Les sentiments et les priorités

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Je range mes cahiers dans mon sac tout en répondant à la question de Lamain :

- Qu'est-ce que je compte faire ? Je vais retourner ce soir dans la maison de Léo. Nous n'avons pas eu le temps d'inspecter la chambre comme il se doit. Je suis sûre que c'est là que nous trouverons réponse à nos questions. Ce n'est pas un hasard si l'homme masqué a débarqué à ce moment. Quand est-ce que nous allons partir ? Tu veux dire quand est-ce que je vais partir. Je ne veux pas les exposer une seconde fois au danger, surtout que je ne suis pas sûre de pouvoir rester aux côtés de Célestin sans le mordre.

Face à la protestation du domestique, je rétorque :

- C'est justement parce qu'ils sont mes amis que je ne veux pas les mettre en danger. J'aurai aussi bien plus de liberté d'action seule, mais rassure-toi : je les mettrai au courant de mes découvertes afin qu'ils puissent suivre l'avancement de l'enquête et apporter leur contribution d'une autre façon. Ils m'ont déjà bien aidée.

J'offre une caresse à Aracnée et suis sur le point de quitter ma chambre lorsque sa remarque me fait me figer. Je me tourne vers lui pour lui répondre :

- Ce n'est pas le moment. Je m'occuperai de Célestin plus tard. J'ai d'autres priorités.

Je m'éclipse ensuite rapidement afin de ne pas lui laisser le temps d'en dire plus.

*

J'ai à peine le temps de franchir les grilles de l'école que la voix de Félicien m'interpelle :

- Salut Aurore !

Je me retourne pour lui faire face et lui lance :

- Bonjour. Comment va ta main ?

- Ça va, me rassure-t-il en regardant ses bandages. J'ai connu des douleurs bien plus intenses que celles-là, tu sais.

Il semble réfléchir pendant quelques secondes, puis me demande :

- Est-ce que tu as l'intention de retourner là-bas ?

- Tu ne crois pas que tu as déjà suffisamment subi pour vouloir retourner là-bas ?

- Je n'ai jamais dit que je voulais retourner dans cette maison. Je t'ai demandé si tu avais l'intention de le faire.

- Pourquoi veux-tu savoir cela ?

- Je ne voudrais pas que tu te mettes en danger. . .

- Si j'étais toi, je me ferais plutôt du souci pour l'homme au masque. La seule chose qui m'a empêchée de le vaincre était que je devais vous protéger.

Il éclate de rire et déclare :

- Je t'aime vraiment bien, tu sais. . . Je n'avais encore jamais rencontré quelqu'un d'aussi drôle et impressionnant à la fois.

- Hé ! Comment ça va, mon vieux ? lui demande une voix tandis qu'une main vient se poser sur son épaule.

- Oh ! C'est toi, Célestin, fait-il en se retournant. Bonjour, Elsa, ajoute-t-il à l'intention de sa soeur.

Elle lui répond par un petit signe de la main et un grand sourire. L'attention de Félicien se reporte sur son ami et il s'exclame :

- Oh la vache ! C'est. . . C'est l'homme au masque qui t'a fait ça ?

Célestin se fige et me lance un discret regard, comme pour demander ma permission d'en parler au dernier membre de notre groupe. J'accepte d'un hochement de tête. Félcien nous soutient depuis le début et s'est même blessé pour nous protéger. Je n'ai aucune raison de douter de lui.

Le jeune homme le prend donc à part pour lui glisser dans l'oreille quelques explications sans se faire entendre des autres adolescents. Pendant ce temps, mon amie me demande :

- Quel était le sujet de votre conversation ?

- Nous parlions de la soirée de la veille.

- En parlant de ça, tu ne trouves pas qu'il a été drôlement courageux hier soir ? Il s'est littéralement mis en danger pour nous protéger ! Si ce n'est pas admirable. . .

Je lui lance un regard en coin et constate qu'elle observe le concerné avec des yeux brillants et des joues rougissantes.

- Il faut donc qu'on frôle la mort pour mériter tes sentiments. . .

- N'allons pas jusque là ! Je ne voudrais pas que quelqu'un meurt pour moi, je me sentirais tellement coupable. . . C'est juste qu'en plus, il ne s'est pas plaint un seul instant de sa blessure malgré la douleur. . . Il est resté souriant et a carrément trouvé la force de faire des plaisanteries pour détendre l'atmosphère pendant que je l'emmenais à l'hôpital.

- J'ai compris. Il ne nous reste plus qu'à espérer que nos sentiments soient réciproques. . .

- Tu as dit "nos sentiments" ? Qui est-ce ?

- Je vais te donner un petit indice : si c'était Félicien, tu serais déjà dans mes cuisines.

Elle me regarde, puis jette un coup d'oeil en direction des deux garçons et ses yeux s'écarquillent en même temps que sa bouche s'arrondit. Elle esquisse ensuite un large sourire et s'exclame :

- Tu vas être ma belle-soeur, c'est génial ! On va faire partie de la même famille !

Je plaque ma main sur le sommet de son crâne pour l'empêcher de sautiller plus longtemps et lui rappelle :

- Nous ne sommes tous encore qu'amis pour le moment et je vais m'en contenter jusqu'à ce que je finisse de m'occuper de ma priorité.

- Qu'est-ce qui peut être plus important que les gens que tu aimes ?

- Révéler la vérité et coincer l'auto-proclamée déesse vengeresse. Si nous ne le faisons pas, l'école continuera de grouiller de harceleurs et d'autres adolescents connaîtront le même sort que Léo. Une romance en plein chaos est une possibilité qui m'enchante, mais je doute que ce soit ton cas.

- Tu as raison. Qu'allons-nous faire pour coincer ce monstre ?

- Seul un monstre peut en coincer un autre, lui répondé-je.

La sonnerie de l'école retentit aussitôt et nous saluons les garçons de loin, puis nous dirigeons vers notre salle de classe.

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