11. Baptême de selle

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Sitôt après, une porte s’ouvrit pour Sadjia et une pour Mercedes. J’entraperçus son ESAO, un Rhino immatriculé C143. C’était un monstre de 4,5 mètres, blindé de la tête au coccyx, capable de supporter des tirs violents et de porter des charges considérables. C’était les plus grands qui avaient été construits, leur rôle d’origine était celui de démolisseurs de bunkers.

Dahlia et moi restions debout sans dire un mot, ni même nous adresser un regard, pure politesse. De leur côté Caitlin et Kirsten la Danoise non plus, la plus grande des deux n’ayant pas envie de sympathiser.

Après dix minutes, à frissonner dans le couloir, le bruit de la sellerie montant dans l’ESAO se fit entendre. Par-dessus la haute cloison, je vis le Rhino gris qui tournait ses épaules vers l’extérieur. Ses pas lourds résonnèrent dans le hangar. La porte qui me faisait face s’ouvrit et Héloïse, les yeux grands ouverts, poussa un soupir de soulagement :

— À nous ?

Elle jeta ses gants de vinyle rose dans une corbeille à UV. Sitôt que je la rejoignis, elle ferma le rideau donnant sur le reste du hangar. Je demandai en désignant les disques métalliques sous mes clavicules.

— Ça sert à quoi ?

— Il y a un laryngophone dans le col, ce qui nous permettra de t’entendre même si tu murmures, et également d’ouvrir ton ESAO par commande vocale.

— Non, mais au niveau des clavicules.

— C’est le point d’accroche des arceaux de sécurité. Le siège encaisse les chocs pour la partie dorsale. Pour l’avant c’est le gilet qui absorbe, c’est pour ça qu’il maintient tout du sternum aux épaules. Et dans sa structure, il y a un capteur de rythme cardiaque et d’amplitude respiratoire Dès que tu seras installée, j’aurai l’information et je pourrai te suivre. Allez, c’est parti pour tout régler à ta taille. Mets tes mains sur sa jambe et penche-toi un peu.

— Pour ?

— Pour t’aider.

Intriguée mais confiante, je m’appuyai sur la carcasse, dos à Héloïse. C’est alors que je sentis alors son index enduire mon anus d’huile.

— C’est nécessaire ?

— Si tu n’as jamais pratiqué par-là, il faut le détendre.

Je n’avais pas pensé me retrouver dans des situations aussi étranges en postulant. Mal à l’aise, je fixai la peinture de mon ESAO. Héloïse augmenta la pression de son doigt au fur et à mesure. J’inspirai pour oublier ce qui m’entourait, puis expirai profondément en fermant les yeux pour me concentrer sur le ressenti. Sans prévenir, le doigt fin de la gynécienne s’enfonça. Elle effectua un léger va et vient en faisant pression sur le sphincter.

— Ça va ?

— C’est OK, répondis-je les dents serrées.

— Ne le prends pas mal, c’est pour pas que t’aies mal après.

— Je sais.

Du pouce de l’autre main, elle ouvrit mes petites lèvres, ce qui me fit sursauter. Le pouce s’enfonça dans mon vagin humide. Lorsqu’elle retira ses deux doigts, elle sourit :

— Allez, j’ai dompté la bête. En place !

Perturbée par cette préparation, j’enjambai la sellerie avec hâte. Je calai mon dos contre le dossier, écartai mes pieds pour être à la hauteur du premier élément. Héloïse aspergea d’huile la longue sonde puis la présenta à mes fesses. Elle glissa sans effort au sein du rectum dont les parois lui firent place, puis mon anus se referma après avoir passé le renflement de sa base. Il se trouva ainsi calé entre deux demi-sphères striées de chrome. Héloïse me sourit comme à un enfant à qui on avait promis que la piqûre ne ferait pas mal.

— Tu vois ? Ça va tout seul.

