette réponse et commanda son menu. Une fois le repas servi, le silence pesant, qui s'était installé, se dissipa.
- As-tu trouvé un appartement ? Demanda Heera, en savourant son plat.
- Tout à fait, je te ferai visiter.
- As-tu revu ta mère ?
- Non et je n'y tiens pas, dit-il catégorique.
- Laisse-lui une autre chance. Elle peut encore changer, tu ne perds rien à essayer. Tu peux me croire une mère est importante dans la vie d'un enfant, répondit-elle, espérant le convaincre.
Philippe réfléchit à son argument. Elle était la voie de la raison qui le guidait dans les dures décisions qu'il devait prendre. Elle l'avait aidé quelquefois. Grâce à elle, il était devenu moins exigeant envers les autres et surtout envers lui-même.
- J'y penserai. Une danse ?
Il se leva prestement et la prit dans ses bras, l'entraînant sur la piste. Avant qu'elle ne s'en aperçoive, Heera se retrouva entre la chaleur de ses bras musclés. Ils entamèrent ensemble le slow que diffusait l'hautparleur. Jamais elle ne s'était sentie aussi proche de lui qu'en cet instant. Ses mains, qui parcouraient son dos, la faisait frémir de plaisir. Son souffle, dans ses oreilles, accentuait les battements de son cœur. L'ivresse, dans laquelle la jeune femme se trouvait, lui fit oublier la réalité.
Dieu, qu'elle était bien, ainsi dans ses bras. Elle ne connaissait pas de meilleure place.
- Pourquoi es-tu silencieux ? Demanda-t-elle en souriant.
Philippe la fixa de nouveau avec ce même regard profond et mystérieux. Sans dire mot, il se pencha et happa ses lèvres douces, une main soutenant sa tête et l'autre resserrant son étreinte.
Son baiser était tellement doux et tendre. Il l'embrassait avec toute la délicatesse dont il se sentait capable. Ce qu'il ressentait pour la jeune femme, Philippe ne l'avait jamais vécu auparavant. Son baiser ouvrait les portes du paradis. Il sembla à Heera qu'il durait une éternité, mais Philippe y mit fin bien malgré lui.
Gênée, elle n'osait pas affronter son regard de peur d'y voir la même ironie qu'elle avait décelé lors de leur premier baiser. Elle n'aurait pas la force de supporter encore une fois l'humiliation, non, pas après ce baiser merveilleux qu'ils venaient d'échanger.
Philippe souleva sa tête délicatement. Surprise, Heera put voir non pas de l'ironie mais de la chaleur. Elle n'arrivait pas à déchiffrer le reflet mystérieux qui voilait ses yeux magnifiques. Ses mains douces caressaient chaque centimètre de son visage, comme s'il voulait rattraper ce qu'il avait manqué.
- Tu es la lumière dans cette vie de solitude, dit-il d'une voix à la fois tendre et douloureuse.
Heera ne croyait pas à ce qu'elle venait d'entendre. Tant d'émotions étaient contenues dans ses paroles, elle ne put retenir les larmes qui coulaient le long de ses joues.
- Tu le penses vraiment ou t'amuses-tu encore avec moi ? Demanda-t-elle d'une voix implorante.
Philippe hésita longuement puis se lança.
- Je t'aime Heera... J'ai longuement réfléchi avant de te l'avouer de peur de t'effrayer mais je ne peux plus taire ce sentiment qui m'empêche de dormir, de travailler, ajouta-t-il d'une voix désespérée.
Jamais il n'avait ouvert son cœur à personne. Et maintenant il le faisait sans crainte. Heera regarda le beau visage de l'homme qu'elle aimait et ne put contenir la joie qu'elle ressentait. Alors elle se jeta à son cou, heureuse.
- Moi aussi je t'aime de tout mon cœur ! Dit-elle en pleurant et riant à la fois.
Ils s'embrassèrent langoureusement afin de sceller leur amour. Lorsqu'ils reprirent conscience de la réalité, il était déjà près de minuit.
L'appartement de Philippe se trouvait au dernier étage de la résidence. Il avait ainsi la meilleure vue de la ville. Le jeune homme voulait que son appartement ait tout le luxe et le confort possible et avait réussi à trouver celui qui correspondait à son goût. C'était un petit paradis luxueux, en plus de la vue panoramique, il était doté d'une grande piscine.
