Épisode 3 - Survivalisme

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 Comme tous les matins depuis un mois, Bril se rendait au terrain d'entraînement, une main dans une poche et l'autre tenant une brique de jus d'orange. Épuisé par l'intense journée de la veille, le garçon s'était levé tardivement et n'avait pas eu le temps de terminer son petit-déjeuner, prenant à peine le temps de nouer correctement le bandeau du Village à son front.

 Aspirant distraitement la fin de sa boisson, l’Utak réfléchissait aux améliorations à apporter à sa formation. Chacun progressait à un bon rythme. Chiaki, Yoko et Bril avaient à la fois amélioré le contrôle de leur Chakra tout en apprenant un nouveau jutsu affinitaire. A l'inverse de leurs progrès respectifs, leur sens de la collaboration restait hasardeuse. Le manque de motivation de Chiaki en était la principale cause, toutes les tentatives des deux autres à son égard échouant lamentablement. Par ricochet, cela ralentissait le binôme de Bril et Yoko. L'Utak n'en prenait pas ombrage. Leur équipe n’avait qu’un mois et il était convaincu que leurs liens se tisseront naturellement au fil des missions.

 Bril arriva au terrain d'entraînement, essentiellement composé de roches et de sables. De ci de là traînait en majorité des mannequins d'entraînement et autres appareils de musculation, témoignage de la tradition Chikarate pour le taijutsu. L'Utak arriva en même temps que la jeune rousse, qui lui adressa un sourire rendu instinctivement tout en jetant sa brique de jus de fruit dans une poubelle.

 Bras croisés, Kurada tapotait du pied. Ses lunettes empêchaient de voir l'expression de son visage, mais ses rictus trahissaient son agacement. Peu désireux de s'attirer ses flammes, Bril engagea la discussion avec Yoko :

— Pas trop dur le réveil ?

— Un peu. J’ai finalisé mon nouveau jutsu hier, ça m’a vidé de mon Chakra. Et toi ?

— J’ai failli ne pas me lever, avoua Bril en se grattant la joue. Kurada y est allé fort sur le taijutsu hier.

 La rouquine retint un rire tout en replaçant une mèche. A ses côtés, Tora s'étira en poussant un bâillement proche du miaulement. Méfiant les deux premières semaines, le Iguaro s'était peu à peu habitué à la présence des collègues de sa maîtresse. Bril était assez fier d’être le seul en dehors de la Furiaki à avoir le droit d’effleurer son pelage.

— C’est pas le matin pour un retard, plaisanta-t-elle en un murmure tout en désignant discrètement Kurada d’un mouvement de tête.

— Ouaip, confirma Bril en jetant un œil à leur sensei. J’en connais un qui va souffrir…

 Kurada attendit cinq minutes de plus avant de demander aux deux présents de procéder à quelques échauffements.

— Vous en aurez besoin, lâcha-t-il froidement avant de se tourner vers la direction d’où viendrait Chiaki.

 Yoko haussa un sourcil de surprise, tandis que Bril déglutit. Sa colère était-elle finalement dirigée sur l’ensemble de l’unité ? Les deux Genins s'échangèrent un regard éloquent qui leur évita tout commentaire avant d'obéir à leur mentor. Dix minutes plus tard, un Chiaki débraillé les rejoignit finalement. Sans s'excuser, il adressa une brève salutation à Kurada et esquissa un mouvement pour rejoindre ses partenaires.

— Inutile, le stoppa abruptement le Jounin. Entraînement en dehors du Village aujourd'hui.

 Les trois Genins s'échangèrent des regards étonnés. Chiaki comprit bien vite qu'ils apprenaient le programme du jour en même temps que lui.

— Vous auriez dû nous prévenir hier ! protesta le retardataire, sans aucune gêne et passablement agacé.

— Excuse-moi ? ricana Kurada en redressant ses lunettes tout en affichant un rictus sadique. Tu te comportes comme le dernier des bons à rien et tu oses te plaindre ?

— Je ne vous permet pas de…

 Le temps d'un clignement de cils, Kurada sembla se téléporter face à Chiaki, le saisissant à la gorge pour le porter à bout de bras. Les lunettes du Jounin glissèrent jusqu'au bout de son nez, laissant entrevoir les foudres de colère qui animait son regard d'un gris délavé.

