23. Rallye lunaire

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Il était cinq heures du matin quand nous arrivâmes par le couloir, nues dans le froid de l’aube. Héloïse me dit :

— J’installe Mercedes en premier, et j’arrive.

Sans un mot, je passai la porte menant à mon furet. Pas besoin d’une assistante pour me mettre un gode. J’ouvris la mallette des lentilles posées sur la servante, puis je les appliquai sur les yeux.

— Ouverture.

La selle descendit, et j’aspergeai de spray les deux sondes. Délicatement, je m’installai en savourant la pénétration délicate. L’anus ne me laissait plus de sensation désagréable, le vagin se régalait. Les commandes en réalité augmentées se dessinèrent devant mes yeux. L’anneau dégagea mon clitoris que j’aspergeai de lubrifiant glacé, je calai l’aspirateur à urine, puis je verrouillai le pelvis. J’accrochai les arceaux, ensuite je tirai les bagues à tétons qui dardaient tant de froid qu’il fût aisé de les y bloquer.

— Je vais sur la piste ! criai-je.

— Attends ! Il faut que j’ajoute des accessoires ! hurla Héloïse.

Et merde ! Ma pudeur était abritée par l’ensemble de stimulateurs, mais mes fesses grelottaient à l’attendre Héloïse. Mercedes lâcha un cri de surprise. Le bruit de la sellerie qui remontait dans le Rhino cassa le silence, et la gynécienne arriva enfin.

— Déjà installée ?

— Je préfère me débrouiller toute seule.

— Alors désolée, mais je vais t’installer ça.

Elle présenta des patches ronds.

— C’est quoi ?

— Des électrostimulateurs, réglés à une intensité douloureuse. Les rayons lasers qui vont toucher la carcasse de vos ESAO seront inoffensifs. Ces patches vont provoquer un stimulus pour que vous preniez le danger un peu au sérieux, et ils résistent à la sueur.

Elle appliqua quatre autocollants sur mon ventre, un sur le côté de chaque fesse, puis un sur le côté de chaque épaule.

— Test.

Une violente décharge traversa brutalement les huit stimulateurs, resserra mes membres contre moi-même et m’arracha un cri de douleur.

— Putain ! Ça nique !

— Choc aux jambes, ce sera dans la fesse, choc au bras, ce sera aux épaules, et choc au corps, ce sera au ventre. Bon rallye !

Heureusement, la sensation de la sonde dans mon vagin provoquait encore quelques sensations et chassa l’éphémère décharge reçue. Il suffirait de ne pas me faire toucher. Mon impatience ordonna à la selle de me remonter dans l’habitacle calfeutré de mon Furet. La satisfaction des échanges de la veille avec les Lionnes me fit sentir particulièrement à l’aise dans ma peau d’acier. J’avais déjà envie de sentir mes doigts glisser sur mon ventre et à l’intérieur de mes cuisses. Je me mis en marche, pour sentir bouger en moi les sondes, et apprécier les vibrations des pas à travers tout mon corps. Je demandai à Mercedes :

— Une belle journée pour courir, non ?

— Je me sens plutôt en forme. Rencontrer les Lionnes m’a bien remonté le moral.

Les deux transporteurs fredonnèrent au-dessus la zone d’entraînement, nous faisant lever la tête. La voix d’Orinta Paksas parvint à nos oreilles :

— Muñoz, Fontaine, j’espère que vous avez bien dormi. Comme convenu, course sur la surface lunaire. Gravité réduite, effort réduit, cependant le parcours fait quatre cent kilomètres. Comptez sept à huit heures, davantage si votre excitation n’est pas optimale. Notez bien l’importance d’être à l’écoute de votre corps. Sur la Lune, il n’y a aucune atmosphère. Si vous perdez trop d’énergie, le maintien interne de la température et le recycleur d’oxygène passeront sur le réseau secondaire et leur autonomie en sera affecté. Carlier et moi-même suivrons toute la course depuis Luxembourg, vous serez donc livrées à vous-même.

