Le parrain
Les couloirs étaient silencieux et vides. À la lueur d’une lanterne magique, Louise et Harry avançaient prudemment, glissant d’ombre en ombre. Devant eux, la Carte du Maraudeur brillait doucement, les lignes animées de Poudlard les guidant jusqu’à la statue de la Sorcière borgne.
Louise posa sa baguette contre la verrue sculptée sur le nez de la sorcière.
— Derrière moi, les ennuis… devant moi, Honeydukes, souffla-t-elle.
Un passage secret s’ouvrit dans un léger craquement de pierre. Ils s’y faufilèrent aussitôt, et commencèrent à descendre les marches étroites et poussiéreuses du tunnel.
Harry riait doucement, un frisson d’excitation lui parcourant l’échine.
— Fred et George viennent officiellement de devenir mes héros.
— Et moi leur protégée officielle, murmura Louise avec un sourire malicieux.
Après une longue descente et quelques toiles d’araignée plus tard, ils débouchèrent dans la réserve de confiseries de Honeydukes. L’odeur sucrée de chocolat, de réglisse et de caramel envahit leurs narines.
En sortant discrètement dans la boutique, ils se mêlèrent à la foule d’élèves qui s’agitaient entre les rayons. Louise attrapa deux chocogrenouilles qu’elle fourra dans les poches de Harry.
— C’est pour la discrétion. Si Rusard nous attrape, tu lui jettes la grenouille au visage et tu cours.
Ils éclatèrent de rire.
—
Dans les ruelles pavées de Pré-au-Lard, ils retrouvèrent Ron et Hermione, qui les attendaient devant les Trois Balais.
— Qu’est-ce que… ?! s’écria Ron en les voyant.
— On a nos méthodes, répondit Louise d’un ton énigmatique.
Hermione fronça les sourcils, mais un sourire amusé se dessina vite sur ses lèvres.
— Vous êtes incorrigibles. Entrez avant que quelqu’un vous voie.
À l’intérieur du pub, l’ambiance était chaleureuse et animée. Des élèves riaient à toutes les tables, des chaudrons de Bièraubeurre fumants glissaient d’une main à l’autre, et Madame Rosmerta virevoltait entre les clients.
Louise et Ron s’étaient assis côte à côte. Leurs épaules se frôlaient souvent, et Harry, sans rien dire, observait le lien silencieux entre eux deux se renforcer à chaque sourire.
Hermione offrit un regard complice à Louise à un moment, ce qui fit rosir légèrement cette dernière.
Leur après-midi fut parfait. Bonbons, farces chez Zonko, rires et batailles de plumes enchantées dans la neige fraîche.
Mais tout changea dans une seconde.
Alors qu’ils sortaient discrètement d’un passage étroit derrière les Trois Balais, pour retourner vers le château, ils s’arrêtèrent brusquement. Une voix.
— …non, je vous dis qu’il rôde toujours autour du château. Black ne reculera devant rien.
Ils se figèrent, dos au mur.
McGonagall.
— Il a trahi James et Lily, disait-elle d’une voix tremblante. Et maintenant, il veut finir ce qu’il a commencé.
— Il a été leur ami… leur témoin, leur frère de cœur, répondit Hagrid avec colère. Et c’est lui qui les a vendus à Tu-Sais-Qui.
Louise sentit sa gorge se nouer. Elle voulut parler, mais aucun son ne sortit.
Harry, lui, était figé.
— Il était… leur parrain, ajouta McGonagall d’une voix brisée. Le parrain d’Harry. Et de Louise.
Le monde bascula autour d’eux.
Louise sentit tout son sang quitter son visage. Son souffle se coupa net.
Harry avait les yeux grands ouverts, son regard fixé sur un point invisible devant lui. Il semblait pétrifié.
Ils n’écoutèrent pas la suite. Ils n’en avaient pas besoin. Le choc était déjà là, brûlant et profond.
— Il nous a trahis, murmura Harry. Il les a livrés à la mort.
Louise ne répondit pas. Son regard était vide. Sa cicatrice pulsait. Pas de douleur. Juste un froid absolu.
Ron et Hermione, derrière eux, n’avaient rien entendu. Ils revinrent vers eux quelques instants plus tard, trouvant Harry et Louise silencieux, les visages livides.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Ron, inquiet.
Louise tourna lentement les yeux vers lui.
— Sirius Black… souffla-t-elle. C’était notre parrain.
Un silence terrible s’installa.
— Et c’est lui qui a donné nos parents à Voldemort.
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