Chapitre 43
Sous les étoiles
Lévana
— Un problème ?
C’est vrai, quoi, c’est pas comme si on était en train de se chauffer comme deux ados prêts à passer à l’acte. Pourquoi est-ce qu’il s’arrête comme ça ? Manquerait plus qu’il relâche son étreinte et ce serait le comble de la honte pour moi. Est-ce que je dois arrêter de jouer au chimpanzé ? Je suis à deux doigts de me barrer de peur de me faire refouler. Et mon cerveau et moi savons très bien que si je me mets à réfléchir, l’amie libido retournera dans sa grotte et la Valkyrie fera son apparition, vociférant combien je devrais avoir honte d’être à quelques centimètres, et sans doute quatre petits morceaux de tissu, d’une copulation des plus attendues et inédites. Est-ce que j’en fais des caisses ? Si peu…
— Non, aucun problème, Lévana. Je veux juste m’assurer que tu ne te sens pas forcée de faire… ça. De mon côté, si je te dis qu’un de mes rêves est en train de se réaliser, j’espère que tu me crois.
— Je crois que j’ai besoin de détails sur ce rêve, chuchoté-je à son oreille avant d’en mordiller le lobe.
— Je rêve de découvrir ce que tu caches sous ces quelques vêtements, murmure-t-il en passant ses mains le long de mon corps. Je rêve aussi de sentir tes mains me parcourir et de voir ce que ce désir que nous ressentons peut nous amener à faire. Tu es si belle, Lévana.
Je sens mes joues s’échauffer quelque peu alors qu’il me dépose sur le lit sans pour autant me lâcher, me surplombant de toute sa hauteur. Son regard me semble particulièrement intense et, bien que je sache clairement que je fais une connerie, une partie de moi a envie de passer outre toutes nos divergences, le temps d’une nuit. Pourquoi ne pas profiter ? Ce qui se passe sur le vaisseau-planète doit pouvoir rester sur le vaisseau-planète, non ?
Histoire qu’il intègre que je fais ce que je veux si je le veux, sans aucune obligation, j’agrippe sa nuque d’une main et reprends sa bouche d’assaut. Mes doigts libres tentent d’ouvrir les boutons de sa chemise tandis qu’il grogne contre ma bouche, glissant sa main sous mon débardeur pour caresser mon ventre, mon flanc, frôler la naissance de mon sein, me tirant un soupir et surtout un frisson.
Mue par une envie qui se fait de plus en plus prégnante en moi, je le repousse quelque peu pour ôter mon débardeur et terminer de déboutonner sa chemise tandis que son regard a abandonné le mien pour se concentrer sur mes deux globes rendus plus sensibles par le désir. Je n’ai pas le temps de la lui ôter complètement que sa bouche fond sur l’un de mes tétons tandis qu’il empaume mon autre sein. Pour ma part, je me débats avec son pantalon, en plus d’être un peu déconcentrée par ses attentions.
Quand il se retrouve enfin nu, debout au pied du lit à tirer sur mon propre pantalon comme un désespéré, je promène mon regard sur ce corps qui, s’il n’a rien d’humain, y ressemble quand même énormément. Un fou-rire me prend en le voyant galérer avec mon vêtement, sa langue pressée entre ses lèvres comme s’il cherchait à s’appliquer. Je suis à deux doigts de me lever pour l’aider quand il y parvient finalement. J’aurais sans doute dû prendre une taille au-dessus, mais elle était un peu trop lâche pour l’effet moulant souhaité…
Nos regards se percutent finalement après que chacun a laissé le sien courir sur la peau de l’autre. J’ai l’impression que le bleu azur a été remplacé par une teinte plus proche de l’orage dans ses yeux, que l’envie s’y lit avec force, sans doute autant que dans les miens, d’ailleurs. Parce que c’est une réalité, même si je ne le devrais pas, j’ai très envie de lui et l’impatience coule dans mes veines.
— Comment ça se passe, ici, vous avez aussi des préservatifs ou quelque chose de similaire ? lui demandé-je en me redressant pour me presser contre lui, à genoux sur le rebord du lit.
— Des préservatifs ? me demande-t-il, surpris. Cela fait des siècles que plus personne n’en utilise. Pour nous, c’est… tout se fait naturellement. Et vu les résultats des tests faits par nos scientifiques, aucun de nous ne risque quoi que ce soit. Tu préfères arrêter ? m’interroge-t-il alors qu’il n’a clairement qu’une envie, venir se lover dans mes bras.
Mes doigts se stoppent sur ses biceps que je caressais et je relève les yeux dans sa direction. Tout se fait naturellement ?
— Qu’est-ce que tu entends par là, au juste ? Parce que, qu’on soit clairs, avoir un gosse n’est absolument pas dans mes projets à court terme, voilà pourquoi je parle de capote. Si vous, vous n’en utilisiez pas pour vous la jouer “au destin”, personnellement, je veux que ce soit mon choix…
Son air perplexe laisse la place à un grand sourire et à ce petit air auquel je commence à m’habituer quand il a une bonne nouvelle à m’annoncer.
— Dans notre culture, pour faire un bébé, il faut que l’homme et la femme le décident conjointement. Nous avons la possibilité de nous rendre fertiles quand nous le souhaitons. Mais là, comme tu n’as pas cette possibilité, il va falloir que tu me fasses confiance. Je n’ai pas du tout envie de te rendre enceinte et je te garantis que je vais respecter ton choix. Tu as ma parole d’honneur, Lévana.
Je l’observe silencieusement durant quelques instants, partiellement indécise. On pourrait croire que la tension de ce moment s’est quelque peu effondrée avec cette conversation, mais sa peau appelle encore la mienne et je n’ai d’ailleurs pas arrêté d’y promener mes doigts. De son côté, Nal’ki semble toujours aussi dur et je suis à deux doigts d’acquiescer pour enfin concrétiser ce désir quand je pense encore à quelque chose.