— C142, bien reçu, répondis-je. Bonne journée, colonel.

— C143, bien reçu. Bonne journée également.

Le transporteur m’accrocha, puis m’emmena au-dessus du sol. Les immeubles illuminés de la capitale inondèrent de couleur les yeux de mon ESAO. Les pétales massaient délicatement ma poitrine. Dire qu’il y avait de ça encore quelques jours, je détestais mon bonnet A. Je me retins de tout autre stimulus, pour être économe. Focus sur mon ressenti pour maintenir l’ESAO en fonction. Mercedes marmonna :

— Très rassurant son discours.

— C’est un exercice, on ne nous laissera pas mourir.

— Tu prends trop d’assurance parce que ce sont des entraînements. Si ça se trouve, face au danger réel, tu n’arriveras plus à faire ce que tu fais.

Héloïse intervint :

— Mercedes marque un point.

Luxembourg s’éloignait pour devenir une tâche mouchetée de lumières, à côté des zones dévastées et noires de l’Europe de l’Est. Le vent sifflait le long de la carcasse. Immobile dans mon habitacle, je savourais le confort de sa température tiède. La courbure de la Terre qui se dessinait, de quoi faire sentir claustrophobe certaines pilotes. Le massage lent et délicat de mes seins suffisait à me sentir apaisée et en désir. L’impesanteur s’en ressentit dans mes organes. Je tombai en amour devant l’espace constellé, par la vue de la Terre partagée entre ombre et lumière. Ce bleu si magnifique, ça valait toutes les photos !

— Ça y est, nous sommes dans l’espace, commenta Mercedes.

— Je mouille rien qu’à voir la Terre.

— Tu commences à parler comme une Lionne.

— Pourquoi utiliser des mots détournés ou faire d’un tabou ce simple fait ?

— Bonne question.

L’accélération sans bruit du transporteur rompit la conversation.

Il fallut bien deux heures pour nous approcher de la Lune. Je bougeais de temps en temps bras et jambes pour m’étirer. La gigantesque sphère grise sous le soleil se rapprochait rapidement. La décélération fut puissante et me plaqua contre les vertèbres mécaniques. Notre visée afficha le point de départ par un losange rouge. Alors que nous survolions les reliefs émoussés d’un cirque, la voix d’Héloïse nous réveilla :

— Largage dans trente secondes.

— C142 parée.

— C143 parée.

— Ouverture des parachutes gravitationnels à cinq cent mètres.

Sans prévenir, les transporteurs nous lâchèrent au-dessus des montagnes. L’accélération se fit beaucoup moins violente que sur Terre. L’altitude défila sous mes yeux. Cinq cent mètres ! Je déployai mes quatre bras antigravitations. Leur puissance était telle que nous nous posâmes au sol en toute délicatesse, à deux mètres d’un pieu clignotant planté dans le sol. Nos pieds soulevèrent un tourbillon de poussière grise. C’était l’extase ! C’était magnifique !

— Rends-toi compte, nous marchons sur la Lune !

Mercedes marmonna un acquiescement avant d’articuler :

— Chouette, pas d’atmosphère et que de la poussière.

— C142 à commandement, nous sommes à la balise de départ.

— Ici le colonel Paksas. Nous recevons l’image de ce que voient vos ESAO en différé de quelques secondes. Nous suivrons votre parcours par satellite en parallèle. Je lance le chrono sitôt que vous bougez.

Je tournai les yeux vers le nouveau losange apparu sur mon afficheur à cinquante kilomètres.

— Prête ?

— Prête.

Nous nous élançâmes en direction du premier check-point dessiné dans notre champ de vision. Les vibrations de mes pas faisaient vibrer délicieusement l’ensemble de l’ESAO, mais aucun son extérieur ne me parvenait malgré la proximité de Mercedes.

