- Tu as réellement. . . 160 ans ? ! s'exclame la jeune blonde.

- Oui.

- Voilà qui explique tes excellentes notes en histoire. . .

- Maintenant que je vous ai tout expliqué, je m'en vais. Je ne veux pas prendre le risque d'à nouveau perdre le contrôle et faire du mal à un autre innocent. Je continuerai à enquêter de mon côté, mais nous ferions mieux de garder nos distances.

- Nous restons amies, n'est-ce pas ? me demande Elsa.

- Si tu tiens vraiment à avoir une tueuse pour amie, alors oui, nous restons amies.

Elle m'adresse un chaleureux sourire et son aîné déclare :

- Nous t'aiderons à enquêter, dans ce cas. Nous avons commencé cette aventure ensemble, nous la finirons ensemble. C'est ce que font les amis.

- Je commence à me demander si vous êtes réellement humains. . . Un être humain ordinaire m'aurait déjà fuie depuis longtemps.

- C'est ce qui fait à la fois la beauté et l'horreur de la race humaine, m'explique le jeune homme. Nous sommes capables de tout.

- Je suis définitivement humaine, alors, dis-je pour me transformer aussitôt en chauve-souris et sortir par la fenêtre, sous leurs yeux ébahis.

Je rentre dans le château de la même façon et reprends forme humaine pour me précipiter vers la chambre de mes parents. Je toque à la porte et j'entends l'élégante voix de maman me répondre :

- Entre !

Je ne me fais pas prier, mais à peine ai-je le temps d'ouvrir la bouche qu'elle lâche le peigne en ivoir qu'elle tient à la main pour s'approcher de moi en me demandant calmement :

- Où étais-tu ?

- J'étais partie lever le voile de mensonges recouvrant le village, mais je suis revenue avec encore plus d'interrogations, dont une me concernant. . .

Elle hausse un sourcil. Je poursuis :

- T'est-il déjà arrivé de vouloir irrésistiblement mordre quelqu'un ?

- Qui est cette personne que tu as mordue ?

- C'est l'un de mes amis humains.

- Tu t'es liée d'amitié avec des humains ? Tu étais pourtant partie dans cette école afin d'en tuer.

- Je me suis jurée de ne plus tuer que des personnes méritant la mort, sans compter que tu as bien épousé papa, qui est humain.

- Il est un cas différent. C'est un sorcier. Il fait depuis partie des créatures du diable.

- Ils m'ont prouvé que je pouvais leur faire confiance. Crois en mes décisions.

- Bien. . .Tu aimes donc l'un de ces humains. Je n'ai plus aucun doute sur le fait que tu ais hérité de moi, lâche-t-elle avec un sourire amusé.

- Comment ?

- Cette envie irrésistible de le mordre est la certitude de ton amour pour lui.

Je sens les battements de mon coeur s'accélérer et mes joues s'empourprer.

- Qu'est-ce que tu me racontes ? lui demandé-je en fronçant les sourcils.

- Crois en mon expérience. J'ai ressenti la même chose. Tu aimes cet humain, mais tu as peur. Tu crains que tes sentiments pour lui ne soient pas réciproques alors tu souhaites t'assurer qu'il reste à tes côtés pour l'éternité. . . Quelle meilleur façon pour cela que d'en faire un vampire ? Voilà ce qui te pousse à le mordre.

- Comment remédier à cela ?

- Mes pulsions ne se sont calmées que lorsque j'ai eu la confirmation que mes sentiments étaient réciproques et que je n'avais donc pas à. . . contraindre celui que j'aime de rester à mes côtés pour l'éternité.

- Je vois. . . Je vais te laisser te coucher à présent. Le soleil est déjà levé. Nous nous reverrons ce soir.

- Bonne journée, mon petit monstre. . .

- Bonne journée.

Sur ces mots, je tourne les talons et m'éloigne.

En longeant le couloir, je pousse un soupir : comme si je n'avais pas suffisamment de soucis comme cela pour devoir en plus me soucier des sentiments d'un garçon à mon égard. . . s'ils existent. . .