Chapitre 68
Turbulences en vue
Nal’ki
Je regarde sur mon écran la petite équipe qui a pris place à l’arrière du véhicule mis à disposition par Maxim et me demande comment nous en sommes arrivés là en si peu de jours, et ce malgré l’opposition sans cesse renouvelée de la dénommée Fatou. Elle semble vraiment en vouloir à tous les miens pour ce qui lui est arrivé et qui continue à m’adresser des regards noirs à travers la petite caméra qui est installée dans leur cabine. Une preuve de plus selon moi que la guerre est un vrai traumatisme et qu’il faut tout faire pour y mettre un terme. Si possible sans créer de nouvelles victimes. Pour y arriver, nous faisons alliance et c’est à la fois excitant et effrayant. Un peu comme ma relation avec Lévana en réalité. Elle a pris place à mes côtés et semble assez émerveillée par la vitesse à laquelle nous flottons alors qu’elle regarde le paysage défiler à travers les baies vitrées qui entourent notre cabine de pilotage. Nous sommes dans un véhicule militaire particulièrement puissant et surtout très discret. Les panneaux solaires qui l’entourent nous servent non seulement à voler à quelques mètres au-dessus du sol, mais ils sont des moyens parfaits pour renvoyer les signaux des radars sans trahir notre présence. Il faut dire que jamais le Conseil n’aurait pu imaginer qu’on utiliserait ces véhicules contre eux ou pour leur cacher des choses.
Régulièrement, j’observe sur les caméras les passagers à l’arrière et je me fais la réflexion que ça ne va pas être une partie de plaisir. Maxim a mis à ma disposition Verlox à qui nous faisons confiance pour son efficacité avec les armes mais aussi pour sa discrétion. Il ne m’a jamais fait défaut quand il était mon garde du corps et il est critique envers le Conseil. J’espère que nous n’avons pas fait une erreur de jugement parce qu’on a besoin de quelque chose de solide. Il est isolé sur une banquette alors que les cinq Valkyries que nous emmenons avec nous sont sur les banquettes derrière lui et le surveillent attentivement. Dès qu’il bouge, je les vois tressaillir et je me demande s’il n’en joue pas un peu.
Lévana m’a dit qu’ils avaient eu du mal à choisir celles et ceux qui se joindraient à nous. Gaspard n’a pas transigé et s’est joint à nous, pour “défendre une de ses sœurs et ramener l’autre à la maison” m’a confié la jolie brunette. Et là où Gaspard va, Jasmine le suit, on dirait. Donc elle est là aussi, à ses côtés. Fatou a absolument insisté pour venir “taper de l’alien” selon ses mots. La dernière responsable des Valkyries n’a donc pas pu se joindre à nous malgré son souhait de participer à la libération finale de leur planète, mais a promis de venger ses amis s’il leur arrivait quoi que ce soit. Nos deux dernières recrues sont des jumelles qui se prénomment Eden et Elise. Sans charge de famille, elles ont l’air intelligentes et vives, et Lévana m’a affirmé qu’elles étaient des expertes avec leurs armes. Je lui fais confiance.
Je ne sais pas si nous sommes assez nombreux mais on prend déjà des risques à défier le système, on n’a pas voulu compromettre plus de vies. On va avoir l’effet de surprise pour nous, on est tous entraînés à la guerre ou la guérilla, ce qui ne doit pas être le cas des heureux élus qui sont déjà en train d’expérimenter la phase deux. Je suis sûr qu’ils sont plus occupés à féconder leurs femelles terriennes qu’à s’entraîner à se battre. Il faudra juste se débarrasser des gardes, s’il y en a. Vu comment l’île est cachée, cela me surprendrait grandement qu’ils soient très vigilants, c’est là notre seul espoir d’accoster sans nous faire repérer. Au pire, on se fait passer pour une mission diplomatique qui ramène de nouvelles femmes pour la phase deux.
— Je stresse, Lévana, avoué-je au bout d’un moment. Il y a tellement de choses qui peuvent mal tourner. Comment tu fais pour garder ton calme comme ça ?
Elle porte son magnifique regard sur moi et je sens mon coeur se réchauffer. C’est incroyable comment je réagis à chacune de ses attentions, je suis heureux de voir que non seulement cet effet ne faiblit pas mais qu’il semble se renforcer au fur et à mesure que nous passons du temps ensemble.
— C’est la première fois qu’on va exécuter un plan qui va servir à plus que simplement vous bousculer ou tenter de vous faire peur. C’est une sacrée avancée et je me dis qu’on ne peut pas en être arrivés là pour échouer. Et puis, chaque Valkyrie qui est ici est prête à mourir pour que ce plan réussisse. Évidemment, j’espère que nous n’aurons pas à en arriver là, mais je leur confierais ma vie sans hésiter… et j’ai confiance en toi également.
— Tu te rends compte que c’est un pari complètement fou qu’on a pris ? Et… on se base sur beaucoup de mes présupposés, j’espère que j’ai bien analysé la situation. Si on tombe sur un mur de soldats entraînés, on ne tiendra pas longtemps dans notre assaut. Je crois que je me mets trop la pression, là.
— Et ça ne sert pas à grand-chose puisque nous sommes déjà partis… On ne va pas rebrousser chemin si près du but.
— Non, et de toute façon, c’est notre seul espoir… Je suis vraiment content de faire cette aventure avec toi, tu sais ? Quoi qu’il arrive, je suis près de celle que j’aime, je ne pourrais pas être plus heureux, commencé-je avant de me stopper. Ça fait un peu cliché, tout ça… Désolé.
