Chapitre 2

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Pour descendre à la crypte des Honneurs, Jorka et son frère traversèrent un couloir, puis le hall avant d’emprunter une volée de marche.

La grande pièce portait les marques d’une extension récente et quatre ouvriers étaient encore affairés à étayer le bord de la crypte nouvellement taillé avec un madrier de chêne. Les deux princes passèrent devant les tombes des plus illustres héros de Kardhir, chacune était gravée de l’épopée de son occupant.

La crypte des Honneurs n’est pas qu’un cimetière, c’est aussi un livre d’histoire et un lieu de recueillement car les esprits des honorables, peuvent voyager de leur tombe jusqu’au royaume du dieu ours et aussi en revenir.

Ils s’arrêtèrent devant la tombe de Jorka et deux serviteurs qui s’étaient joint à eux brisèrent les scellés et déplacèrent la dalle gravée avec mille précautions. Jorka sortit pièce après pièce son armure d’acier, agrémenté de décoration d’argent et d’or. Puis il remonta, accompagné de son frère, vers la salle du trône.

Trois jours plus tard, le roi Oddar revenait avec son escorte de cinq cent guerriers. Ils portaient les corps sans vie de onze braves. Une célébration funéraire fut organisée et une des victimes fut mise dans une tombe de marbre dans la crypte des honneurs. Un grand repas fut organisé pour les familles en deuil dans le hall royal. Oddar présenta ses respects aux familles des morts, mais le buffet funéraire pris un aspect étrange et gênant quand le vieux nain apprit que son fils ainé était vivant. Quelques effusions de joie de la part de la famille et des amis de Jorka débordèrent au milieu des familles en deuil. Puis la famille royale se retira dans les quartiers d’Oddar. Il y eu une première célébration dans le salon où tous les amis de la famille royale furent invités à partager la liqueur du roi. Ludum se précipita vers son ancien élève dès que la décence le permit pour le féliciter et prendre de ses nouvelles, puis les gens du peuple vinrent crier son nom et lui souhaiter la bienvenue. Enfin le père et ses deux fils s’isolèrent dans la chambre de ce dernier.

Jorka raconta son histoire, depuis son départ de la cité jusqu’à ce qu’il trouve une compagnie de mercenaires où il s’engageât, puis son départ précipité et son errance à l’Ouest et au Sud des montagnes Centrales. Oddar avait écouté patiemment son fils et retenu ses questions.

  • Pourquoi as-tu quitté cette compagnie de mercenaires ?
  • On nous a donné un ordre inacceptable. Après plusieurs escarmouches contre des guerriers minotaures, on nous a lancé contre un village, ou plutôt un de leurs campements. Ces gens bien que grands et puissants n’étaient pas des combattants, juste des pauvres hères venus chercher un refuge. Ils ne menaçaient aucunement le territoire du Baron de Vermar. J’ai donc déserté ; je voulais aider ces gens mais je n’ai pas pu. Avant que j’aie pu faire un pas pour les prévenir, les flèches et les carreaux pleuvaient sur leurs tentes.

Jorka chercha dans sa mémoire pour rester le plus précis possible.

  • En quittant cette terre couverte de sang, j’ai croisé d’autres campements de minotaures pour la plupart dans des zones inexploitées et n’appartenant à personne. Je les ai prévenus tant bien que mal de ce qui c’était passé au Nord. La plupart d’entre eux ne parlant pas la langue commune, j’ai eu du mal à me faire comprendre.

Les yeux de Jorka se fixèrent sur l’âtre flamboyant.

  • Alors que je passais une soirée prés du feu avec mes hôtes, un groupe d’éclaireurs de l’armée du baron a surgi des ténèbres, je pense qu’ils s’étaient perdus, car ils ont eu l’air aussi surpris que nous. Cependant, ils se sont vite repris et ont commencé à attaquer - un chevalier à leur tête espérait obtenir une victoire rapide et réclamer la terre pour lui-même. Pris au milieu de la bataille j’ai dû combattre pour les minotaures. Le chevalier a fondu sur moi. J’ai coupé les jarrets de son destrier et quand il est tombé au sol, je lui ai enfoncé le crâne d’un coup de hache.

Le prince soupira, un voile sur ses yeux masquait les sentiments que lui avait inspiré cet acte. Il se concentra donc sur les faits.

