Chapitre 53

8 minutes de lecture

L’intensité d’un matin parfait

Lévana

Essoufflée, je me laisse tomber sur le ventre en gloussant. Nal’ki m’accompagne dans mon geste, me recouvrant de son corps avant de se décaler légèrement. Je peux encore sentir son souffle chaud sur ma nuque tandis que sa main se balade le long de ma colonne vertébrale. Nos peaux échauffées et moites peinent à se quitter depuis qu’elles se sont retrouvées, hier soir, et la nuit n’a pas été vraiment reposante, j’en conviens. Je ne regrette cependant pas du tout ma proposition, ni de lui avoir demandé de rester.

Le jour ne devrait pas tarder à se lever, mais pour le moment, seul un rayon de lumière du lampadaire devant le bar passe à travers les rideaux, éclairant ma chambre. Mon regard se perd dans le miroir sur pied qui me renvoie notre reflet, la main de Nal’ki rayonnant au-dessus de moi tandis que la seconde maintient sa tête. Je peux discerner ses traits, le léger sourire qui ourle ses lèvres, celui qu’il ne doit offrir qu’à peu de personnes, loin du dirigeant strict qu’il affiche au quotidien. Mes propres lèvres s’étirent en observant le matelas que nous avons fini par mettre à-même le sol, les draps pendant sur le sommier à présent nu. C’est un peu l’anarchie ici et, en totale opposition, mon cerveau se trouve actuellement dans un nuage de paix absolue. Je suis shootée au plaisir, je savoure tout simplement l’instant sans penser à ce que je vais faire dans quelques heures, à ce que nous préparons, à ce que je cache… Juste lui et moi dans une bulle en dehors de l’espace-temps dans lequel nous vivons.

— A quoi tu penses ? chuchoté-je finalement en constatant, à travers le miroir, qu’il semble perdu dans ses pensées.

— Rien d’exceptionnel, juste que j’ai une chance folle que tu sois là, dans mes bras. Je crois que jusque-là, je ne savais pas ce qu’était le bonheur.

Je quitte le miroir des yeux et tourne la tête dans sa direction. Malgré l’obscurité, l’intensité de son regard sur ma personne me frappe de plein fouet. Plutôt que de répondre, ma main glisse sur sa nuque et ma bouche retrouve la sienne pour un tendre baiser.

— Je t’offre un petit-déjeuner avant que tu partes ?

Oui, bon, OK, je ne suis pas réputée pour ma douceur et ce changement de sujet est un peu brusque, mais évoquer ses émotions n’est pas forcément mon trip… sans parler de cette situation entre nous qui me semble condamnée à mal se terminer. A quoi bon discuter de ça alors que je sais pertinemment que cela ne durera pas ? Nal’ki rencontrera très certainement une jolie Terrienne prête à porter ses bébés… et ce ne sera pas moi.

— Je ne sais pas si j’ai envie de manger ou de recommencer, rigole-t-il en se redressant tout de même. Va pour un petit-déjeuner, mais il va me falloir sûrement une dernière dose de passion avant que je ne parte. Tu crois que ça sera possible ?

— Ça se négocie, souris-je en me levant. Mais tu m’as un peu épuisée, quand même.

— J’avoue que c’était intense… mais une fois qu’on a commencé, c’est difficile de s’arrêter, je trouve. Tu es si… parfaite ? Je crois que c’est comme ça qu’on dit, énonce-t-il en faisant mine de chercher le bon mot.

— Tu m’as déjà collée dans ton lit, Nal’ki, gloussé-je, pas la peine de me flatter.

J’allume la lumière et reluque sans hésitation mon amant en enjambant le matelas. Je finis par mettre le nez dans mon armoire pour en sortir un tee-shirt oversize que j’enfile sous son regard aussi gourmand que le mien.

