Chapitre 4

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Au nord, s’étendait un tapis de forêts et de bois épars, ainsi que de petits villages, plus ou moins reliés par des chemins.

  • Il va falloir traverser un morceau de l’empire. Ils auront jamais vu un minotaure de leur vie, c’est trop loin du comté de Pirande. Donc on va rester discret, annonça le nain.
  • Comment s’appelle cette région ?
  • C’est la marche de Cordun, répondit le nain.

Son compagnon acquiesça et ils commencèrent la descente, après une grosse journée de marche, ils avaient peu ou prou rejoint le niveau de la mer. Ils partirent vers l’est. Au sud, se dessina l’imposante silhouette de Cordun, l’une des deux tours gardiennes de la frontière sud de l’empire. La structure de près de quatre-vingt mètres de haut avec vingt-quatre étages avait une base épaisse. Le mur d’enceinte de douze mètres qui entourait intégralement la tour semblait minuscule. Au nord de la tour, des villages entourés de champs servaient à approvisionner les quelques mille soldats, dont trois cents cavaliers, qui étaient chargés de surveiller la frontière sud de l’empire.

  • T’en fais pas, ils regardent pas vers le nord, rassura Jorka en voyant son compagnon jeter un regard inquiet au bâtiment.

Voyager par la pointe sud-est de l’empire à travers champ n’avait rien de déplaisant. Le climat plutôt chaud et les nuages de pluie en provenance de la mer intérieure qui s’accumulaient régulièrement contre les sommets des montagnes Centrales rendaient la végétation luxuriante. Dans l’herbe bien grasse des champs, chevaux et bovins s’égayaient sous le regard des bergères. De loin Magnamon avait l’air d’un guerrier massif équipé d’un casque fantaisiste ; aussi, en gardant leurs distances, les deux voyageurs réussissaient à passer inaperçus. Après deux jours de plus à marcher, les provisions vinrent à manquer. Il fut donc décidé que Jorka irait acheter des vivres chez un fermier des alentours.

Le nain se présenta peu avant la tombée de la nuit dans une ferme demandant :

  • Holà ami humain ! me vendras-tu des œufs bouillis, une miche de pain et du porc boucané ?
  • Pour sûr ami nain, si t’as une bourse pleine pour payer, répondit le fermier.

Ils négocièrent un prix à 30 sous de cuivre, puis pendant que le fermier bouillait les œufs, il interrogea le prince en lui servant un verre de vin :

  • Hé ton ami, au bord du bois, avé le casque à corne, y veut pas s’asseoir ? Boire un coup ?
  • Ho non, vous savez je suis une exception, les nains, dans leur grande majorité, ne boivent que de la bière.
  • Mais lui c’est pas un nain !! s’exclama le paysan.

Jorka se figea et détacha toutes les syllabes en feignant la colère.

  • Ha vraiment, et qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

Le pauvre paysan rougit et bégaya, tant il était bien connu que parler de leur taille aux nains était la meilleure façon de se faire raccourcir.

  • J’en sais rien moi, il est pas… Il a pas l’air nain.
  • C’est parce qu’il est loin ça, répondit le prince satisfait de son effet.

Le fermier profita d’un bruit dans sa maison pour y retourner en courant, puis il tendit les victuailles à l’acheteur, oubliant presque de se faire payer.

Les jours passèrent, ils traversèrent la route impériale reliant Pirande à Cordun, pour enfin se retrouver aux pieds des Vascagornies bordant la frontière sud-est de l’empire. À l'est des montagnes se trouvait le royaume de Tal’Amorth. Leur ascension fut aussi lente que ce qu’avait craint Jorka. Ils passèrent non loin de Doromone, mais le prince jugea préférable de continuer leur chemin à travers les montagnes, il pourrait toujours aller payer ses respects au roi du clan Horrog au retour. À plusieurs reprises, ils durent escalader une pente abrupte pour éviter les postes frontières impériaux, puis une fois le dernier de ceux-là franchit, Jorka fit de son mieux pour retrouver la route.

