53. Autres Préparatifs

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Dixième jour de voyage. J’avais imaginé tant de fois la mission que je ne savais plus si j’étais anxieuse ou excitée à l’idée de la vivre.

Je me présentai à l’infirmerie, pour prendre la suite de Mercedes. Kylie se trouvait dans le corridor, et je m’étonnai :

— Tu n’es pas encore passée ?

— Si, j’attends Mercedes.

Elles étaient devenues très bonnes amies. Je n’eus pas le temps d’approuver que la porte s’ouvrit. Mercedes me sourit, puis son visage s’illumina davantage en voyant Kylie. L’Américaine me salua d’un ton chantant :

— À tout à l’heure !

Elles s’éloignèrent toutes les deux. J’entrai et fermai la porte de l’infirmerie. Je dis à Héloïse :

— Il ne reste plus que moi.

— J’ai gardé la meilleure pour la fin.

Je ne sus quoi répondre. Alors je me déchaussai et ôtai ma culotte et mon treillis d’un même geste. Je m’allongeai, confiante, et ouvris les cuisses sans presque plus de pudeur vis-à-vis d’Héloïse. Malgré l’espacement avec le dernier contrôle, c’était devenu une habitude. La gynécienne s’assit, releva mon t-shirt et plaça ses pouces gantés sur les bords de mes lèvres. Avant qu’elle ne posât la question, je lui dis :

— Urines et selles normales, pas de douleur bizarre.

— Alors ? Prête ?

— Carrément prête.

Elle écarta délicatement mes premières lèvres, ses majeurs se posèrent à l’orée de mon vagin et appuyèrent délicatement vers l’extérieur pour m’ouvrir légèrement. Héloïse m’observa dans un silence apaisé, faisant oindre ma moiteur. Un de ses doigts glissa, fit apparaître brièvement le dard de mon clitoris. La bouche sèche, je ne pouvais nier que sa douceur faisait de l’effet. Héloïse tendit le bras vers le speculum désinfecté. Elle le présenta et le glissa sans l’avoir lubrifié au préalable. De sa lampe, elle contrôla brièvement la position du catalyseur utérin, puis elle retira son instrument. Elle le remplaça par son majeur que mes muscles écrasèrent sans qu’elle n’eût besoin de le demander. Elle fit la remarque :

— Je te trouve détendue.

— Je le suis.

— Remonte les genoux.

Ses phalanges se retirèrent de mon intimité, ses pouces étirèrent délicatement mon anus, mais m’épargnèrent la pénétration. Elle conclut en jetant ses gants :

— OK pour moi.

Une étrange frustration frissonna le long de ma peau.

— Déjà ?

— Oui pourquoi ?

— J’en avais un autre souvenir.

— J’avais un peu personnalisé. Désolée.

Je la dévisageai en me plaçant sur les coudes, hésitante entre mon excitation et la bienséance.

— C’était un très bon souvenir… comme le massage sous la douche. — Elle rougit. — J’aime bien tes doigts.

Elle mit une nouvelle paire de gants, et voyant que je ne m’enfuyais pas, elle reposa ses pouces de part et d’autre du mon Mont de Venus pour les resserrer tendrement. Je reposai ma tête en arrière. Je n’étais pas romantique pour un sou, mais en revanche, je savais ce que mon corps aimait. Et Héloïse commençait à me connaître. Ses pouces étirèrent mes chairs, son souffle tiède flatta mon rubis quelques secondes. Puis elle se leva. Elle trempa un à un ses doigts dans mon vagin, en commençant par l’auriculaire, puis le remplaçant par l’annulaire. Lorsque le pouce fut entré, il y demeura, et son majeur glissa par mon anus. Sa main libre se posa sur mon pubis et commença un massage. Je soupirai sous l’assaut du plaisir. Les yeux d’Héloïse scrutaient mon visage à chaque seconde, adaptant le massage en surface et le mouvement de ses doigts à l’intérieur. Lorsque les premiers spasmes m’échappèrent, son pouce libre s’appuya sur la capuche de mon clitoris. Je me fichais bien des sentiments, à cet instant, c’est mon corps qui me commandait. Et tout ce qu’il voulait c’était un orgasme explosif. Héloïse le lut, et par malice, elle ralentit ses mouvements chaque fois que ma gorge échappait un gémissement.

