Louise était toujours seule dans sa cabine. Le train roulait depuis une heure environ. Dehors, les paysages anglais défilaient, couverts d’une brume d’été finissant.

Elle avait enfin trouvé un moment de silence. Jusqu’à ce que… la porte coulisse doucement.

— Excusez-nous… c’est bien toi, Louise Potter ?

Quatre premières années se tenaient dans l’encadrement de la porte, les yeux ronds comme des gallions.

— C’est vraiment toi ? Tu es la sœur de Harry Potter ?
— On t’a vue dans la Gazette du Sorcier, y’a deux ans, quand tu as battu Gryffondor au Quidditch, non ?
— C’est vrai que tu as une cicatrice aussi ?
— Tu connais Voldemort en vrai ?!

Louise sourit avec patience, bien qu’un peu surprise.

— Oui, c’est moi… et doucement, hein, une question à la fois.

— Tu vas être capitaine cette année ?
— Tu es en couple avec Malefoy ?
— Tu peux signer mon manuel de potions ?

Avant qu’elle ait le temps de répondre, une voix claire et autoritaire résonna derrière eux :

— Bon, les premières années, ça suffit pour aujourd’hui. Allez, oust. Elle a besoin de calme.

C’était Hermione Granger, les bras croisés et l’air parfaitement polie… mais intraitable.

— Désolés, mademoiselle Potter… murmurèrent les enfants en s’éloignant à regret.

Hermione entra et referma la porte derrière elle.

— Tu as déjà ton fan-club, dit-elle en s’asseyant en face de Louise. Ça ne m’étonne pas.

— J’ai rien demandé, répondit Louise en souriant. Mais ils étaient gentils.

— Ils étaient insupportables, rectifia Hermione, et ils t’admirent beaucoup. Et… pas que les premières années, si tu veux mon avis.

Louise haussa un sourcil, mais ne répondit pas.

Le silence s’installa, doux, confortable… jusqu’à ce qu’il se transforme.

Un froid glacial se mit soudain à envahir la cabine. Le souffle de Louise devint visible. La buée monta sur la vitre.

— Tu sens ça ? murmura-t-elle.

Hermione hocha la tête, frissonnant.

Puis ça commença.

Des cris, lointains mais perçants.
Des voix qui suppliaient, en écho, comme à travers un couloir sans fin.
Une femme. Un homme. Un bébé qui pleurait.
Et cette voix rauque, cruelle :

Tue la fille. Elle est aussi dangereuse que lui.

Un éclair vert.
Et puis…

Le noir.

Quelques minutes plus tard

La lumière revint. Doucement. Elle sentit quelque chose de tiède sur ses lèvres. Un goût sucré. Du chocolat.

— Mange, Louise. Ça va t’aider.

Elle ouvrit les yeux. Une silhouette floue se tenait au-dessus d’elle. Des yeux doux, fatigués. Des cheveux mêlés de gris.

Le professeur Lupin.

À côté de lui, accroupi, pâle comme un fantôme : Drago Malefoy.

— Lou ? souffla-t-il. Tu… tu m’entends ?

Elle cligna des yeux. Le plafond du train tournait doucement.

— Qu’est-ce que… s’est passé ?

Lupin lui tendit un carré de chocolat.

— Un Détraqueur est monté à bord. Tu as été… plus affectée que les autres. Tu devrais aller à l’infirmerie en arrivant, mais pour l’instant, le chocolat suffira.

Louise croqua un morceau, encore tremblante.

— Merci…

Lupin lui sourit, puis se releva.

— Je vais voir les autres élèves. Repose-toi.

Il s’éloigna, laissant la porte de la cabine entrouverte.

Drago resta accroupi à côté d’elle. Il avait l’air complètement déboussolé, et surtout… sincèrement inquiet.

— Louise… j’ai eu peur. Tu ne répondais plus, tu étais glacée… tu tremblais.

Elle baissa les yeux. Elle se sentait vidée, mais elle ne voulait pas qu’il voie ça.

— Je vais bien, murmura-t-elle.

— Tu es sûre ? Tu veux que je t’amène à l’infirmerie, ou te chercher quelque chose ? Une couverture ? Un médicomage ?

Elle secoua la tête.

— Non… je veux juste rester là. Un peu seule.

Il la fixa un instant, blessé, mais hocha la tête.

— D’accord. Mais je suis juste à côté. Si t’as besoin de moi.

Il hésita, puis posa une main légère sur son bras. Un geste rare chez lui. Presque tendre.

Puis il se leva et sortit sans un mot.

Dans la cabine silencieuse, Louise ferma les yeux.

Mais le cri… et l’éclair vert…
Ils étaient encore là.

Et cette voix… elle la connaissait