  • Les membres de la maison Faujir vous ont bien accueilli la dernière fois ? vérifia-t-il auprès de Magnamon
  • Oui, à Ibar, un village de la côte ils ont partagé leur nourriture et leur vin avec nous et ensuite ils nous ont apprit à construire des bateaux car leur pays est trop froid pour nous. C’est d’eux que nous avons découvert le fonctionnement des monnaies de métal que vous utilisez. Nous autres dans l’est, nous échangeons la viande contre le fer ou le cuir contre le fruit.
  • Bon il va falloir être prudent, parce que les amorthiens ne crois pas à la guerre, ils n’entretiennent pas de véritable armées à leurs frontières. Du coup, leurs montagnes et leurs forêts grouillent de gobelins et d’autres saloperies encore pire.
  • Il y a des gobelins aussi dans l’empire, objecta laconiquement le minotaure.

Jorka passa mentalement en revue le dispositif de sécurité impériale. Les tours et les marches du sud et de l’est, les garnisons, les patrouilles sur les routes et se rendit à l’évidence qu’il avait effectivement vu des traces de campement gobelin conséquent dans les forêts impériales. « Et ça n’a pas empêché les minotaures de débarquer non plus », pensa-t-il. Il se félicita d’avoir son foyer dans les montagnes, un endroit où personne ne peut pénétrer sans autorisation.

Le soir, ils trouvèrent un creux de roche pour passer la nuit à l’abri du vent et d’une éventuelle pluie. Au loin des feux brillaient faiblement, Jorka pris donc soin de creuser un trou pour faire un petit feu entouré de pierres afin qu’ils soient le moins visible possible. Cependant, il ne put se résoudre à s’endormir, guettant le moindre bruit suspect. Un tintement au loin, un cri étouffé par la nuit. Etait-ce un animal ? Autre chose ?

La main du nain se serra sur le manche de sa hache. Il plissa les yeux pour percer l’obscurité mais il ne remarqua rien. Il considéra son compagnon en se demandant s’il devait le réveiller ou pas. Le silence envahit peu à peu la montagne et la tête du nain retomba sur le sac de toile qui lui faisait office d’oreiller. Il ne voulait pas dormir, il sentait un danger flotter dans l’air, mais ses paupières étaient lourdes, et ses jambes douloureuses après la marche forcée des jours précédent. Il sentait sa volonté faiblir, et ses yeux se fermer. Il les rouvrit brusquement à plusieurs reprises avant de sombrer dans le sommeil.

Au milieu des songes brumeux, il se retrouva sur les plateaux de la tête de loup, mais rien n’allait comme dans la légende. Aucun des nains qui l’entouraient ne portaient l’uniforme de Kardhir et l’artillerie manquait à l’appel. Les arbalétriers n’avaient pas un seul trait dans leurs carquois et tous les combattants avaient l’air démoralisés. Les démons, qui les entouraient, soulevèrent par magie la terre sous leurs propres pieds afin de s’élever au dessus des nains. Puis, ils chargèrent avec tout l’élan de la pente.

Jorka se réveilla en sueur, la hache à la main. Il chercha un ennemi autour de lui, mais il n’y avait personne. Quand il se fut calmé, il scruta le ciel. La nuit était encore jeune et le soleil ne se lèverait pas avant plusieurs heures. Il s’approcha d’une petite cascade, le froid de la nuit l’avait partiellement gelée : seul un mince filet coulait encore. Le nain remplit sa gourde et avala une gorgée d’eau glacée puis retourna s’allonger.

