Les deux filles s'engagent dans une ruelle. Un lieu étroit et sombre. . . C'est le moment idéal pour frapper. Je les rejoins dans cet espace dans le plus grand des silences. Elles s'arrêtent brusquement et je me prépare à me cacher pour échapper à leur vue lorsque je constate que ce n'est pas moi qui attiré leur attention mais leurs téléphones. Elles les sortent et leurs mains se mettent à trembler tandis qu'elles échangent un regard. Je ferme les yeux pour me délecter de la délicieuse odeur de la peur humaine et m'apprête à faire un pas de plus lorsque je sens une main me tapoter l'épaule. Je me retourne brusquement pour faire face à Félicien qui m'adresse un grand sourire. Je jette aussitôt un coup d'oeil par-dessus mon épaule pour m'assurer que mes cibles sont toujours là. La ruelle est déserte. Elles sont parties. . .

C'est donc un regard noir que je lance au jeune homme au moment de lui faire à nouveau face. Il le remarque car il me demande :

- Qu'est-ce qui te met d'aussi mauvaise humeur ? Ce n'est tout de même pas le fait de me voir, rassure-moi. . .

- Peut-être bien. . . Qu'est-ce que tu me veux ?

- Je voulais te complimenter pour être venue en aide à Lavéna et à Hervé. C'est vraiment admirable de ta part d'avoir volé à leur secours sans même les connaître, mais dis-moi : pourquoi l'as-tu fait ?

Je pousse un soupir. Pourquoi les humains sont-ils aussi curieux ?

- J'avais mes raisons. C'est tout. Comment sais-tu que j'ai aidé cette fille aujourd'hui ?

- Je l'ai croisée.

- Je vois. . .

Son sourire s'efface brusquement pour laisser place à une expression plus sérieuse et il me met à nouveau en garde :

- Tu ne devrais pas pas te mêler d'histoires dont tu ne sais rien. Tu pourrais ne faire qu'empirer les choses, tu sais. Je ne te demande pas d'arrêter de venir en aide aux inconnus, loin de là, mais renseigne-toi sur les conflits qui t'entourent avant de prendre un parti et de le défendre. On ne sait jamais. Les apparences peuvent être extrêmement trompeuses. J'en sais quelque chose. . .

- J'imagine qu'une personne ordinaire devrait te demander avec curiosité et compassion ce qui t'est arrivé, mais je ne suis pas quelqu'un d'ordinaire comme tu l'as si bien souligné hier alors je ne vais pas faire semblant de m'intéresser à toi. Au revoir.

Je tourne les talons et m'éloigne à grands pas. Je l'entends éclater de rire et me retiens de lui donner une bonne correction pour avoir osé m'interrompre en pleine chasse. . .