Elle changea le gant de sa main droite, puis aspergea le transmetteur vaginal, avant de s’accroupir pour ouvrir mes petites lèvres. Elle glissa la base de la sonde phallique sur le rail. L’entraxe de mon périnée déterminé, Héloïse verrouilla la vis de positionnement, puis emmena la sonde sans me brusquer, jusqu’au plus profond de mon vagin. Mes narines laissèrent échapper un soupir. Lorsque le transmetteur utérin toucha la perle du catalyseur, les yeux de l’ESAO s’allumèrent et la tablette d’Héloïse lui indiqua que de l’énergie alimentait le Furet. Elle sourit :

— Y a déjà des chevaux prêts à partir au galop. — Elle rabattit la fourche pelvienne. — C’est assez serré ?

— Je me sens calée.

— On va voir ça. Colle bien ton dos au fauteuil.

Elle tapota sur sa console et le siège se leva, faisant décoller mes pieds du sol. Mes muscles s’accrochèrent autour des sondes pour m’empêcher de vaciller vers l’avant. Une fois mon entrecuisse à hauteur de son visage, elle conclut que j’étais bien installée. Elle déploya alors le bras destiné à la stimulation clitoridienne. L’épingle en son sommet fit une pression délicate sur le capuchon, beaucoup moins agressive que celle du simulateur. Héloïse l’aspergea d’un petit jet de lubrifiant. Puis, une demi-bague métallique vînt soutenir le rubis de chair, me volant un frisson. Elle plaça un micro-entonnoir à hauteur de l’urètre, puis rangea le tuyau qui en partait le long des câbles.

— C’est ?

— Pas besoin de pause pipi.

— D’accord.

Mon clitoris maintenant emprisonné dans la bague, il ne restait plus qu’à placer les trois têtes. Le palpeur digital, le lapeur, le brosseur-vibreur. Héloïse vérifia que l’alignement de ces trois éléments était adapté à mon anatomie, puis elle remonta le carter de protection. Une caméra entourée de diode de lumière noire se situait en son extrémité. Lorsqu’elle le verrouilla, il formait un énorme renflement devant le mont de Venus. Je me sentais déjà moins exposée à la vue de la gynécienne qui descendit la sellerie et permit à mes orteils de toucher le sol.

— Bien installée ?

— Je comprends maintenant pourquoi il faut une seconde personne pour s’installer là-dedans.

— Surtout la première fois. Vas-y, grandis-toi.

— Je ne peux pas faire beaucoup mieux.

— Et bien reste comme ça.

Elle rabattit les deux bras de part et d’autre de mes clavicules et les fixa dans les deux disques prévus à cet effet. Mon dos se trouva calé à la sellerie et celle-ci se courba légèrement pour épouser parfaitement mon échine. Héloïse saisit délicatement mes tétons et les roula entre ses doigts huileux. Avant que je pusse lui demander pourquoi, elle déroula un tube souple le long de chaque arceau d’épaule. Elle posa l’extrémité froide et métallique autour de mon premier téton. Une légère dépression le maintint prisonnier. Héloïse tourna la bague de chaque embout jusqu’à ce que je sentisse un pincement léger. Quatre pétales souples disposés autour de la tête vinrent se coller sur mes seins.

— Je comprends pourquoi ça a été si long avec Mercedes.

— Et pourquoi il ne faut pas une seule gynécienne pour préparer une unité en un temps éclair. Mets la tête en arrière.

J’obéis alors que la sellerie descendait, plaçant mon visage à hauteur des épaules d’Héloïse. Elle changea de gants, puis sortit d’une boîte sécurisée et logotée C142, deux lentilles trempant dans du liquide physiologique. De deux doigts elle ouvrit mes paupières, et d’un doigt, elle apposa les lentilles une à une. Va vue fut remplacée par celle de mon Furet. Depuis sa hauteur je voyais par delà les cloison. Héloïse jeta un œil à sa tablette qui lui renvoyait la même image et confia :

— T’as de la veine, pour Mercedes, je me suis planté d’œil, j’ai dû recommencer.