— Tu t’imagines être en droit de me “permettre” des choses ? ironisa-t-il sans se départir de son sourire moqueur. Je me fiche que tu sois un Uchiwa, morveux.

 Il relâcha sa prise et le laissa choir douloureusement au sol.

— J'ordonne, tu exécutes. Si ça ne te plaît pas, tu peux rentrer chouiner dans les jupons de ton clan. Mais les connaissant, je doute qu'ils prennent le parti d'un paresseux imbus de sa personne.

 Chiaki se releva en se frottant le visage de son avant-bras. Bien qu'il avait tenté de le cacher, Bril aperçut distinctement quelques larmes couler le long de ses joues. Le poing crispé, il ressentit toute la frustration de son partenaire. Son comportement était-il uniquement dû à de la fainéantise ? Durant leurs entraînements, Bril avait perçu quelques talents dans les exécutions du Uchiwa. Son clan était doué mais la maîtrise d'un art aussi complexe que le genjutsu demandait un travail certain. Et Chiaki en possédait un incroyable potentiel, étant déjà capable de couper les sens de ses ennemis par simple contact.

 Sans signe avant-coureur, Kurada redressa ses lunettes et se tourna vers Bril et Yoko.

— J'ai davantage confiance en vous. Mais votre travail est loin d'être à la hauteur de mes attentes. Si vous voulez survivre à ce métier, il va falloir vous réveiller.

 Bril observa leur sensei. Mains dans le dos, il semblait les toiser. Mais la non-lecture de son regard empêchait de percevoir ses réels sentiments. Pensait-il chacune de ses paroles ou cherchait-il essentiellement à les faire réagir ?

— Suivez-moi. En silence.

 Le Jounin leur tourna le dos et amorça sa marche, laissant ses élèves échanger un dernier regard avant de l'accompagner. Ils traversèrent les ruelles tout en courbe de Chikara. Les Genins comprirent bien vite qu’ils se dirigeaient vers la sortie des murs d’enceinte. Obéissant à l’ordre de leur sensei, Bril eut tout le temps de réfléchir à la situation. Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, il ne parvenait pas à comprendre en quoi leur unité était si dramatique. Ils n’étaient encore que des aspirants ninjas, sans la moindre mission d’importance à leur actif. En un mois, pouvait-on vraiment leur demander une coordination parfaitement huilée ? L'Utak ne pouvait s'empêcher de se répéter que Kurada était bien trop sévère envers eux, mais son éducation martiale l'empêcha de protester. Un bref regard à Chiaki, dont le regard furieux ne se détachait pas du dos du Jounin, lui confirma qu'il n'en sera pas de même de sa part.

 Lorsqu’ils passèrent les grandes portes du Village, Bril pensait qu’ils n’en auraient que pour quelques minutes de marche. Kurada le détrompa, les faisant avancer à un rythme militaire durant une bonne demi-heure. Ils gravirent une dune de sable escarpée, le vent du désert les obligeant à fermer la bouche sous peine de respirer d’importants nuages de poussière. L'Utak plissa les yeux pour ne pas se retrouver aveugler.

 Lorsque les Genins rejoignirent leur sensei au sommet, ils constatèrent qu’ils trônaient au-dessus d’un nid de créatures. En contre-bas, quatre lycaons rongeaient os et carcasses. Proche du Iguaro de Yoko, le pelage des félins était plus sombre. A la place des moustaches de Tora, les monstres arboraient deux longues canines, semblables à des défenses, ainsi qu’une corne à l’extrémité de leur museau.

 Tandis que Yoko et Bril attendirent aux côtés de leur mentor, Chiaki s'approcha de la fosse et se pencha avec précaution.

— Séance de zoologie ? demanda-t-il sans enthousiasme.

— En quelque sorte, chuchota Kurada en relevant ses lunettes.