À peine l’aube eut-elle le temps de blanchir le ciel, que déjà les deux compagnons reprenaient leur route. Le sentier était bordé d’herbe longue, jaunissante d’avoir passé tout l’hiver sous la neige. Autour d’eux des torrents de montagne disparaissaient dans des trous du sol. Des fleurs s’épanouissaient ça et là et quelques taches de neige survivaient à l’ombre d’une combe. Le vent soufflait fort contre les flancs de la montagne. Jorka vit quelque chose bouger au loin, il tressauta et continua de scruter les environs. Quelques minutes plus tard, il eut la confirmation de ce qu’il craignait en apercevant le scintillement sans équivoque d’une pièce métallique. Le prince murmura à son compagnon :

  • Prépare ta hache camarade, nous allons bientôt être attaqués.

Le monstre observa les alentours, mais ne vit rien. Il s’empara néanmoins de son arme gigantesque. C’est à ce moment là qu’ils entendirent le sifflement caractéristique d’une flèche. Le minotaure en alerte se baissa, toutefois un des trois traits qui le visait l’atteignit à la cuisse, il mugit de colère. Puis des gobelins surgirent au-dessus et en dessous de leur sentier. Ils s’étaient cachés derrière des rochers ou dans des trous camouflés par les hautes herbes. Le prince compta cinq adversaires qui leur fonçaient dessus. Les créatures, mesurant quelques centimètres de moins que le nain, avaient une peau verte tirant vers le jaune. Leurs corps étaient maigres et maladifs et leurs bras grotesquement longs.

« Cinq, plus trois archers » pensa le nain. Les gobelins étaient vêtus de façon rudimentaire de longue pièce de lin tenue à la taille par une ceinture. Ils étaient armés de lances courtes et leurs gueules ouvertes laissaient échapper des cris aigus.

Deux peaux-vertes foncèrent sur le nain, l’un du haut, l’autre du bas. Plutôt que de les attendre, il fonça vers celui qui était en contrebas. Il esquiva la lance de son adversaire d’un pas de coté et lui enfonça le crane d’un coup de hache bien senti. Magnamon retardé par sa blessure avait dû reculer pour repousser les trois lances qui le harcelaient. Il profitait de l’allonge de sa hache d’arme pour tenir ses adversaires à distance par de grand moulinet.

Jorka se retourna vers son deuxième adversaire et tenta de pénétrer sa garde. Ce dernier rendu moins téméraire par la mort de son compagnon, reculait sans cesse pour maintenir la distance tout en harcelant son adversaire. Pendant ce temps, le minotaure frappait de taille pour garder ses adversaires à distance et ceux-ci essayaient de le contraindre à exposer son dos au tir des archers restés cachés.

Jorka ordonna à son adversaire :

  • Bats-toi rat des plaines ! Maudit lâche.

Le gobelin avait les jambes plus rapides que la tête et l’insulte le mit en rage ; il voulut surprendre son adversaire en estoquant brusquement, mais le prince avait bien anticipé cette réaction et ce mouvement. Il glissa le long de l’arme tout en restant dans l’axe et profita de son avantage pour saisir la hampe de sa main libre et frapper au niveau du poignet. La main du peau-verte fut tranchée nette. Le nain acheva son adversaire d’un revers à la gorge. Il se mit à courir de toutes ses forces pour rejoindre son compagnon en difficulté. Deux flèches lui frôlèrent l’épaule, une troisième lui cogna la tête, mais sans s’y planter - seul le fût du trait l’avait touché.

