Chapitre 26 :Tout va trop vite

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Au moment où Arturo l'informa qu'il venait de trouver une place pour sa voiture, Ingrid se précipita au bas de son immeuble pour le rejoindre. Il venait d'ouvrir son coffre pour en sortir son bagage lorsqu'elle interrompit son geste en l’enlaçant, s'accrochant à lui comme une personne qui se noie tout en lui tendant ses lèvres pour un long baiser langoureux.

– Eh bien, c'est un plaisir de se sentir accueilli de la sorte, lui chuchota-t-il tendrement dès qu'il put reprendre son souffle.

– J'aurai pu venir te chercher à l'aéroport et nous n'aurions pas perdu ses précieuses minutes avant ton arrivée. J'avais pris congé pour profiter de ce long week-end avec toi, lui répondit-elle doucement en espérant qu'il n'y verrait pas une pointe de reproche.

– J'aime être autonome quand je rentre au pays et je loue toujours une voiture. Cela me permet de me déplacer à ma guise et d'aller voir mes enfants. Je te les présenterais si l'occasion se présente.

Ingrid se détacha de ses bras, les événements commençaient à aller trop vite pour elle. Elle aurait préféré disposer du temps de trajet entre l'aéroport et chez elle pour se réhabituer à son amant avant qu'il ne débarque chez elle. Et cette suggestion de présentation à ses enfants alors qu'elle n'avait pas encore réglé sa situation avec Jean lui donna le tournis.

Rassure-toi, ce n'est qu'une proposition pour un prochain week-end, je ne veux pas te bousculer.

- Excuse-moi de ce mouvement d'hésitation. Jean a annoncé qu'il rentrait la semaine prochaine et cette rencontre me préoccupe. Je ne me sentirai pas libre tant que nous n'aurons pas discuté tous les deux.

En attendant, je suis là pour te distraire et te remonter le moral et je suis impatient de découvrir l'endroit où tu vis.

 Avant de décharger ton bagage et de le déposer chez moi, je te propose de te promener dans le vieux Lille avec moi. J'adore l'ambiance des quartiers historiques et, comme le ciel est menaçant, j'aimerai en profiter pour te faire découvrir mon environnement avant que nous devions nous protéger de la pluie.

Arturo referma le coffre de sa voiture et Ingrid mélangea leurs doigts avant de l’entraîner à la découverte des rues de sa ville. Elle avait trouvé le moyen de rester un peu en zone neutre avant de l'emmener chez elle, de ralentir en ce calquant au rythme des vieux quartiers.


- Voilà, à toi de découvrir mon intérieur, s'exclama Ingrid en ouvrant la porte de son duplexe.

Arturo ne se fit pas prier pour entrer et découvrir ce lieu qui lui permettrait de percer une partie du mystère qui entourait encore la femme qui faisait tanguer son cœur. Comme il pouvait s'y attendre après avoir découvert la façade de son immeuble, les lieux donnaient une impression d'espace grâce aux hauts murs blancs, éclairés par la lumière entrant par les grandes fenêtres et terminés par d'antiques moulures. Comme lui, Ingrid semblait apprécier les décorations monacales mais ses meubles étaient disparates et probablement issus d'antiquaires. Bien que le monde des objets anciens lui fût inconnu, il ne doutait pas que chacune des pièces s'offrant à ses yeux devait avoir une grande valeur.

- Eh bien, je suis impressionné par ces lieux ! Vivre ici ne doit pas être à la portée de toutes les bourses, s'étonna-t-il. Ingrid lui avait pourtant dit qu'elle n'avait encore qu'un faible revenu grâce à son activité professionnelle débutante.

- Bien que nous vivions en ambassade et que nous n'avions pas besoin de logement, Jean a investi dans l'immobilier. Nous avons cet appartement ici pour être près de nos familles et une maison à Narbonne que nous louons comme logement de vacances. La répartition de nos biens sera le principal problème à régler lors de notre séparation puisque Annabelle devrait bientôt devenir autonome financièrement.

Ingrid s'était exprimée sans remarquer l'impression troublante que provoquait les lieux sur Arturo.

Perturbée par les préoccupations qui l'avaient empêché de dormir ces derniers jours, elle ne remarqua pas l'ombre dans le regard d'Arturo.

- Je vais essayer de chasser mes tracas, peut-être plus craints que réels comme l'affirme Édith, et te montrer les autres pièces. D'ailleurs, elle nous a invité à passer chez elle un soir.

Se rappelant qu'il avait déjà une petite place dans son monde grâce à Édith, il voulut lui témoigner la place qu'elle prenait déjà dans sa vie alors qu'ils étaient séparés par trois milles kilomètres.

- Elena et Miguel me taquinent à propos du sourire qui semble ne plus quitter mes lèvres depuis que je t'ai rencontrée. Ils se doutent qu'une personne qui est récemment entré dans ma vie mais je ne compte pas leur confirmer que c'est toi avant ton retour.

Petit à petit, ils prenaient tour à tour une place dans la vie de l'autre.

Ingrid l'invita à déposer son sac dans sa chambre, un endroit sortit du dix-huitième siècle avec un vieux secrétaire jouxtant un lit à baldaquin.

- Ce secrétaire me vient de ma grand-mère. Elle a utilisé toutes ses économies pour s'offrir ce petit meuble qui lui faisait penser à ses auteurs préférés. Il lui a surtout été utile pendant la guerre, lorsqu'elle écrivait ses pensées pendant cette époque difficile. Elle m'a dit qu'elle y rédigeait de nombreuses lettres de correspondance de guerre qu'elle entretenait avec mon grand-père. Je n'ai pas retrouvé ces lettres mais elle m'a légué son journal.

- C'est une bien belle histoire. De nos jours, le souvenir de ces événements tragiques s'estompent avec le temps et il est important de le rappeler pour que de telles atrocités ne se répètent plus. As-tu des projets pour ce journal ?

- J'ai déjà pensé à contacter un éditeur mais je n'ai pas encore trouvé le temps. Je suis plus attachée à l'histoire portée par certains objets que par les écrits de ma grand-mère. Je doute d'ailleurs que son style littéraire puisse intéresser un éditeur.

- Ça, tu ne pourras le savoir que lorsque tu auras proposé son manuscrit à une maison d'édition. J'imagine que les autres meubles qui t'entourent ont aussi une histoire ?

- Certains ont été chinés chez des antiquaires ou dans des brocantes. Il y a peu de meubles et d'objets chez moi, mais j'aime qu'ils aient une valeur historique qui soit liée à mon passé où à l'histoire avec un grand H. Je pourrais t'en raconter d'autres si cela l'intéresse.

Arturo l'embrassa, s’apprêtant à la faire basculer sur le lit qui les attendait, lorsque la sonnerie de l'appartement retentit. Avec un soupir, ils quittèrent la chambre, le temps qu'Ingrid reçoive cet invité inattendu. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle se redressa et se raidit instinctivement. Un homme grand, figé dans une attitude similaire lui faisait face. Il émanait de lui une autorité et un charisme naturel qui impressionna Arturo.

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