Chapitre 10 : Les plages tolérantes au naturisme

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Somnolante, Ingrid ne put définir le temps qui s’était écoulé lorsque Édith la sortit de sa torpeur.

- Mais regarde là ! C’est incroyable. Les deux jeunes qui étaient proches de nous sont partis dans les dunes pour s’envoyer en l’air à la vue de tous. Mais regarde donc !

- Non, Édith. Je n’en ai aucune envie. Et tu ferais mieux de ne pas les observer comme cela.

- Et pourquoi donc ! S'ils se montrent, c’est parce qu’ils ont envie d’être vus. Mais regarde, c'est incroyable, elle est ...

- Tais toi, je ne veux rien entendre !

- En tout cas, moi je ne vais pas me gêner pour les regarder. C'est bien mieux qu'un film porno !

Pendant que son amie se redressait pour mieux observer la scène, Ingrid essaya de retrouver son état méditatif, en vain. Embarrassée par la situation, elle s'assit et fixa son regard dans la direction opposée, vers l’océan.

- Regarde, maintenant qu’ils ont fini, ils viennent se rincer dans la mer. C’est un bel homme qui semble aimer se montrer, cela se voit dans sa démarche. Pas étonnant qu'il joue les exhibitionnistes.

- Hier, j’ai été choquée par les préjugés de Arturo quand nous avons parlé de notre rencontre avec les naturistes. Il prétendait ne pas vouloir s’approcher de la plage qui leur est réservé, sans quoi il devrait sans cesse surveiller ses arrières. Je comprends sa remarque maintenant. Sans un minimum de surveillance, ce lieu est propice à toutes les déviances. Partons.

- Sûrement pas. Nous n’avons pas fuir ni à nous sentir gênées. Restons encore un peu.

Pour distraire son amie, Édith lui proposa de revenir sur l’apéritif de la veille avec leur guide. Ingrid accepta de rester encore un peu. Évoquer la soirée d’hier lui ferait oublier les comportements étranges observables sur cette plage.

Elle avait effectivement remarqué que, bien que la conversation ait tourné principalement autour du changement de vie de Arturo, il avait essayé de l’inclure dans la conversation à chaque fois qu’il le pouvait. Il lui demandait son avis et il semblait vouloir en savoir plus sur elle. D'habitude elle ne se livrait pas, mais il était plus facile de parler à un étranger que l'on ne verrait à la fin des vacances. Elle avait évoqué sa situation compliquée avec son ex avec qui elle était encore mariée et Édith était revenue sur la nécessité, pour elle, de clore cet épisode de sa vie et d'aller de l'avant. Avant de partir, il leur avait vanté l’excursion qu’il organisait pour admirer le coucher de soleil sur la lagune. Édith l'avait encouragée à s'y rendre mais avait décliné l’offre en lui adressant un clin d'oeil qui avait outré Ingrid.

- Tu vois que j’avais raison lorsque je t’ai dit qu’il s’intéressait à toi, Ingrid.

- C’est vrai qu’il s’est montré attentionné, mais c’est simplement parce que c’est un bon commercial qui m’a vendu une excursion pour ce soir.

- Lâche-toi un peu. Souviens toi du confinement. On pensait qu’on allait tous mourir ou perdre un proche. Il est temps de vivre maintenant, de profiter de ce que la vie nous offre au jour le jour.

- Oui, tu as raison. Cela a été une période très difficile pendant laquelle j’ai eu peur d’être contaminée par qui continuait à voir parfois ses amis malgré les interdictions. Elle avait besoin de vivre un peu sa jeunesse. Par contre, je n'ai pas vu mes parents de peur de leur transmettre le virus. Je n'aurais pas aimé les perdre alors que nous avions été séparés pendant tant d'années.

- Ce satané virus nous a rappelé que nous n'étions que de passage sur cette terre. C’est pour cela qu'il faut profiter de la vie, et des attentions d’un homme lorsqu’elles se présentent.

- En théorie, oui. Mais je suis toujours restée fidèle à Jean, même s’il m’avait trompée. Je pense que je me suis encroûtée dans ce domaine.

- C'est le moment de te rattraper.

- Physiquement, Arturo n’est pas mon type d’homme. Mais il émane une telle impression de bien-être et d’accomplissement personnel de lui qu’il en devient beau. Et ses yeux noirs me happent comme un puits sans fond. En tout cas, j'espère que cela ne te dérange pas que je te laisse seule ce soir, Édith.

- Mais arrête de t’excuser tout le temps. Si je t'ai encouragée à y aller, c'est aussi pour pouvoir draguer seule au bar de la piscine ce soir. Les hommes accostent plus facilement une femme lorsqu'elle est seule.

Elles profitèrent encore un peu de la plage avant de retourner vers la Praia do Barril . Après avoir enfilé son bikini, Ingrid se demanda pourquoi elle se sentait protégée par ces petits bouts de tissus qui soulignaient ses formes et ses imperfections plus qu’ils ne les dissimulaient. Édith, aux aguets, observait des mouvements suspects dans les dunes. Elle se promit d’y retourner, seule s’il le fallait. C’était le prochain défi qu’elle se lançait.

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