Chapitre 12 -Retour au bercail

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— Où traîne encore cette fichue gamine ?

Brynjolf sortit brutalement de son rêve : un rêve merveilleux ou, simple fermier, il se rendait au village de Drakenvik (dans son rêve, sa ferme était dans une plaine verdoyante au bord d’une rivière qui n’existait pas dans le monde « réel ») en compagnie de sa première épouse et de sa fille.

— BRYNJOLF ! S’exclama Svedra. La gamine est partie, et toi tu dors ! Où est-elle donc passé ?

— Oh ! fit-il en émergeant. Elle m’a parlé des chevaux. Elle voulait voir s’ils allaient bien.

— Je suis passé par l’écurie. Si elle y était, je l’aurais croisé.

— Peut-être que Beryar l’a mangé. Il a dit qu’il fallait la faire cuire à la place du bouc et il la regardait en salivant. Il paraît qu’il a une grande marmite et, quand les enfants l’embêtent, il leur arrache la peau et il les fait cuire avec des légumes.

— Ne dis pas de bêtise, Helvorg. Beryar est une brute, mais il ne mange pas les gens. Oh, je suis désolée de vous recevoir dans de telles circonstances, Maître barde, ajouta-t-elle à l’attention de l’homme qui les accompagnait.

— Mais au contraire Svedra, répondit l’invité. C’est une chance que je sois justement là, je pourrai vous aider à la retrouver. En temps normal je ne m’inquièterais pas, mais la dispute de tout à l’heure me laisse quelques craintes.

Snorri avait tenu à raccompagner Svedra et Helvorg après le sacrifice de Samhain. Il lui arrivait parfois d’avoir le pressentiment que se présence était nécessaire en un certain lieu, et cela s’avérait souvent exact.

Il faut dire que la présence d’un barde est souvent nécessaire.

— Je suis sûre que Beryar l’a mis dans sa marmite, insista Helvorg. La preuve, c’est qu’il a acheté des légumes cet après midi… Il faudra qu’on retrouve les morceaux et qu’on les mette dans le chaudron de Dagda, n’est-ce pas Maître Snorri.

— Et bien, répondit le barde en se raclant la gorge, comme je l’ai conté tout à l’heure, le chaudron de Dagda appartient aux celtes et je ne crois pas que… et puis, je suis certain qu’il ne lui est rien arrivé, elle a juste traîné en route… à moins qu’elle n’ait rendu visite à un petit copain.

— Sans m’inviter ? S’indigna Helvorg.

— Il ne manquerait plus que ça ! explosa Svedra.

De petits bruits de pas interrompirent la discussion. Mathilde fit une apparition aussi discrète que possible… Tous se tournèrent vers elle.

— D’où est-ce que tu sors ? demanda Svedra d’un ton sec.

— Je m’occupais des chevaux.

— Je reviens de l’écurie et je ne t’ai pas vu.

— Oui mais… j’avais peur qu’ils manquent d’avoine, alors j’ai été chez le fourrager… enfin, j’allais y aller, mais ma lanterne s’est éteinte et je me suis perdue.

— Chez le fourrager en pleine nuit ? Mais qui m’a fichu une empotée pareille. Et en plus, elle n’est même pas capable de garder une lanterne allumée. Tu te rends compte que Snorri était sur le point d’aller te chercher ? Tu crois peut-être que les bardes n’ont rien d’autre à faire que de courir après les gamines écervelées.

— Allons bon, intervint Snorri avec calme. Ce n’est pas la peine d’en faire une histoire, tout se termine bien. Je vais maintenant vous laisser et retourner chez Frilvorg et ses corbeaux.

— Et l’histoire ? demanda tout à coup Helvorg. Tu as commencé une histoire et on n’a toujours pas la fin.

— Vraiment ? demanda Snorri. Ah, l’histoire du navire magique qui passionne Thornald au point qu’il en ait fait une obsession… et bien elle se termine au moment ou le navire magique se perd dans le grand nord et que tous ses occupants meurent de froid et de faim.

— Mais ce n’est pas possible, insista Helvorg. Il faut bien qu’il y ait des survivants pour raconter l’histoire.

— Je n’en sais pas plus, je tiens l’histoire des géants des glaces, ils s’appellent eux-même « les grands hommes » parce qu’ils font tout de même dix pieds de haut, personne n’est mieux placé qu’eux pour savoir ce qui se passe dans le grand nord parce qu’il est impossible d’y survivre pour des hommes ordinaires. Même les magiciens ne s’y risquent pas.

— Y avait-il un magicien dans ce navire magique ? intervint Mathilde. Il en fallait bien un pour le faire venir depuis le royaume de Zaar.

— Il y en avait peut-être un, les hommes des glaces n’en parlent pas… mais il faut vraiment que j’y ailles, Frilvorg va s’inquiéter. Inutile de me raccompagner, je vois dans le noir comme un chat.

Snorri ajusta sa cape et quitta le hall avec un curieux malaise… quelque chose qu’il n’arrivait pas à identifier n’était pas normal.

Il se souvenait de son enfance où, comme Mathilde, il passait son temps à poser des questions sur tous les sujets et il agaçait les adultes jusqu’à ce qu’ils lui répondent, même quelque chose d’absurde. Son insatiable curiosité l’avait amené à devenir barde et c’est maintenant lui qui répondait à toutes les questions, ou presque…

« Bah, tant pis ! se dit-il finalement. Je finirai bien par trouver. »

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