Le vide qui glousse

Une minute de lecture

À notre table, je retrouve Julie et Alexandra. Je m’y étais préparée. Et j’avais aussi prévenu Luc. Ça n’a pas loupé.

Les filles gloussent pour un rien, se prennent en photo, bouche en cul de poule, joue contre joue, ajoutent des filtres, s’identifient partout comme si leur propre présence n’était pas assez réelle.

Je reverrai tout ça demain sur mon Insta. Vraiment, je ne comprends pas. Comment Audrey a pu se lier à ces personnalités-là. Nous sommes diamétralement opposées. Et il me semble qu’elle l’est aussi d’elles.

Elle peut être légère, oui, gagnée par une folie douce. Mais pas ça. Pas à ce point.

Son cercle amical n’en est pas un. C’est une immense ligne droite où les kilomètres ne suffisent plus à nous éloigner tant nous sommes différentes.

Le week-end de l’EVJF l’a confirmé : ce n’était pas juste une première impression. Luc me jette des regards entendus. Il prend sur lui.

Et ça glousse encore.

Je crois que nous n’avons pas tenu une conversation entière. Leur attention glisse, coule, se brise pour un rien. Je ne fais plus d’effort.

Cette journée m’épuise.

Cette table m’achève.

Je m’extirpe dès que je le peux pour fumer. Je fume plus que de raison. Le tabac me tient compagnie.

De retour à table, l’une me demande “comment tu la trouves notre Audrey”. Ce “notre” me traverse comme une écharde.

Je cherche le lien qui les unit. Je dissèque ce que je ne parviens pas à saisir. Quelque chose m’échappe encore — et ce vide-là, lui, ne glousse jamais.

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