Les bagages

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21 avril 1945. Aérodrome de Schönwalde. Nord-ouest de Berlin.

Ayant quitté la cour de la chancellerie au coeur de la nuit, le convoi avala en un temps record la distance séparant la cité berlinoise du terrain d'aviation. Arrivée sans encombre à destination peu avant l'aube, la file indienne de camions sinua sur le béton glacé avant de s'immobiliser non loin des hangars. Les élégantes courbes de la Citroën Traction Avant s'engouffrèrent dans l'un d'eux. Les passagers du premier convoi ne se montrèrent pas.

le Hauptcharführer Ant aida la colombe à descendre du camion tout terrain. Des bâches camouflées dissimulaient cargaison et passagers. Du haut de ses vingt ans, le soldat Ant s'empara d'une poigne ferme des hanches de l'inconnue. Casqué et vêtu de son effrayante tenue de combat, le soldat d'élite posa sa protégée sur l'herbe gorgée de rosée. Éconduit par Sieglinde, il n'eut pas un regard pour elle ; la veuve sauta du camion manquant de se briser les chevilles.

Sieglinde se rapprocha avec précaution. Un garçon-vacher maigrelet commandait ses bêtes par brêves injonctions de sa voix juvénile. Les boeufs meuglaient de concert, extirpant avec peine un vaste trimoteur hors de sa tanière en béton renforcé. Un appareil identique, verdâtre lui aussi, patientait dans l'obscurité de son abri camouflé.

Se sentant épié, l'adolescent fit volte-face, rougissant à la vue des deux femmes. Bodo leur adressa un petit geste de la main auquel les galantes demoiselles firent écho. La troupe bovine du petit vacher procéda au halage du second appareil. L'opération terminée, le paysan quémanda quelques reichmarks. Le SS le congédia d'un coup de canne. Bodo s'éloigna, bien décidé à assister au décollage.

Plus loin, une virulente discussion opposait Ant à son supérieur au sujet des bagages de la surintendante Else. Le gradé informa Ant que mademoiselle Else ne serait pas du voyage et tourna les talons.

Décision fut prise de charger tous les bagages à bord des avions. Ant fit claquer ses talons. Flanqué de Wiebes — son fidèle compagnon d'armes — il s'en alla prêter main forte aux hommes du rang.

Sur son ordre, les soldats transbordèrent valises en cuir, caisses bourrées d'artefacts ainsi que les dix sarcophages blindés dans le trimoteur Junkers 352. Une rampe rétractable intégrée à la queue du gigantesque appareil, permettait un chargement aisé du matériel tout en maintenant son fuselage à l'horizontal.

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