Chapitre 61
La Valkyrie amoureuse
Lévana
Contrairement à ma mère et ma petite sœur, je n’ai jamais été une grande romantique. Les princes Disney ne m’ont jamais vraiment intéressée, j’ai gueulé à Jack de pousser Rose de cette foutue porte pour survivre – la loi du plus fort –, traité Pâris d’abruti fini quand il a enlevé Hélène de Sparte par amour dans le vieux comme dans le dernier film Troie. Bref, je suis loin d’être la fille qui sourit niaisement devant un homme, qui s’émeut de voir un couple roucouler, des papillons dans le ventre et des cœurs dans les yeux.
A cet instant, j’ai très envie de me foutre de moi. Pourquoi ? Parce que je suis réveillée depuis un moment et que je regarde dormir le géant nu à mes côtés. J’avoue que le déroulé de notre confrontation m’a plutôt surprise… J’ai ressenti le besoin de me défendre mais aussi de lui donner toute mes vérités… Je ne pensais pas aller jusqu’à lui exprimer des sentiments que je refoule avec force, c’est pourtant ce que j’ai fait et je crois que je ne regrette pas vraiment. Allez savoir où tout ceci nous mènera, toujours est-il que je préfère que notre entente soit de retour plutôt que de lire la colère, la déception et la peine dans ses yeux. Hier soir, j’ai eu droit au livre ouvert dans son regard et j’aurais préféré ne jamais y voir tout cela…
Mon regard vogue dans cette grande chambre ouverte sur une belle salle de bain avec douche et baignoire qui me font de l'œil. Le soleil est en train de se lever, c’est ce qui m’a réveillée puisque nous n’avons pas pris le temps de fermer les rideaux en migrant de ce canapé qui a été témoin de nos retrouvailles à ce grand lit où s’est passé le second round. Cette maison est vraiment magnifique, bien loin de mon tout petit appartement. Je ne sais pas qui vivait ici avant l’invasion mais c’était sans nul doute un gros portefeuille.
Nal’ki soupire dans son sommeil et la niaise qui s’est installée comme par magie dans mon corps et mon cerveau grimace lorsqu’il me tourne le dos et s’étale, sur le ventre, en étreignant son oreiller. Je plaide coupable, je préférais lui servir de coussin et sentir son souffle chaud balayer ma poitrine tandis que sa main cajolait la peau de mon ventre.
Dépitant… Il faut que je me reprenne, non ? Sinon, je vais finir par faire le même genre de connerie que Pâris.
Je me demande pourquoi je pense à cette histoire en particulier tout en quittant le lit en silence. N’ayant aucun de mes vêtements ici puisque j’ai fini à poil dans le salon, j’attrape une chemise abandonnée sur le fauteuil près du lit et l’enfile avant de quitter la chambre. Je traverse le couloir puis la cuisine après un rapide passage par la seconde salle de bain et récupère mon téléphone dans la poche de mon jean qui traîne au sol.
J’ai eu le temps d’envoyer un rapide message à Gaspard hier soir lorsque Nal’ki est allé nous chercher de quoi nous rafraîchir un peu. Un simple “tout va bien, ne m’attendez pas, la discussion promet d’être longue mais je ne suis pas en danger” qui l’a semble-t-il poussé à m’appeler une demi-douzaine de fois et à me harceler de messages pour savoir quand je compte rentrer. Je crois qu’il a fait nuit blanche puisqu’il m’a envoyé, il y a quelques minutes, un lapidaire “s’il ne t’a pas tuée, c’est moi qui vais m’en charger”. J’ai pourtant été claire, non ?
J’ouvre la baie vitrée qui donne sur un balcon aménagé avec vue sur rien d’autre que quelques champs. Il fait frais ce matin et je me pelotonne sur le canapé en osier avant d’appeler mon frangin, qui décroche rapidement et crie des mots incompréhensibles. Je le laisse s’énerver comme un dingue jusqu’à ne plus l’entendre.
— Pourquoi tu t’énerves comme ça ? Je t’ai dit que tout allait bien par message. Faut vraiment que tu arrêtes de stresser comme ça, tu vas te faire un ulcère, Frérot, pouffé-je finalement.
