Chapitre 64
L’appel à un ami
Nal’ki
Nous ne sommes vraiment pas raisonnables mais s’il y a bien une chose à laquelle je ne peux absolument pas résister, c’est la vision du corps nu de Lévana. Je crois que je ne pourrai jamais me lasser de ces courbes qui me rendent fou de désir et de la façon sensuelle dont elle exprime ses envies et son plaisir. Dire qu’il y a des mecs qui lui ont déjà dit qu’ils la trouvaient trop grosse ! Je sais que tous les goûts sont dans la nature mais trouver le moyen de faire un reproche à une femme comme Lévana, ça, je n’arrive même pas à l’imaginer. Encore moins quand elle se colle ainsi à moi, sous la douche que nous prenons ensemble après avoir cédé à la tentation une fois que j’ai expliqué mon plan. Je crois qu’elle est presque aussi amoureuse de ma maison que de moi, à en croire la façon dont elle s’est jetée dans ma piscine, m’entraînant avec elle pour quelques longueurs. Et c’est elle qui s’est précipitée la première dans la cabine de douche où je l’ai rejointe pour la savonner et provoquer les gémissements qu’elle commence à pousser.
— Tu ne veux pas emménager ici pour de bon ? demandé-je alors que mes doigts se rapprochent doucement de son intimité que je commence à très bien connaître.
— Tu te rends compte que ça signerait ton arrêt de mort ? Mon frère débarquerait dans l’heure, fusil à la main, pour t’achever, glousse-t-elle en caressant mon torse, ses mains pleines de mousse.
— Je suis prêt à prendre le risque, ris-je en la soulevant dans mes bras puissants pour que sa bouche soit à la hauteur de la mienne.
Encore une fois, les mots cèdent la place au plaisir et à nouveau, nos corps s’unissent. Toujours aussi agile, elle parvient à démultiplier les sensations et c’est après une nouvelle exaltation exceptionnelle que nous terminons plus calmement notre douche.
— Si tu ne peux pas emménager, il faut quand même que tu reviennes ici très vite et très souvent, soupiré-je en l’aidant à se sécher. Je vais te faire un laisser-passer, cela t’aidera à te déplacer… pour me voir ou pour faire ta Valkyrie. Mais s’il te plait, ne me tue pas plus que tu ne le fais déjà, je te promets d’être très sage !
— Je n’ai aucune intention de te tuer, me répond-elle sérieusement. Je t’assure que je pensais vraiment que tu n’étais pas à cette soirée… C’était… c’était d’ailleurs ma condition pour qu’on mette en branle le plan.
— Eh bien, pour quelqu’un qui veut me préserver, tu fais quand même tout pour m’épuiser ! Et il n’y a pas que le plan que tu mets en branle avec efficacité. Bon, j’arrête là mes blagues stupides, m’empressé-je d’ajouter alors qu’elle lève les yeux au ciel. Il faut que je me reconcentre un peu et que j’aille voir Maxim. Je dois lui parler de mon succès dans la prise de contact avec une cheffe des Valkyries. Il pourra me féliciter de mon efficacité, tu ne crois pas ? Ah et j’oubliais. Si je peux aussi retourner le voir en disant que j’ai négocié une trêve, ça nous aiderait à gagner du temps auprès du Conseil. On pourrait faire croire que toutes nos explosions vous ont un peu calmées. C’est possible ou il faut encore que je te fasse plein de bisous pour y arriver ?
— C’est… envisageable, mais ça ne dépend pas que de moi. Je ne peux pas te garantir, là maintenant, qu’on part sur une trêve, je ne suis pas la seule à décider et je ne suis pas d’accord pour que tu galoches les autres membres qui décident, je te préviens.
— Je compte sur toi pour utiliser toute ta persuasion, alors. J’ai pu voir que tu n’en es pas dépourvue.
Je la serre à nouveau très fort dans mes bras et nous nous embrassons comme si nous ne venions pas de passer les dernières heures à le faire. Nous finissons de nous habiller et lorsqu’enfin, je la laisse s’éloigner de moi et rentrer chez elle, j’ai l’impression de me réveiller d’un rêve fantastique et merveilleux. Je soupire alors que j’essaie de reprendre pied avec la réalité et me dis qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud. J’adore ces expressions terriennes qui ne veulent rien dire.
Je prends finalement contact avec Maxim grâce à mon intercom.
— Salut mon ami. Il faut qu’on parle, j’ai des bonnes nouvelles à te partager. Je peux te retrouver où ? Il faut un endroit où même les oiseaux ne pourront pas nous épier.
— Ta deuxième maison ? me lance-t-il avec un sourire en coin. Tu paies ta tournée ?
Je réfléchis un instant et me demande si c’est une bonne idée mais après tout, pourquoi pas. C’est sûr que là, au moins, même si on nous entend, ce ne sera pas très grave, vu qu’après, je veux agir avec les Valkyries.
— Oui, on se prendra une table à l’écart. J’espère que tu as les informations que je t’avais demandé car je vais en avoir besoin. Ça te va si on s’y retrouve dans… une heure ?
— A dans une heure, et ne sois pas en retard, j’ai un rendez-vous avec ton oncle ensuite et j’en suis ravi, tu l’imagines…
— Ah, ça tombe bien, tu auras sûrement des bonnes nouvelles à lui annoncer. Enfin, je t’explique tout à l’heure.
