CHAPITRE 5

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Fanny n’avait pas revu Grant Harrisson depuis son agression. Les cowboys avaient fort à faire entre le débourrage des jeunes chevaux et les naissances dans les écuries et les étables. Chaque jour il naissait entre 1 et 2 poulains et entre 2 et 4 veaux. Il y avait toujours une équipe de garde la nuit afin de surveiller que les mises-bas se passaient bien. Ensuite il fallait surveiller pendant quelques jours, que les nouveaux-nés tétaient bien et n’avaient aucuns soucis de santé. Quelques semaines plus tard, les cowboys regroupaient les jeunes dans un corral pour l’identification le marquage et la castration des mâles qui n’étaient pas destinés à la reproduction. Il fallait aussi, régulièrement, changer les troupeaux de pâturage afin qu’ils aient toujours suffisamment de nourriture. En faisant paître les animaux dans différentes pâtures, ça permettait de nettoyer les parcelles naturellement, sans utiliser de machines polluantes. Le nettoyage et l’entretien des terres étaient très important pour limiter le risque d’incendies et également pour l’équilibre écologique.

Tous les vendredis soirs, c’était Olivia qui donnait leurs gages aux cowboys. Fanny n’y assistait pas. Elle avait croisé et put discuter avec tous les cowboys, sauf Grant. Elle ne le vit que de loin, comme s’il l’évitait. Ce comportement l’intriguait et la vexait en même temps. Pourquoi était-il si distant ?

Le 04 Juillet approchait à grand pas. Olivia organisait toujours une grande fête où tous ses employés et leur famille, étaient conviés. C’était une journée pleine de partage, de rires et une occasion pour tous de passer du temps ensemble en dehors du travail. C’était une façon de mieux se connaitre et de resserrer les liens entre eux.

Chaque année Olivia faisait venir un groupe pour animer la soirée qui clôture cette belle journée. Cette année se serait un tout jeune groupe de 5 jeunes gens qui font de la musique country. Elle les avait découvert via des vidéos qu’ils avaient mis en ligne sur internet et leur style lui avait tout de suite plu. De plus, ils étaient de la ville voisine. C’était l’occasion pour eux aussi, de se faire connaître et de jouer devant un vrai public. Olivia avait voulu garder l’entière surprise cette année, même Fanny n’était pas au courant de l’animation prévue pour la soirée.

La veille de la fête, Olivia envoya Fanny en ville pour des courses de dernière minute. Tout ce qui était alimentaire était commandé chez un traiteur et serait livré au Ranch directement, mais il restait toujours quelques achats à faire au dernier moment.

- Fanny, peux-tu aller en ville chez Joe, s’il te plaît. Je t’ai fait une liste de ce qu’il manque pour demain. Grant doit passer à la scierie prendre une commande de planches pour les clôtures, tu pourrais profiter de son véhicule.

- Oui, oui pas de problème.

- Super. Il doit partir dans 30mn. Il te prendra en passant devant l’accueil. Ne soit pas en retard, il ne m’a pas l’air très patient.

Fanny n’avait pas reparlé à Grant depuis le jour où il l’avait tiré des sales pattes de Randy Pratt. Elle l’avait vu sur le Ranch à plusieurs reprises, mais elle avait l’impression qu’il l’évitait. Il évitait même de croiser son regard. L’ambiance risquait d’être tendue dans la camionnette.

Elle fût prête sur le pas de la porte, 5mn avant l’heure annoncée. En effet, Grant n’était pas très patient, à peine fût-elle montée dans la camionnette qu’il démarra à vive allure. Surprise, Fanny se dépêcha d’attacher sa ceinture de sécurité :

- Bonjour, dit-elle à la fois surprise et gênée.

- B’jour, répondit froidement Grant, sans même la regarder.

« Ça promet », se dit intérieurement Fanny.

- Personne d’autre ne vous accompagne pour récupérer le chargement ?

- Besoin de personne, répondit-il bougon.