— Pourquoi tu n’es pas rentrée hier ? Vous n’avez pas passé la nuit à parler quand même ? Et arrête de te moquer de moi, j’ai cru t’avoir perdue et que c’était lui qui t’avait forcée à écrire le message. Tu es où, là ? continue-t-il à me bombarder de questions. Tu as besoin qu’on vienne te chercher ?
— Gaspard, je suis sérieuse, respire, tout va bien. Je suis… toujours chez lui. On a passé la nuit à discuter de la zone et de tout ce qui s’est passé ces dernières années. Tout se passe bien, fais-moi confiance.
— Tout ce qui s’est passé ces dernières années ? C’est pour ça qu’il voulait te voir ? s’étrangle-t-il presque.
J’avoue ne pas avoir vraiment eu le temps de réfléchir à ce que j’allais bien pouvoir dire à mon frère concernant mon absence pour la nuit… J’étais un peu trop occupée à profiter de ladite nuit !
— Non… Enfin, si, disons qu’il fallait bien évoquer le pourquoi du comment je suis devenue une Valkyrie, non ?
— Tu es sûre que tu n’es pas en danger ? Et il va faire quoi de toutes ces informations que tu lui as données ?
— Je ne suis pas en danger, soupiré-je en frissonnant.
Je ne sais pas ce qui m’a pris de m’installer dehors, il caille vraiment trop, si bien que je me lève pour rentrer et me fige en constatant que je suis espionnée par l’alien canon que j’ai laissé en plein câlin avec son oreiller. Ses sourcils sont froncés et son regard suspicieux me fait comprendre que je n’ai pas encore retrouvé sa confiance. Je me glisse dans le salon et lui souris doucement.
— C’est bon, tu es rassuré, Frangin ? Tu devrais aller dormir un peu maintenant…
— Je ne suis pas vraiment rassuré mais oui, je vais aller dormir. Rentre vite. Et dis à ton foutu alien que s’il touche à un seul de tes cheveux, je viens lui faire oublier toute envie de te faire du mal !
Je ne peux retenir un gloussement en me disant qu’il est bien loin de me faire du mal et me procure surtout beaucoup de bien. Je tousse pour que mon frère ne se rende pas compte de mon état et le salue rapidement avant de raccrocher.
Est-ce utile de vous dire que je n’ai pas lâché Nal’ki du regard ? Qu’il se balade torse nu, uniquement vêtu d’un bas de jogging ou de pyjama, que sais-je, et qu’il a l’air clairement baisable au réveil, même avec ce pli de contrariété entre ses sourcils ? Appelez-moi la groupie…
— Je t’ai réveillé en me levant ? le questionné-je en ramassant finalement nos fringues qui traînent toujours un peu partout.
— C’est ta voix qui m’a réveillé plutôt. Le son porte bien quand les fenêtres sont ouvertes. Rassure-moi, tu n’es pas en train de planifier ta prochaine attaque en profitant de ta presque nudité pour me faire tout oublier ? me répond-il en se rapprochant de moi. C’est déjà un crime d’être aussi belle, dis-moi que tu n’es pas en train d’en commettre un autre.
— Si rassurer mon frère parce qu’il a passé la nuit à stresser de ne pas me voir rentrer est un crime, je suis coupable… Pour le reste, je ne suis pas sûre que tu punisses une quasi nudité, si ?
— Peut-être bien que j’ai envie de te punir de la plus tendre des façons… indique-t-il en se collant contre moi, ses grandes mains venant englober immédiatement mes fesses nues. Franchement, tu es magnifique, soupire-t-il avant de poser ses lèvres dans mon cou.
Véridique, tout mon corps frémit à ses propos. Je sens un frisson longer ma colonne vertébrale et je serre les cuisses pour tenter d’endiguer l’excitation qui y naît. Je passe mes bras autour de son cou et penche la tête pour lui laisser un meilleur accès à mon cou. Oh bon sang, je fonds sous cette attention, je m’alanguis contre lui et pousse un soupir de contentement lorsqu’il fait sauter les quelques boutons de la chemise que je porte et que nos peaux entrent en contact.