Elle tapota sa tablette. Je retrouvai mas vue, mais des commandes s’affichèrent dans le vide dans un texte luminescent un peu orangé. A gauche, j’avais les canaux de communication, à droite j’avais l’armement, et en bas, horizontalement, des icônes représentant les stimulateurs érogènes.

— Vas-y, enferme-toi à bord.

En observant la fonction visible du coin de l’œil, j’ordonnai la fermeture et le verrouillage. La sellerie se hissa dans le tronc de l’ESAO, m’inclinant légèrement vers l’avant. Ma tête se retrouva dans le cou de la machine, mon nez à la limite de toucher le métal. Je passai mes bras dans ceux de métal, et mes pieds trouvèrent les pédales d’orientation. Mes doigts et mes orteils s’enfoncèrent dans les gantelets en gélatine. Le poitrail se referma, m’isolant dans le noir complet. Je déverrouillai l’accès complet en observant l’icône en cadenas. Le QR tatoué sur mon pubis fut lu et la vision panoramique inonda par mes lentilles. Ça y est, j’étais dedans ! J’étais complètement excitée d’être enfin en plein contrôle d’un véritable ESAO. Le micro de la tablette renvoya la voix d’Héloïse dans les haut-parleurs de l’habitacle :

— Regarde droit devant toi et sélectionne : option calibrer traqueur de tête.

J’obéis et la vision de l’ESAO se rajusta de quelques millimètres. Grace à un capteur infrarouge. Si je tournais la tête, il tournait également la sienne. C’était génial !

— T’es parée mon lieutenant.

Héloïse ouvrit le panneau donnant sur le hangar, et alors je me mis en marche. La sellerie qui épousait les mouvements un peu sinueux du monstre, massait agréablement mon dos. Les coussinets sous les pieds limitaient le bruit des griffes d’aciers sur le béton. Toutefois, chaque pas transmettait une vibration qui s’en ressentait délicieusement par les sondes et me donnait un sentiment de puissance. C’était mille fois mieux que ce que je pouvais fantasmer.

Héloïse me demanda via son micro-oreillette :

— Ça va lieutenant ?

— Ça va.

— OK. Je m’occupe de Dahlia. Pour le moment, il faut que tu apprivoises l’ESAO. Marche, cours, mais ne cherche pas à ouvrir le feu de tous les plaisirs.

Pourtant, que c’était tentant ! À ma gauche, un ESAO Grizzli sortit. Le matricule C145 me permit de deviner que c’était Kirsten à l’intérieur. Le Grizzli était le premier exosquelette à avoir atteint les 4 mètres de hauts, d’où son nom. Il marchait droit de manière plantigrade, ses grands doigts comme des lames de transpalettes avaient été conçu pour transporter des charges quel que soit le terrain. Il était toujours utilisé car sa robustesse et sa capacité à grimper partout le rendaient fiable.

Le grand terrain bétonné sous le ciel gris et lumineux s’ouvrit devant nous. L’ESAO Sauterelle de l’instructrice était peint en rouge. On aurait plutôt dit une mante religieuse avec un bouclier sur le dos. Elle observait à l’écart. Le Rhino de Mercedes était en train de courir bruyamment. Et le tatou rond de Sadjia tentait de faire des pas chassés, mais elle avait l’air d’avoir un peu de mal à se coordonner. Je commençai à faire tourner lentement la sonde vaginale pour faire grimper un peu le plaisir. Les protubérances me donnèrent une impression de va et vient divin langoureux. Moi qui n’avais connu qu’une carotte et mes doigts, je regrettais de ne pas avoir découvert plus tôt cette sensation qui me permit de me lancer au trot.

