Le message

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Nous sommes rejoints dans le réfectoire par des amis de mes compagnons, qui viennent s'installer à la même table. Ils échangent de sujets banaux jusqu'à ce que l'un d'eux remarque :

- Qu'est-ce qui vous arrive ? Pourquoi êtes-vous si pâles ? Enfin. . . sauf pour toi. . . ajoute-t-il à mon intention.

La pâleur quelque peu excpetionnelle de mon teint est l'un des premiers détails que l'on remarque sur moi.

- Je crains que notre école ait à nouveau affaire à des harceleurs, lui répond Elsa, même si ce ne sont pas les mêmes que l'an dernier. . .

- Comment est-ce possible ? ! s'exclame une fille. Personne n'oserait recommencer ici depuis comment ça a fini, l'an dernier. . .

- C'est aussi ce dont j'étais persuadée, dit-elle tristement, mais nous avons vu de nos popres yeux trois lycéens s'en prendre à un autre en riant.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? lâche un autre. Qu'on aura encore un suicide cette année ?

- Peut-être pas qu'un. . . murmure Félicien d'un air sombre.

- Non ! s'écrie Célestin, d'ordinaire calme et souriant. Nous veillerons à ce que ça n'arrive pas ! L'an dernier, nous sommes trop souvent restés passifs, laissant aux professeurs et aux autres adultes le soin de régler ça, mais ça a coûté la vie à notre camarade. . . Cette fois-ci, nous n'attendrons rien des plus grands ! Nous allons protéger toutes les victimes de ce crime odieux et montrer à tous les harceleurs qu'ils ne sont pas la bienvenue dans cette école, ni dans aucune autre, d'ailleurs !

- Bien dit, le félicite son ami dans un sourire.

Elsa applaudit son aîné avec des yeux brillants d'admiration, bientôt imitée par toutes les personnes attablées avec nous. Je rejoins le mouvement en tapant lentement dans mes mains, car je dois avouer que les paroles de ce jeune homme ont le mérite d'être nobles et je compte les aider à ma façon. . .

*

Je parviens à repérer le groupe des trois harceleurs de ce midi alors que je traverse la cour aux côtés d'Elsa et de quelques uns de ses amis. Je les salue en leur disant que je suis attendue et m'éloigne rapidement pour me rapprocher de mes cibles.

Une fois les grilles de l'école franchies, ils se saluent rapidement et se séparent, l'un allant dans une direction et les deux autres de l'autre. Je suis le premier, car la peur n'est jamais aussi puissante que dans le coeur d'une victime isolée. . . Je m'en délecte d'avance.

Je lui emboîte donc le pas jusqu'à sa maison et constate rapidement une chose : tout est éteint à l'intérieur malgré que le crépuscule touche à sa fin, ce qui signifie probablement que la maison est vide. Je le laisse donc entrer à l'intérieur et fais le tour de la bâtisse pour m'assurer qu'il en est le seul occupant pour le moment. C'est bien le cas. Je souris et observe plus attentivement la façade pour repérer une fenêtre ouverte et constate que celle de sa chambre l'est.

Je scrute les alentours. Personne. . . Je me change en chauve-souris pour voler jusqu'au rebord de la fenêtre et me pose dessus. Le garçon fait face à son miroir, téléphone à la main, totalement absorbé par l'écran. "Les jeunes et leur addiction à la technologie. . ." soupiré-je intérieurement.

Quelque chose me perturbe néanmoins : je ressens déjà une forte peur émaner de lui. Sait-il déjà que ce soir est le dernier qu'il passe sur cette terre ? Comment le pourrait-il ? On dit que les humains ont parfois un instinct de survie qui s'active, leur indiquant qu'ils sont menacés même lorsqu'ils n'ont aucune raison de s'inquiéter. Serait-ce son cas actuellement ? Enfin, qu'importe ce qui lui fait peur, il doit payer pour son crime.

Je reprends mon envol pour me positionner dans son dos et retrouve forme humaine. Sentant sans doute ma présence, il redresse la tête et son regard croise le mien lorsque ses yeux tombent sur mon reflet dans le miroir qui lui fait face. Je ne lui laisse pas le temps de hurler : je lui tranche la gorge d'un coup net, comme je l'ai fait avec tous les autres.

Je rattrape ensuite son corps et suis sur le point de planter mes dents dans sa chair pour me nourrir de son sang impur lorsque mon regard tombe sur le téléphone qui a glissé de sa main pour atterrir sur le plancher. L'écran est resté allumé sur une conversation et l'un des messages attire mon attention :

"Sois plus discret la prochaine fois si tu ne veux pas que je te rendes définitivement silencieux. . ."

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