Drago, jalousie et vérités murmurées
La lumière du Chaudron Baveur dansait sur les murs de pierre. Louise terminait son thé, et Harry, penché sur la table, jouait distraitement avec sa cuillère. Le poids de leurs discussions précédentes planait encore entre eux — visions, cicatrice, Sirius Black…
Puis une voix traînante, reconnaissable entre mille, coupa net l’ambiance :
— Tiens tiens tiens… Potter et Potter. Quelle belle réunion de famille.
Drago Malefoy venait d’entrer dans l’auberge, suivi de Crabbe et Goyle, deux pas derrière lui comme toujours. Tous trois portaient des robes impeccables, comme s’ils sortaient d’un défilé de chez Madame Guipure.
Harry leva les yeux, déjà prêt à soupirer. Mais Louise, elle, se redressa lentement, le regard calme et froid.
— Drago, dit-elle d’un ton neutre.
— Louise, répondit-il, son ton bien plus chaud, presque charmeur. Je te cherchais justement. J’ai vu que tu avais fui la boutique. Je me suis dit… tu n’as peut-être pas envie de traîner avec ton frère et ses amis ?
Il lança un regard en coin à Harry, méprisant.
Louise le fixa sans sourire.
— En fait, si. J’avais très envie. C’est pour ça que je suis ici.
Drago haussa un sourcil, surpris par la sécheresse de sa voix.
Crabbe et Goyle, eux, restaient silencieux. Les yeux de Goyle glissèrent un instant sur Louise, presque tendrement, mais il baissa aussitôt le regard quand elle tourna la tête vers lui. Crabbe fit mine d’observer le plafond.
Harry, qui connaissait Drago depuis des années, sentit que quelque chose était en train de se jouer. Il vit l’expression de Malefoy se durcir un peu.
— Tu devrais quand même éviter de trop te montrer avec lui, grogna Drago, le menton pointé vers Harry. Surtout avec ce qui court sur son compte…
Louise planta son regard dans le sien, glacial.
— Tu crois que tu peux décider avec qui je parle, Drago ?
Le silence tomba sur la table.
Elle n’avait pas élevé la voix. Mais sa froideur suffit à faire reculer d’un pas même Crabbe.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire… bredouilla Drago, les yeux fuyant un instant.
Louise se leva.
— Si, c’est exactement ce que tu voulais dire. Et tu te trompes lourdement.
Un silence tendu s'installa. Drago croisa brièvement le regard d’Harry — il y avait là quelque chose entre défi et malaise.
— Je te verrai plus tard, marmonna-t-il, avant de faire volte-face.
Crabbe et Goyle le suivirent sans un mot, mais Goyle lança un dernier regard en coin à Louise, que Harry ne manqua pas de remarquer.
Quand ils furent seuls à nouveau, Louise se rassit lentement.
Harry la fixait, un peu surpris.
— Tu l’as glacé sur place, dit-il avec un petit sourire.
Louise poussa un soupir en s’affaissant dans son siège.
— Je te cache pas que ça devient épuisant.
— Il est toujours comme ça avec toi ? demanda-t-il, fronçant les sourcils.
Elle hocha la tête.
— De plus en plus. Il est… envahissant. Collant. Parfois, il croit pouvoir contrôler avec qui je parle, où je vais, même ce que je pense. Il joue à faire le fier à Serpentard, mais en vérité…
Elle s’interrompit, puis reprit plus bas :
— Il devient agressif dès qu’un garçon me parle trop longtemps. Même Crabbe et Goyle, je le sens, ils ne savent plus comment se comporter avec moi. Et lui, il pense que je lui appartiens.
Harry ne répondit pas tout de suite.
— Tu veux que j’en parle à quelqu’un ? demanda-t-il doucement.
— Non. Pas encore. C’est entre moi et lui. Mais… merci.
Elle posa sa main sur celle de son frère.
— Juste… sois là. Comme tu l’as toujours été.
Il hocha la tête, simplement.
Frère et sœur. Deux éclairs gravés sur la peau. Deux âmes liées par un même passé. Et un avenir… plus incertain que jamais.
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