Les deux premiers points de passages validés, nous avions parcouru cent kilomètres. C’était bien pire que de l’endurance. Les démultiplicateurs de force avaient beau porter l’exosquelette, il fallait bien générer les mouvements par ceux de nos propres membres. Les vibrations lourdes de mes pas se mêlaient aux battements de mon cœur et à ma respiration bruyante. Essoufflées, nous fîmes une courte pause près de la balise plantée. Le soleil était haut et les ombres courtes. Le paysage désolé me rendait heureuse, tandis que mon équipière n’y voyait qu’un horizon de mort. Par-delà ma respiration, il me semblait entendre chaque élément interne de l’exosquelette, de sa sellerie ou de mes propres organes. Mercedes soupira :

— Test d’endurance, ça porte bien son nom !

— Tu t’en sors bien, on a une bonne cadence.

— Pas vraiment, ça fait bientôt trois heures. Je suis plus lourde que toi.

— Si tu savais comment je transpire. Je suis obligée de fermer les yeux, sinon ça me pique.

— Moi aussi. Mais ça ne décolle pas les patches de douleur.

— Elle m’avait dit que ça collait bien.

Au loin, notre direction nous conduisait vers zone escarpée. Nous obliger à passer près d’une balise était l’idéal pour nous tendre un piège. Je demandai à ma partenaire :

— Prête ?

— Prête.

Elle se lança en première. Je cherchai ma liste de fonction, injectai un peu de lubrifiant par chacune de mes sondes internes, puis activai leur rotation. Quel régal ! Je me lançai sur les traces de Mercedes et la rattrapai à grandes foulées à quatre pattes. Nous dévalâmes la dune en silence, dans une traînée de sable gris.

Alors que nous parvenions au bout d’un grand cirque j’accélérai les sondes pour plus de plaisir et déployai mon drone. Ses petits réacteurs le propulsèrent bien en amont de nous. Derrière la première crête, un goulet, et trois robots nous attendaient avec des armes. Il s’agissait d’espèces de quadrupèdes tout-terrain avec des cibles en acier en forme de Homard, équipés avec des canons à hauteur de bras. L’idée d’un peu d’action aiguisa mon appétit sexuel.

— Nous avons trois robots en guet-apens. Laisse-moi le temps d’escalader la crête par le flanc. Ensuite, tu passes en courant, ça les aligne, et moi je les détruits à distance.

— Ça marche, moi je ne me sens pas capable de faire feu.

Je m’éloignai, orientée par mon drone et je contournai l’accès principal à la crête. J’escaladai en restant près du sol et en laissant le palpeur stimuler mon clitoris comme il se devait pour un tir franc. Pour un plaisir plus profond et long, j’activai les vibrations de la sonde vaginale, suffisamment pour balayer les trois s’ils ne se plaçaient pas en ligne.

J’observai le premier d’entre eux, tourné vers la route, prêt à cueillir Mercedes. En voyant son Rhino approcher, je lui dis, la voix saisie par la montée du plaisir :

— Prends le goulet à gauche et fonce à toute vitesse comme si tu voulais revenir vers la plaine, il va te prendre en chasse.

— Je te fais confiance, ne foire pas.

Fiévreuse, sentant mon corps répondre présent, je stoppai le palpeur et les vibrations. Il ne restait que le pivot des sondes sur leur axe. Aussitôt que Mercedes passa, celui que j’observais se lança à sa poursuite et les deux autres lui emboîtèrent le pas. Ils étaient presque en ligne ! Mes sondes se mirent à vibrer, mon palpeur écrasa mon clitoris. Je lâchai un couinement de plaisir. Tant pis si on m’entendait. Mon ventre se serra, mon rayon frappa le dos du premier, puis le second. Le troisième s’esquiva comme un crabe, je le suivis de la tête et mon jet de plasma découpa sa silhouette. Haletante de plaisir, me régalant de l’extase qui m’inondait, je repris mon souffle avant de parler :

— Tu peux revenir, ils sont complètement grillés. Ça c’était bon !

Mercedes fit demi-tour, tandis que je me laissais glisser sur le flanc de roche. Je passai à côté des quadripodes armés.