Ayant rejoint les trois gobelins qui harcelaient Magnamon, il frappa en plein dos le premier qu’il put atteindre. La créature s’effondra. Le minotaure profita de la confusion qui s’était emparée de ses adversaires et tailla un des gobelins en diagonale. La créature fut tranchée en deux, de l’épaule à la cuisse. D’un autre coup, il attaqua le dernier lancier. Ce dernier para le coup avec la hampe de son arme. Le bâton qui composait le manche vola en éclat et l’énorme fer de la hache d'arme termina sa course dans le crane du gobelin. Jorka ne parvenait pas à retirer son arme du dos de son adversaire. Un nouveau sifflement se fit entendre. Instinctivement le nain se jeta à terre pour esquiver la nouvelle volée de flèche. Un trait le survola. Il ramassa la lance de son adversaire et se releva promptement. Il arma son bras tout en cherchant à localiser les archers. Magnamon les avait vus avant lui et se ruait déjà sur eux. Ceux-ci avaient de nouveau bandé leurs arcs et s’apprêtaient à tirer. Jorka propulsa la lance de toutes ses forces mais l’arme mal taillée dévia et manqua la cible. Les flèches touchèrent le minotaure, mais sans pour autant l’arrêter. D’un seul coup de hache il fit voler deux têtes. Le dernier tenta bien de s’enfuir, mais ses petites jambes ne lui permirent pas de distancer le monstre enragé.

Ils en étaient venus à bout. Magnamon revint lentement vers Jorka, il retira les traits de bois qui avaient traversé son épaisse peau. Les flèches dépourvues de pointe de fer n’avaient causé que des dommages superficiels. Rapidement le nain et son compagnon nettoyèrent les plaies du minotaure et les bandèrent.

  • Ils sont sûrement pas tout seuls ici … marmonna le nain pas très enjoué à l’idée de s’attarder.

Magnamon poussa un râle de douleur en se levant, mais il prit tout de même la suite du nain. Ils marchèrent quelques heures, mais la douleur dans la cuisse du minotaure les força à s’arrêter plus tôt qu’ils ne l’auraient voulu.

Le prince trouva un abri sommaire et quand ils furent installés il demanda à son compagnon :

  • Qu’est-ce que tu feras si on retrouve le voleur ? Vous avez des lois ou bien des traditions pour punir les vôtres ?
  • Déjà, il faudra s’assurer qu’il est bien le voleur.

Jorka serra le poing, mais retint le « bien sûr qu’il l’est » qui lui brûlait les lèvres.

  • Ensuite, s’il est coupable, je devrais le mettre à la merci de mon clan pour qu’il soit châtié en rapport à son crime. Si personne de mon clan n’est présent, je peux prendre un membre d’un autre clan pour m’aider en tant que membre honoraire à appliquer la sentence.
  • Tu veux dire que seuls les minotaures peuvent participer au jugement ?
  • Oui, mais il y a déjà eu des exceptions. Par exemple Fofarrah, l’héroïne de mon peuple, avait invité les centaures du clan Khajima à prendre part au jugement de la trînée Ismalia. Ils lui ont coupé les cornes avant de lui arracher les bras et les jambes.

Le nain tressaillit, les minotaures lui avaient semblé placides et calmes. Même ceux qu’il avait combattus n’avaient jamais fait preuve d’une telle cruauté. Parfois même, il avait vu leur manque de cruauté se retourner contre eux, certains laissant un adversaire à terre se relever plutôt que d’en finir immédiatement. Une attitude que le nain jugeait fort noble.

  • Et qu’avait-t-elle fait cette Asmala ?
  • Ismalia ! corrigeât le minotaure. Elle avait vendu les enfants de son clan aux démons pour obtenir leurs faveurs.

Le nain réfléchit à la légende du minotaure et lui souhaita bonne nuit.

Le lendemain ils commencèrent à redescendre vers les plaines de Tal’AMORTH, et les arbres remplirent leur champ de vision, des mouvements furtifs attirèrent l’attention du prince. Ses yeux sautaient d’une tache d’ombre à une tache verte, quand tout à coup un loup plus grand que lui traversa le chemin à quelques pas. Il se figea combattant de toutes ses forces la peur qui lui battait le ventre. La bête avait un mètre cinquante au garrot, elle aurait pu poser sa gueule sur le crane de Jorka sans même la lever. Son épaisse fourrure grise était ébouriffée, mais il y avait dessous une musculature imposante. Rien à voir avec les loups faméliques qu’il avait croisé dans l’empire ou sur les terres d’Oled.