— Mais j’ai clairement envie de recommencer, cela mérite bien un petit effort de ma part, non ? Et puis, je le pense vraiment. Même sur ma planète, je n’ai jamais connu ça.

— Tu as connu beaucoup de femmes, sur ta planète, ou elles ont toutes disparu il y a trop longtemps ?

J’ai posé la question sans réfléchir, mais j’avoue que je suis piquée par la curiosité. Le petit sourire de Nal’ki m’indique qu’il a compris mon intérêt, mais il ne répond pas immédiatement et prend le temps de déployer sa grande carcasse et d’enfiler son pantalon – et uniquement son pantalon… summum du fantasme à mes yeux – avant de reprendre la parole.

— Je ne suis pas si ancien que ça, tu sais ? Bien sûr qu’il y avait des femmes sur ma planète… Avant la Grande Catastrophe, comme on l'appelle. Un méchant virus dont on ne connait pas grand-chose et qui fait que nous sommes prudents désormais… Enfin, plus que ce que je ne l’ai été avec toi. Après, si ta question était sur mes relations amoureuses, je ne sais pas si tu as vraiment envie de savoir, ajoute-t-il en s’approchant de moi pour me serrer à nouveau dans ses bras et m’embrasser avec cette même envie qu’il manifeste depuis que nous sommes entrés dans ma chambre.

Je me laisse embarquer dans cette étreinte et approfondis volontiers ce baiser, perdant le fil de la conversation durant un moment. Un sourire se dessine finalement sur mes lèvres et je m’écarte, le faisant grogner.

— Tu cherches à me faire oublier ma question ou quoi ? m’esclaffé-je en quittant la chambre, sentant sa présence dans mon dos. J’ai envie de savoir, je suis curieuse, que veux-tu ?

— Moi, voir tes fesses comme ça, sous ce tee-shirt qui te couvre à peine, je te promets que ça me fait tout oublier, rigole-t-il en ponctuant sa phrase d’une caresse sur l’endroit dont il parle. Et si tu veux tout savoir, oui, j’ai connu intimement quelques partenaires. Mais aucune n’avait tes charmes et ta beauté, tu peux être rassurée.

— Je n’ai aucun besoin d’être rassurée, ris-je. Je suis là, tu viens de passer la nuit avec moi et pas avec une autre. Bon, j’avoue que le gang des groupies des grandes tiges d’hier soir m’a un peu tendue, mais sans me prendre pour ce que je ne suis pas, j’ai confiance en moi et je sais ce que je vaux.

Bon, nul doute que je l’attirerais moins s’il savait ce que je fais quand je descends au souterrain et à quel point je veux faire tomber les siens… En attendant, je ne l’ai jamais vu regarder une femme comme il me bouffe du regard et ça, ça flatte mon ego.

— Tu as raison, dit-il d’une voix un peu rauque, je n’ai jamais vu une femme aussi excitante que toi. Ton côté un peu rebelle, ton énergie folle et ta sensualité, il y a de quoi perdre totalement la tête. Tu n’as vraiment rien à craindre de celles que tu appelles mes groupies car clairement, si je bande à nouveau, ce n’est pas à cause d’elles.

Alors que je suis en train de préparer la cafetière, je sens son corps se coller au mien et un soupir de contentement m’échappe quand ses bras m’enveloppent. Inutile de préciser que j’ai tout le loisir de constater qu’il est insatiable, non sans profiter de la sensation de ses lèvres sur la peau fine de mon cou.

— Et donc, les relations, dans ton monde, ça se passait comment ? Est-ce que c’était différent d’ici ?

— Si je te dis que nos femmes étaient aussi indépendantes que tu souhaites l’être, tu me crois ? me demande-t-il en passant sa main sous mon vêtement pour caresser mon ventre. C’est fou, quand j’y pense, tellement loin de ce qu’on a instauré ici… Mais sinon, je dirais que c’est assez similaire. Quoique, il y a quand même une grande différence. Pour faire un enfant, il ne suffit pas que j’active le mécanisme, il faut que les deux partenaires le fassent. Et là, les sensations augmentent de manière fulgurante bien que ça ne soit jamais au niveau que toi seule est capable de créer, soupire-t-il en continuant à se frotter contre moi.