Nal’ki me fait reculer de quelques pas et je chute sur le canapé. Impossible de manquer la bosse qui déforme son pantalon, ni son regard avide de moi. Mon visage doit refléter la même envie car il m’offre un sourire de vainqueur en posant un genou entre mes jambes. Il attrape l’une de mes chevilles et y pose ses lèvres, me faisant rire. Rire qui se meurt quand il atteint l’intérieur de mon genou. Un frisson me parcourt et je découvre une nouvelle zone érogène, ce qu’il remarque apparemment puisqu’il s’y attarde quelques secondes avant de reprendre son ascension. Je pousse un gémissement lorsqu’il mordille l’intérieur de ma cuisse. Entre le frottement de sa barbe, la douceur de ses lèvres et la légère morsure, mon cerveau reçoit nombre d’informations et mon corps une décharge de plaisir. Décharge qui se multiplie lorsque Nal’ki fait courir sa langue le long de ma fente. Je serre les cuisses, l’emprisonnant entre elles, ce qui le fait rire contre ma peau sensible et humide d’excitation. Un nouveau gémissement m’échappe en sentant ses lèvres vibrer contre mon clitoris. Oh bordel, j’ai l’impression d’être une boule de nerfs stimulée comme jamais. Chaque contact me procure un plaisir intense et je doute de tenir bien longtemps avant de jouir. D’un autre côté, pourquoi me retenir ?
Comme si Nal’ki sentait que je suis au bord du gouffre, il se stoppe quelques minutes plus tard, me faisant geindre de frustration alors qu’il abandonne le point névralgique de mon plaisir. Sa langue lèche mon ventre, s’enroule autour d’un téton puis de l’autre, se perd dans mon cou avant de venir envahir ma bouche. Il passe un bras sous mon corps et me soulève pour m’installer à califourchon sur lui, et je tire sur l’élastique de son pantalon au moment où un cri retentit à quelques mètres de là.
— Oh ! Oh mon Dieu ! Pardon, je… je suis désolée ! s’écrie Gabrielle et se cachant les yeux de son sac à main. Je ne savais pas que vous aviez de la compagnie, Monsieur.
C’est faux, évidemment. Gaspard et Jasmine l’ont forcément avertie que je n’étais pas rentrée. Je suis presque certaine qu’elle est même arrivée en avance afin de s’assurer que j’allais bien. Résultat, mon secret est éventé, et même si j’ai peur qu’elle me juge ou cafte aux Valkyries, je me maintiens pressée contre Nal’ki qui reste dos à elle et attrape la chemise que je portais sur le dossier pour m’aider à la passer. Je quitte son corps une fois fait et me dépêche d’enfiler mon jean alors qu’il se lève en se raclant la gorge, se rajuste et se tourne pour offrir un sourire contrit à Gabrielle.
— Vous êtes en avance, grogne mon amant. J’espère que nous pourrons compter sur votre discrétion… Cela serait vraiment dommageable pour Lévana ou pour moi si… notre activité du matin arrivait aux mauvaises oreilles.
— Oh, je… Bien sûr, Monsieur, je serai une tombe, comme d’habitude, bafouille-t-elle. J’étais prête tôt ce matin et je me suis dit que j’en profiterais pour vous préparer des croissants maison pour le petit déjeuner. Est-ce que… Souhaitez-vous que je vous prépare quelque chose ?
— Oui, vu que vous êtes là, des croissants, ça sera très bien. Nous vous rejoindrons en cuisine, d’accord ?
En lui disant ça, il attrape ma main et m’entraîne avec lui tandis que Gabrielle acquiesce avec sa discrétion habituelle. Je lui jette un dernier regard lorsque nous quittons la pièce et suis soulagée de ne pas y trouver de jugement, du moins à première vue… J’imagine que la conversation que nous ne manquerons pas d’avoir la prochaine fois qu’elle viendra au souterrain me permettra de mieux jauger son avis… J’espère que d’ici là, elle n’aura pas tout balancé à la première Valkyrie qu’elle croisera.
Je comprends que Nal’ki se fiche pas mal qu’elle nous ait grillés puisque, semblant dérangé que je n’aille pas assez vite à son goût, il me hisse sur son épaule tel un sac à patates et m’emmène dans sa chambre, non sans me gratifier d’une tape sur la fesse qui me fait glousser. Il est temps de combler cette frustration que Gabrielle a créée.
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