Magnamon empoigna son arme, bien décidé à régler son compte au majestueux animal. Le prince intercepta son geste :

  • Non ! murmura t-il. Ces bêtes sont sacrées pour les amorthiens.
  • Chez nous aussi, répondit le minotaure sur le même ton. Quand on en tue une, on a le droit de porter sa peau.

Le loup gronda et les deux voyageurs se figèrent, dans les bois alentour d’autres bêtes déambulaient à l’abri des regards.

  • C’est une autre sorte de sacré ici. Si tu en tue une, c’est ta peau que les amorthiens portent en trophée, souffla le nain.

Son compagnon poussa un grognement qu’il n’avait jamais entendu dans les naseaux d’un membre de cette race. Le nain aurait juré qu’il riait.

Le loup les fixa et gronda de nouveau. Puis sans plus d’explication, il s’enfonça dans les bois nonchalamment.

  • Bon allez, on s’attarde pas ! ordonna le nain en essuyant ses paumes de mains moites sur sa vieille tunique.

Ils avancèrent donc sous les arbres en suivant la route qui se transforma en chemin, puis en sentier à mesure qu’ils tournaient vers le nord pour rejoindre les berges orientales de la mer Intérieure. Dans le premier village qu’ils croisèrent, ils s’enquirent d’un guérisseur pour vérifier les blessures de Magnamon. Un homme avec la main rouge de la maison des Guérisseurs sur sa tunique grise s’occupa de lui. Il appliqua un onguent et refit son pansement, mais la forte constitution du minotaure avait fait le plus gros du travail. Jorka utilisa un peu de son or afin d'acheter une tente pour deux car la grisaille gagnait le ciel. Il acheta aussi de nouvelles provisions.

Il fallut presque dix jours de marche avant de sentir les embruns salés de la côte est de la mer Intérieure. Retrouver le village de pêcheurs où les minotaures avaient appris à construire des bateaux leur pris quelques jours de plus. Ibar, une petite communauté de marin et de pêcheur, sentait le sel, les algues et le poisson. Une fois installés aux abords du village, ils entreprirent de questionner les habitants. Jorka fut surpris de voir les gens lui jeter des regards curieux à lui, plutôt qu’au monstre de deux mètres de haut, muni de cornes qui l’accompagnait. Il ravala sa fierté et poursuivi son enquête. Les habitants n’étaient pas hostiles, pour la plupart. Cependant, au lendemain de leur arrivée, quatre cavaliers portant le loup Faujir sur leur bouclier et leur surcot firent irruption dans le village.

Jorka et Magnamon étaient dans leur camp de fortune, les chevaliers amorthiens montèrent la faible pente qui y menait. Le prince les observa et dit au minotaure.

  • T’fais pas de mauvais sang, ils ne croient pas à la guerre. Ils sortent jamais leurs armes.

Bientôt ils constatèrent que deux d’entre eux avaient l’arc à la main, les deux autres avaient l’épée tirée.

  • Enfin… aux dernières nouvelles, rajoutât le nain contrarié.

Les deux épéistes démontèrent un peu avant d’arriver au camp. Les archers, quant à eux, contournèrent leur camarade et leurs montures pour garder une ligne dégagée entre eux et les deux vagabonds. Il posa sa hache, qu’il avait attrapée malgré lui, au sol. Quand les épéistes arrivèrent à leur niveau, l’un d’eux demanda :

  • Qui êtes-vous ?

Souhaitant calmer la situation, le prince répondit aussi aimablement que possible :

  • Des amis, je suis Jorka, prince de Kardhir.
  • Jamais entendu parler, répondit le cavalier.
  • Le prince Deymak de Gorm est mon cousin au second degré.
  • C’est ça ! et moi j’suis l’neveux de la reine Jianna ! se moqua le chevalier.