Devant tant d’éloquence, Fanny n’insista pas et resta muette tout le temps du trajet vers la ville. Heureusement la route ne leur prendrait pas plus de 15mn. Grant s’arrêta devant chez Joe sans éteindre le moteur :

- J’en ai pour 45mn à charger, je vous reprends au passage. Soyez à l’heure, dit-il à Fanny, toujours d’un air bougon. Je n’ai pas que ça à faire, je ne vous attendrais pas.

- Soyez tranquille, je serais là, lui répondit-elle en bombant le torse et en relevant le menton.

Il démarra en faisant crisser les pneus. Fanny haussa les épaules et entra chez Joe prendre la commande d’Olivia. Comme elle avait un peu de temps avant le retour de Grant, elle décida de flâner dans les allées du magasin. Au détour d’un rayon, elle tomba nez à nez avec Randy Pratt. Son cœur se mis à battre la chamade, ses mains devinrent moites et elle fût prise de vertiges.

- Tiens, tiens, qui voilà ! Mais c’est ma petite chérie.

Fanny respira un grand coup pour se ressaisir et lui faire face, elle ne devait pas céder à la peur. Elle repensa aux conseils du Dr Snow et les mis en application : « Ne pas montrer sa peur ».

- Je ne suis pas votre petite chérie Randy, en relevant le menton et en le regardant droit dans les yeux.

Il se mit à lui tourner autour de plus en plus prêt, comme un prédateur autour de sa proie. Fanny essayait de garder une certaine contenance. Elle savait qu’elle ne risquait rien, le magasin était plein de monde, il ne tenterait rien en public. Il se plaça derrière elle, approcha sa bouche de l’oreille de Fanny et lui murmura :

- Ne t’en fais pas, je finirais ce que j’ai commencé l’autre jour. Tu finiras par m’appartenir.

Sur ces mots, il quitta le magasin. Fanny faillit laisser tomber ses courses. Ses jambes ne la soutenaient plus. Elle sortit pour prendre l’air. Grant arriva à ce moment- là. La voyant pâle comme un linge et chancelante, il descendit de la camionnette et se précipita vers elle.

- Fanny que se passe-t-il ? vous ne vous sentez pas bien ?

Il fallut quelques secondes à Fanny avant d’être capable de lui répondre :

- Je viens de croiser Randy Pratt chez Joe. Il m’a menacé de finir ce qu’il avait commencé, dit-elle les yeux pleins de larmes.

- Ne vous en faites pas, il ne vous arrivera rien. Je suis là, dit-il en la soutenant pour marcher jusqu’à la camionnette.

L’homme qui tout à l’heure était un ours vis-à-vis d’elle, est devenu en l’espace d’un instant, comme un grand frère protecteur. On pouvait lire dans ses yeux toute sa bienveillance. Il lui prit ses achats des bras, les mis dans la camionnette et l’aida à y monter. Il ne dit pas un mot de tout le trajet de retour, mais Fanny voyait ses mains crispées sur le volant et sa mâchoire tendue. Il fulminait de l’intérieur.

Arrivé au Ranch, il s’arrêta devant l’accueil. Avant qu’elle ne descende, il lui attrapa la main et lui dit :

- Tant que cette ordure sera dans les parages et sera une menace pour vous, je ne vous quitte plus d’une semelle.

- Grant, ce n’est pas nécessaire, ne vous en faites pas. Il a juste voulu me faire peur, il n’osera pas revenir.

- Vous n’avez pas le choix, je m’installe chez vous dès ce soir et je suis persuadé qu’Olivia sera du même avis que moi.

- Non mais …. Attendez …. J’ai mon mot à dire tout de même, s’offusqua-t-elle.

- C’est moi ou Randy, lequel préférez-vous voir chez vous ?

Fanny se dit qu’elle n’avait pas le choix. Elle avait trop peur de voir Randy débarquer chez elle en pleine nuit pour mettre sa menace à exécution.