Contrairement au simulateur d’embauche, et ce malgré les amortisseurs, les pas de l’ESAO faisait vibrer toute la coque jusqu’au plus profond de moi. J’avais trouvé la simulation extraordinaire, mais ça n’avait rien à voir avec la réalité. La première longueur de terrain faite, je revins en me lançant à quatre pattes. Le Furet était totalement adapté à ce type de déplacement. Je terminai par une roulade, l’acier heurta bruyamment le sol avec des étincelles, puis je me tapis au sol. Je rampai alors à toute vitesse, comme un varan. Les mouvements sinueux des vertèbres du Furet me massaient délicieusement entre les omoplates et à la naissance de mes fesses. Le système alternant un contact de métal froid et un contact plus chaud m’amenèrent rapidement dans une zone de plaisir confortable. La sensation de ne faire qu’un avec l’ESAO n’était pas encore là, mais elle montait. Je bondis sur mes bras, effectuai un tour complet sur mon axe pour retomber. Le Furet était extraordinaire. L’instructrice me dit :

— OK Fontaine, je vois que tu t’adaptes vite. Tu as un drone sur batterie fixé dans ton dos. Tu dois avoir une icône représentative. Fais un essai.

Je parcourus de l’œil les menus qui flottaient devant mon œil, déverrouillai la trappe blindée entre mes épaules et fis voler le petit drone à quatre hélices. Je perdis la vue d’un œil pour observer par la caméra de l’explorateur volant. Je dominais la cour, puis me faufilai dans le hangar. Je vis Dahlia qui s’enfermait dans un Furet identique au mien. Caitlin rejoignit quant à elle la cour à bord d’un Koala. C’était un Grizzli en petit modèle transportant des civières blindées. Paksas n’avait pas attribué les exosquelettes au hasard. Le caractère social de Caitlin collait très bien à cette fonctionnalité, et elle se dépasserait si elle devait sauver quelqu’un.

Mon drone approcha de Mercedes puis revint vers les vitres de la tour située au-dessus de la salle de briefing. Je vis le colonel, Peter le second gynécien et Héloïse qui venait de les rejoindre. Je fis retourner le drone entre mes omoplates, puis évaluai les autres fonctions de mon ESAO. Chaque bras pouvait faire surgir une chaîne de tronçonneuse. D’un côté je testais la mécanique, de l’autre la rétractation des pétales qui collaient à ma poitrine et la massaient. Voilà qui n’avait rien de désagréable. Je me déplaçais toujours, testais l’aspiration de mes tétons, savourais le passage d’un léger stimulus électrique à travers eux. L’électrisation m’était inconnue jusqu’à aujourd’hui, et j’en sentis la puissance potentielle, au point qu’elle pourrait avoir l’effet inverse à celui escompté.

— OK. Fontaine, articula l’instructrice. Test d’endurance. Au pas de course pendant une demi-heure. Contrôle ton plateau.

Je me lançai, dans l’imitation de Mercedes, au milieu de nos camarades qui faisaient leurs premiers pas. Rapidement mes propres mouvements dictant au Furet les siens, je me mis à transpirer. Après cinq minutes, la fatigue avait fait descendre le niveau de plaisir à un point tel que la vitesse de mon ESAO diminua. Je testai le massage anal. Lorsque la sonde se mit à tourner lentement en même temps que celle dans mon vagin, la paroi de ce dernier se retrouva agréablement massée. Je sélectionnai le palpeur pour passer délicatement sur mon clitoris. Il fut aussi délicat que si c’était mon propre doigt. Mon esprit commença à oublier la course et l’épuisement pour se consacrer aux nouvelles sensations. Le Furet retrouva sa vélocité progressivement. C’était finalement vrai, trouver le plaisir dans l’effort était excessivement difficile. Il fallait que j’atteignisse mon plateau de plaisir. J’activai la vibration de mon transmetteur vaginal. Son effet soudain me brisa le souffle. Héloïse m’entendit et s’en inquiéta :

— Ça va ?

— Super bien.

— Si ça va, indiqua l’instructrice, tu suis le Rhino.

— À vos ordres.

La suite de la course n’était pas si anodine. Je bondissais par-dessus des bordures, slalomais entre des murs de béton, et progressivement j’apprenais à ne faire qu’une avec la machine.

— OK. Tu as dépassé la demi-heure. Marche puis arrête-toi sur le chiffre 2. Tu vas avoir des cibles. Tu dois utiliser ton arme principale.

