Je longe la forêt en compagnie de Lamain et de mon araignée, qui trottent à mes côtés, lorsque j'entends des bruits de pas précipités accompagnés d'une respiration saccadée. Je scrute l'obscurité des bois et vois bientôt arriver une jeune fille aux courts cheveux blonds. Ses joues ruissellent de larmes. Elle se jette dans mes bras en s'exclamant :

- Oh ! Aurore ! Ce n'est pas possible. . . Ça ne peut pas être vrai. . .

Elle sanglotte contre mon épaule. Je l'interroge :

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Félicien, il. . .

- Il lui est arrivé quelque chose ? demandé-je, craignant qu'elle ne me réponde par l'affirmatif.

- Ce n'est pas ça. . . C'est bien pire !

- J'ai étudié bien des languages, mais pas celui des sanglots. Je ne peux rien comprendre si continues à pleurer de la sorte. Lamain, ajouté-je en regardant ce dernier, va chercher Célestin, qu'il vienne à la maison. On rentre, Aracnée.

L'araignée m'emboite docilement le pas, tandis que je passe un bras autour d'Elsa pour la guider vers notre château.

Nous passons la porte et commençons à monter l'escalier lorsque papa et maman appraissent au sommet de celui-ci.

- Qui est-ce ? me demande-t-elle.

- C'est la fille qui est apparue dans la boule de cristal, ajoute-t-il.

- C'est mon amie, leur dis-je en les coutournant pour aller dans ma chambre.

Je ferme la porte de celle-ci et la fais s'asseoir sur une chaise. Elle continue de pleurer. Je me serais délectée du spectacle offert par son désespoir si elle n'était pas mon amie. . .

Quelques minutes plus tard, Lamain fait son entrée, suivi de Célestin. En remarquant sa soeur en pleurs, ce dernier se précipite à ses côtés pour lui demander :

- Elsa ! Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Félicien. . . lâche-t-elle entre deux sanglots.

- Qu'a-t-il ? demandons-nous en choeur.

Elle prend une grande inspiration et commence à nous raconter. . .