Dans l'immense ascenseur, Heera sentait son cœur battre tellement fort qu'elle n'entendait plus que lui. Elle évita de regarder Philippe qui se tenait tout proche.
Depuis le début de la soirée, elle avait l'impression de rêver. Le restaurant, la danse, le baiser, la déclaration de Philippe, oui, tout n'était qu'illusion. Elle allait sûrement se réveiller et pourtant lorsqu'elle arriva devant la porte, elle devait bien l'admettre. Le jeune homme lui avait déclaré ses sentiments.
- Veux-tu boire quelque chose ? Demanda-t-il depuis la cuisine, fais comme chez toi.
- Non, ça ira.
Heera regarda la pièce centrale divisée en salon et cuisine. Elle était décorée avec goût et reflétait parfaitement la personnalité de Philippe. Une atmosphère de paix se dégageait de cet appartement. Elle admirait un magnifique tableau de Picasso lorsque le Comte apparut brusquement derrière la jeune femme qui sursauta de surprise, il encercla sa taille fine de ses bras musclés et enfouit son visage dans le parfum de sa chevelure.
- Il s'agit du vrai tableau, dit-il en soufflant dans son cou.
- Je n'en doute pas, répondit-elle en souriant légèrement afin de couvrir l'excitation que son geste lui procurait.
Philippe la retourna brusquement, resserrant son étreinte à un tel point que leurs deux corps s'épousaient parfaitement. Heera essaya de s'échapper mais elle ne rencontra que le mur dur et froid. La jeune femme le regardait alors qu'il s'approchait dans une démarche sensuelle et il l'emprisonna de ses bras.
- Heera, je ne mentais pas lorsque nous étions au restaurant. Je suis sérieux. Je ne veux pas que tu aies le moindre doute concernant mes sentiments, dit-il gravement.
La jeune femme scruta son visage. Il était sincère, on ne pouvait en douter, son regard de braise débordait d'un amour passionné.
- Je n'arrive toujours pas à le croire. Comment pourrais-tu m'aimer ? Il y a des femmes meilleures que moi, alors...
Ses mots se perdirent sous les lèvres douces de Philippe. Il voulait la faire taire, effacer ses craintes, la rassurer, la protéger.
- Ne redis plus jamais cela. Il n'y a qu'une seule personne que j'aime et c'est toi. Je suis devenu quelqu'un de meilleur, j'ai de nouveau envie d'avoir une famille.
Heera écoutait sa confession, émue, elle n'osait rien dire, de peur de gâcher ce moment. Soudain les lèvres du jeune homme cherchèrent avidement celle de sa compagne, elle les lui tendit dans un silencieux consentement. Philippe la souleva prestement, tout en continuant de l'embrasser, et la porta dans sa chambre.
Délicatement, il la posa sur l'immense lit qui trônait au milieu de la pièce. Il se débarrassa de sa veste, défit sa cravate, enleva sa chemise, tout cela en fixant intensément la femme qu'il aimait, son regard brillait d'une passion sans nom pour Heera.
À cet instant, il ressemblait à un dieu grec avec son torse musclé qui luisait à la lumière de la cheminée. Philippe s'approcha de la jeune femme, dans une démarche féline, et l'embrassa tout en l'allongeant, ses longs cheveux auréolaient son magnifique visage et s'étalaient sur les oreillers en soie, elle ressemblait à une créature féerique.
Heera se sentait prise de panique, elle ne savait pas comment réagir en pareille situation, elle était effrayée et en même temps ivre de plaisir. C'était un sentiment nouveau pour elle. Philippe, en homme expérimenté, parsema sur son cou délicat, une traînée de baisers qui la fit frissonner. Ne pouvant plus retenir ce désir qui l'assaillait, Philippe lui enleva sa robe, sans grande difficulté.
Gênée, Heera se couvrit la poitrine. Elle n'osait affronter son regard.
- Regarde-moi Heera. Je ne vais pas te blesser, je veux que tu puisses éprouver le même plaisir que moi et que nous ne formions plus qu'un, dit-il d'une voix chargée de désir brûlant.