Alors que les autres filles étaient encore en test d’endurance, le Rhino de Mercedes était déjà en place. Ses naseaux grands ouverts lâchèrent une violente lame de plasma blanche. La cible, une silhouette de Homard en carton, à deux cent mètres de là, fut aussitôt brulée et l’énergie du tir fut absorbée par le bouclier du mur qui s’illumina.

Je me plaçai et mon Furet ouvrit la gueule. Le canon se trouvait au fond entre les roues dentelées prévues pour déchiqueter les écailles de nos ennemis. Ma cible arriva sur un chariot autonome à roulettes. Grâce à mon état d’excitation à fleur de peau, il fallut quelques secondes au palpeur. Mon ventre s’écrasa, je lâchai un cri et au même moment, le rayon désintégra la cible. L’instructrice cassa la joie de ma réussite.

— Parfait, j’en veux un deuxième, rapide.

Je mis les deux sondes à vibrer l’une contre l’autre et remplaçai le palpeur par le brosseur sur mon clitoris. Les picots souples roulèrent à peine car leur effet fut immédiat. Mon corps trembla et mon tir abattit la seconde cible. Le plaisir revint si fort qu’un second rayon me vola un cri de volupté. Mes muscles se contractèrent avec force, la roulette poursuivit son chemin et je visai la troisième cible qui apparaissait. Quel orgasme !

— Ça, c’était un beau triplé, me dit Héloïse.

Une nouvelle cible se présenta, tandis que la félicité se répandait dans tous mes muscles. Je reculai et avançai pour obliger l’exosquelette à me masser les vertèbres et coupai tous les autres stimulateurs. Mon corps réclamait de la douceur. Le second tir de Mercedes décapita sa cible. Je cherchais mes sensations dans les plus infimes détails, comme les perles de sueur ruisselant sur mon ventre, le contact de la selle sous la pliure de mes fesses, puis repris le massage de ma poitrine. Déclencher un troisième orgasme me paraissait trop optimiste. Les deux premiers me délaissaient dans un état second, fort agréable, mais passif. La perle anale se rapprocha de la base de la sonde en tournant, écartant et massant mon sphincter. C’était très plaisant, maintenant que j’étais détendue. Je découvrais des terminaisons nerveuses inconnues. J’électrifiai légèrement mes tétons et l’appétit continua à grandir. Pour un troisième tir, il fallait de l’artifice. J’activai électrisation de mon clitoris et fis ressortir l’arc par la sonde anal. Le choc traversa les parois de mon vagin et la contraction me vola un cri de surprise. Le lapeur passa lentement sur mon clitoris. J’augmentai petit à petit la vitesse et ponctuai de décharges électriques. L’orgasme me poignarda une troisième fois. Cramponnée, je me laissai inonder de plaisir et mon long tir crama la cible en forme de Homard. Je l’avais moins savouré que le second, mes cuisses tremblaient de nervosité

La voix de l’instructrice m’indiqua :

— Fontaine, fin de l’entraînement pour toi.

— Je n’aurais jamais pensé le dire, haletai-je, mais tant mieux.

— Je te retrouve à ton hangar, ajouta Héloïse.

Je me relevai, savourant l’endorphine qui s’écoulait dans mes veines et me permettait de faire avancer sans effort mon ESAO. Le Furet bondit avec légèreté, jusqu’à son compartiment. Je le redressai sur deux pieds avant qu’Héloïse fermât le rideau de métal.

— C’est bon, tu peux sortir.

J’ouvris le poitrail et fis descendre mon siège jusqu’à toucher le sol. L’air extérieur glaça mon ventre brillant de sueur. Héloïse desserra les prises sur mes seins, décolla les pétales et libéra mes tétons douloureux. Le fond de l’air me parût davantage glacé. Enfin, elle débloqua le pelvis. Une pression du pouce suffit à libérer mon clitoris meurtri au creux sa bague, puis la première sonde enveloppée d’écume quitta mon vagin, suivie de sa petite sœur.

— Tu sais que t’as une paille près de la bouche si tu veux boire et que tu peux lubrifier la sonde quand tu veux ?

