Malaise et bien - être

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La porte de l'appartement s'ouvre, révélant Félicien. Il me demande avec un regard inquiet :

- Est-ce que tout va bien ?

- Je. . . Il faut que je te parle.

- Oui, c'est ce que tu m'as dit à l'interphone. Entre. Nous serons plus tranquilles pour discuter.

Il s'écarte pour me céder le passage. Je me glisse dans le hall d'entrée, où je retire mes chaussures, et il pose une main sur mon dos afin de me guider jusqu'au salon. Il s'assied ensuite sur le canapé et le tapote pour m'inviter à la rejoindre :

- Viens, m'adresse-t-il avec son chaleureux sourire habituel.

Je prends une grande inspiration et m'installe à côté de lui. Il m'informe :

- Tu peux retirer ton manteau, tu sais. Le chauffage est allumé.

- J'ai froid, me contenté-je de rétorquer.

- C'est parce que tu rentres tout juste de l'extérieur. Ça va passer. Bon, qu'est-ce que tu veux me dire ?

C'est une bonne question. Comment le distraire ? Quel sujet pourrait intéresser un harceleur prêt à tuer et même à se blesser pour atteindre ses objectifs ? Oh ! J'ai trouvé. . . C'est risqué, mais. . . Si j'en crois ce que m'a dit Aurore, ça devrait le distraire suffisamment pour leur laisser le temps de trouver des preuves et d'appeler la police. . . La police. . . Ils vont l'arrêter et l'emprisonner. Il mériterait d'être puni pour tout le mal qu'il a fait, mais. . . Je ne supporte pas l'idée qu'il soit emmené loin de moi. . . J'ai encore du mal à croire que c'est lui. J'en viens à espérer qu'ils ne trouvent aucune preuve, mais j'en ai déjà vu une suffisante. . . Je ne peux pas nier l'évidence. . . Mais je ne veux pas non plus me résoudre à admettre l'idée que le garçon que j'aime est aussi cruel et dangereux. . . Ce n'est pas possible. . .

- Elsa ? m'interrompt la voix de Félicien. Pourquoi pleures-tu ?

- Hein ? fais-je en tournant la tête vers lui.

Il pose son pouce sur ma joue pour en essuyer une larme et je sens mon coeur manquer un battement à son contact. Je laisse échapper un rire nerveux, suivi de ces mots :

- Tu sais, je me suis toujours sentie mal à l'aise à tes côtés, mais en même temps si bien avec toi, que je me demande parfois si je ne perds pas la tête. . .

C'est à son tour de laisser sortir un petit rire et de me demander avec un sourire en coin :

- Qu'est-ce que tu essaies de me dire, là ?

Les battements de mon coeur redoublent d'intensité face à cette expression et je sens mes joues prendre feu.

- Ce que je veux dire, c'est que. . . Y a énormément de personnes que j'aime, mais je n'aime aucune d'elles de cette façon. . . Tu m'as fait découvrir quelque chose de nouveau et je sais que c'est totalement fou et insensé de te déclarer ça alors qu'on ne se connait que depuis quelques mois à peine, je veux dire : je t'ai rencontré à la rentrée et l'automne n'est même pas encore fini, mais. . .

Je m'interromps pour reprendre son souffle. J'ai l'impression d'avoir fait une centaine de fois le tour du monde en courant sans m'arrêter un seul instant !

C'est le moment que choisit mon interlocuteur pour éclater de rire.

- Qu'est-ce qui te fait rire ? lui demandé-je, confuse.

- Je te demande pardon. C'est juste que. . . je te trouve adorable et. . . je suis heureux de t'entendre dire ça, même si j'aurais préféré que tu me dises les deux mots qui résument tes sentiments à mon égard. . . me lance-t-il sur un ton de défi.

Je rougis encore plus fort et baisse les yeux pendant un instant, puis prends une grande inspiration et lui dis :

- Je t'ai toujours trouvé courageux.

- Ça fait cinq mots, là, tricheuse ! me taquine-t-il.

- C'est ce qui m'a charmée, continué-je sans prêter attention à sa remarque.

Je vois son sourire s'estomper. Il me fixe avec une expression sérieuse, attendant la suite de mon discours. Je poursuis donc :

- J'ai d'abord trouvé courageux de ta part de mettre ta vie en danger pour nous protéger de l'homme au masque. . .

- Ce n'est pas grand chose, je suis sûr que tu aurais fait la même chose pour moi. . .

- Maintenant, je trouve courageux de ta part de t'être toi-même percé la main pour protéger ta couverture. . .

L'écarquillement de ses yeux dorés ne m'échappe pas, mais c'est d'une voix impassible qu'il dit :

- C'est pour ça que tu as fui, tout à l'heure. Tu as compris en remarquant mon poignet cassé que c'était moi. . .

Je hoche lentement la tête et lui avoue :

- Étonnamment. . . Ça ne m'empêche pas de continuer à t'aimer. Je veux t'aider, Félicien, déclaré-je en me blotissant contre lui. Je sais que ton but est de venger Léo en lui faisant justice par toi-même et je trouve que c'est un noble objectif. Les harceleurs m'ont toujours répulsée au plus haut point ! Ce sont des sadiques qui prennent plaisir à détruire la vie d'innocentes personnes ! S'ils n'existaient pas, ce monde serait meilleur. . . Tu n'es pas d'accord avec moi ?

- Oh Elsa. . . Si, bien sûr que si ! s'exclame-t-il en me serrant contre lui.

Je me sens à la fois bien et mal à l'aise dans son étreinte, mais j'ignore à quoi est dû ce malaise : à mes sentiments pour lui ou à l'insécurité d'être dans les bras d'un criminel ?

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