Doucement, il souleva sa tête et l'embrassa. Rassurée, Heera se laissa faire. Philippe descendit en laissant derrière lui un sillon de baisers enflammés.
Lorsqu'il arriva à sa poitrine, le cœur de la jeune femme s'accéléra. Même si Philippe était doux, cela l'embarrassait d'être ainsi nue devant un homme. Le seul qui l'avait vue comme cela était le médecin, lors de sa naissance. Elle n'avait aucun souvenir mais en cet instant précis, elle sentait parfaitement le regard passionné et le désir de Philippe contre son ventre.
Le jeune homme prit un sein dans sa bouche, Heera fut secouée de frissons incontrôlables. Jamais elle n'avait ressenti cela et ce n'était pas désagréable bien au contraire.
- Dis-moi ce que je dois faire, murmura-t-elle, je ne sais pas comment te satisfaire.
- Ce n'est pas grave, laisse-toi aller, répliqua Philippe d'une voix étranglée de désir.
Il la serra contre lui en même temps qu'il couvrait de ses lèvres sa poitrine. Heera renversa sa tête en arrière et gémit de plaisir.
Enivrée de cette nouvelle sensation, Heera enfouit ses mains dans la douce chevelure brune du Comte. Soudain une pensée lui vint à l'esprit. Était-ce bien elle qui se tenait dans les bras de cet homme ? Elle n'avait jamais senti une telle communion avec quelqu'un. Elle en était sûre maintenant, elle avait trouvé son âme sœur.
Mais elle n'eut guère le loisir de pousser sa réflexion plus loin. Philippe lui avait pris la main pour la guider vers son bas-ventre et pressa ses doigts sur son membre gonflé de désir. L'expression de ravissement qu'elle voyait sur le beau visage du comte l'incita à poursuivre sa douce torture. Curieuse et excitée à la fois, Heera découvrit timidement son anatomie. Ses caresses enivrèrent Philippe, qui gémit de plaisir. Ce dernier la regarda passionnément et saisit ses lèvres fougueusement. Ne pouvant retenir plus longtemps son désir, il positionna ses hanches entre ses cuisses et aidé de ses bras, il évita de trop peser son poids sur elle.
Sentant qu'il voulait forcer l'entrée de sa virginité, Heera prit peur et voulut se rétracter mais Philippe s'introduisit délicatement en elle, en gémissant de plaisir. Elle ressentit en cet instant une douleur qui lui coupa le souffle. Posant ses mains sur le torse de Philippe, elle essaya de le repousser mais il continuait à entrer, et tout à coup il s'enfonça complètement en elle.
- Ne t'inquiète pas Heera, je ne te ferai pas de mal, murmura-t-il à l'oreille.
C'était la première fois pour la jeune femme, et conscient de lui avoir fait mal, Philippe voulait lui montrer toute la douceur et la tendresse dont il était capable. Sensuellement, il mordilla son oreille afin d'atténuer son malaise. Mais Heera ne put contenir les larmes qui perlaient à ses yeux. Jamais elle n'avait ressenti pareille douleur. Philippe, afin de la rassurer, la serra contre lui et chuchota des mots d'amour à son oreille. Le corps de la jeune fille se détendit complètement, il sut alors qu'elle n'avait plus mal et commença à se mouvoir en elle. Heera répondait instinctivement à chaque assaut, elle entoura sa taille de ses jambes pour mieux le recevoir et Philippe ondulait de plus en plus vite en réponse au désir de la jeune femme.
Heera sentait le plaisir gronder en elle, jamais elle n'avait ressenti une telle émotion. Le corps musclé de Philippe contre le sien la faisait sentir très proche de lui.
Le jeune homme continuait de lui donner du plaisir quand tout à coup, il sentit sa jouissance exploser avec une intensité qu'il n'avait jamais ressenti jusqu'alors. Il gémit de plaisir, avant d'enfouir sa tête au creux de l'épaule d'Heera dont le corps ressentait encore les spasmes du plaisir.
Alors, Philippe se retira en douceur tout en la serrant dans ses bras. Allongé à ses côtés, il la contempla, repu. Heera le regardait, émerveillée par l'expérience qu'elle venait de vivre.