- Bon d’accord, mais ne comptez pas sur moi pour être aux petits soins pour vous.

- Je n’en demande pas tant. Je passe vous prendre à 18h.

Son regard s’adoucit et sa voix se fit rassurante quand il dit :

- Je vous promets qu’il ne vous fera plus aucun mal.

Il l’aida à décharger ses achats et parti en direction du corral. Fanny encore un peu interloqué, se dirigea les bras chargés vers les cuisines où l’attendait Olivia

- Ah te voilà, très bien. Joe avait tout ce qu’il nous manque ? dit-elle en commençant à déballer les sacs.

- Euh oui oui. Il ne manque rien, bredouilla Fanny.

- Fanny, ça ne va pas ? que se passe- t-il ? Tu es toute pâle.

- Chez Joe j’ai croisé Randy Pratt. Il m’a menacé de finir ce qu’il avait commencé l’autre jour. Il n’a rien tenté chez Joe, il y avait trop de monde. Il s’est contenté de me menacer et il est parti. Quand Grant est venu me chercher, il a vu que je n’allais pas bien. Je lui raconté ma rencontre avec Randy. Il m’a imposé de venir s’installer chez moi pour me protéger.

- Il a raison. Et je vais également prévenir le Shérif.

Olivia prit Fanny dans ses bras pour la réconforter.

- Ne t’en fais pas, il ne t’arrivera rien. On va tout faire pour que tu sois en sécurité.

- Je l’espère.

Olivia téléphona au shérif qui vint directement au Ranch prendre la déposition de Fanny.

- Melle Cagan, pour le moment nous ne pouvons pas l’arrêter, ce ne sont que des menaces. Vous auriez dû venir porter plainte dès votre première agression. Je ne peux que prendre acte de ses menaces, ce qui sera en sa défaveur s’il devait être arrêté par la suite.

- Je comprends. Merci de vous être déplacé Shérif.

Comme prévu, Grant attendait Fanny devant son bureau. Le trajet jusqu’à chez elle se fit dans le silence. Grant repérait les lieux et examinait des yeux, les éventuels endroits où pouvait se cacher un rodeur. En arrivant chez Fanny, il fît le tour de la maison, en repérage. Tout allait bien.

En entrant Fanny lui dit :

- Je suis désolée, je n’ai qu’une seule chambre, vous serez obligé de dormir sur le canapé.

- ça me convient.

- Si vous le désirez, vous pouvez aller prendre une douche, le temps que je prépare le repas. La salle de bain est à l’étage. C’est la porte de gauche.

- Merci.

Fanny sorti des pizzas du congélateur et les passa au four. Elle entendait l’eau de la douche couler et elle se surpris à imager Grant nu sous l’eau chaude ruisselante tout le long de son corps musclé. Ses cheveux bruns mouillés et ses magnifiques yeux couleur océan qui l’attirait et dans lesquels elle se noyait ……

La sonnerie du four retentie et tira Fanny de sa rêverie. C’est à ce moment qu’elle s’aperçut que Grant l’observait, curieux de savoir ce à quoi elle pouvait bien rêver. Elle rougit et se dirigea vers le four pour en sortir les pizzas. Ils dînèrent dans un silence, gênés, mal à l’aise. Grant aida Fanny à débarrasser la table. Leurs mains se frôlèrent à plusieurs reprise et Fanny sentie comme une décharge électrique lui parcourir la colonne vertébrale. Le désir se faisait plus ardent à chaque contact. Elle était intriguée par ses sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de cet homme presque inconnu.

Grant éprouvait le même malaise. Il ne pouvait la quitter des yeux, tellement elle l’attirait. Il aurait aimé pouvoir la toucher, l’embrasser, la caresser, mais ça n’était pas le moment. Il fallait qu’il se contrôle. Il était chez elle, pour assurer sa protection et il devait fixer son attention sur sa mission.

