Nuit blanche drapée de noir

Une minute de lecture

Tiens, te revoilà…

Je ne suis pas surprise, insomnie, puisque toutes les nuits, tu viens me tenir compagnie.

Je ne t’apprécie pas, toi qui te glisses sournoisement dans mes draps pour me faire des coups bas.

Avec ton piano désaccordé, tu prends plaisir à jouer des notes saccagées, me privant d’un sommeil qui m’aurait tant soulagée.

Riant de mes incertitudes, de ma solitude, de tout ce qui devient une habitude, tu m’empêches d’accéder à la plénitude.

De ta voix tonitruante, tu me rappelles ce qui me hante, mais aussi ce qui me tente…

Les yeux rivés sur le temps qui ne fait que défiler, je me mets à appréhender.

Car le réveil est toujours plus rude que mes angoisses de la veille.

La fatigue n’est plus qu’un détail, depuis que ma santé déraille.

Le café pourrait me tuer, mon corps ne peut s’en passer.

Les paupières alourdies, il me faudra du courage ne serait-ce que pour tenir jusqu’à midi.

On me dit que j’ai grise mine, alors je m’intoxique à la caféine.

On me dit que j’ai perdu du poids, je réponds que j’ai du mal à boucler le mois.

On me dit que j’ai l’air malade, je réponds simplement que j’ai besoin de faire une balade.

Je refuse de les écouter, eux qui veulent pourtant m’aider…

Alors que je suis ouïe de tes calomnies, insomnie !

Tu es mon ennemie, pourtant… je me confie à toi comme à une amie.

Car tu es la seule avec qui je peux partager ce qui m’est impossible d’exprimer.

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