  • Tuer un chef ennemi m’a apporté un certain prestige auprès des monstres, et sur ce point au moins nous nous rejoignons. Après la bataille je suis parti vers le Sud-Ouest pour quitter l’empire et vivre la fin de mon exil dans la solitude.

Jorka finit son histoire et Oddar se laissa aller à l’émotion d’avoir retrouvé son fils en sortant la liqueur de raisin qu’ils burent en discutant des sujets plus légers. Puis tous se séparèrent pour aller dormir.

Au matin suivant, c’est la tête encore embuée des vapeurs d’alcool que les trois membres de la famille royale se retrouvèrent dans le petit bureau où, à l’abri des oreilles indiscrètes, ils discutèrent. Torra fronça les yeux pour masquer ses cernes et déclara :

  • Jorka doit recouvrer son droit d’aînesse.
  • Je ne sais pas, répondit pensivement Jorka, j’ai été absent si longtemps.
  • Ton frère à raison, concéda le roi en se frottant les tempes. Si Torra hérite du trône nous courrons à la catastrophe. Il est associé à tous les malheurs que mes décisions ont entrainés. Il faut un nain nouveau, un nain qui n’ait pas à répondre de ces problèmes.
  • Père, Torra, j’apprécie la confiance que vous portez en moi, mais il y a deux choses qui posent problème dans votre proposition. Tout d’abord la loi. Père tu as engagé ta parole en faisant de Torra ton nouvel héritier. Dans d’autres circonstances, le peuple et les ministres auraient fait preuve de compréhension, mais si les marchands veulent nous nuire autant que vous le dites, ils ne te laisseront pas faire. La deuxième raison qui me pousse à refuser, c’est que changer d’héritier ne résoudra pas notre vrai problème.

Il fit une pause et reprit avec emphase.

  • Il nous faut récupérer les plans qui ont été volés, même s’ils ont déjà été vendus, personne n’a pu les déchiffrer en si peu de temps, notre langue est trop complexe et le cryptage utilisé par les architectes rendra la tache encore plus ardue. Nous avons encore du temps.

Oddar et Torra se regardèrent sans savoir si le prince les prenait pour des idiots ou si sa longue absence de la citadelle avait anéantit sa résistance à l’alcool. D’une voix ils ajoutèrent :

  • Nous avons déjà essayé !
  • Impossible de retrouver la trace du voleur, tous nos groupes de recherches sont revenu bredouilles, termina Torra.
  • Je m’en doute, dit Jorka. Mais je crois que de ces groupes de recherche avaient été exclus les meilleures chances de retrouver le traitre.
  • Que veux-tu dire ? questionna Oddar.
  • Je pense qu’il nous faut libérer un des minotaures, assena Jorka. Je veux qu’il se joigne à moi pour rechercher les plans, capturer le traitre et le ramener ici.
  • Qu’est-ce qui te fait croire qu’il t’aidera ? intervint Torra. Il pourrait tout aussi bien te tuer à trois pas de notre porte et s’enfuir.
  • Oui, renchérit le roi, et qu’espères tu trouver après deux mois de recherches que nous n’aurions pas déjà vu ?
  • Je connais bien le monde extérieur, mes années passées à le parcourir m’ont appris à quel point nous méconnaissons tout ce qui n’est pas un tunnel ou un souterrain. Et si je pense que le minotaure m’aidera, c’est parce que je compte lui faire une proposition qu’il sera forcé d’accepter.

Oddar et Torra décidèrent de faire confiance à Jorka malgré leurs réticences et tous prirent la route des geôles. Un ministre tenta d’intercepter le petit cortège, mais il fut congédié par Oddar. Ils traversèrent la cour et empruntèrent un escalier muni d’une rambarde de fer descendant vers la face Nord de la montagne. Une petite galerie orientée plein Nord se trouvait au bas de l’escalier, suivie d’une porte d’acier gardée par deux nains si jeune que leurs barbes pouvaient à peine être tressées. Derrière la porte, une grille et derrière la grille un couloir sur la gauche duquel s’alignaient des cellules, à droite se trouvait un bureau. Derrière ce bureau, le caporal en charge de la prison salua la famille royale en s’inclinant ; cependant un œil exercé aurait pu voir que la révérence n’était guère sincère. Oddar et Torra n’y prêtèrent pas attention, mais Jorka sentit une vague de colère le traverser.