— S’te plaît, continue, la suppliai-je.

Sa main droite quitta mon pubis et se posa au-dessus de mon épaule. Son visage se pencha au-dessus du mien et elle me sourit :

— Je pourrais te demander ce que je veux, hein ?

Son pouce gauche quitta mon vagin, remonta sur mon clitoris. Je me cambrai de plaisir. Je crus qu’elle allait me faire chanter, mais elle poursuivit sa danse digitale autour de mon rubis. Mon dos refusa de redescendre, tous mes muscles bandés à en être douloureux. Puis l’orgasme m’emporta, je tremblai, mes fesses retombèrent sur le banc puis se tétanisèrent à nouveau sous ses yeux gourmands. Le frisson délicieux parcourut mes nerfs, je repris doucement ma respiration. Son majeur quitta mon sillon fessier. Sa première main caressa mon front tandis que la seconde apaisait mon pubis d’un pianotage léger. Je gardais les yeux clos, cherchant à qualifier ce qui venait de se passer. Pour la première fois, j’avais laissé une tierce personne me procurer du plaisir jusqu’à l’orgasme. L’affection que les mains d’Héloïse me transmettaient me troublait. Il faudrait bien, un jour, que je lui rendisse la pareille, outre ma réticence. Le silence entre nous était à la fois calme, et à la fois pesant, car jamais je ne l’avais laissée franchir un tel cap.

J’ouvris les yeux lorsqu’elle me quitta pour jeter ses gants. Je me demandais à quoi elle pensait, comment elle voulait que je réagisse. Je m’assis et lui demandai :

— Tu m’aurais demandé quoi, si t’avais été sadique ?

Elle haussa les épaules. Je m’essuyai, et descendis pour enfiler mon treillis. Malgré qu’elle eût le dos tourné, elle ne put dissimuler un soupir. Je me chaussai, passai mes bras autour d’elle et posai ma joue contre sa nuque.

— C’était très agréable. Je te revaudrai ça.

— On a un peu de temps, murmura sa voix étouffée.

Elle maintint mes mains pour m’obliger à rester. Un câlin, c’était le minimum que je pouvais lui donner. Je tentai de deviner son état d’esprit, de comprendre ce qu’elle ressentait ou pensait à cet instant. J’ignorais jusqu’à ce qu’elle pût attendre de moi. Après une longue minute, elle ôta son t-shirt de sa ceinture et guida mes mains sur sa peau. Je caressai son ventre brûlant, remontai jusqu’à son soutien-gorge. Elle chuchota :

— Ne t’arrête pas.

Mal à l’aise, je pétris doucement ses seins. Un soupir détendu me rassura sur son ressenti. Après une nouvelle minute, elle déboutonna son pantalon, et me guida. Lorsque mes doigts trouvèrent sa culotte, fendue d’humidité, elle me laissa libre de choisir. J’inspirai profondément, me sentant redevable, et je caressai le sommet de son pubis, sans passer la frontière du coton. Ses soupirs se multiplièrent rapidement, m’invitant à poursuivre. Ce n’était pas pire que me dénuder la première fois pour le simulateur, et au moins j’avais la sensation de payer ma dette. Ses couinements nasillards lui échappèrent, m’indiquant la cadence à maintenir. Son souffle s’étiola, son corps se banda dans mes bras, ses mains cramponnées à la paillasse. Deux autres spasmes plus tard, son souffle s’apaisa, je retirai ma main.

Son menton se tourna vers son épaule pour me regarder. Elle ne vit que mon visage fermé, alors elle referma sa ceinture en souriant. Lorsqu’elle se tourna, elle me confia :

— Merci.

— Du moment que ça t’a plu.

Elle roula des yeux :

— Carrément !

Elle approcha ses mains de mon visage et avança la bouche. Je la repoussai calmement :

— Attends, attends…

— Juste une fois, s’il te plait.

Je ne me sentais pas l’envie d’aller plus loin, cependant je n’avais pas envie de lui dire qu’on restait meilleures amies. Je reculai vers la porte et j’éludai :

— Laisse-moi le temps.

— D’acc.

Je passai la porte, et sitôt qu’elle fût fermée, j’entendis Héloïse lâcher un cri de victoire.

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