INTRODUCTION

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LE FOU DE TA RUE REGARDE LA FUSÉE S’ENVOLER

Au sujet d’une discrimination silencieuse qui fabrique des surdoués en technologie et des nuls en lettres, art, philo, psycho et socio.

INTRODUCTION

Du fait de ses développements scientifiques, notre civilisation semble faire preuve de capacités surhumaines en repoussant toujours plus loin les limites du possible. Mais si l’actuel Monde moderne excelle dans le secteur des robots et des intelligences artificielles, il trahit en revanche de véritables incapacités au niveau des connaissances humaines. De nouvelles filières technologiques révèlent des avancées fulgurantes, mais les écoles de peinture et de littérature ont fermé. Le secteur de l’ingénierie prospère, mais l’enseignement des humanités a disparu. Certes, le progrès des technologies favorise le développement des moyens de communication : s’instruire et se cultiver semblent alors plus faciles, sauf que la palme d’or revient aux effets du virtuel et aux personnages de synthèse de l’industrie du jeu vidéo, laquelle triomphe sur celle du cinéma. Ainsi, nos sociétés se remplissent de machines et de néons et, tout autant, se vident de leurs consciences.

À la base du problème, pense-t-on, se trouvent des questions d’utilité et de rentabilité. Mais comment ne pas constater, en même temps, les effets d’une échelle de valeurs entre disciplines, qui commence dès le système éducatif ? Aux bons élèves, les filières scientifiques et un avenir assuré, tandis que les autres devront s’orienter vers des parcours plus hasardeux, tels que l’art et la littérature, la psychologie ou la sociologie... Nul doute que l’élève qui se perçoit à la fois littéraire et scientifique, va opter sans hésiter pour un avenir scientifique. Cette différence de niveau entre disciplines finit forcément par déteindre sur notre système : l’homme se révèle capable de fabriquer des cœurs artificiels et d’envoyer des robots dans l’espace, mais il demeure impuissant face aux misères et détresses qui minent le contexte social.

Quel paradoxe que d’habiter un pays qui est capable de faire s’envoler une fusée dans l’espace, mais sans solution pour soigner et protéger le fou qui, faute d’une structure adéquate, dort dans nos rues ! Notre société a adopté un fonctionnement à deux vitesses dans une indifférence générale. Pourtant, derrière toutes les prétendues justifications qui semblent pouvoir expliquer, par exemple, pourquoi le cerveau d’un littéraire n’est pas aussi performant que celui d’un matheux, il existe, en réalité, de véritables intentions informelles de privilégier certaines intelligences et pas d’autres, or très curieusement – mais est-ce vraiment une coïncidence ? – les intelligences les plus délaissées s’orientent toutes vers des disciplines qui ont pour point commun d’explorer le domaine de la conscience. Rappelons que parmi ces disciplines délaissées, on a : la littérature, la linguistique, la sociologie, la psychologie, l’art.

« La géométrie ne rend pas toujours l’esprit juste », souligne Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », assure, quant à lui, Rabelais. Notre époque, emportée dans ses ivresses multiples, est devenue totalement hermétique à ce genre de nuances qui invite à ne pas négliger le rôle de la conscience. D’ailleurs l’homme moderne s’entête à croire que seuls les progrès de la science sont à l’origine de son bonheur de privilégié, oubliant la bravoure des philosophes du passé qui, parfois, ont dû payer de leur liberté, voire de leur vie, la divulgation de leurs idéaux progressistes.

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