Seconde chasse

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La sonnerie annonçant la fin de la journée retenit. Nous sommes sur le point de ranger nos affaires pour rentrer lorsque l'on toque à la porte. Notre professeur l'ouvre et ses yeux s'écarquillent lorsqu'il se retrouve face à deux policiers en uniforme. Un homme et une femme. Il garde son sang-froid et leur demande calmement :

- Bonjour. Que puis-je faire pour vous ?

- Nous avons une annonce à faire à cette classe, lui répond l'homme.

L'enseignant s'écarte pour leur céder le passage et les deux agents viennent se placer devant nous. La femme prend la parole :

- Bonjour à toutes et à tous. Nous devons vous informer d'une affaire urgente : les parents de Pierre Maïar ont appelé hier soir pour signaler la disparition de leur fils. Est-ce que l'un d'entre vous sait quoi que ce soit à ce sujet ? Qui est le dernier d'entre vous à l'avoir vu hier soir ?

Les murmures ne tardent pas à s'élever parmi mes camarades de classe. Je déclare haut et fort :

- C'était peut-être moi. Je l'ai surpris en train de s'en prendre à un garçon innocent dont j'ai pris la défense. Je ne l'ai cependant plus revu depuis la veille.

Oh j'aurai pu mentir sans scrupules, mais si quelqu'un m'a vu me diriger vers lui, il ne tarderait sans doute pas à le dire à la police. Il vaut donc mieux que je fasse cet aveu pour éloigner tout soupçon de moi.

- Plus personne ne l'a revu depuis ? nous questionne son coéquipier.

Tous secouent la tête. Le contraire m'aurait étonné. Les policiers scrutent nos visages un à un pendant de longues secondes, puis la femme déclare :

- Bien. Merci pour votre coopération. Nous vous promettons de faire de notre mieux pour retrouver votre camarade. Il est aussi possible que nous revenions vers vous pour vous poser d'autres questions. En attendant nous vous souhaitons une bonne fin de journée et une excellente soirée.

Ils saluent notre professeur et sortent. Les murmures se changent aussitôt en un chaos auditif sans pareil. Chacun lance sa petite théorie sur ce qui aurait pu arriver à ce Pierre. Elsa se penche vers moi pour me demander :

- C'est pour ça que tu m'as posé toutes ces questions sur les harceleurs ?

- Oui.

- Espérons que Pierre aille bien, en tout cas, et que la police le retrouve vite sain et sauf.

Je laisse échapper un reniflement de mépris. Elle ne souhaiterait certainement pas cela si elle savait qui était réellement ce garçon : une petite brute sans pitié et sans cervelle.

Je suis en tout cas sûre d'une chose : je ne tuerai pas Elsa. Elle est une source d'informations bien trop précieuse. . .

Notre enseignant nous donne enfin l'autorisation de sortir et nous nous exécutons aussitôt. Mon pot-de-colle blond marche à mes côtés pour me confier toutes ses théories, ses inquiétudes et ses espoirs concernant la disparition de l'adolescent. Je l'écoute d'une oreille distraite lorsqu'un autre son attire mon attention. Je me fige et ferme les yeux. Il provient des toilettes des filles.

Je prends congé d'Elsa en lui disant :

- Il faut que j'aille aux toilettes.

Je cours ensuite en direction de la salle indiquée et en ouvre doucement la porte. C'est bien ce que je pensais : deux filles sont en train d'en insulter une autre. Elle tente de les contourner, mais elles la repoussent violemment contre le mur à chaque fois. Contrairement au garçon de la veille qui pleurait toutes les larmes de son corps, elle garde les sourcils froncés et semble plus agacée qu'autre chose.

Je m'approche d'elles et lance aux deux agresseuses :

- Qu'est-ce que vous faîtes ?

Elles se retournent en sursaut et l'une d'elles réplique :

- C'est pas tes affaires ! Reste en dehors de ça !

Comme elles ne semblent pas aptes à coopérer, je demande à l'autre :

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Je ne sais pas ce qui leur prend ! Elles n'arrêtent pas de m'insulter et de me menacer avec violence depuis hier ! Elles commençaient déjà à me bombarder de messages haineux pendant les vancances. Elles sont totalement folles ! Je ne leur ai rien fait de mal !

- J'ai compris la situation. . .

- Tu n'as rien compris du tout ! se défend l'une des harceleuses.

- Silence !

Elles se figent. Je dis à la victime :

- Viens avec moi. Je vais te raccompagner jusqu'aux portes de l'école.

Elle m'emboite le pas et les autres se contentent de nous observer partir. Ma protégée rompt le silence :

- Pourquoi est-ce que tu m'aides ? Tu viens de débarquer ici. On ne se connait même pas.

- Ne t'en fais pas. Je ne le fais pas par bonté de coeur. J'ai des intérêts à t'aider.

- Lesquels ?

- Cela ne te regarde pas.

Elle redresse son menton d'un air hautain et sors de l'école en me disant :

- Merci pour ton aide. Je peux rentrer seule.

Comme si je lui avais proposé de la raccompagner aussi loin. . .

Je hausse les épaules et quitte l'établissement scolaire à mon tour pour me cacher dans un coin sombre. J'attends patiemment de voir sortir les deux brutes de tout à l'heure pour les suivre sur la pointe des pieds. . .

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