Nous nous déconnectons et je me dépêche de me préparer pour me rendre au Blue Heart plus tôt que prévu. J’espère y voir Lévana mais, malheureusement pour moi, il n’y a que son soi-disant mari et, vu le regard qu’il me lance, j’espère qu’il ne va pas empoisonner ma boisson. Je le comprends, perdre une femme comme Lévana, c’est un vrai désastre et j’espère que ça ne m’arrivera jamais.
Lorsque Maxim me rejoint, je suis en train de siroter un cocktail bien loin de celui que me prépare d’habitude la femme que j’aime, et je suis content de ne plus rester seul dans mon coin. Il semblerait que ma dernière venue un peu brutale a fait peur aux habitués car ils ont laissé une bonne distance de sécurité et certains sont même partis à mon arrivée. C’est plutôt positif cet après-midi, cela me garantit plus de discrétion pour mon échange avec Maxim.
— Tu ne trouves pas que l’ambiance est un peu fraîche, ici ? souris-je. On se croirait revenus aux premiers temps de notre présence sur cette belle planète.
— Tu veux dire, quand tout le monde s’épiait, nous pour savoir s’ils allaient se rebeller et eux pour jauger si on allait les tuer ?
— Oui, sauf que maintenant, ils nous épient pour savoir si on va se fâcher et nous on essaie de jauger si on ne va pas se faire tuer. Les choses changent…
— C’est pas faux… Comme quoi, tout est possible, soupire-t-il en faisant signe au serveur de lui apporter la même chose que moi. Alors, il paraît que tu as des bonnes nouvelles ?
— Je n’irai pas jusque-là mais j’ai eu une illumination, tu sais, du genre de celles qui nous ont permis de prendre la planète sans faire trop de vagues. Mais comme à la grande époque de la conquête de la Terre, j’ai besoin de toi pour y arriver. De toi, de ta confiance et de ta discrétion, ce qui est beaucoup demander à un responsable de zone…
— Je t’écoute, même si tu me fais un peu peur, là, ricane-t-il.
J’hésite sur ce que j’ai vraiment envie de lui dire. Pour réussir, mon idée doit rester secrète le plus longtemps possible. Mais j’ai quand même besoin de le convaincre. Il va falloir que je sois rusé, ce qui n’est pas trop mon talent habituel mais il faut que j’essaie.
— J’ai pris contact avec les Valkyries, commencé-je alors qu’il lève un sourcil, étonné. Oui, j’ai été efficace cette fois ! Et le contact a été très intéressant, on va dire. Il faut dire que Lévana est quand même bien agréable à regarder, tu ne trouves pas ?
— Attends, la serveuse est une Valkyrie ? Mais comment tu as fait ? Tu le sais depuis longtemps ?
— Je pensais l’avoir reconnue lors de l’attentat et je l’ai confrontée. Elle n’a pas nié même si elle m’a dit ne pas avoir participé à cette attaque et ce qui est important, c’est que je pense pouvoir négocier une trêve avec nos ennemies préférées. Ce qui te ferait gagner en légitimité si la zone se retrouve pacifiée alors qu’ailleurs, ça pète de partout. C’est un bon deal, je pense, parce que ça me donne le temps de faire l’étape suivante de mon plan.
— Et pourquoi est-ce qu’elles accepteraient une trêve ? m’interroge-t-il une fois le serveur reparti et après avoir bu une gorgée de sa boisson. Je veux dire… elles sont en position de force, ce serait se tirer une balle dans le pied, comme ils disent ici.
— Tu me laisses gérer cette partie ? L’important, c’est le résultat, non ? Mais pour y arriver, j’ai besoin d’un élément que j’espère tu as réussi à récupérer. J’ai besoin de savoir où se situe la zone P2. Et pour aller au bout de ma demande, il faut que je m’y rende et que j’organise la suite des événements depuis là-bas. Je ne t’en dis pas plus pour ne pas te mouiller davantage si j’échoue. Je prends tous les risques d’accusation de trahison et toi, au pire, tu risques une engueulade… Et si tout se passe comme je le prévois, dans quelques semaines, nos soucis se seront envolés.
Peut-être même littéralement si notre peuple décide de se séparer et que certains membres extrémistes du Conseil préfèrent repartir ailleurs en raison de ce qu’il va se passer. Tout est tellement complexe, tout se bouscule dans ma tête mais j’essaie de m’accrocher à cette idée que j’ai eue et que je veux mener à terme. J’observe Maxim face à moi et il est plongé lui aussi dans une intense réflexion. Je le laisse assimiler ce que je viens de lui dire et lui donne le temps qu’il faut pour me répondre, ce qu’il finit par faire après s’être redressé sur sa chaise et s’être penché vers moi pour me parler dans un murmure.
— La zone que tu cherches est une île au milieu d’un archipel, me répond-il en sortant un papier de sa poche qu’il fait glisser sur la table. Je me suis dit que ce serait plus simple avec une carte et sans preuve dans la base.
Maxim est formidable ! Je le savais déjà, mais là, c’est confirmé. Et c’est un vrai ami qui me fait confiance même si ces derniers temps, il m’avait donné l’impression de s’éloigner pour assouvir ses rêves de pouvoir. Grâce à cette information, je vais pouvoir passer à la suite de ma folle idée. Une étape à la fois, en espérant aller au bout. Et il va falloir commencer par trouver un moyen d’aller sur cette île sans me faire repérer. Je crois que l’aide et le soutien des Valkyries ne sera pas de trop pour y arriver !
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