 Sans crier gare, Kurada se téléporta devant Tora et l'assomma d'un coup de poing aussi vif que puissant. Sans leur laisser le temps de réagir, il disparut à deux reprises, expédiant sans pitié Bril et Yoko entre contre-bas. Usant de toute sa vivacité, Chiaki lui envoya deux shurikens enflammés qui ne rencontrèrent que le vide. Le visage du Jounin apparut à quelques centimètres du sien, tellement proche qu'il n'en vit que le sourire moqueur.

— Garde tes forces pour la fosse, bébé Uchiwa.

 Une pichenette au front l'envoya rejoindre ses partenaires. Après s'être réceptionné avec souplesse, il constata que tous deux contenaient à grand peine les quatres créatures.

— Pourquoi il a fait ça ? pesta Yoko en esquivant une griffe. Sans Tora, je perds la majorité de mes compétences !

 Après avoir évité une patte qui cherchait à l'étriper, Bril composa des mudras qui levèrent un vent suffisamment fort pour repousser les deux félins qui en avaient après lui. De son côté, Yoko effraya le sien en faisant crépiter quelques éclairs de ses mains. Profitant de l'ouverture, Chiaki bondit au-dessus d'eux et souffla trois petites boules de feu qui terrifièrent leurs adversaires, suffisamment pour les faire s'éloigner. Le Uchiwa atterrit face à ses collègues et généra un mur de flammes factices.

 Hors de lui, il leva la tête vers leur sensei qui les toisait, bras croisés, au sommet de la fosse.

— Enfoiré…

— On s'occupera de ses raisons plus tard ! l'apostropha Bril. On doit éliminer ces bestioles !

— Il ne va vraiment pas nous aider ? ne put s'empêcher de s'étonner Yoko.

— Comme tous ces fumiers de soldats, répliqua froidement Chiaki. Ils préfèrent sacrifier ceux n'entrant pas dans leur moule plutôt que de s'en encombrer.

— On s'en fout ! insista Bril avec colère.

 L'illusionniste souffla du nez. Ce fichu Utak avait raison, la priorité était de sortir vivant de ce guêpier. L'esprit stratégique du Uchiwa se triturait les méninges, faisant le tri de leurs capacités. Bien que privé de son animal, Yoko était bien plus rapide que Bril. Ce dernier misant sur l'endurance de son style Migite, il était hors de question de le laisser aller au contact des griffes acérées des lycaons.

— Je vais les distraire avec un genjutsu, décida le Uchiwa qui fit de son mieux pour se montrer sûr de lui. Ça ne me plait pas, mais Yoko et moi allons en première ligne.

— Pardon ? s'étouffa Bril.

— Nous sommes plus rapides que toi ! Ton endurance est inutile si tu te fais tailler en pièce. On en occupe deux chacun et toi, tu tente de les abattre avec des shurikens et kunais.

 Bien que cela ne lui convenait guère, Bril n'avait rien de mieux à proposer. Ils prirent donc position, attendant le signal de Chiaki. Ce dernier mit fin à ses flammes illusoires et envoya des shurikens contre les félins affamés, mêlant des projectiles inconsistants aux vrais. Les Lycaons bondirent sur les côtés, seul l'un d'eux reçut un shuriken en pleine patte.

 Satisfait, le Uchiwa fonça sur la créature blessée tout en dégainant son katana, qu'il embrasa. Une fois face au monstre, il esquiva de peu une griffe et enfonça sa lame au travers de son abdomen. Chiaki l'extirpa sans ménagement tout en ignorant de son mieux l'odeur de chair brûlée et le laissa choir lourdement au sol, soulevant un nuage de poussière.

 De chaudes piqûres tiraillèrent la joue gauche du Uchiwa, lui arrachant une grimace. Il n'eut pas besoin d'y apposer une main pour comprendre qu'elle saignait. La créature avait été bien plus rapide qu'il ne l'avait cru. Décidé à ne pas mourir par excès de confiance, les yeux de Chiaki virérent au rouge et firent apparaître la première virgule de son sharingan. Juste à temps pour esquiver la patte d'un lycaon, puis d'un second. Les mouvements restaient rapides, mais le sharingan diminuait le délai de traitement de l'information entre sa perception et l'intégration par son cerveau, faisant réagir ses réflexes bien plus rapidement.