Fanny lui avait préparé son lit de fortune sur le canapé. Après le repas, exténuée par les évènements de la journée, elle monta se coucher de bonne heure. Elle prit une douche relaxante bien chaude avant de se pelotonner sous les draps. Grant fit une dernière inspection autour de la maison avant de lui-même se coucher. Il se remémora sa soirée en compagnie de Fanny. Ce désir brûlant qui montait en lui à chaque fois que leurs mains se frôlaient. Elle allait le rendre dingue. Il fallait qu’il reprenne le contrôle de lui-même.

Dans son lit, Fanny n’arrivait pas non plus à trouver le sommeil. Elle tournait et tournait encore. Les yeux bleu océan de Grant l’obsédaient. Son corps entier brûlait de toucher à nouveau son torse musclé, de pouvoir se lover dans ses bras. Vers minuit, un bruit à l’extérieur la tira de sa douce rêverie. Elle sauta hors de son lit et alla jusqu’à l’escalier. Elle vit Grant, seulement vêtu d’un bas de pyjama, entrebâiller la porte d’entrée. Elle ne put s’empêcher de détailler son dos et ses épaules si carrées, si puissantes. Il sorti pour aller explorer les alentours. Il revint rapidement, rassurant :

- N’ayez pas peur, ce n’était qu’un chat qui a fait tomber un sceau. Vous pouvez aller vous recoucher.

Fanny descendit l’escalier encore un peu tremblante.

- Je n’arrive pas à dormir, cette histoire avec Randy me hante. Je vais aller me faire un thé, en voulez-vous ?

- Oui, merci.

Tandis que l’eau chauffait dans la bouilloire, elle prépara les tasses. Elle était troublée à la vue du torse nu de Grant. Ses bras musclés, ses épaules larges, son dos ….

Fanny n’avait pas pris le temps de passer une robe de chambre et sa nuisette légèrement transparente, laissait deviner ses courbes élancées. Ses seins pointaient sous le fin tissus. Grant ne pouvait la quitter des yeux et il sentait monter en lui un désir si brûlant qu’il eut du mal à se contrôler. Fanny les servit et ils s’installèrent à la table de la cuisine.

- Combien de temps pensez-vous qu’il faudra avant que je sois de nouveau en sécurité.

- Je ne sais pas, mais ne vous en faites pas, je resterais auprès de vous aussi longtemps qu’il sera nécessaire.

- Pourquoi faites-vous ça pour moi ? On ne se connaît pour ainsi dire pas du tout. J’ai même l’impression que vous m’évitez.

- Je ne supporte pas ce genre d’individu. Un homme qui s’en prend à une femme n’est pas un homme. J’aurais réagi de la même manière s’il s’en était pris à une autre femme du Ranch.

Fanny fût un peu déçue par son explication. Elle n’était donc qu’une « femme du Ranch » à ses yeux. Comment avait-elle pu croire qu’il avait une quelconque attirance pour elle. Au moins maintenant, elle savait à quoi s’en tenir et elle allait devoir apprendre à gérer ses sentiments et à les refouler. Elle finit rapidement sa tasse de thé, lui souhaita bonne nuit et reparti se coucher. Elle s’endormie tard cette nuit- là, torturée par ses sentiments et obsédée par les images du corps à demi-nu de Grant. Il allait être difficile d’ignorer à quel point il l’attirait comme un aimant.

Grant, quant à lui, ne dormi que quelques heures. Il fit régulièrement des rondes autour de la maison. Lorsqu’il se recouchait, il ne pouvait oublier à quel point Fanny était attirante, sensuelle et si sexy dans sa nuisette. En s’imposant comme son garde-du-corps, il n’imaginait pas à quel point son attirances pour elle était importante. Il allait être difficile de passer ses nuits, si proche d’elle sans pouvoir l’embrasser et la caresser. Elle le rendait fou de désir. Il allait devoir faire preuve de beaucoup de contrôle et de volonté pour résister à ses pulsions.

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