Les murmures du dortoir
Le dortoir des filles de cinquième année à Serpentard était plongé dans une semi-obscurité élégante. Les rideaux verts encadraient les lits à baldaquin, le tapis épais étouffait les pas, et la lumière bleutée filtrant à travers les vitres sous-lacustres dessinait des formes ondoyantes sur les murs de pierre.
Louise s’était assise au bord de son lit, un peignoir vert foncé sur les épaules. Elle avait défait ses cheveux, tremblait encore légèrement. Le banquet avait été long, les regards pesants, et la présence de Drago omniprésente.
Elle soupira, pensant être enfin tranquille…
Mais une voix traînante coupa le silence.
— Alors, notre petite célébrité a eu une journée mouvementée, on dirait.
Pansy Parkinson était debout contre la colonne de son lit, bras croisés, en chemise de nuit noire brodée d’argent. Son regard était vif, amusé… mais un peu trop insistant.
Louise leva les yeux calmement.
— Pansy, répondit-elle. Tu veux quelque chose ou tu viens juste pour t’assurer que je suis encore vivante ?
— Oh, non, bien sûr que non, répondit-elle avec un sourire mielleux. C’est juste que tout le monde parle de toi. Les premières années n’ont que ton nom à la bouche. Et même à la table, Flint disait que t’étais « la meilleure joueuse de Quidditch que Serpentard ait connue ». Rien que ça.
— Je croyais que tu ne t’intéressais pas au Quidditch.
— Je ne m’intéresse pas au Quidditch. Je m’intéresse aux gens qui prennent un peu trop de place.
Louise haussa un sourcil, amusée.
— Je prends la place qu’on me donne. C’est pas ma faute si d’autres savent pas quoi faire de la leur.
Un léger silence suivit. Pansy la regarda avec un sourire qui ne touchait pas ses yeux.
— Drago est resté très silencieux ce soir. Tu l’as vexé ?
Louise détourna le regard vers la fenêtre immergée, où une silhouette de calmar géant passa paresseusement.
— Drago comprend ce que je veux. La plupart du temps, en tout cas.
— Il est très… protecteur avec toi.
Pansy marqua une pause, avant d’ajouter :
— Tu devrais faire attention à ne pas le rendre jaloux. Il est… imprévisible.
Louise la fixa droit dans les yeux, calmement.
— Ce serait peut-être bien qu’il apprenne que je ne suis pas un trophée qu’on protège. Ni un objet à garder pour soi.
Pansy sourit, presque sincèrement cette fois.
— Tu n’as pas peur de lui, toi. C’est rare. C’est presque… intéressant.
Louise répondit en tirant les rideaux de son lit d’un geste lent.
— Bonne nuit, Pansy.
— Bonne nuit, Louise, répondit-elle, un brin moqueuse.
Alors que la lumière verte dansait doucement contre les murs, Louise s’allongea dans le silence.
Mais son esprit restait éveillé.
Les voix, le froid, et l’éclair vert revenaient chaque fois qu’elle fermait les yeux.
Et maintenant, il y avait Pansy. Et Drago. Et tous les regards.
Elle était revenue à Poudlard. Mais la paix, elle, n’était pas au rendez-vous.
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