 Deux sur lui, ce n'était pas ce qui avait été convenu. L'entendant hurler entre deux chocs électriques, Chiaki comprit que Yoko était occupée à griller l'un des félins. Il n'eut d'autre choix que de contenir ses deux adversaires, continuant à les éviter de justesse. Chiaki tenta plusieurs frappes de sa lame enflammée, en vain. Plus les secondes s'égrainaient et plus il doutait de parvenir à tenir. Que fichait l'Utak ?

 Le Genin trébucha suite à une esquive arrière hasardeuse et vit, impuissant, les deux bêtes bondir sur lui. Un vent se leva, ralentissant leurs mouvements.

 Semblant sortir de nul part, Bril donna un coup de pied à un lycaon, en pleine nuque. Un sinistre craquement retentit, tandis que le cadavre tournoya un bref instant en l'air. L'Utak composa une série de mudras tout en gardant l'œil sur le second monstre qui tenta de le pourfendre. Lorsque son pied toucha le sol, il tendit sa paume gauche vers la créature. Deux secondes de plus auraient suffi pour lui trancher le bras. Au lieu de cela, une violente bourrasque fit heurter la féroce bête sur le sol en plusieurs roulés-boulés.

 Chiaki prit le relais, gonflant ses joues avant d'achever le félin par une boule de feu. Il se tourna ensuite vers son collègue, stupéfait. Bril se gratta la joue tout en ricanant, joyeux :

— Désolé. Rester en retrait, c'est vraiment pas mon genre.

 A son tour, Chiaki laissa échapper un petit rire. Le stress se dissipant, les deux garçons éclatèrent de rire.

— Vous m'oubliez ? les interpella Yoko, essoufflée.

 Bril commença à se diriger vers elle tout en se grattant la tête, un peu honteux. Face à la rouquine se trouvait le cadavre carbonisé du dernier lycaon. Les mains de la kunoichi laissaient échapper de minces fumées. Yoko semblait éreintée, mais elle souriait elle aussi.

— Désolé, s'excusa Bril. On s'est un peu laissé aller.

 Comme pour lui donner raison, un rugissement retentit de la grotte juste derrière eux. Par réflexe, Bril plaça Yoko en seconde ligne et bondit aux côtés de Chiaki, qui se maudissait de ne pas avoir remarqué cette entrée plus tôt. Il enflamma à nouveau sa lame, prêt à livrer bataille.

 Deux énormes pattes sortirent en premier de l'ombre, suivis de leur propriétaire : un énorme lycaon aussi grand que les trois Genins réunis. Les adolescents comprirent qu'ils avaient face à eux un spécimen alpha.

— Bordel… bredouillérent les Genins d'une même voix.

 Réactivant son sharingan, Chiaki leva son katana crépitant de flammes. Des éclairs entourèrent les mains de Yoko, tandis que Bril se saisit de deux kunais aiguisé au Fuuton. Ils firent tous un même mouvement vers leur gigantesque ennemi lorsqu'une une cascade d'éclairs s'abattit sur le monstre, faisant gicler une quantité impressionnante de sang et de chair calcinés.

 Lorsque la fumée générée par l'attaque se dissipa, la silhouette de Kurada se dessina peu à peu. Il fit quelques pas vers eux, des éclairs entourant encore quelque peu son corps.

— Vous voyez que vous pouvez bosser ensemble quand vous le voulez.

 Son sourire satisfait frappa Bril, l’emplissant de fierté. Le sentiment de Chiaki fut radicalement inverse. Il se dirigea à sa rencontre, furieux :

— Vous m’expliquez ce bordel, espèce de sale enf…

 Le Uchiwa ne parvint pas à terminer sa phrase. Pris de vertige, il chancela et mit genou à terre en lâchant son katana, dont les flammes s’éteignirent, heurtant le sol en un tintement métallique. Bril et Yoko le rattrapérent et constatérent que son sharingan s’était désactivé de lui-même :

— Tu t’es bien battu, le félicita Kurada sans prendre ombrage du comportement de son impétueux élève. Mais tu dois apprendre à te ménager.