— Je n’ai pas encore lu le manuel.

— C’est vrai.

Je m’appuyai sur la jambe de mon ESAO pour ne pas tomber tant mes mollets étaient engourdis. Héloïse se précipita vers moi.

— Attends, j’enlève tes lentilles.

Je me figeai, ses doigts glissèrent sur mes yeux pour récupérer consciencieusement mes lentilles. Je lui fis remarquer :

— Ce serait plus simple avec les lunettes.

— Même avec la climatisation, et vous dégagez trop de chaleur lors des efforts intenses et ça créait de la condensation.

— Je comprends.

— L’adjudant-chef a dit de prendre une douche. Je laisse aérer, tu nettoieras après.

J’allais profiter d’être la première au vestiaire pour un peu d’intimité. Alors que le Rhino de Mercedes rejoignait son compartiment, je passai la porte individuelle au fond de l’atelier. J’arpentai seule le couloir sombre qui longeait le hangar en me sentant à la fois vidée et en regrettant que ça n’ait pas duré plus longtemps. Dans le vestiaire, je passai derrière la paroi de verre blanc dépoli qui séparait les casiers des douches. Je déroulai les bas détrempés et le haut de pilotage. Mon pubis était rouge, ma poitrine avait pris du relief et mes tétons étaient d’une sensibilité inconnue jusqu’à aujourd’hui. J’actionnai la douche et les jets chauds en surgirent sous pression, cinglant comme des lances. Je posai mon front contre la paroi de verre en me laissant masser. La chaleur me détendit complètement, apaisa mon cœur encore battant. J’avais passé moins d’une heure à bord. C’était ridicule quand on savait ce qui nous attendait sur le terrain. Maintenir le plaisir durant des heures était soit impossible, soit nécessitait un sacré entraînement. Je n’avais qu’à me dire que c’était le premier jour.

Je pris un peu de savon au flacon renversé dans un distributeur. Mes mains se firent très légères sur les parties intimes et la poitrine devenues trop sensibles.

La silhouette floue de Mercedes entra dans le vestiaire, deux secondes plus tard, elle me rejoignit et posa son regard sur ma peau. Mal à l’aise, je demandai poliment :

— Ça a été ?

— J’ai réussi à tirer deux fois.

— C’est cool.

Elle n’ajouta rien. Caitlin surgit avec sa bonne humeur.

— Ça a été ?

— Je pense, dis-je en rallumant les jets pour me rincer. Et toi ?

— C’était trop bon ! Je n’ai jamais joui comme ça ! C’est fait, je suis faite pour piloter un Koala. Il est fait pour moi. Et j’ai joui deux fois ! Vous avez joui combien de fois ? Allez faites pas vos timides. Une ou deux fois ?

— Trois fois, répondis-je, et Mercedes deux.

Caitlin s’esclaffa :

— Trois ?

— Et au deuxième, elle a touché deux cibles, dit Mercedes.

— Toi aussi t’es faite pour ça.

Je haussai les épaules, rinçai mes bas qui trempaient dans le savon, puis quittai les douches pour retourner vers mon casier. Je croisai Sadjia aux yeux qui fixaient le néant. J’accrochai ma tenue à l’intérieur afin qu’elle séchât, puis empoignai la serviette blanche pour m’éponger. Ma brosse à cheveux était à l’étage, il allait falloir que je la descendisse après le débriefing. Caitlin accueillit avec enthousiasme Sadjia qui lui confia être secouée. Puis Kirsten entra à son tour, il ne manquait que Dahlia.

Cette dernière ne nous rejoignit qu’après que Mercedes et moi fussions déjà en uniforme. L’instructrice lui emboîta le pas. Cette dernière n’avait pas transpiré, elle se dirigea directement vers son casier pour s’habiller. Au passage, elle dit à Mercedes et moi :

— C’est un très bon premier jour.

Elle ouvrit son armoire puis haussa le ton à l’attention des autres :

— Il vous reste dix minutes pour atteindre la salle de débriefing !

