Chapitre 04

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Petite information sous menaces

Nal’ki

Il n’y a pas à dire, gagner une guerre a du bon et cette maison dans laquelle je me suis installé fait partie de ces bénéfices liés à la victoire. Elle est magnifique et vraiment confortable. Dans l’euphorie de notre succès facile, je n’ai pas eu de difficulté à réquisitionner ce bâtiment qui appartenait à l’ancien… président ? Dictateur ? Je ne sais plus trop et je n’ai d’ailleurs jamais compris cette histoire de pays avec des frontières et des langues différentes. Ils ne sont vraiment pas doués au niveau communication même s’ils avaient commencé à développer des outils de traduction instantanée. Nous, quand on est arrivés, on a juste eu à nous brancher sur un de leurs serveurs et toutes les données ont été transférées à notre système. Hop, plus besoin d’y penser. C’est beau la technologie quand même !

Je vérifie que Verlox est bien dans son petit espace personnel, dans le garage que nous avons aménagé pour lui et ceux qui le remplacent quand il prend un peu de temps pour lui. Il est affalé sur le canapé et regarde avec toujours le même étonnement les programmes qui passent sur l’écran installé. Nous ne comprenons toujours pas comment des choses aussi bêtes et mal réalisées peuvent faire partie de leur culture et c’est la mission de mon garde du corps d’étudier ce phénomène et de nous faire un retour. Je crois que le seul résultat est de lui faire perdre des neurones chaque jour. Le pauvre.

Je l’informe que je vais profiter de la salle d’eau et que si l’humain dénommé Sacha se présente avant que je n’aie terminé, il doit le faire patienter dans le hall d’entrée. Je longe la salle de sport où je me suis déjà exercé ce matin avant de pénétrer dans la salle de bain, au bout du couloir. Une fois encore, je me dis que j’ai de la chance car non seulement, il y a un jacuzzi mais il y a aussi une petite piscine qui me rappelle mes lointaines années sur notre planète d’origine. Je suis un homme d’eau, moi et ça me fait du bien de me détendre dans le milieu aquatique, avec ou sans bulles.

Je suis encore en train de faire des longueurs lorsque mon garde du corps frappe à la porte de la salle d’eau.

— Oui ? Il est déjà là ? demandé-je, agacé d’être dérangé avant d’avoir terminé mes petits exercices.

— Il est ici et il n’est pas venu seul. Qu’est-ce qu’on fait ? Je laisse les autres à la porte ?

Je réfléchis un instant avant de répondre. C’est vrai que j’aurais préféré le voir seul, plus facile à manipuler, mais je n’ai pas demandé à ce qu’il revienne sans ses compatriotes. Il n’a pas dérogé à mes ordres et il a peut-être besoin de ça pour se sentir rassuré. De toute façon, on ne risque pas grand-chose, ils sont quand même bien incompétents, tous ces hommes.

— Non, fais les tous entrer. Active le brouilleur de communication et désarme-les s’ils sont venus équipés. Dis-leur de patienter jusqu’à ce que j’arrive.

— Entendu, je m’en occupe tout de suite, me répond-il en sortant déjà de la pièce.

Je prends mon temps afin de respecter ma routine quotidienne avant de sortir de l’eau et de me sécher. J’enfile mon uniforme et m’assure de posséder mes armes. Je sais que je prends beaucoup de précautions mais ces humains nous ont montré qu’on n’est jamais trop prudents. Oh, ils ne font jamais beaucoup plus que de simples escarmouches, mais ça serait assez honteux d’être blessé dans sa propre maison. Arrivé dans le hall d’entrée, je suis satisfait de les voir se tendre à mon approche. Ils ne sont pas rassurés, c’est bon signe. Je me décide à ne pas les faire entrer plus avant et à échanger avec eux directement dans ce hall d’entrée. Cela leur montrera encore plus qui est responsable, ici.

— Alors, Sacha, qui m’amènes-tu donc ? Des rebelles prêts à confesser leurs crimes ? Il n’y a pourtant aucune femme parmi eux. Serait-ce une tentative de me tromper ? Ou d’essayer de me faire patienter alors que le délai est presque écoulé ?

J’ai bien fait de mettre la tenue officielle. Elle est un peu too much, avec du brillant partout mais tout de suite, ça me permet de prendre le dessus sur ces hommes habillés simplement. Ils me regardent tous avec une certaine inquiétude et la tension dans la pièce est palpable. Le silence s’installe un instant mais je ne fais rien pour le briser. Je me suis exprimé, à eux de trouver le courage de parler, désormais.

— Aucun de nous ne fréquente de femme rebelle, vous savez, intervient finalement le fameux Sacha. Nos femmes sont sérieuses… Nous n’avons personne à vous apporter, mais… il est possible que l’info que nous allons vous donner vous soit utile. Du moins, je l’espère.

— Et comment vous avez eu l’information sans avoir de contact avec les rebelles ? Je ne crois pas aux miracles et nous n’avons rien noté dans vos communications qui évoque un début de réponse à mes questions…

— Ma femme a laissé traîné ses oreilles à la crèche, ce matin… Elle a entendu dire qu’il y avait pas mal de mouvements du côté du quartier du stade. Apparemment, l’épicerie qui a fermé servirait de lieu de stockage et de planque aux Valkyries. Une femme qui vit là-bas dit qu’elle a vu un camion s’y arrêter en pleine nuit il y a quelques jours.