— C’est vrai que c’est un peu cliché, glousse-t-elle, mais aussi très mignon, j’en conviens. Il faut penser positif, je crois qu’on peut réussir.
— Oui, c’est vrai. Il faut que je prenne exemple sur toi et les Valkyries. Vous y avez toujours cru et voilà où ça nous amène. En fin d’après-midi, on va s’arrêter au bord de l’océan et on attendra que la nuit tombe avant d’aller sur l’île. Tu crois qu’on va réussir à ce qu’ils ne s’entretuent pas derrière ? souris-je.
— Jasmine est douée pour temporiser et les jumelles sont convaincues par le plan. Fatou est… déterminée et va tout faire pour que cette guerre s’arrête. Je pense que ça devrait aller, même si j’aurais préféré que Gaspard reste à la maison…
— Il me fait peur, en effet. Il est trop à vif, trop dans l’émotion… J’espère qu’il saura se maîtriser et ne pas nous mettre tous en danger. J’espère que Jasmine est vraiment forte pour temporiser et le calmer. Elle est au courant pour nous, non ?
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? me demande-t-elle en souriant.
— Je crois qu’elle m’a vu sortir de chez toi, le soir où j’ai rencontré la charmante Fatou et les autres responsables des Valkyries. J’ai eu peur qu’elle en parle à ton frère mais je pense que je ne serais pas là si elle l’avait fait.
— Elle faisait partie des agents de sécurité qui protégeaient notre nuit… Je l’avais prévenue qu’il était possible que je te propose de monter…
— Eh bien, tu as bien fait de la prévenir ! rigolé-je. Tu savais que je n’allais pas pouvoir te résister ?
— Elle avait deviné pour nous… Je crois que tu n’étais pas très discret quand tu matais la serveuse au bar, rit-elle.
— Il faut dire que c’est difficile de ne pas admirer comme tu es belle. Même là, heureusement qu’il y a l’assistance au pilotage parce que sinon, ça fait longtemps qu’on se serait pris un arbre ! Arrête donc de me déconcentrer, voyons ! m’amusé-je à la gronder.
— Il ne faut pas grand-chose pour te déconcentrer, se moque-t-elle en posant sa main sur ma cuisse. Crois-moi, tu le saurais si je cherchais vraiment à te faire cet effet.
— Ah oui, tu ferais quoi de plus que de m’exciter avec ce regard magnifique et ces courbes splendides ?
— Eh bien, il se pourrait que mes doigts se montrent baladeurs, me répond-elle en s’exécutant. Et je pourrais même te chuchoter à quel point notre dernière nuit à été fabuleuse et combien j’aimerais me retrouver à nouveau nue tout contre toi. Qui sait, peut-être même que je pourrais t’avouer qu’hier soir, j’ai été une vilaine fille dans mon bain et que je me suis caressée en pensant à toi.
Bien entendu, immédiatement, mon corps réagit et les doigts baladeurs dont elle parle n’arrangent rien à mon excitation car ils se mettent à caresser mon érection naissante à travers le tissu. Je ne peux lâcher les commandes du véhicule, ce qui semble encore plus l’amuser et lui donner envie de me tenter sans que je ne puisse me défendre car elle glisse son autre main sous ma chemise.
— Lévana, grogné-je alors qu’elle continue son manège. Je te jure que si tu n’arrêtes pas, je me pose n’importe où et je te fais l’amour là tout de suite ! Qu’importe ce que pourront penser nos passagers à l’arrière ! Tu me… mmm.
Elle me stoppe en m’embrassant alors que ses doigts n’arrêtent pas de me mettre au supplice. Je la sens me caresser et cela me fait perdre la tête, me faisant faire une légère embardée immédiatement corrigée par l’assistance.
— Fallait le dire si tu comptais nous tuer ! grommelle Gaspard.
— Hé, mollo quand même ! intervient Jasmine.
— Désolé, indiqué-je dans l’intercom. Il y a quelques turbulences mais je vais lancer le pilotage automatique jusqu’à l’arrivée. Cela devrait permettre d’éviter ces petits écarts et on a passé la zone critique.
— Apparemment, vous auriez dû l’enclencher dès le départ, marmonne Gaspard. Y a pas de permis de conduire chez vous ?
— Lévana peut témoigner que je suis super attentif, soufflé-je alors qu’elle a déboutonné mon pantalon et qu’elle se penche vers mon sexe tendu. Alors, relax, je gère !
— Je confirme, il gère, arrête de stresser pour ça, tu vas te faire un ulcère, Frangin ! pouffe-t-elle.
Je coupe l’intercom intérieur alors que sa bouche se referme sur mon membre et ne retiens pas le gémissement que sa langue provoque en parcourant ma longueur. La sensualité de Lévana et son goût du risque me surprendront toujours mais là, je ne réfléchis plus au moins. Je profite des sensations alors qu’elle me prend en bouche autant qu’elle peut. Sentant que je ne vais pas résister longtemps à son traitement, elle se redresse, se tortille sur son siège pour enlever son pantalon alors que je l’admire, et m’enjambe pour se coller contre moi. Elle ondule de telle sorte à ce que je la pénètre et elle commence une chevauchée qui me fait oublier le fait même que nous soyons en train de voyager. Comme d’habitude, elle ne retient pas ses gémissements et ce plaisir qu’elle nous offre m’emporte dans un orgasme puissant qui provoque le sien quelques instants plus tard. Je ne sais plus qui je suis, où je suis ou ce que je fais, mais une chose dont je suis sûr, c’est que l’autopilote est une invention qui a révolutionné mon monde aujourd’hui.
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