Le Poudlard Express ralentit dans un crissement métallique, laissant échapper un dernier panache de vapeur alors qu’il entrait en gare. Les élèves descendirent un à un sur le quai de Pré-au-Lard, emmitouflés dans leurs capes. La nuit était tombée, et l’air était encore imprégné de ce froid anormal laissé par le passage des Détraqueurs.

Louise Potter, enveloppée dans sa robe de sorcière, s’avança en silence vers les calèches, sans un mot. Elle tenait son sac d’une main, son balai de l’autre. Elle ne parlait toujours pas, mais son regard était vif, éveillé. Elle allait bien… ou en tout cas, elle s’y efforçait.

— Louise… attends-moi.

Drago la rejoignit, un peu à bout de souffle. Il n’avait pas reparlé du Détraqueur. Il n’osait pas vraiment.

Ils montèrent ensemble dans une calèche.
Et Louise les vit.

Des formes osseuses, sombres, ailées.
Les Sombrals.
D’autres élèves semblaient ne rien remarquer. Mais elle, si. Elle les voyait clairement. Elle les regarda, fascinée, tandis qu’un frisson lui remontait la colonne.

— Tu les vois ? demanda-t-elle à voix basse.

Drago regarda devant lui, puis vers elle, confus.

— Voir quoi ?

Louise n’insista pas. Le silence de la calèche s’installa.

Quelques minutes plus tard, le château de Poudlard se dévoila au sommet de la colline, baigné de lumière. Grand, majestueux, familier. Louise sentit son cœur se serrer doucement.
Malgré tout… c’était chez elle.

Les élèves descendirent, riant, s’étirant, s’appelant. Louise s’éloigna de Drago d’un pas naturel, sans créer de scène. Elle voulait simplement… respirer.

Ils entrèrent dans la Grande Salle. Le plafond magique brillait d’étoiles. Les quatre longues tables attendaient les élèves sous la lumière des chandelles flottantes.

Louise rejoignit la table de Serpentard. Certains élèves la saluèrent d’un hochement de tête, Crabbe et Goyle s’installèrent non loin, lançant des regards discrets.
Marcus Flint lui offrit un sourire approbateur.

Et Fred et George, à la table de Gryffondor, lui adressèrent un clin d’œil coordonné quand elle passa.

Mais Drago s’installa à côté d’elle, un peu trop près. Il lui servit un peu d’eau sans qu’elle ne demande, laissa sa main frôler la sienne, lui souffla à voix basse :

— Tu es sûre que ça va ? Tu n’as pas besoin de… quoi que ce soit ?

Elle hocha simplement la tête, les yeux fixés sur la scène.

La répartition commença.

Le professeur McGonagall appela un à un les premières années. Certains tremblaient, d'autres riaient nerveusement. Le Choixpeau Magique chantait, parlait, jugeait…
Louise, déjà un peu ailleurs, observait les réactions avec un regard calme.

Une fillette nommée Isadora Fletchley fut envoyée à Serpentard.
Un garçon qui bégayait rejoignit Gryffondor.
D’autres encore suivirent, dans un défilé d’émotions et de chapeaux.

Enfin, le dernier nom fut prononcé, et le banquet apparut dans un éclair de magie.

Les plats se remplirent : rôtis, purée, tourtes, pudding à la mélasse. Des boissons fraîches, des tartes fumantes.
Louise eut faim pour la première fois depuis le train.

Elle servit un peu de dinde, évita de croiser trop longtemps les yeux de Marcus Flint, repoussa poliment un commentaire de Drago, et s’autorisa une gorgée de jus de citrouille.

Mais elle sentait les regards.
De Fred et George, curieux.
De Ron, hésitant.
De Cédric, de loin.
De Goyle, incapable de la regarder plus de deux secondes sans rougir.

Et surtout, celui de Harry, assis à la table des Gryffondor.

Ils échangèrent un regard. Il lui sourit, simplement. Elle répondit d’un hochement de tête.

Tout recommençait. Et pourtant, rien n’était vraiment comme avant.