- Est-ce que l'on ressent cela à chaque fois ? Demanda-t-elle en se tournant vers lui.
- Non, c'est quelque chose que je ne partage qu'avec toi et personne d'autre, mon cœur, répondit-il en l'embrassant légèrement sur la bouche.
- Je t'aime, murmura-t-elle avant de sombrer dans un sommeil bien mérité.
Philippe la contempla, même endormie, elle dégageait ce charme qui l'avait envoûté. Son cœur tout entier était submergé par son amour pour la belle endormie.
« Je ferai d'elle ma femme, sans tarder. Je la protégerai de cette Anise qui ne m'inspire aucune confiance. »
Philippe ne tarda pas à rejoindre Heera dans les bras de Morphée.
*
* *
Le lendemain matin, Heera se réveilla avec la sensation d'être oppressée. Le bras de Philippe lui enserrait la taille. En se remémorant la soirée de la veille, elle ne put s'empêcher de sourire de bonheur. Heera regardait le beau visage endormi de son bien aimé. Il ressemblait à un enfant avec ses cheveux emmêlés.
Cependant, la réalité la rattrapa. En douceur, elle enleva les bras qui la retenaient prisonnière et se leva pour se diriger vers la salle de bains. Bien que cela ne lui plaisait pas, Heera devait rentrer, son père s'inquiéterait de son absence. Après avoir pris un bain, la jeune femme vit que Philippe s'était lavé et était bien réveillé maintenant.
- Bonjour, ma chérie ! As-tu bien dormi ? Demanda-t-il en l'embrassant. Que veux-tu au petit déjeuner ?
- Bonjour...Non, Philippe je dois rentrer. Je travaille aujourd'hui, répondit-elle en essayant d'échapper à son étreinte.
Le Comte était récalcitrant mais finalement il la laissa partir. Heera prit alors la direction de la sortie lorsqu'elle se retrouva à nouveau dans les bras du jeune homme.
- Attends ! Je voulais te demander...
Ne sachant comment formuler la suite de sa phrase, il hésita puis, après quelques secondes d'hésitation, il se décida.
- Veux-tu devenir ma femme ?
Pour donner plus de romantisme à sa demande, il se mit à genoux, comme on le voit dans les grands classiques du cinéma. La jeune femme resta stoïque quelques minutes et fixait la bague qu'il lui présentait, elle était sertie d'un gros diamant, simple mais qui devait coûter extrêmement cher.
- Oh...je...J'accepte de devenir ta femme, répondit-elle, les larmes aux yeux.
Philippe se releva et lui glissa la bague au doigt, sans attendre, il l'embrassa fougueusement. Heera mit fin à son baiser, elle voulait être sûr de sa décision.
- Vraiment ? Es-tu sûr de toi ?
Philippe lui répondit par un large sourire. Heureuse, elle sauta dans ses bras, elle voulait sentir sa chaleur.
- Je viendrais voir Aymeric pour faire ma demande officielle, dit-il.
- Très bien, mais pour le moment je dois rentrer, admit-elle sans grande volonté.
- C'est d'accord, ma belle indienne, je te laisse partir mais la prochaine fois, tu resteras pour la vie à mes côtés, lui dit-il en lui mordant gentiment l'oreille.
Heera ne put retenir un frisson de plaisir. Il avait le don de réveiller ses sens.
- Je dois partir, mon chéri.
Il l'embrassa une dernière fois avant qu'elle s'en aille. Lorsqu'elle arriva au château, le silence y régnait en main de maître. Sans plus attendre, Heera se dirigea vers sa chambre. Elle voulait être seule, elle en avait besoin après tous les événements de la veille. Elle s'allongea lourdement sur son lit.
« Être sa femme ? Tout ceci n'était qu'un rêve ! Je vais bientôt me réveiller...Que feras-tu si Anise l'apprenait ? »
Pour l'instant, elle devait penser à elle, à son propre bonheur. Jamais elle n'avait été plus heureuse. Toutes ses prières étaient exaucées et malgré cela, elle ne put s'empêcher de penser à sa mère. Elle lui avait promis de venir la chercher et Heera attendait encore, souhaitant ardemment son retour. Machinalement, elle tendit la main vers sa table de chevet et prit son verre de citronnade. À la dernière goutte, elle trouva que le jus avait un arrière-goût quelque peu amer mais Heera ne s'attarda pas sur ce détail.