Il avait espéré que le nom de son cousin apaiserait les chevaliers, mais ils n’avaient pas l’air de le croire.

  • Salut à vous cavalier du clan Faujir, je suis Magnamon du clan Chasta.
  • Salut à toi Magnamon, dis-moi, as-tu voyagé du côté de Treflatre la semaine dernière ?
  • Non, je ne connais pas cet endroit répondit le minotaure.
  • Nous venons du sud, nous avons passé les Vascagornies au sud de Doromone la semaine dernière, renchérit le nain.
  • Vous étiez ensemble tout le temps ? questionna l’épéiste ;
  • Oui, affirma Jorka.
  • Est-ce que l’un de vous a tué un homme de Treflatre ?
  • Non.
  • Vous pouvez me donner votre parole de nain ?

Le prince considéra la situation, il ne donnait jamais sa parole à la légère, comme tout les nains, son honneur et sa vie en dépendaient. Comment savoir si parmi les soldats qu’il avait tués en tant que mercenaire l’un ne venait pas de Treflatre ? Il prit donc le temps de bien formuler sa réponse :

  • Ni moi, ni Magnamon n’avons tué d’hommes lors des deux derniers mois. De toute ma vie je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui, à ma connaissance, vienne de Treflatre. Nous n’avons enfreint aucune loi de votre royaume. Je vous en donne ma parole.

Les deux épéistes se concertèrent, puis l’un d’eux poursuivit :

  • Et qu’est-ce que vous êtes venus faire ici ?

Tandis que le nain cherchait une réponse qui lui éviterait de révéler à qui que ce fut que les plans les plus précieux de sa citadelle avaient été volés, Magnamon pris la parole.

  • Nous sommes à la recherche d’un membre de mon clan qui a jeté le discrédit et le déshonneur sur moi et les miens en volant nos hôtes.
  • Et toi, tu es vraiment de la noblesse naine ? Que fais-tu hors de ton château sans armure ni escorte ? interrogea le chevalier.
  • Il va falloir décider si vous me croyez ou pas ! Je suis prince héritier de Kardhir et je cherche un voleur. Ce que je porte et qui m’accompagne ne vous concerne en rien.

Le nain pris un instant pour se promettre qu’une fois tout cela terminé, il viendrait provoquer cet insolent personnage en duel pour lui enseigner les bonnes manières. L’homme finit par acquiescer et fit signe aux autres de ranger leurs armes. Ils remontèrent sur leurs chevaux.

  • Pardon, prince Jorka, j’espère que vous ne tiendrez pas rancune à notre reine pour nos maladresses, déclara un des chevaliers.
  • Excusez-moi mais qu’est-il arrivé à votre compatriote de Treflatre ? demanda le nain à tout hasard.
  • Il a été vu avec un minotaure, dont la description ne correspondait pas tout à fait à Magnamon. Celui qu’on nous a décrit avait la… comment dire… la toison blanche et tachetée.

Le cavalier jeta en regard en coin au monstre à cornes pour voir s’il l’avait offensé, ce dernier ne releva pas.

  • Est-ce celui que vous cherchez ?
  • Je pense qu’il s’agit bien d’Hujir, répondit Magnamon. Où se trouve ce village de Treflatre ?
  • Au nord, suivez la route derrière cette colline, vous ne pourrez pas le manquer. Si vous le trouvez, reprenez ce qu’il vous a volé, mais amenez-le à la justice de Tal’AMORTH.

Puis les quatre loups saluèrent de la tête, avant de repartirent au galop.

Le prince et son compagnon se regardèrent un moment, la question de la justice qui les avait déjà embarrassés plus tôt flottait de nouveau entre eux avec une nouvelle composante cette fois.

  • Peut-on éviter les terres des Faujir au retour ? demanda le minotaure.
  • Oui, mais faudrait passer par l’empire, c’est guère mieux.

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