Une fois encore, je perds un peu le fil de la conversation et de ma préparation du petit-déjeuner tandis que ses mains se promènent sur ma peau, remontent sur ma poitrine ou descendent sur mon pubis sans jamais se poser fermement sur les parties les plus sensibles de mon anatomie.

— Et… qui te dit que ça ne sera pas comme ça avec toutes les Terriennes, soufflé-je en bougeant doucement contre lui. As-tu déjà couché avec une autre pour le savoir ?

— Je n’ai jamais été attiré par une autre Terrienne, je ne crois pas que cela puisse être pareil qu’avec toi. Tu ne ressens pas cette attraction irrésistible qui nous attire l’un vers l’autre ?

Bien sûr que si, je la ressens. Comment pourrait-il en être autrement alors que je suis incapable de lui résister ? Que mon corps réagit avec force au sien ? Que tous mes sens s’éveillent à son contact ? Que je parviens à tout oublier entre ses bras ?

Pour toute réponse, je me retourne et agrippe sa nuque pour attirer sa bouche contre la mienne. Nal’ki m’enserre dans ses bras et me soulève comme si je ne pesais pas grand-chose. Il me dépose sur la partie bar de la cuisine et ne perd pas de temps pour se nicher entre mes cuisses. Ses mains s’insinuent sous mon tee-shirt qu’il m’ôte dans la seconde et le contact de son torse contre le mien me tire un frisson de désir incontrôlable. Tout comme lui, mon besoin de contact s'accroît encore et mes mains ne restent pas inactives. Empressée, je déboutonne son pantalon et empaume ce fessier musclé une fois le tissu descendu sur ses cuisses. Nal’ki s’entretient, nul doute là-dessus, et je dois dire qu’il n’en est que plus impressionnant. Ses grandes mains qui empaument mes seins tendus me tirent un soupir de plaisir que je ne cherche même pas à étouffer, bien consciente de me livrer plus que nécessaire à cet alien qui, en dehors de notre bulle, doit être un adversaire.

J’oublie tout ce qui touche au petit-déjeuner ou au monde qui tourne autour de moi lorsqu’il insère son majeur entre mes replis déjà humides, sa bouche fondant sur la mienne dans le même temps. En réponse, ma main empoigne sa verge tendue et lui comme moi prenons conscience que notre envie n’a vraiment pas faibli. Attraction irrésistible, a-t-il dit… L’empressement remplace la sensualité du moment et un long gémissement passe la barrière de mes lèvres lorsqu’il me pénètre lentement. L’intensité des sensations est une nouvelle fois folle. Moi non plus, je n’ai jamais connu cela, pour moi aussi c’est fort, c’est brut et addictif, quand bien même les mots ne sortent pas de ma bouche.

Je suis fauchée par l’orgasme peu de temps avant mon partenaire. Je ne pensais pas mon corps capable d’encaisser autant de plaisir, il faut croire qu’il est déjà devenu accro. J’aurais sans aucun doute des courbatures, la journée risque d’être longue, mais ça en valait la peine.

Nous restons un moment enlacés, redescendant lentement des nuages qui nous ont accueillis. Le jour s’est levé durant notre nouvel interlude sexuel et le café a coulé… La vie s’éveille en dehors de notre bulle qu’il va falloir quitter. Cela ne nous empêche pas de partager un café et une douche… rendant le départ de Nal’ki tardif. J’avoue que je serre les fesses en lui faisant signe dans le couloir, et je pousse un soupir de soulagement lorsqu’il quitte le hall de l’immeuble. Il n’y a plus qu’à prier pour que personne ne l’ait vu sortir d’ici.

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0