Les trois nains se dirigèrent vers la cellule créée à l’intention des minotaures. Il s’agissait d’une vieille veine d’argent parallèle aux premiers couloirs des geôles, vidée depuis longtemps et ouverte sur douze mètres de longueur et deux fois plus de profondeur. Des grilles de fer et des verrous d’acier venaient compléter le dispositif. Les prisonniers y avaient été conduits car c’était la seule assez haute et assez grande pour les accueillir tous ; les cellules individuelles étant toutes conçues pour des nains. Une cinquantaine de monstres déambulaient dans la cellule. Lorsque tous eurent senti la présence des visiteurs, le silence se fit et les gros yeux entourés par de puissantes cornes se tournèrent vers eux.

  • Qui parle pour les minotaures ? demanda Jorka d’une voix chargée d’autorité.

Une créature de presque deux mètres vingt de haut s’avança, il saisit les barreaux de ses mains puissantes et posa le front contre la grille, ses cornes dépassèrent dangereusement dans le couloir. Il avait le corps d’un homme particulièrement grand, et sa tête était celle d’un taureau noir. Il était vêtu de cuir que la captivité avait sali et abimé prématurément. Même sans un geste d’agression le minotaure exsudait le danger et la force brute. Jorka rassembla tout son courage et s’avança vers le monstre en gardant un air impassible.

  • Je suis Jorka, fils d’Oddar. Je souhaite parler avec toi.

Une voix profonde et forte s’éleva dans le cachot :

  • Je suis Magnamon, fils de Negsa, déclara l’intéressé d’une voix grave.

Le prince nota le nom dans un coin de son esprit.

  • Magnamon, l’un des tiens a volé notre plus cher secret alors qu’il était accueilli comme notre invité ici. J’ai besoin de ton aide pour retrouver ce misérable, protéger mon peuple et laver l’honneur des minotaures, souhaites-tu m’aider ?

Magnamon toisa son interlocuteur avant de répondre.

  • Jorka, ton peuple a mis en prison tous les miens, y compris les femmes et les enfants pour le crime d’un seul. Pourquoi ferais-je quoi que ce soit pour toi ?

Jorka sourit intérieurement - la conversation prenait exactement le tour qu’il avait souhaité.

  • Caporal ! appela brusquement le prince sans perdre des yeux son interlocuteur.

Le soldat se précipita pour répondre à l’appel de son seigneur.

  • Faites sortir Magnamon, nous irons nous entretenir dans mes quartiers ajouta t’il à l’adresse du prisonnier.

Le caporal hésita en regardant ses clés et le jeu de chaines accroché au mur, mais un regard impérieux du roi lui fit baisser la tête et il s’exécuta. Il tourna une roue afin de lever la première porte du sas. Magnamon y entra seul, le soldat nain en profita pour refermer la première porte. Il fit passer les mains du minotaure à travers les barreaux et les attacha solidement avec les chaines prises du mur. Puis, pour finir, il leva avec une deuxième roue les barreaux verticaux qui fermaient le sas vers l’extérieur. Les barres glissèrent doucement vers le plafond entre les bras du prisonnier lui laissant la voix libre. Jorka jaugea la créature qui se trouvait devant lui et qui aurait pu en un instant l’écraser contre le mur ou le transpercer de ses cornes. Il ne montra pas une seule seconde sa peur et tourna les talons en invitant Magnamon à le suivre.

L’étrange groupe sortit de la prison et traversa à nouveau la cour sous les regards ébahis des gardes et des passants. Les gardes du hall eurent un sursaut ; même enchainé Magnamon restait très impressionnant. Quand enfin ils furent débarrassés des regards inquisiteurs ou effrayés des autres nains, Jorka prit place à une table et fit apporter un double siège pour que son invité puisse s’asseoir. Oddar et Torra observaient la scène d’un air inquiet, les cornes du minotaure étaient plus longues que la petite table qui séparait les deux ambassadeurs. Un silence pesant s’installa, Jorka garda le regard fixé dans les yeux noirs de Magnamon, ce dernier finit par prendre la parole d’une voix profonde et triste :

  • Que comptes-tu me faire, les gardes du cachot m’ont promis une multitude de tortures, ils ont menacé de manger nos enfants car nous sommes « des vaches sur deux pattes ».
  • Je ne suis pas un bourreau. Je compte te faire une offre et une promesse.

