Madame la coiffeuse passe la porte du magasin de fleurs. Après les habituelles salutations et comment s'est déroulé la fin de semaine de chacune, Madame la coiffeuse questionne Madame la fleuriste au sujet de la nouvelle construction dans le village.

— À vrai dire je ne sais pas grand chose, répond son interlocutrice blasée. J'aurais tellement aimé comprendre pourquoi ce projet a été accepté aussi rapidement.

— Eh bien figurez-vous que nous pensons savoir, avec Monsieur le marchand de journaux, ce qui ce cache derrière tout ceci .

— Vraiment ? répond Madame la fleuriste interloquée.

— C'est certainement un détournement de fonds public. Madame la maire a peut-être encaissé des petites sommes d'argent illégalement et doit trouver un moyen de les cacher, bref... J'ai lu ça dans un article de presse qui en parlait.

— Alors c'est comme ça que ça se passe, je ne le savais pas. Remarquez, Madame la maire n'est pas toujours très nette nette.

— Ah bon ?

— Vous savez que sa compagne était partie en vacances pendant quelques jours le mois dernier ? Elle a ouvert la porte à Monsieur le facteur. Et au vu du temps qu'il est resté, il n'a pas que lui faire signer son petit recommandé, si vous voyez ce que je veux dire.

Toutes les deux éclatent de rire.

— Oh ! Vous êtes incorrigible !

Madame la fleuriste jette un coup d’œil à sa montre.

— J'ai bien envie de faire une pause, vous m'accompagnez boire un café ?

— Ce sera pour une prochaine fois. Je dois retourner au salon, Madame l'épicière a pris rendez-vous pour une coupe. Vous saluerez bien Monsieur le barman de ma part. À ce propos, vous savez qu'il organise des tournois clandestins, vous y êtes déjà allée vous, dans son tripot ?

— Moi ? Non, jamais ! De toute façon, je suis nulle au rami.

Madame la coiffeuse sort un livre de son sac.

— Tenez c’est pour vous. Monsieur le marchand de journaux me l'a apporté ce matin. C'est un roman d'Agatha Christie que j'adore, j'ai été scotché au dénouement. Lisez-le jusqu'à la fin, vous comprendrez ce que je veux dire au sujet de Monsieur Blanc et Monsieur le docteur.