Confidences

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Nous attendons en silence depuis plusieurs heures, maintenant. Célestin s'assoupit pendant quelques minutes de temps à autre. Il rouvre les yeux au petit matin en entendant la porte de la maison s'ouvrir. Nous entendons la voix de sa soeur appeler :

- Célestin ?

- Chut ! lui ordonne une autre voix féminine, plus mature. Tu vas le réveiller.

- Je vais voir s'il dort. Je te promets de ne pas le déranger, maman.

La promesse est suivie de pas dans l'escaliers, puis de la poignée de la porte de la chambre qui s'abaisse. Elsa l'ouvre tout doucement et, en constatant que nous ne dormons pas, entre pour de bon :

- Salut, vous deux, chuchote-t-elle.

Elle se fige en remarquant la cicatrice s'étant formée sur la bouche de son aîné et s'enquiert :

- C'est à cause de l'homme masqué ?

Il ouvre la bouche, mais je l'interromps :

- C'est à cause de moi.

- Quoi ? ! Qu'est-ce que tu racontes ?

- Comment va Félicien ?

- Maman l'a soigné et il est rentré.

- Bien. Je dois vous dire quelque chose, maintenant. Je compte sur vous pour garder le secret, même si nous ne restons plus amis, au nom de ce lien que nous avons eu.

- Qu'est-ce qui lui prend ? demande-t-elle au garçon.

Ce dernier hausse les épaules. Je poursuis :

- Quand le professeur d'histoire a plaisanté sur mon nom de famille, le jour de la rentrée, il ne se trompait pas. Je descends bel et bien de Catherine Monvoisin du côté paternel. Nous nous transmettons l'art de la sorcellerie de génération en génération. Mon grand ancêtre maternel, lui, est le comte Dracula. Tu comprends, maintenant ? demandé-je à Célestin.

Il fronce les sourcils et murmure :

- Tu. . . Tu es en train de nous dire. . . que tu es la fille d'un sorcier et d'une vampire ? Tu veux dire que. . . ce sont tes. . . pulsions de vampire. . . qui t'ont poussée à me mordre ?

- Tu l'as mordu ? ! s'exclame la jeune fille.

Je hoche lentement la tête. Le silence s'installe pendant un instant qui semble interminable, puis l'adolescent me demande :

- C'est la sorcellerie qui permet à cette. . . main. . . de bouger toute seule ?

Je réprime un sursaut et m'enquiers :

- Comment es-tu au courant ?

- Je l'ai vu sur ton épaule quant tu m'as aidé à me relever. Au début. . . Je pensais avoir halluciné à cause de la douleur et du choc, mais maintenant. . . Tout semble prendre sens. Pour quelle autre raison m'aurais-tu mordu aussi subitement et aussi violemment ? C'est drôle comme le surnaturel paraît plus simple et évident que le rationnel lui-même.

- Tu ne parviens pas à contrôler ces. . . pulsions ? me demande Elsa.

- En temps normal, si. Je choisis toujours mes victimes avec discernement et attends calmement le bon moment. En fait, ça ne m'était encore jamais arrivé de perdre le contrôle de la sorte. Je ne sais pas ce qui m'a pris. . . Je n'ai pas pu résister à l'envie de te mordre.

- Ça veut dire que Célestin va se tranformer, puisque tu l'as mordu ?

Je secoue la tête :

- Pour qu'il se transforme, il faudrait que je suce l'intégralité de son sang sans le tuer. C'est pourquoi je veille toujours à ôter la vie à mes victimes avant de me nourrir.

Je vois leurs yeux s'écarquiller. Ils échangent un regard inquiet.

- Je dois vous avouer encore une chose. Tous les disparus, c'est moi qui les ai tués. C'est ainsi que j'ai compris que quelqu'un les menaçait par messages pour les pousser à harceler les bourreaux de Léo. Je pensais tuer des êtres humains ignobles, mais je me suis fait avoir par les apparences : ils ne faisaient qu'obéir pour se protéger. J'ai tué des innocents. En comprenant cela, je me suis promis de rétablir la justice en retrouvant le réel coupable, mais je vous ai déjà suffisamment mis en danger. Je vais continuer seule. Merci pour votre aide, dis-je en me relevant.

- Attends ! me retient l'adolescente en aggripant mon bras. Nous voulons encore t'aider à résoudre cette enquête. Nous devons faire justice à tous ceux qui ont perdu la vie à cause de cette histoire !

- Tu veux vraiment collaborer avec une tueuse ?

- Si tu es une tueuse pour t'être nourrie, nous le sommes tous ! Ne mangeons-nous pas nous aussi des êtres vivants ? La seule différence est que nous mangeons des animaux et toi des humains, mais même quand tu as été contrainte de tuer pour manger, tu n'as pas choisi tes cibles au hasard. Tu as éliminé des gens que tu pensais être mauvais pour épargner des innocents. Malheureusement, tu t'es trompée, ce qui peut arriver à tout le monde. . . Je veux dire. . . J'ai de la peine pour ces malheureux, lâche-t-elle d'une voix tremblante d'émotion, mais je peux comprendre que tu n'ais pas eu d'autre choix que de tuer pour te nourrir.

- Attends, je ne comprends pas quelque chose, l'interrompt son aîné. Je t'ai déjà vue manger de la nourriture "ordinaire". Pourquoi ne t'en contentes-tu pas ?

- Je ne peux pas. Je peux manger de la nourriture pour humains, mais je reste à moitié vampire. Si je ne me nourris pas de sang de temps à autre, je ne survivrais pas. . .

- Ce doit être terrible pour toi. . . compatit la jeune blonde.

- Ce qui fut terrible, c'était d'apprendre que je m'étais trompée sur toute la ligne quand je pensais avoir bu le sang de coupables. Je me suis sentie mal, pour tout vous avouer. . . Félicien m'a affirmé que c'était du regret quand je lui ai décrit ce que je ressentais. La sensation n'est plus aussi forte qu'autrefois, mais elle reste présente, au fond de moi. Ce n'est cependant pas le pire. . . Si je commence à perdre le contrôle, je risque de vous faire du mal. . . À vous. . . Mes amis. . . Mes premiers amis et sans doute aussi les derniers. . .

Lamain sort de sous ma chevelure pour venir me tapoter doucement l'épaule. Je pose mes doigts sur les siens pour le remercier. Elsa sursaute et demande :

- C'est ça que tu as vu, Célestin ? !

- Oui. . . confirme-t-il avec des yeux ronds. J'ai encore du mal à le croire. . .

- Je vous présente Lamain, notre plus ancien et dévoué serviteur. Il a toute ma confiance et c'est en effet grâce aux pouvoirs de mon paternel qu'il peut continuer à servir notre famille sous cette forme.

- Il n'a pas toujours été ainsi ? s'étonne l'adolescente. Je pensais qu'il avait été fabriqué. . . un peu comme Frankeinstein.

- Ce n'est pas le cas, mais je peux vous raconter ce qui lui est arrivé, si tel est votre désir. . .

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