Chapitre 10

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— Iska, je me demandais quand est-ce que tu referais ton apparition, disait la vieille.

Ainsi, la doyenne était encore vivante.

— Je n’ai pas le temps Sybile. J’ai besoin de renfort immédiatement, lui répondait la jeune fille en farfouillant dans les casiers qui tapissait le mur.

Où pouvaient bien être ses affaires ?

— Et pourquoi donc ?

Elle s’arrêta de chercher pour se tourner vers la vieille.

— J’ai retrouvé Feitan, sauf qu’il est étrange. Incontrôlable.

— Feitan est mort, définitivement, Iska.

— Je peux t’assurer que non !

— Il n’y a eu aucun signe.

— Peut-être avez-vous seulement raté les signes ! Je l’ai cherché et je l’ai trouvé ! Mais, quelque chose cloche. C’est peut-être pour ça que nous avons raté les signes.

— Je ne comprends rien à ce que tu racontes, Iska. Cela fait quoi ? 15 ans ? Et tu débarques comme une tornade ici en réclamant des renforts. Ton corps est jeune, pourtant tu sembles toi-même. Depuis quand as-tu retrouvé la mémoire ?

— Environ deux ans, mais là n’est pas la question… commença la jeune fille en serrant les dents.

— Deux ans ? Et tu n’es pas venu ici ?

— J’avais une mission. Je devais retrouver Feitan.

— Une mission que tu t’es donnée toi-même.

— Et alors ? Nous avons besoin de tout le monde pour combattre les créatures. Je n’ai pas perdu ces deux années, si c’est ce que tu penses. Je me suis entraîné, j’ai refait mes tatouages et j’ai retrouvé Feitan. Mais maintenant, j’ai besoin d’aide. Où sont Jack et Salem ?

— Très bien. Jack est en mission et Salem n’est pas encore réapparu. Je viendrais avec toi.

La jeune albinos en resta sans voix, la doyenne ne sortait jamais. C’était grâce à ça qu’elle était arrivée à un si grand âge.

Devant l’immobilité de Juliette, la vieille prit les devants. Elle appuya son index sur le mur le plus proche, faisant apparaître la fameuse clef. Lorsque le mur miroita, elle se tourna vers sa cadette et dit :

— Alors ? Je croyais que tu étais pressé ?

Qu’est-ce qu’elle pouvait l’agacer. Pourtant, l’albinos acquiesça et traversa le portail.

Elles sortirent dans un champ de ruine. Combien de temps était parti Juliette ? Le parc n’existait plus, il ne restait que des cendres.

— Basil ! cria-t-elle en faisant quelques pas.

Que s’était-il passé ?

— On dirait qu’un élémental de feu est passé par là, faisait remarquer Sybile.

— C’est impossible, j’avais sécurisé la zone.

— Tu l’as peut-être mal fait.

— Basil ! hurla-t-elle de nouveau en ignorant son aînée.

— Tu as dit qu’il était bizarre. Raconte-moi pourquoi tu avais besoin de renfort.

— Basil, enfin plutôt Feitan, a très mal réagit à la déferlante de souvenirs. Je n’ai peut-être pas assez attendu… Il n’était manifestement pas prêt. Pourtant, il m’a parlé de ses rêves et j’ai su immédiatement que c’était des souvenirs. Je lui ai donc dit la vérité.

— Tu aurais dû laisser faire les choses.

— Je sais, répondait sèchement la jeune fille. Mais je ne pouvais pas savoir qu’il réagissait ainsi. Il est devenu fou, Sybile. Il se tenait le crâne comme si ce dernier allait exploser. Puis il m’a hurlé de partir. Ses yeux étaient terrifiants, pourtant, je voyais qu’il avait aussi peur. Tout à coup, une onde de chaleur est sortie de lui. Et j’ai fuis.

— Pourquoi as-tu fui ? Ce n’est pas ton genre, remarqua la doyenne.

— Son aura. Elle gonflait. J’étais écrasé par son énergie dévastatrice, avoua-t-elle.

— Peut-être que Feitan aurait dû rester mort, lâcha la vieille.

— Et pourquoi ?! s’exclama Iska sur la défensive.

— Parce que, d’après ce que tu viens de me dire, Feitan est un élémental.

Après un instant de confusion, l’albinos demanda :

— Un gardien peut renaître dans le corps d’une créature ?

— Normalement, non. En tout cas, il n’y a pas d'antécédent.

— Sur toute l’histoire des gardiens ? Rien ? C’est impossible. Tu dois te tromper.

Iska refusait de voir ce que Sybile lui disait. Si elle n’était pas si obstinée, elle aurait pourtant remarqué les signes. L’herbe avait brûlé en cercle dont le centre se trouvait exactement où se tenait le banc moins d’une heure auparavant. Mais Basil n’était plus là.

— Retourne avec moi au centre, disait la vieille en ouvrant de nouveau un portail.

— Non, je dois le retrouver.

— Tu ne veux pas revoir Jack ? Récupérer ton équipement ? Te reposer, tout simplement.

La jeune albinos sera les poings, le regard balayant du regard la zone. Et s'il continuait à faire des dégâts ? C’était de sa faute, elle ne pouvait pas se reposer.

— Je ne peux pas, Sybile. Et tu sais pertinemment pourquoi.

La doyenne acquiesça avec un regard triste avant de disparaître, laissant la jeune fille au milieu du chaos. Cette dernière traversa rapidement le parc, ignorant comme elle le pouvait les cadavres carbonisés et les cendres qui collaient à ses semelles. Heureusement pour le bâtiment alentour, la pluie avait stoppé les flammes, à moins que Basil n’ait réussi à se contenir.

Autour du parc, une foule s'était rassemblée pour essayer d’apercevoir quelque chose. Juliette se faufila derrière le cordon de sécurité avec la discrétion de l’habitude. Puis s'éloigna rapidement de la catastrophe.

Où pouvait être allé Basil ?

Tout dépendait de son état d’esprit. Il ne devait sûrement pas être rentré à l’orphelinat, de peur de blesser quelqu’un. Elle frissonna en pensant aux dégâts qu’il pourrait causer dans une ville comme Paris.

L’aura du jeune homme l’avait terrifié. Pourrait-elle la sentir de loin ? Il fallait qu’elle prenne de la hauteur. Ainsi, Juliette repéra rapidement un immeuble un peu plus haut que les autres, entra avec facilité alors que quelqu’un en sortait puis gravit quatre à quatre les escaliers. Arrivée au dernier étage, elle grimpa sur le toit.

Devant l’albinos s’étendait la ville de l’amour. Elle ne voyait pourtant que de la grisaille dans le ciel, du gris sur les bâtiments. Du béton, de la pollution, de la pluie. Iska fit un tour sur elle-même au ralentis, les yeux plissés sous la concentration.

Il ne pouvait pas être loin.

Tout à coup, un immense frisson parcouru son corps, la figeant dans son tour d’horizon. Là. Vers l’ouest où le soleil se couchait, une lumière rougeoyante pulsait comme un cœur. Sauf que le soleil était caché derrière les nuages.

Ce ne pouvait qu’être Basil.

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