Mercedes et moi nous levâmes de concert, puis nous allâmes nous asseoir dans la salle. Comme nous étions seules, et bien que le silence ne m’inconfortait pas, mon cœur joyeux ne pouvait pas s’empêcher de partager son ressenti. Je murmurai :

— C’était un truc de dingue !

Mercedes regarda devant elle mais sourit. Le colonel descendit de la tour puis elle s’adossa à son pupitre et me confia :

— On aurait cru que ce n’était pas la première fois que vous pilotiez.

— J’ai trouvé que les sensations étaient naturelles.

— Parce que vous avez accepté ces sensations avant même d’être à bord. Il reste du chemin pour être une pilote opérationnelle, mais vous êtes faite pour. Quand je vous vois, je repense à mes débuts. Comme vous, je ne me suis pas engagée par défaut. J’avais vraiment dans l’idée que c’était une expérience qui me plairait. À l’époque, il y avait surtout des hommes qui s’engageaient. Faire un carnage avec sa bite, quelle plus grande fierté ? Les femmes, dès le début on a eu cette étiquette de mal-baisées.

— Rien n’a changé, donc, commenta Mercedes.

— Si. Aujourd’hui, c’est prouvé que nous sommes meilleures qu’eux dans un ESAO. Ça brise leur ego. Et les starters prostatiques pour accélérer leur capacité de régénération n’ont jamais eu bonne publicité, donc il reste surtout des femmes.

Les autres filles nous rejoignirent avec l’instructrice. Cette dernière prit une pile de feuillets tactiles et nous les distribua. Il s’agissait des manuels correspondant à nos ESAO. Le mien est un F11.17, autrement dit la 17ème version du 11ème modèle d’ESAO pour femme.

— Vous avez jusqu’à ce soir pour potasser le fonctionnement de vos ESAO et si vous ne trouvez pas de réponses à vos questions, vous pourrez me les poser demain.

— Un commentaire sur l’entraînement, peut-être ? suggéra le colonel.

— Chacune a réussi au moins un tir, donc c’est une bonne journée. Nous avons eu des sessions plus lentes à la détente. Mais il faut que l’ESAO devienne une seconde peau, donc ne vous sentez pas trop sereines tant que ce n’est pas le cas. Demain, huit heures en tenue de sport à côté du magasin. Ayez un uniforme propre au vestiaire pour ne pas perdre de temps. Bonne soirée.

Le colonel hoche la tête. Nous nous levâmes. Caitlin demanda :

— On se retrouve pour dîner ensemble ? A dix-neuf heures ?

Nous acceptâmes toutes.

— Je vais réviser dans la chambre, me dit Mercedes.

— OK. Je vais voir mon ESAO.

Nous nous séparâmes et l’instructrice m’interpella :

— Vous n’oubliez rien, Fontaine ?

Le nettoyage du vestiaire me revenant en mémoire, je lui répondis :

— Montrez-moi où sont les produits.

Elle me précéda dans le vestiaire. Je posai mon manuel sur mon casier et elle ouvrit un placard encastré. Il y avait plusieurs chiffons.

— Sol immaculé, et plus une goutte ni sur la vitre, ni sur les chromes.

— Oui mon adjudant.

Elle opina du menton, confiante, mais ajouta en quittant la pièce :

— Je contrôlerai.

Une demi-heure après, j’avais enlevé tous les cheveux qui obstruaient les siphons, essuyé tous les chromes, passé le désinfectant et la raclette sur la vitre dépolie et sur le sol. L’instructrice me rejoignit alors que je rangeais les outils. Elle esquissa une moue admirative.

— Je pense que le courant va bien passer entre nous, Fontaine. Continuez comme ça.

Je la saluai, puis je longeai le couloir de service afin de retrouver mon Furet fermé. Héloïse avait fait son nettoyage à ma place. Je m’assis sur la servante d’outillages, croisai une jambe en observant celui qui m’avait fait me sentir plus vivante que jamais. Je me sentais déjà attachée à lui. Mes mains allumèrent le feuillet transparent. Chapitre 1, le tableau de bord.

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