Nous traversâmes la crête. Mercedes me confia :

— Tu vois, t’entendre jouir, ça m’a excitée. Ça commence à venir.

Un laser passa juste devant mon nez. Je repérai aussitôt deux robots tapis sous la régolithe relever brutalement leur silhouette d’acier. Je bondis de plusieurs mètres et lui criai :

— Ben profites-en !

Les rayons fusaient sans bruit autour de moi, je tentais des esquives latérales puissantes grâce à la faible pesanteur. Cinq secondes plus tard, Mercedes cria sans gêne, le Rhino cracha sa puissance sur le premier attaquant. Lorsque son orgasme cessa, Mercedes sauta sur le second ses poings le fracassèrent. Elle le coucha, l’emplafonna contre le sable, puis leva les bras au ciel.

— Là, j’ai pris mon pied !

Je tapai son épaule et l’invitai à poursuivre. Nous dévalâmes l’autre face de la crête et nous lançâmes à travers la longue plaine. Les enjambées du Rhino semblaient plus légères, menées par l’endorphine, alors je m’adaptai à lui en poursuivant à quatre pattes. Mon drone revint se mettre en place entre mes omoplates. Les ombres des rochers commençaient à s’étirer et la Terre apparaissait magnifique dans le ciel.

Nous courions inlassablement. Nos pensées étaient centrées sur notre désir intime. Les mouvements de nos jambes et de nos bras se faisaient par automatisme. Plus qu’un check-point avant la fin. La voix de Paksas résonna dans mon habitacle :

— Commandement à C142. Je ne doute pas de vous voir arriver jusqu’au bout. J’ai coupé temporairement la communication avec C143. Je vais vous demander de ralentir progressivement, de simuler une absence d’énergie et de tomber.

— À vos ordres.

— Je remets la communication dans deux secondes.

Je ralentis mes pas et murmurai :

— Je sens que le plaisir m’abandonne.

— Arrête ! protesta Mercedes. On arrive à la fin ! Ce n’est pas toi qui va lâcher !

— Jouir quatre fois de suite, je peux, mais ressentir du plaisir pendant huit heures, c’est au-dessus de mes forces.

Je m’effondrai. Mercedes ne m’entendant plus, elle questionna :

— Clarine ? — Elle se retourna. — Clarine !

Elle se précipita dans ma direction. Ses bras me soulevèrent puis elle repartit en courant.

— C143 à commandement, on a perdu C142, elle est à court d’énergie ! Si on n’intervient pas à temps, la température de son habitacle va chuter, et son oxygène ne sera plus recyclé.

— Gardez votre calme C143. Il ne vous reste qu’une demi-heure à parcourir à cette allure. Si vous restez concentrée sur votre ressenti, vous la sauverez.

— Tiens bon, ma chérie.

Mercedes semblait accélérer. Je regardais défiler le paysage lunaire, ballotée dans les bras du Rhino, tout en observant l’heure. Je portai ma bouche à la paille et bus une gorgée d’eau. Les secousses n’étaient pas désagréables, elles changeaient de mon propre rythme, et je pouvais me reposer, tout en interrogeant mon corps. La fatigue était là, mais mon sang fourmillait toujours dans mon pubis et mes seins étaient gonflés.

Moins de vingt minutes plus tard, nous parvînmes au dernier check-point, là où étaient stationnés nos deux transporteurs. Bilan : huit heures et cinquante et une minutes de course, et au moins trois injections de lubrifiant.

Mercedes s’écria :

— Commandement, vite rapatriez-nous.

— C142, vous pouvez cesser la comédie, répondit le colonel

Je me redressai et tapotai la carcasse du Rhino.

— Merci de m’avoir portée.

— Oh la salope ! C’était un coup monté !

— C’est moi qui lui ai donné cet ordre pour l’exercice, indiqua le colonel.

— Je savais bien que tu ne pouvais pas perdre de l’énergie ! Pas toi ! C’était impossible !

— Tout est possible.

