Nouvel objectif

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Je toque à la porte de la maison. Elle s'ouvre quelques secondes plus tard sur Elsa, qui s'écarte aussitôt pour me laisser entrer, m'adressant comme à son habitude un grand sourire.

J'entre, retire mes bottes couvertes de neige et pose mon manteau en fourrure de loup-garou noir sur le dossier d'une chaise. L'adolescente m'escorte jusqu'au salon, où sont assis les deux garçons, chacun d'un côté du canapé. Je prends place entre les deux et mon regard tombe sur le programme d'informations télévisé :

- Cela faisait plusieurs semaines que les étranges disparitions avaient cessé, déclare la présentatrice, mais ces derniers jours, plusieurs disparitions se sont enchainées. Le tueur en série suspecté par les enquêteurs aurait-il fait son grand retour ? La police travaille d'arrache-pied pour trouver une réponse à cette question et, surtout, retrouver les adolescents disparus. En attendant, des mesures de sécurité seront mises en place pour éviter d'autres. . .

Félicien éteint la télévision, puis recroise ses mains sous son nez pour me demander :

- Alors ?

- Les disparitions cessent jusqu'à ce que je trouve une autre nourriture suffisamment mauvaise à mon goût.

- Tu les a dons tous. . . m'interroge-t-il en relevant la tête.

- Oui.

Un sourire de triomphe se dessine sur son visage, tandis qu'il commence à rire hystériquement.

- Nous avons réussi ! s'exclame-t-il entre deux rires en levant ses yeux dorés au plafond. Ha ha ha ! Tu es vengé, frangin ! Nous avons fait payer à ces monstres le prix de leur crime ! Ha ha ha !

Il plonge sa tête entre ses mains et ses rires se transforment lentement en sanglots incontrôlables. Je l'observe d'un oeil impassible, contrairement à mes amis qui le fixent avec surprise, visiblement choqués par sa réaction.

- Je. . . Je ne comprends pas. . . lâche-t-il entre deux sanglots. Je devrais être heureux. J'ai enfin accompli l'objectif que je me fixe depuis des mois ! Alors pourquoi est-ce que je ne ressens qu'un grand vide ? !

Elsa, touchée par ses pleurs, s'assied à côté de lui pour poser une main sur son épaule et l'autre sur sa jambe. Il lui lance un regard embué de larmes, auquel elle répond par un chaleureux sourire :

- Je crois que tout ce dont tu as besoin, c'est d'un nouveau but. La vengeance ne comble le coeur que lorsqu'elle est innacomplie. Tu sais, je n'ai pas eu l'occasion de bien connaître Léo, mais si j'ai une certitude, c'est qu'il aurait voulu que tu retournes à Paris pour réussir tes études, que tu trouves un métier qui te rende heureux et que tu vives paisiblement ton existence, en profitant de chaque instant qui s'offre à toi. Je suis sûre et certaine que ça le rendrait encore plus heureux que de te voir le venger.

Félicien la fixe en silence avec des yeux brillant d'émerveillement, puis sourit lentement en déclarant :

- Oui. Tu as raison. Le connaissant mieux que personne, je peux te confirmer que c'est ce qu'il aurait voulu. Il était un peu comme toi, se souciant des autres plus que de lui-même, surtout quand il s'agissait de personnes qu'il aimait.

- Je suis honorée de lui ressembler, affirme-t-elle en rosissant.

- Et je suis ravi de t'avoir rencontré, parce que grâce à toi, j'ai trouvé mon nouveau but.

Les joues roses de la jeune fille virent en rouge et elle s'écarte en bredouillant :

- Euh. . . Tu. . . tu m'en vois ravie. . .

- Tu comptes donc retourner à Paris pour tes études, conclut Célestin.

- Oui. Je pense qu'il n'est pas trop tard pour me réinscrire à l'université et poursuivre mes études. Ensuite. . . Quand j'aurai mon diplôme en poche. . . Je reviendrai. . . déclare-t-il en regardant Elsa.

Célestin fronce les sourcils et le presse :

- Tu devrais te dépêcher d'organiser ton départ, alors. Plus tu tardes, plus ce sera compliqué de rattraper les cours.

- Oui. Tu as raison, dit-il en se levant. Si l'un de vous a besoin de moi, il sait où me trouver, déclare-t-il en enfilant son manteau avant de s'éloigner.

Nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Je profite du silence qui s'en suit pour annoncer :

- Lamain est maintenant totalement rétabli. Il est prêt pour la séance de manucure que tu lui as promise. Il est même aussi excité à cette idée que moi à celle de plonger mes dents dans la gorge d'une pourriture humaine. C'est quand tu veux.

- Qu'il passe à la maison demain ! Toi aussi, d'ailleurs ! On va bien s'amuser ! s'écrie-t-elle en tapant dans ses mains.

L'expression jusque là renfrognée de Célestin s'attendrit face au sourire de sa petite soeur. Il est indéniablement à croquer lorsqu'il est de mauvaise humeur, mais il est à déchiqueter lorsqu'il est heureux !

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