Je ne réponds pas et garde un silence que je veux pesant. Cela me donne le temps de réfléchir tout en gardant la pression sur eux. Je sais qu’ils ne peuvent pas comprendre du tout ce que nous pensons alors que nous avons une vision plutôt claire de leurs modes de fonctionnement et de raisonnement. Là, ils sont en train de se demander s’ils m’ont convaincu avec leur petite information qui ne me mènera à rien. Et pourtant, je ne peux pas faire comme s’ils ne m’avaient rien dit. Nous jouons tous un rôle et dans ce jeu de dupes, même si nous avons la main la plus forte, nous ne pouvons pas faire comme s’ils n’existaient pas. Je finis par me racler la gorge, ce qui les fait sursauter pour mon plus grand amusement, et reprends enfin la parole.

— Une épicerie comme lieu de stockage ? C’est tout ce que vous avez à me dire ? Et pourquoi attendre que je vous menace pour me communiquer cette information ? Elle tombe à point, on dirait, non ? Vous me prenez pour un imbécile ? tonné-je brusquement, les faisant tous frémir. Vous êtes sérieux ? Vous n’avez rien d’autre à me dire ? crié-je pour les impressionner encore davantage.

— C’est parce qu’on ne fait pas attention à tout ça, d’ordinaire. Personne ne cherche les histoires, on vit nos vies sans se soucier des voisins… S’ils stockent leurs bombes là-bas, vous pourrez les affaiblir, balbutie notre source en reculant d’un pas tandis que ses acolytes semblent encore moins courageux que lui.

Au moins, il a le mérite d’assumer jusqu’au bout son rôle d’indicateur et je l’admire un peu pour ça. Je sais que je devrais le laisser tranquille et me contenter de ce qu’il me dit mais une partie de moi sait aussi qu’ils sont soit en train de me baratiner, soit en train d’essayer de me doubler. L’un ou l’autre, ils ne sont pas francs avec moi, ce qui me pousse à continuer. Qui sait ? Ils vont peut-être lâcher autre chose.

— Donc, vous voulez qu’on affaiblisse les rebelles ? Elles ont l’air d’avoir du soutien auprès des hommes, pourtant. Comment vous expliquez cela ?

— Je n’en ai aucune idée, je vous le jure ! Je… je n’ai jamais eu aucun lien avec les Valkyries, je veux juste vivre ma vie avec ma femme et mes gosses, moi !

— Ah mais quelle bonne idée tu viens de me donner ! Verlox, tu peux retourner avec Sacha chez lui et ramener sa femme à notre base, le temps qu’on vérifie leurs informations. Si elles sont vraies, elle pourra bien entendu rentrer chez eux retrouver sa famille. Sinon… je laisserai le haut commandement décider de son sort. Autre chose à ajouter ?

— Non, prenez-moi à sa place, mais je vous en supplie, pas ma femme ! s’affole-t-il.

— C’est courageux de ta part de te proposer mais si ce que tu m’as dit est vrai, tu n’as rien à craindre. Tu sais bien qu’on vous respecte autant que possible. Mais peut-être as-tu un doute et tu veux rétracter certaines informations ? Ou en donner d’autres ? En tout cas, tu as bien fait de venir entouré. Tes amis sont… bavards, me moqué-je.

— Je n’ai rien d’autre à dire, je n’ai fait que transmettre ce que ma femme a entendu et j’ai confiance en elle, me rétorque-t-il avec aplomb, ses comparses semblant encore plus stressés. Je ne sais rien de plus, je le jure.

Une nouvelle fois, je laisse le silence s’installer avant de soupirer, résigné car vu la pression que j’ai mise, je n’aurai pas d’autres informations, c’est certain. Je ne peux pas pousser plus et je me dis que je vais faire avec.

— Bien, on va aller vérifier, alors. Et laisser ta femme tranquille pour le moment. Mais je te préviens, si on ne trouve rien, on l’emmènera. Et celle de tous tes amis présents. Qu’ils ne soient pas venus pour rien, quand même, ce serait dommage. Vous pouvez disposer, Messieurs. Et pas un mot à quiconque de cette entrevue. Nous allons intervenir rapidement à l’épicerie mais si elle est vide, gare à vous. Je suis clair ?

C’est pathétique de les voir ainsi hocher la tête et filer sans demander leur reste. Je me demande vraiment comment cette espèce est parvenue à prendre le contrôle de la planète par le passé. Et leurs épouses, qu’est-ce que ça doit être ! Se soumettre à des glandus comme ça ? C’est possible ? Il y a vraiment des choses que je ne comprends pas dans cette civilisation. Mais ça n’est pas la priorité du moment. Il faut que je prévienne mon oncle et les responsables sur le vaisseau-planète. Grâce à ce Sacha, j’ai au moins un petit quelque chose à leur mettre sous la dent. Dès que j’ai leur accord, je vais foncer moi-même avec une équipe à l’épicerie. Au moins, je saurai tout de suite si je me suis fait avoir ou pas.

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