— Et les maladies, comment ça se passe ? Je sais que je n’ai rien, pour ma part, mais… enfin… en ce qui te concerne ? le questionné-je.
Dans le même temps, je glisse ma main dans la sienne et la lève à hauteur de mon visage pour observer ces arabesques noires entourer son avant-bras et s’y achever. C’est un peu fascinant, j’en conviens.
— De mon côté, je n’avais aucune maladie à mon arrivée sur Terre et je suis resté sage, du moins dans le réel. Je suis donc sain de corps, si ce n’est d’esprit. Tu me rends fou tellement tu es belle, mais est-ce que cette maladie est grave ? indique-t-il avant de se pencher pour venir à nouveau m’embrasser, sans que je sache si c’est pour me faire taire ou si c’est parce que pour lui comme pour moi, cela électrise nos désirs.
Un soupir de contentement m’échappe tandis que je réponds à son baiser, nos corps pressés l’un contre l’autre, ses mains baladeuses alternant entre ma nuque et mon fessier quand les miennes malmènent ses cheveux et l’attirent plus près encore. Je me retrouve finalement une fois de plus alanguie sur les draps, son corps me recouvrant, niché entre mes cuisses que je resserre contre ses hanches. Tout est proportionnel chez les aliens, du moins chez celui-là, aussi, impossible de manquer cette érection qui appelle à rencontrer mon intimité offerte, et c’est avec une lenteur aussi excitante qu’insupportable qu’il envahit ma féminité, son regard plongé dans le mien. C’est lent, savoureux, puissant et d’un naturel fou qui me déstabilise durant quelques secondes.
Je détourne le regard pour observer ce ciel décoratif qui représente apparemment son monde. Ma conscience toque à la porte une nouvelle fois mais, bon sang, c’est si bon, pourquoi s’en priver ? Aussi, je m’agrippe plus fermement à ses épaules et l’incite à y aller plus fermement d’un regard alors qu’il va et vient lentement en moi.
— Tu sais que nous ne sommes pas des petites natures, sur Terre, hein ? chuchoté-je. Je te remercie d’être prévenant et doux, attentionné, mais tout va bien pour moi.
— On a toute la nuit, ma Belle, mais je suis à tes ordres et prêt à te donner tout ce que tu veux, énonce-t-il dans le creux de mon oreille avant de m’envahir plus fermement et d’accélérer le rythme.
La vague de plaisir qui m’assaille est puissante et me pousse à en vouloir davantage. Nos corps se rencontrent, se percutent en rythme, cherchent à assouvir leur désir commun. Je perds totalement la notion du temps, et je suis incapable de dire si tout ceci est trop court tant nous attendions ce moment depuis longtemps, ou si nous faisons languir le temps, ralentissant la cadence de notre corps-à-corps quand la menace de l’orgasme se rapproche trop fort. Toujours est-il que je finis par ne plus supporter cette attente et m’attèle à renverser les choses. Nal’ki fronce les sourcils lorsqu’il me sent jouer des hanches différemment sous lui, mais il se laisse finalement faire et son regard devient fou lorsque je commence à onduler sur lui, le chevauchant. Ses mains trouvent immédiatement mes seins qu’il empoigne fermement et vient titiller de sa langue alors que j’imprime un rythme soutenu pour nous délivrer tous les deux. On a toute la nuit, paraît-il, alors pourquoi patienter encore pour vivre cette petite mort qui ne demande qu’à exploser entre nous ?
Cette position est encore plus stimulante pour moi et je suis la première à décoller. Mon corps se met à trembler sous la vague violente de l’orgasme et je peine à maintenir le rythme que nous imprimons tous les deux, mais mon amant ne perd pas le nord et m’accompagne jusqu’à lui aussi subir les foudres de la jouissance. Tout son corps se tend sous le mien, contre le mien, alors qu’il se déverse en moi.
Un léger rire m’échappe quand je m’effondre sur son torse, sans savoir vraiment d’où il vient. Je n’ai jamais ri après l’orgasme, c’est particulier, mais plutôt libérateur.
— Je ne sais pas si je vais survivre à cette nuit, finalement, gloussé-je en nichant mon nez dans son cou, le faisant frissonner.
— Moi, je sais que si je ne survis pas, ce n’est pas grave… Je n’avais jamais connu ça… Wow… C’est encore mieux que ce que j’ai pu lire dans vos livres.
— C’est si différent de ce que tu as connu ? le questionné-je, curieuse, alors qu’il promène distraitement ses doigts sur mes reins.
— Oh oui, avoue-t-il avec une candeur et une excitation si agréables à observer. Tu es si belle, si sensuelle…. J’ai vu toutes les étoiles de ma galaxie quand tu m’as fait décoller. Je… Dis-moi que toi aussi, tu as encore envie.
— Il te faut combien de temps pour être de nouveau d’attaque ? gloussé-je en me redressant, toujours à califourchon sur lui. Parce que j’ai très envie d’une douche, alors soit j’y vais le temps que tu te reposes, soit on y va à deux et on envisage un second round.
— Je suis déjà d’attaque, répond-il en souriant alors que je le sens se mouvoir doucement en moi.
— Emmène-moi sous la douche alors, susurré-je, peu désireuse de rompre notre lien.
Nal’ki ne se fait pas prier et passe son bras autour de moi tout en se rapprochant du bord du lit. Il me soulève comme si je ne pesais rien et je resserre mes jambes autour de sa taille. En quelques secondes, l’eau chaude coule sur nos corps qui reprennent leurs mouvements. Les Valkyries auront ma peau si je ne meurs pas de plaisir avant cela.
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