Les couloirs de Poudlard, d’ordinaire si vivants, résonnaient d’un silence pesant. Le cours de sortilèges avait laissé derrière lui un sillage d’agitation.

Tout le monde l’avait vu : Sophie Foster, nouvelle venue, avait désarmé Draco Malefoy avec une telle facilité que même les élèves de sixième année en avaient pâli.
Et tout le monde l’avait remarqué : Harry Potter n’avait pas été lui-même.
Ni durant le duel.
Ni après.

Et ce malaise… se répandait comme une poudre noire sous les semelles.

Fitz vs Harry

C’est dans un couloir latéral du deuxième étage que Fitz attrapa Harry par le col de sa robe et le plaqua contre le mur.

— Je t’ai déjà dit de t’éloigner d’elle, cracha-t-il.

Harry le repoussa violemment.

— Tu crois que tu peux décider de ce qu’elle fait ? Tu te prends pour qui, exactement ?

Fitz le dévisageait avec une colère froide, comme un miroir fissuré prêt à exploser.

— Je me prends pour quelqu’un qui la connaît. Qui était là avant que tu la regardes comme une relique brillante.

— Et moi je suis quelqu’un qui la respecte, Fitz. Ce que toi, t’as clairement oublié.

Fitz serra les poings.

— Tu veux jouer au plus noble ? OK. Mais je te préviens… si tu continues à jouer avec ses sentiments, je te démolis. Et je ferai pareil avec Malefoy.

Harry le fusilla du regard.

— Bonne chance. Tu vas avoir besoin d’un planning.

Fitz ouvrit la bouche… mais une autre voix résonna dans le couloir.

Draco vs Harry

— Oh, je dérange ? lança Draco Malefoy, en s’approchant d’un pas lent. Je croyais que les altercations musclées entre Gryffondor et étrangers exotiques étaient interdites avant le dîner.

Harry le fusilla aussitôt du regard.

— Qu’est-ce que tu veux, Malefoy ?

Draco lança un sourire paresseux.

— Ce que je veux ? Oh… juste m’assurer que tu n’es pas en train de perdre ton sang-froid pour une fille qui ne t’a rien promis.

Fitz tourna lentement la tête vers Draco, fronçant les sourcils.

— Tu parles trop souvent d’elle, Malefoy.

— Et toi, tu la regardes comme une pierre précieuse enfermée dans une vitrine. Elle mérite mieux qu’un garde du corps jaloux.

— Au moins je la connais, pas comme vous deux, répliqua Fitz.

Mais Draco fixait désormais Harry.

— Ça t’agace, hein, Potter ? De ne plus être le centre de l’attention. D’avoir quelqu’un qui te vole la lumière… et peut-être même le cœur de ta petite protégée.

— T’approche pas d’elle, grinça Harry.

— Oh, mais elle s’approche de moi toute seule, répondit Draco avec un sourire narquois.

Harry n’en pouvait plus. Sa baguette sortit d’un geste sec.

— Tu veux voir à quel point je suis encore le centre de l’attention ?

Draco fit de même, déjà prêt.

— Volontiers. Mais tu risques de rater ton sort. Tu trembles.

Fitz recula légèrement. Pas par peur — mais parce qu’il avait compris : ça allait déraper.

Heureusement, une voix aiguë coupa net la tension.

— Arrêtez ça tout de suite !

C’était Hermione. Elle s’était précipitée dans le couloir, visiblement furieuse.

Et elle ne s’adressait pas à Harry.

Hermione vs Ron

— Ron ! cria-t-elle derrière elle. Viens ici. Maintenant.

Ron, qui s’était approché sans bruit, eut un sursaut.

— Quoi ? Pourquoi tu cries ?

Hermione s’avança vers lui, les yeux brillants.

— Parce que j’en ai assez de te voir suivre Biana du regard comme un crétin ébloui depuis trois jours !

Ron ouvrit grand les yeux.

— Attends, tu crois que—

— Je vois tout, Ron ! Biana sourit, tu ris. Biana parle, tu bois ses mots. Et moi, je suis là à essayer de faire comme si ça ne me faisait rien. Sauf que ça me détruit.

Ron resta figé. Il jeta un regard vers Biana — au loin, dans un autre couloir. Puis, penaud, vers Hermione.

— C’est juste… elle est différente.

— Oui, cracha Hermione. Elle n’a pas besoin de t’attendre trois ans pour que tu la regardes.

Il baissa les yeux.

— Tu me plais toujours, Hermione…

— Pas assez, visiblement.

Et elle tourna les talons. Cette fois, les larmes ne se retinrent pas.

Draco rangea lentement sa baguette, son sourire effacé.

— On dirait que tu ne fais pas que des jaloux, Potter. Tu fais aussi des dégâts.

Harry, lui, restait silencieux. Les poings serrés. Le cœur en feu.

Fitz, lui, s’éloigna sans un mot.

Et quelque part, au milieu de tout ce chaos, Sophie ignorait encore qu’elle était devenue l’épicentre d’un tremblement de terre émotionnel.

Mais elle allait bientôt le sentir.