 Le Genin releva la tête et le fusilla du regard. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. Bril prit conscience de l’importante quantité de Chakra qu’il avait dû utiliser durant le combat. Du maintien de sa lame de feu et de son sharingan tout en ajoutant l'exécution des jutsus, le Uchiwa avait puisé jusqu'à la limite de ses ressources. Et malgré tout, le Genin s'était montré prêt à combattre le Lycaon alpha. Avec culpabilité, l'Utak était à présent convaincu qu'il avait jugé bien trop sévèrement son collégue jusque là.

— De quel droit me donnez-vous des conseils ? Nous avons failli mourir par votre faute.

— Vous êtes des shinobis. La mort est votre quotidien et vous devez le comprendre. Si vous n’étiez pas capable de vous débarrasser de quatre misérables lycaons, il aurait été temps de songer à un changement de carrière.

 Il redressa ses lunettes et continua avant que l’adolescent rebelle ne reprenne la parole :

— Vous deviez enfin agir en équipiers. Si vous m’aviez à nouveau déçu, je vous aurais sauvé et aurait informé Chikara de mon désistement dans l’encadrement de votre unité.

— Vous êtes sérieux ? marmonna Yoko, abasourdie.

 Kurada Danto tourna la tête vers elle et reprit sa pose habituelle, les mains croisées derrière le dos.

— J’ai refusé le grade de Kounin pour deux raisons. La première est que je suis un soldat qui n’a aucune envie de croupir derrière un bureau. La seconde est la plus importante à mes yeux : transmettre mon expertise à la nouvelle génération. Ce faisant, je n’ai pas de temps à perdre avec des minables qui mourront dès leur première mission d'importance.

 Kounin était le grade au sommet de la hiérarchie shinobi, juste en dessous du poste de Kage. Rares étaient les ninjas susceptibles de se le voir attribuer. Ce statut témoignait d’une maîtrise parfaite, que ce soit du point de vue martial que de la capacité à mener des troupes. La plupart des shinobi siégeant au Conseil étaient des Kounins. Qu’un shinobi de cette trempe tienne à s’occuper de leur formation était une preuve incroyable de son dévouement envers ses élèves.

— Dans un monde parfait, je vous donnerai le temps de comprendre par vous-même l’importance du travail d’équipe. Malheureusement, vous n'avez pas ce luxe.

— Vous pensez qu’une guerre se profile ? tenta de deviner Bril, se rappelant de sa conversation avec son père du mois précédent.

— Je ne peux l’affirmer, mais mon expérience me convainc qu’elle finira par arriver. Ce n’est qu’une question de temps et elle risque d’être bien plus importante que notre dernier conflit avec Mahou.

 Un silence pesant s’abattit sur leur équipe, qui mesurait et intégrait les propos de leur sensei. Bril comprenait à présent les raisons de la colère du Jounin, ressentant du même coup l’affection qu’il leur portait. Leur manque de coordination ne l’agaçait pas uniquement d’un point de vue professionnel, il en allait de leur survie prochaine. A son expression, même Chiaki semblait comprendre pleinement les intentions de son sensei.

— Vous craignez de nous voir mourir au combat ? osa t-il demander. Un shinobi n’est-il pas censé faire abstraction de ses sentiments ?

 Kurada soupira en penchant légèrement la tête, suffisamment pour leur permettre d’apercevoir la tendresse de son regard grisonnant.

— C’est vrai, admit t-il. C’est ce que l’Académie nous enseigne et ce que nous devons faire pour maintenir notre efficacité en mission. Mais cela ne signifie pas que vous ne devez pas vous lier les uns aux autres. Votre camaraderie vous rend plus fort, mais peut vous tuer si elle vient à dicter vos décisions. C’est un équilibre délicat à atteindre, qui permettra à votre unité d'atteindre des sommets.

 Il redressa ses lunettes, comme s’il était gêné d’avoir laissé autant transparaître ses sentiments. Kurada se tourna une fois de plus vers la Furiku.

— Allons récupérer ta créature et rentrons à Chikara. Je vous laisse la journée pour vous reposer. Profitez-en. A partir de demain, votre entraînement sera renforcé.

 Il leur tourna le dos et ajouta, avant de rejoindre d’un bond le sommet de la fosse :

— Je vais faire de vous des survivants.

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