Le prisonnier ne répondit pas.

  • Je vois que j’ai ton attention, je ferai libérer les femmes et les enfants de ton peuple afin qu’ils continuent leur vie comme ils la vivaient avant l’incident. En échange, tu m’accompagneras et tu feras tout ton possible pour m’aider à retrouver le traitre Hujir. Quand nous aurons réussi, tous ceux de ton peuple seront libres, vous pourrez réintégrer la citadelle, tout ce que vous avez perdu vous sera rendu et si vous préférez vous pourrez partir vers d’autres horizons.

Un léger hoquet secoua le roi à cette déclaration, mais le prince n’y prêta pas attention.

  • Comment savoir que vous n’allez pas tout simplement nous faire mourir tous lorsque vous aurez eu ce que vous voulez ?

Une hésitation pointait tout de même dans la voix de Magnamon. « Un doute ou une envie d’accepter ? » se demanda le nain. Le nom de Jorka ne lui était pas inconnu et il était dans sa tête synonyme de respect.

  • Je t’en donne ma parole.
  • Est-ce toi que l’on appelle Jorka Courtebarbe, le tueur de chevalier ?
  • On m’a donné ce nom.
  • Ta barbe me semble bien longue.
  • Elle a poussé depuis la nuit où l’on m’a affublé de ce sobriquet.

Le monstre exhala un souffle d’air chaud par ses naseaux, pendant un instant le nain pensa qu’il allait charger. Le prince resta impassible et silencieux en attendant la réponse de son interlocuteur qui reprit avec cette même voix qui sonnait si triste :

  • Tu as prouvé ta valeur une fois aux yeux de mon clan, annonça le minotaure. Je vais donc accepter ta proposition. Mais je souhaite que les minotaures qui resteront enfermés obtiennent une quantité décente de nourriture et un droit journalier de sortir sous le ciel.

Le ton du chef des minotaures restait empreint de méfiance, mais il tendit une main ferme et puissante au prince, que ce dernier serra en acceptant les conditions. Même si le monstre ne rajouta rien, ses yeux brûlaient d’une menace au cas où le prince reviendrait sur sa parole.

Le jour du départ ne fut pas retardé. Jorka avait tout juste eu le temps de retrouver sa chambre et ses vieilles habitudes que déjà il lui fallait reprendre la route. Il endossa ses vieilles fripes usées et rapiécées, car il ne savait pas jusqu’où ce voyage le mènerait. Il avait appris que dans bien des endroits des habits neufs ou resplendissants sont le meilleur moyen de finir égorgé dans son sommeil par un bandit sans scrupules. Il rangea son armure après l’avoir soigneusement épousseté et huilé dans un coffre adapté où chaque pièce avait sa place. Il passa sa hache à la ceinture et pendant un instant il s’assit sur son lit en fixant la petite fenêtre orienté plein Nord. Les sommets des montagnes plus petites se détachaient sur une toile de fond grisâtre qu’il savait être l’empire d’Ardias. Il tenta de reconnaitre un point du paysage tout en sachant que c’était impossible à cette distance. La vue avait ravivé sa nostalgie et pendant un instant il eut envie de tout abandonner, son père ne l’obligerait pas à partir il le savait. Il pourrait rester là, devenir roi ou bien seulement un soldat. Se battre sous les ordres de son petit frère ne lui posait aucun problème. Il pourrait ainsi mettre un terme définitif à l’errance, vivre à l’abri des grands murs sans se soucier de ce qu’il mangerait…ou s’il mangerait tout court. Plus besoin de se soucier de la pluie, du froid ou de ce grognement en pleine nuit …

