Célestin : un grand frère paternel

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Nous nous retrouvons face à un adolescent aux courts cheveux blancs et aux yeux du même bleu que celui de ma camarade de classe. Il nous adresse un chaleureux sourire et s'écarte pour nous laisser entrer en disant à Elsa :

- Tu es rentrée drôlement tôt, petite soeur.

- C'est que j'ai une mission de la plus haute importance à réaliser !

Il éclate de rire, puis se tourne vers moi :

- Tu dois être la fameuse Aurore. Elle me parle souvent de toi et je t'ai déjà aperçue dans les couloirs de l'école.

- Tu es dans notre école ? m'étonné-je, car je ne l'avais encore jamais remarqué.

- Célestin est en terminale, dans la même classe que Félicien, à qui tu parlais le jour de la rentrée, m'explique la jeune fille.

- Maintenant que les présentations sont faites, quelle est cette mission de la plus haute importance que tu as à réalisé ? lui demande le jeune homme.

- Figure-toi qu'Aurore n'a encore jamais regardé le moindre média audiovisuel. Elle dit que c'est futile et je veux lui prouver le contraire. Je l'ai donc invitée à la maison pour qu'on regarde un film ensemble.

- Tu ne m'as pas invitée, recifié-je, tu m'as traînée jusqu'ici.

- Tu ne t'es pas opposée à ça, rétorque-t-elle avec un sourire malicieux.

Elle se penche pour retirer la laisse de sa chatte et celle-ci va aussitôt s'installer sur un rebord de fenêtre pour profiter des rayons du soleil. J'en fais de même pour Aracnée, qui se contente de rester à mes côtés, agitant seulement les pattes pour découvrir ce nouvel environnement. Ce n'est qu'alors que le garçon la remarque et lâche un petit "Oh !" de surprise, mais il ne cherche pas à s'écarter.

Elsa me demande, d'un air un peu inquiet :

- Tu es sûre que c'est une bonne idée ? Tu m'as toi-même dit qu'elle était dangereuse. . .

- Elle l'est si je le souhaite seulement ou si elle se sent réellement menacée. Tant qu'aucun de vous deux n'embête aucune de nous deux, tout ira bien pour vous.

- Ne vous en faîtes pas, on n'a pas cette intention, nous assure-t-elle. Viens !

Elle me conduit jusqu'au salon, dont la décoration est à l'opposé du mien : des couleurs claires, des fleurs multicolores, des meubles et équipements "modernes", parmi lesquels une télévision. Je m'en approche, intriguée, car je n'en avais vu que dans des livres. La jeune fille me rejoint et ouvre le placard du dessous pour en sortir une boîte contenant une multitude de DVD :

- Tu peux choisir parmi ceu-là celui qui te fait le plus envie et si aucun ne te plaît, on pourra toujours aller chercher sur une plateforme de streaming officielle.

Je fixe les DVD pendant quelques secondes, avant de lui ordonner :

- Montre-moi celui dont tu me parlais tout à l'heure et qui t'a inspirée pour nommer ta chatte.

Elle esquisse un sourire et sors sans hésitation l'un des DVD de sa boîte pour le placer dans le lecteur. Elle s'empare ensuite de la télécommande pour allumer la télévison et va s'installer sur le canapé, en me faisant signe de la rejoindre.

Je m'assieds à l'autre bout de ce dernier. Aracnée vient s'installer sur mes genoux et je la caresse du bout des doigts en observant la jeune fille lancer le film. Célestin, qui nous regardait faire depuis le seuil du salon, nous informe :

- Je vous laisse entre filles. S'il y a le moindre souci. . .

- Je sais ! lui lance sa soeur en tournant la tête vers lui. Tu ne cesses de me le répéter !

Elle lui dit cela sur un ton de reproche, mes ses yeux rient. Le jeune homme lui adresse un sourire et disparaît.

Elle se tourne à nouveau vers l'écran pour activer le film en commentant :

- Il est tellement protecteur. . .

- Ça n'a pas l'air de te déplaire, constaté-je.

- J'aime quand il est aux petits soins avec moi, avoue-t-elle. Quand je tente de me remémorer le visage de papa, c'est le sien que je vois.

Je comprends aussitôt :

- Il est. . .

- Oui. J'étais si petite que je ne me souviens même pas de l'époque où il était encore là, ou plutôt je n'en ai qu'un vague souvenir. Célestin l'a tout de suite remplacé à mes côtés, veillant sur moi tout le temps, surtout quand maman est au travail. Il a rapidement pris en maturité à cause de ça et il est vite devenu l'homme de la maison.

- Je vois. . . me contenté-je de dire en reportant mon attention sur l'écran, car le film commence déjà.

Une heure et vingt-huit minutes plus tard. . .

Elsa se tourne vers moi pour me demander :

- Alors ? Qu'est-ce que tu en as pensé ?

- Le plan de Scar était intéressant en soi. . . Les seuls soucis sont lui et ses subordonnés. Il ne sait même pas les choisir correctement et puis qu'est-ce que c'est que cette manie de chanter à tout va ? Personne ne fait cela.

- Tu es mitigée, c'est ça ?

- Je préférerais une oeuvre moins manichéenne et moins enfantine, où tu ne pleurerais pas comme une madeleine quand les personnages mourront.

- Ce n'est pas de ma faute si c'est aussi triste ! se défend-t-elle.

- C'est peut-être la partie que j'ai préféré. Voir la douleur et le désespoir dans les yeux de ce lionceau était plutôt plaisant.

- Tu n'es pas humaine ! Je n'ai encore vu personne ne pas au moins avoir un pincement de coeur à la vue de la mort de Mufasa !

Je lui lance un regard interrogateur, me demandant si elle est sérieuse en déclarant que je ne suis pas humaine. Elle croit sans doute que c'est un regard de vexation car elle s'excuse :

- Pardon. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu es peut-être habituée à des histoires plus sombres dans tes livres, ce qui explique ton insensibilité face à une oeuvre destinée à des enfants.

- Pourquoi est-ce que tu regardes encore ça d'ailleurs si c'est pour les enfants ?

- C'est tout simplement par nostalgie et parce que, même si c'est prioritairement destiné à des enfants, ça ne veut pas dire que c'est interdit aux plus grands, répond une voix dans notre dos.

Nous nous retournons pour voir Célestin sur le seuil du salon. Il s'approche et s'assied sur le tapis gris clair. Elsa appuie sur un bouton et la télévision affiche les images de l'antenne, plus précisément de la chaîne d'informations locale. Le titre affiché sous la présentatrice attire notre attention à tous :

"Un sérial killer à Conques ?"

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