Elle donna un coup de poing amical sur mon épaule d’acier, puis déclara avec impatience :

— Allez ! On rentre ! J’ai méga faim !

Les transporteurs soulevèrent le sable lunaire dans un nuage de poussière. La vue brouillée par la tempête grise, nous nous laissâmes accrocher. L’aimant fit résonner l’intérieur de mon ESAO, puis nous décollâmes. Le paysage désolé rapetissa petit à petit. Rapidement, l’impesanteur se fit sentir. Mercedes confia :

— Comment je vais être heureuse de retrouver le régiment !

— Il faut encore survivre au vide spatial, dis-je.

— Je peux bien tenir encore quelques heures.

Comme elle le disait, encore quelques heures à rester centrée sur les sensations, à varier les sources de plaisir pour les faire durer.

Lorsque nous parvînmes au-dessus de la Terre, l’Europe était à nouveau plongée dans la nuit. Nous profitâmes de la couronne lumineuse encore quelques minutes, alors que nous pénétrions dans la stratosphère. Le frottement de l’air vînt meurtrir le silence apaisant qui nous avait enveloppées presque douze heures. Les flammes se dessinèrent sur les angles de nos armures depuis la pointe du fuselage des appareils. Mon indicateur de température s’afficha car il approchait de la zone critique. La voix d’Héloïse nous informa :

— Autorisation de survol de Luxembourg autorisée. Largage dans soixante secondes.

— C142 parée.

— C143 parée.

— Parachute à deux mille mètres. Merci de ne pas vous écarter de la voie aérienne, sinon, vous serez accueillies par des missiles sol-air.

— Youpi ! ironisai-je.

Réellement, j’étais ravie de refaire un saut d’aussi haut. Je kiffais les sensations fortes. La voie apparût comme un enchaînement de losanges rouges. Nos taxis nous larguèrent. L’accélération brutale vers le bas m’arracha un cri de surprise. Sitôt la frayeur passée, je m’allongeai dans le ciel pour fondre la tête la première vers la cité luxembourgeoise.

Deux mille mètres au-dessus du niveau de la mer, nous ouvrîmes nos demi-arceaux anti-gravités. La chute ralentit, puis nous planâmes tel des oiseaux de proie gigantesques au-dessus des buildings. Les publicités holographiques et colorées devinrent discernables, mais pas encore les gens.

Nous parvînmes au-dessus de la zone d’entraînement, nous accentuâmes la descente. Sereines, le cœur enivré de la chute, nous posâmes nos pattes d’acier sur le béton. Le bruit me rappela que nous étions revenues sur Terre. Héloïse nous dit :

— Je vous attends à vos hangars. Le colonel vous débriefera demain. Je commence par qui ?

— Par moi, s’il te plaît, répondit Mercedes. Faut que je sorte de là.

La réponse me surprit, moi qui me sentais comme dans une deuxième peau. Les pas lourds du Rhino s’éloignèrent et Héloïse ferma le rideau d’acier. Je m’isolai dans mon compartiment. La dépressurisation fit entrer l’air froid qui glaça brutalement la pellicule de sueur. Ma selle s’abaissa dans la fraîcheur urbaine. J’inspirai néanmoins à plein poumons avec plaisir, me rendant compte que je respirais de l’air vicié depuis trop d’heures.

Je débranchai d’abord mes seins que le froid vînt mordre Mes épaules libres des arceaux, je déverrouillai le pelvis de polymère. Le froid s’engouffra entre mes cuisses. Sitôt mon clitoris libéré de sa bague, le reste n’était que formalité. Les sondes me quittèrent l’une après l’autre, me laissant une sensation de vide et de légèreté. Il ne restait plus qu’à enlever ces patches à douleur qui, heureusement, n’avaient pas servi. Je rangeai précieusement les lentilles dans leur étui tout en tremblant de froid. Impossible de passer un ongle sous un seul de ces fichus patches. La porte s’ouvrit me faisant sursauter, et Héloïse s’avança vers moi à grands pas.

