Une sphère dorée perdue quelque part dans l'univers ; une planète oubliée, jusqu'à son propre nom, jusqu'à ses habitants. Une civilisation d'hommes partis un jour pour un voyage sans retour aux confins de l'espace. Espoir, colonisation, prospérité, puis calamité. La chute d'un nouveau monde, ravagé par les changements climatiques et l'anarchie des guerres civiles, par l'échec et l'abandon de leurs dirigeants.

Beaucoup ont oublié quand, comment, pourquoi, ils ont quitté leur système d'origine pour se perdre dans les dunes sablonneuses d'une terre qui les avale à coups de tempêtes et de pluies acides. Lorsqu'ils lèvent leurs regards et contemplent l'abîme, le scintillement des étoiles revêt un voile de nostalgie. On pense à Terre mais on ignore son goût, sa vue. On imagine Terre et on voit ses étendues d'eau pure, ses collines verdoyantes, la variété de sa faune. On ne sait plus. Terre, aussi, a oublié.

Là haut, une étoile brille plus que toutes les autres. Les Anciens racontent. L'homme est sorti du ventre d’Apollonia. Il a pris quand Pax Prima lui tendait. Il a dérobé quand Pax Prima rechignait. Sur ses monts arénacés, il a rêvé l'avenir de l'humanité. Mais Pax Prima a repris ce qu'elle avait donné. De ses plaies béantes sont nés la lave, les cendres et le basalte. Ils ont coulé sur la terre comme autant de ruisseaux ardents. Pax Prima a déversé ses entrailles sur sa peau abîmée. Le ciel s'est embrasé. La lune est tombée. L'homme a pleuré.

Alors il a rampé. Il est devenu cafard. Il a supplié Apollonia de le sauver. Elle est restée sourde. Immobile. Divine au cœur de la voûte céleste. Et ceux qui n'avaient plus que leurs yeux pour l'admirer l'ont priée. Jusqu'au jour où les larmes et le sang se sont asséchés. Depuis, le temps a passé. L'homme ne s'est pas souvenu. Pourtant, il cherche toujours, au creux des dunes ensablées, guidé par l'éclat flavescent d'une étoile oubliée.