Rapidement, elle se leva et changea de tenue, elle était déjà en retard. Son père serait mécontent devant un tel comportement.
Sur le chemin du travail, Heera sentait un étrange malaise s'emparer de son être. Des sueurs froides coulaient le long de ses tempes et elle fut prise de nausées. La jeune femme ferma les yeux pendant quelques minutes espérant que le malaise allait passer, malheureusement cette sensation demeurait toujours. Malgré cela, Heera ne voulait pas succomber et rinça son visage avec un peu d'eau. Lorsqu'elle arriva, Heera essaya d'effacer, du mieux qu'elle pouvait, les traces de son malaise. Elle se dirigea vers le bureau de son père, elle devait tout lui dire, il serait de bon conseil. Heera était à la fois excitée et méfiante face à la réaction de ce dernier.
Quelle ne fut pas sa surprise en entrant, de voir que l'homme de ses pensées l'avait devancée. Bien qu'il se tînt près du bureau, au fond de la pièce, Philippe y marquait sa présence par son charisme.
- Te voilà ma chérie ! S'exclama Aymeric, le sourire aux lèvres.
- Bonjour papa ! J'aimerais...
- N'en dis pas plus, Philippe m'a fait une proposition des plus étonnante, il souhaite faire de toi
sa femme, l'interrompit-il vivement.
Heera le regarda, inquiète, elle attendait sa réponse et croisait le regard de son bien-aimé et pouvait y lire la même crainte qu'elle ressentait.
Aymeric prit quelques secondes avant de répondre.
- Philippe, c'est avec joie que je vous accorde la main de ma fille. Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
Heera sauta dans les bras de son père, toute joyeuse de sa décision. Puis elle se rua vers son futur mari. Ils s'embrassèrent passionnément.
Tout à coup, Heera se tordit de douleur sous les regards ahuris de son père et son fiancé. Ses traits magnifiques se déformait sous la douleur. Elle avait tellement mal qu'aucun son ne sortit de sa bouche et elle se serait effondrée à même le sol, si Philippe n'avait pas eu le réflexe de la rattraper. Aymeric, fou d'inquiétude, le rejoignit.
- Heera ! Heera ! Réponds-moi, tu m'entends ? Cria-t-il, anxieux.
Philippe l'allongea sur le canapé et au même instant, Aymeric appela son médecin.
Le jeune homme ouvrit son chemisier afin de faciliter sa respiration. Avec une rapidité étonnante, Heera fut bientôt trempée de sueur. Philippe nota ce phénomène pour le moins étrange.
Le médecin, à son arrivée, partagea son inquiétude. Philippe et Aymeric attendaient dans la salle de réunion qui juxtaposait le bureau du président. Les deux hommes arpentaient nerveusement la pièce comme deux lions en cage. Quelques minutes s'étaient écoulées et qui ressemblaient fort une éternité, le médecin entra, le front marqué par l'inquiétude. Cela ne présageait rien de bon.
- Alors docteur ! Est-ce qu'elle va bien ? Rien de grave ? Demanda son père avec précipitation.
Philippe scruta le visage du médecin. Il devina tout de suite que quelque chose n'allait pas. Il attendait le verdict avec inquiétude, il redoutait le diagnostic du médecin.
- Tout d'abord, son état est stationnaire, j'ai réussi à apaiser les battements de son cœur....
Le médecin se tut un instant avant de reprendre.
- J'espérais me tromper en voyant les symptômes que présentait Heera mais je dois vous avouer qu'elle a été victime d'empoisonnement. Le résultat des prélèvements que j'ai effectué confirmera mon avis. Je vous informerai des résultats.
Aymeric, en entendant ce diagnostic, fut glacé d'effroi. Qui osait toucher à sa fille ? Qui était assez lâche pour s'en prendre à une jeune fille ? Il découvrirait l'auteur de ce méfait et le ferait payer pour cet acte.