Le nain prit une profonde inspiration pour rassembler son courage et se leva. Il vérifia une dernière fois ses affaires et alors que le soleil étalait lentement sa lumière sur les plaines et les monts, il quitta sa chambre et rejoignit son père et son frère dans la cour. Magnamon était là lui aussi, habillé d’une tunique de cuir légère et de bottes de cuir également. Il portait un grand manteau de laine blanche et une hache à deux mains était attachée dans son dos. Devant la porte, des fidèles du roi s’étaient massés pour saluer le départ de Jorka. Pohmar daigna même faire une apparition pour venir souhaiter « bonne chasse » à Jorka. Les femmes et les enfants des minotaures étaient venus remercier leur chef, entourés par des gardes mais libres de toute chaine. Le roi Oddar s’avança et pris la parole :

  • Jorka, mon fils cela me peine de te voir repartir alors que je venais juste de te retrouver. Ton courage et ta dévotion à ton peuple couvrent notre famille d’honneur. Va et que le dieu ours te montre la voix.

Pour la première fois de sa vie, Jorka réalisa que son père était un vieux nain. Fort et toujours alerte, mais vieux, ridé et accusant la fatigue de l’âge.

Il agrippa le bras tendu de son père et le serra aussi fort qu’il le put, l’étau qu’il sentit autour de son propre bras le rassurât un peu.

Torra s’avança, il était vêtu de son armure, sa barbe était passée dans sa ceinture à la manière des guerriers et il prit la parole avec détermination :

  • Mon frère, la nouvelle de ton retour m’a rendu mon courage, en attendant le retour de l’héritier légitime, j’assumerais la fonction de chef de guerre de Kardhir. Je garderais ton trône contre tout ennemi jusqu’à ton retour.

Le jeune nain avait lancé un regard décidé à son père, Jorka compris qu’il avait pris cette décision sans l’accord paternel. Oddar était surpris, mais il finit par acquiescer et serrer le bras de son fils puiné. Pendant ce temps, Magnamon murmurait à l’oreille d’une minotaure qui devait être sa femme. Il posa la main sur la tête d’un enfant minotaure dont les corne n’avait pas encore poussées et lui parla sans que les nains puissent entendre.

Les portes s’ouvrirent avec un grincement sinistre, dévoilant une ouverture béante dans le rempart. Jorka avait l’impression d’être aspiré par cette gigantesque bouche qui le cracherait bientôt hors de chez lui.

  • Au revoir mon frère, au revoir mon père. Cette fois je pars, non pas pour honorer nos traditions ancestrales, mais pour protéger notre futur. Magnamon m’accompagne afin de retrouver un voleur et par cet acte il agit comme un nain honorable et sera traité comme tel ! Nous reviendrons avec ce qui nous a été volé ou nous ne reviendrons pas.

Le discours d’adieu de Jorka reçu un accueil mitigé, les nains regardaient les minotaures alentours avec méfiance et pour certains avec une aversion non dissimulée. Mais ils saluèrent tout de même le départ du prince comme il se doit. Avant qu’ils aient pu faire un pas vers la sortie, une voix s’éleva dans la foule, un nain âgé s’avança en claudicant.

  • Mon prince, voici la solde que vous devait le baron de Vermar.

Le vieux nain tendit une maigre bourse au prince qui l’accepta. Il rangea le petit sac de cuir sous ses vêtements, remercia l’ancêtre Belshir, puis Jorka et Magnamon franchirent les portes côte à côte. Le nain s’arrêta devant le pont de pierre, il se retourna et fixa les murs pendant que les lourdes portes se refermaient. Les deux voyageurs s’engagèrent sur le pont, puis bifurquèrent vers le nord. Jorka pensa que le moment de vérité était venu, le minotaure pouvait soit l’attaquer tout de suite et s’enfuir, soit tenir sa promesse. Tenait-il plus à sauver son clan qu’a se sauver lui-même ? Le prince s’était toujours félicité de bien jauger les gens de son entourage, mais cette fois il se dit que c’était un pari bien risqué. Il gardait sa main sur le pommeau de sa hache, tout en se demandant si elle suffirait contre un aussi formidable adversaire. Le prince avait déjà affronté des minotaures, mais jamais en duel et toujours avec une armure. Il avait pu à chaque fois tirer avantage du terrain ou d’une distraction de son adversaire, mais il avait vu comment les humains en première ligne s’étaient fait piétiner sans rien pouvoir faire. Le temps passait et tout à sa réflexion, Jorka dut se rendre à l’évidence : il était toujours en vie et son taciturne compagnon n’essayait même pas de le menacer.

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