— T’aurais dû rester au chaud.

— Hmm.

Elle pose une clé au centre du patch, et celui-ci se décolla. Elle le reproduit et chaque rond laissa une petite marque de morsure rouge.

— Dès que t’es douchée, on mange dans la salle de briefing.

— Il n’y a pas les autres ?

— Non, elles doivent dormir. Tiens, du gel calmant si tu veux calmer l’afflux sanguin.

Je m’engouffrai dans le couloir, l’esprit ressassant les dernières heures. Avant de pousser la porte du vestiaire. Mercedes était déjà sous la douche. Je la rejoignis, elle me jeta un regard avant de me dire.

— Je sens que tu ne vas pas aller au bout des quatre mois.

— Pourquoi ?

— T’es trop douée, ils vont t’envoyer direct en mission.

— T’as réussi aussi bien que moi.

Une douche chaude et parfumée, c’était exactement ce qu’il me fallait. Le temps s’écoulait toujours trop vite quand on était sous la douche, mais putain que ça faisait du bien ! Toute l’énergie maintenue s’évapora en un rien de temps, laissant la place à un relâchement complet. Seuls mes yeux brûlaient un peu, irrités par l’utilisation prolongée des lentilles. L’eau coupée, la peau détendue de chaleur, je débouchai le tube que m’avait passé Héloïse. J’appliquai le gel calmant sur mes petites lèvres et une sensation glacée me saisit aussitôt.

— Putain ! C’est froid !

Mercedes esquissa un sourire amusé.

— Ça va passer, c’est un anesthésiant. Pendant plus de cinq heures, tu ne vas plus sentir ta chatte. Par contre, rince-toi la main si tu ne veux pas perdre tes sensations.

Je rinçai mes doigts rapidement, tandis que naissait entre mes cuisses la sensation que mes chairs se rétractaient, comme si elles rétrécissaient pour fuir le froid. Quelques secondes après, le fourmillement disparu. Je ne sentais plus le contact de mes doigts sur mon clitoris devenu petit et dur.

— Trop bizarre.

Un quart d’heure plus tard, uniforme revêtu, béret sur la tête, nous retrouvâmes la gynécienne qui nous dit :

— Repas froid, désolée, les copines.

— M’en fous, j’ai trop faim, répondit Mercedes déjà en train de s’empiffrer de céleri rave.

Assise, je demandai :

— Elle a dit quoi Paksas ? Elle a vu toute la mission ?

— Elle est un peu déçue que vous ayez anticipé l’embuscade. Elle pense que ça vous a été soufflé par les Lionnes. Mais elle est très contente de la stratégie que tu as décidé d’employer. Et elle a dit aussi que vous commenciez à prendre du plaisir par automatisme, et Mercedes a réussi à accélérer tout en ayant le stress de te croire en train de mourir. Ça, ça veut dire que t’as séparé tes émotions de tes sensations.

Mercedes dressa les épaules et sourit fièrement en s’en rendant compte. Héloïse se prépara une tartine et conclut :

— Paksas brûle plein d’étapes de formation avec vous. Vous êtes douées.

— C’est grâce à Clarine. Une pure nympho, se moqua Mercedes.

— Moi ? ! m’exclamai-je en singeant Dahlia. Je n’éprouve pas de plaisir, juste des contractions douloureuses.

Elles rirent.

Le repas s’avéra plus frugal que prévu, nos estomacs trop épuisés pour s’empiffrer. Lorsque je regagnai la chambre, les yeux écarquillés et fixes de fatigue, c’est la tête pleine d’images de la Lune, emmêlées des sensations lointaines de l’habitacle, enfiévrées par le silence permanent qui me faisait entendre mes propres sons internes.

Les autres filles dormaient à poings fermés. Je troquai mon uniforme pour mon débardeur de nuit. Je grimpai sur la couchette, et mes bras rabattirent la couverture mollement par-dessus mes épaules. À plat ventre, je rêvai d’y retourner.

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