Pendant qu'Aymeric raccompagnait le médecin, Philippe se rendit au chevet de sa bien-aimée. Son visage était plus détendu, elle dormait profondément. Le jeune homme déposa délicatement un léger baiser sur ses lèvres, il constata qu'elles avaient perdu un peu de leur chaleur.
Même s'il le cachait, il fulminait tel un volcan en éruption. Jamais il n'avait ressenti pareille colère. Il retournerait la terre entière afin de trouver le coupable de ce forfait. Il l'a protégerait envers et contre tous. La voyant ainsi proche de la mort, il s'aperçut qu'il ne pourrait vivre sans sa présence. Heera était sa moitié et sans elle, il ne pouvait survivre.
Songeur, le jeune homme se tenait près d' Heera lorsque son père le rejoignit
- Qui a osé commettre un acte aussi abominable ? Demanda-t-il.
- Je n'ai qu'une seule personne en tête, il s'agit de votre femme...Oui, Anise voue une haine féroce à Heera, dit-il sans ménagement. J'ai pu le remarquer maintes fois, qu'elle détestait votre fille.
Aymeric regardait le jeune homme avec effarement. Depuis vingt ans déjà, il connaissait bien sa femme, il ne pouvait la croire capable de commettre un tel acte.
Philippe lit dans les pensées d'Aymeric et rajouta :
- Oh, bien évidemment, elle n'allait pas le faire elle-même et a sans doute demandé à quelqu'un de verser le poison.
Aymeric l'écoutait attentivement mais resta sceptique sous l'accusation. Il est vrai qu'il avait noté la rancune de sa femme envers Heera, mais en arriver à cette extrémité était incroyable.
Cependant d'un autre côté, il ne pouvait s'empêcher de donner raison à Philippe. Anise faisait preuve d'une telle haine envers sa fille qu'elle aurait pu arriver à cette extrémité.
- Il est vrai que j'ai des doutes à son sujet, mais nous n'avons pas de preuves et il sera difficile d'en trouver. Personne ne pourrait croire cela.
- Vous ne semblez pas plus affecté par ma déduction ! Admit-il
- Si c'est Anise qui a commis cet empoisonnement, je ne le lui pardonnerai jamais.
- Pour l'instant, j'aimerais, avec votre permission, qu'Heera vienne s'installer chez moi. Je veux éviter une nouvelle tentative et puisque personne ne connaît mon adresse, elle a plus de chances d'être sauvée. Qu'en dites-vous ? Il n'y a que vous qui saurez où je demeure.
Aymeric réfléchit à la proposition du jeune homme, il était quelque peu réticent à cette idée. Être loin de sa fille ne lui plaisait guère puis il regarda Heera, qui dormait tranquillement. Si cette décision pouvait lui sauver la vie, il était inutile de discuter plus longtemps.
- J'accepte, mais je viendrais voir ma fille, régulièrement, concéda-t-il.
- Très bien. Si vous voulez bien m'excuser, je dois m'en aller, je viendrai prendre de ces nouvelles plus tard. J'ai rendez-vous avec un important client qui vient d'arriver des États-Unis. Connaissez-vous le groupe REALYS ?
- Oui, il a une réputation internationale dans le domaine informatique.
- C'est cela, la présidente Anja Dolhakia souhaite investir dans l'hôtellerie...
- Comment ? Qu'avez-vous dit ? Coupa Aymeric, brusquement. Êtes-vous bien sûr qu'elle se prénomme ainsi ?
- Oui tout à fait, Aymeric. Pourquoi ?
Celui-ci était devenu aussi pâle que la mort. Ce ne pouvait être-elle. Et pourtant, c'était une possibilité. Après tout ce temps, il allait la revoir. Enfin le moment était venu.
Perdu dans ses pensées, Aymeric n'écoutait plus Philippe, il se perdait dans son passé qu'il sentait proche.
Ce n'est que sous l'insistance du jeune homme qu'Aymeric revint à la réalité.
- Que se passe-t-il ? Aymeric ? Êtes-vous là ?
- Euh...Oui, pardon. Excusez-moi. Ne vous inquiétez pas je veillerai sur ma fille. Je ferais transférer, dans la soirée, ses affaires.
Philippe acquiesça de la tête et s'en alla, non sans avoir jeté un regard sur la jeune femme endormie.
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