Chapitre 25 : Arrivée à Maubeuge

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En approchant de chez Édith, Ingrid observa un paysage triste, traversé par la Sambre, émaillé de petits immeubles avec quelques tâches représentant les espaces verts. La grisaille du jour devait sans doute contribuer à l'impression négative donnée par cette ville mais ce n'était pas l'unique problème aux yeux d'Ingrid. Édith, comme elle, avait vécue dans l'hyper-centre, un lieu avec une animation constante. La périphérie, c'était tellement "tranquille", aucun doute pour elle que son amie ne s'y plairait pas. Mais elle était venue pour la soutenir dans ce changement de vie et elle contait ne pas partager sa première impression. Et peut-être que le centre de Maubeuge n'était pas si loin et qu'il devait aussi présenter différents attraits. L'avantage de la périphérie, c'était qu'il était assez facile de trouver de la place pour sa voiture et elle s'arrêta à moins de dix mètres de l'adresse encodée dans son GPS. Et dire qu'il lui avait fallu presque autant de temps pour quitter Lille que pour rejoindre cette banlieue.

Édith avait accepté sa proposition d'apporter du potage et une quiche pour qu'elles puissent manger sur le pouce pendant le rangement. L'absence de magasins ou de restaurants à proximité expliquait pourquoi son amie avait accepté plutôt que de sortir comme à leur habitude. Parée de son sourire, elle se dirigea vers le bas immeuble, prête à lui remonter le moral si nécessaire. Lorsqu'elle arriva à l'entrée, elle constata que le nom d’Édith n'était pas encore indiqué dans la liste des locataires, alors elle décrocha son téléphone pour l'informer qu'elle attendait en bas.

Édith était descendue pour lui ouvrir, toujours aussi joyeuse qu'à son habitude. Juste après avoir embrassé son amie, elle lui proposa de prendre un selfie immortalisant le premier passage de Ingrid dans son nouveau "chez elle" puis elle la guida dans les escaliers de cet immeuble sans ascenseur. L'entrée débouchait dans un couloir donnant sur deux chambres à gauche et un pièce de vie, bien plus petit que son ancien séjour, à droite . Édith avait dégagé la table à manger ainsi que l'espace contigu à sa cuisine ouverte. Malgré le déstockage dont elle avait été témoin, Ingrid se demanda comment son amie pourrait ranger le contenu de tous les cartons qui s'accumulaient dans cet espace.

– Et voilà, ici c'est chez moi. Et depuis se matin Théo est contant car nous avons enfin internet, claironna Édith avec toute sa bonne humeur.

Ayant minutieusement étiqueté tous les cartons, Édith avait pu facilement les répartir dans les pièces auxquelles elles étaient destinées.

– Dans les caisses du corridor, il y a tout ce qui doit encore être rentré dans les chambres. C'est fonctionnel, nous avons déjà dormis deux nuits ici. Théo est en train de ranger sa chambre.

Édith appela alors son fils pour qu'il vienne saluer son amie puis elle la conduisit vers la pièce principale. Ingrid, attirée par la lumière jaillissante dans la pièce, s'approcha de la fenêtre et observa un jardin en bas.

– Cette vue est reposante, tenta-t-elle comme première remarque positive. Et tu as un bel espace de balcon, presque aussi grand que celui dont nous disposions en vacances. Est-ce ici que vous viviez quand vous rentriez au pays ?

– Non, nous avons aussi une maison au centre. L'appartement était uniquement un placement et nous n'y avons jamais vécu. C'est Alex qui a gardé la maison.

– C'est reposant ici mais n'es tu pas un trop décentrée pour vivre sans voiture ici ?

– Il y a une petit magasin à cinq minutes à pied d'ici. Mais je profiterai bien de ta voiture pour faire quelques achats de bouteilles d'eau ou la poudre à lessiver tant que tu es là.

– Dans ce cas, activons nous. Par quoi veux-tu commencer ?

Édith voulait rincer la vaisselle avant de la ranger. Une fois ces cartons vidés et aplatis, Ingrid prit l'initiative de déplacer ceux qui étaient encore sur le canapé, libérant ainsi la place pour que Théo trouve un coin ou se poser. La cuisine étant accessible et fonctionnelle, elles firent réchauffer le repas d'Ingrid avant de partir à l'hyper-marché.

***

En conduisant, Ingrid se rassura un peu en entendant l'optimisme de son amie qui lui faisait découvrir les alentours. Elle espérait que cette joie n'était pas feinte mais elle préféra éviter de lui poser la question. Arrivées sur la parking de l'inter-marché, elles prirent chacune un charriot et se dirigèrent vers l'entrée.

– Je profite que Théo n'est pas avec nous pour t'informer que je suis en discussion pour une place d'enseignante à l’Île de la Réunion.

– Je savais que tu cherchais à repartir mais ne m'avais-tu pas dit que tu ne voulais plus enseigner, répondit Ingrid, pensive.

– C'est vrai que c'est un métier fatiguat et trop peu valorisé. C'est pour cela qu'il est plus facile d'avoir accès à un de ces postes, surtout lorsqu'on a une petite expérience comme moi. Il y a une enseignante qui va partir à la retraite en janvier et je négocie pour que Théo puisse entrer à cette école en cours d'année. Je ne veux pas le tracasser avec cela tant que ce n'est pas sûr.

– Le pauvre, cela fera un deuxième déracinement sur l'année. Et cette fois, plus question de voir ses amis, compatit Ingrid.

– Mais c'est aussi une opportunité et la dernière occasion, pour moi, de pouvoir l'obliger à me suivre. Pour la première fois, ça ne sera pas à moi de suivre...

Ingrid trouvait l'attitude de son amie un égoïste pour son fils tout en comprenant son besoin d'affirmation. Vivre sur une île paradisiaque pendant un temps pourrait lui faire du bien. Plutôt que d'exprimer son ressentit, elle préféra changer de sujet.

– Je ne t'ai pas encore dit qu'Arturo avait proposé de me rejoindre à Lille puisque je ne pouvais pas venir en attendant le retour de Jean.

– Il aurait dû t'informer de la date exacte de son retour celui-la, maugréa Édith.

– Il doit toujours faire avec les aléas de ses fonctions ...

– Ah non, ne lui cherche pas d'excuse. J'espère qu'il n'arrivera pas quand Arturo sera présent.

– Oui, cela m'embête un peu et je lui avait demandé d'attendre que Jean fixe a date de son retour. Mais Arturo semble pressé de me revoir et il prétend qu'il a de quoi s'occuper si je devais rester un moment seule avec mon mari.

– Tu as rencontré un homme bien, qui te soutien, mais il ne faudrait pas exagérer non plus. Dis lui que cela me ferait plaisir de le revoir chez moi, si vous trouvez un peu de temps quand il sera là ...

Édith déchira sa liste de commissions et en tendit un bout à son amie pour qu'elle l'aide à faire ses achats, l'empêchant de la sorte de protester. Superstitieuse, elle s'était fait une promesse porte bonheur : si elle assurait l'avenir sentimental de son amie, son avenir à elle aussi s'éclaircirait. Mais ça n'était pas encore gagné. Au moment de se séparer, elle lui lança :

– Je me suis donné du mal pour que votre histoire démarre, j'espère que tu ne vas pas tout faire capoter avant mon départ.

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