Chapitre 27 : retour sur le passé

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– Bonjour Ingrid. J'ai dû rentrer un peu plus tôt que prévu et je suis directement venu te voir. Mais tu es peut-être occupée ce soir ? lui dit-il en adressant un signe de tête à Arturo.

– Bonjour Jean, tu aurais pu me prévenir au moins quelques jours plus tôt. Mais je vais m'adapter, cette discussion ne peux plus attendre.

Jean savait que sa femme n'aimait pas les imprévus mais il avait sciemment gardé le silence pour estimer les chances de réussite de sa démarche. Le silence s'installa et les deux hommes s'observèrent jusqu'à ce que Ingrid brise cette atmosphère de plus en plus pesante.

– Je te présente Arturo, un ami qui s'apprêtait justement à partir. Arturo, je te présente Jean, mon mari dont je t'ai déjà parlé reprit-elle en s'adressant à son voisin.

Arturo aurait sans doute aimé rester pour soutenir Ingrid mais ces propos étaient clairs et sans appels. Il regarda Jean, droit dans les yeux avant de faire une bise à Ingrid et de forcer le passage pour sortir.

– Je vais contacter Édith et voir si je peux passer ce soir. Tu sais où nous trouver si tu as besoin de la présence de tes amis, lui dit-il en sortant.

Avant de laisser Jean entrer, Ingrid lui fit une seconde remarque qui sonna comme un second reproche. Jean estima q Jean estima que la discussion ne serait pas aussi facile qu'il l'avait espéré.

- Tu étais sensé passer le week-end avec ta fille avant de revenir, si je ne me trompe, l'accusa Ingrid.

- Oui. Mais il y a eu un imprévu qui m'a obligé à revenir un peu plus tôt. Tu connais les contraintes de ma fonction.

Ingrid finit par lui ouvrir le passage, l'invitant à entrer. Elle ne lui proposa pas de s’asseoir, il était chez lui après-tout et libre de ses mouvements. Il la suivit lorsqu'elle se dirigea vers la cuisine.

- Veux-tu quelque chose à boire ? s'enquit-elle avec courtoisie.

- Un verre d'eau pétillante, si tu en as.

Jean s'arrêta en face d'une des fenêtres, il préférait toujours être dans la même position que son interlocuteur lorsqu'il entamait une négociation. Ingrid s'approcha de lui et lui tendant un verre d'eau qu'il saisit en touchant volontairement ses doigts. Le réflexe de retrait de sa femme ne présageait rien de bon.

- Tu permets que je mette un peu de musique d'ambiance, proposa-t-il.

- Oui, fait comme chez toi.

Jean aimait la musique classique, des tonalités parfaites pour le cadre dans lequel ils se tenaient. Il se dirigea vers leur enceinte et choisi un de ses vieux CD qu'Ingrid n'avait pas encore fait disparaître. En se déplaçant dans l'appartement, il reprenait possession des lieux et, lorsqu'il revint vers Ingrid, il était disposé à entamer la discussion.

- Ta demande de divorce m'a fait réfléchir. Je pense que cette mutation en Roumanie pourrait être l'occasion d'un nouveau départ entre nous. Crisitna n'était qu'une passade, le temps de traverser la crise de la quarantaine mais, j'ai toujours su que tu étais la femme de ma vie et que nous nous retrouverons un jour.

Ingrid resta silencieuse, toujours aussi droite et rigide qu'à l'arrivée de son mari. Jean avait toujours pensé qu'elle n'attendait que cela et que c'était pour cette raison qu'elle n'avait pas encore introduit la demande le divorce. Mais son absence de réaction lui indiquait qu'il ne s'en sortirait pas aussi facilement, qu'il avait peut-être trop attendu.

- Il y a des couples qui se séparent pour mieux se retrouver ensuite. J'ai toujours pensé que ce serait le cas pour nous. Viens avec moi en Roumanie, là où personne ne connaît notre passé nous pourrions reconstruire notre couple.

Il tenta d'imaginer les pensées qui devaient se bousculer dans sa tête. Elle savait qu'il analysait toujours le langage corporel langage corporel de son interlocuteur, ce qui pouvait expliquer son immobilité. Il l'avait surprise avant qu'elle ne se présente avec le masque d'apparats qu'elle portait si bien lors de leurs réceptions. L'homme qu'il avait croisé lui semblait avoir des vues sur elle, mais l'attitude de son épouse lui montrait qu'il avait encore toutes ses chances avec elle.

Sa playlists venait d'entamer une valse et il s'approcha d'elle.

- Souviens toi de nos soirées de gala, de nos valses. Tu me disais que je te donnais l'impression de glisser, comme un cygne sur la surface miroitante d'un étang.

Il posa alors sa main dans le creux de sa taille, prêt à entamer un premier pas de danse.


***

Contrairement à Jean, Arturo n'envisageait pas de se présenter chez Édith avant de lui avoir annoncé sa venue. En arrivant, il avait remarqué un bar au pied de l'immeuble où il pensait attendre en attendant le feu vert de Édith. Il se dirigea vers la terrasse du bistro de la place, face à l'appartement d'Ingrid qui était situé au premier étage. Il avait choisi une table d'où il pouvait observer les ombres se déplaçant derrière les fenêtres de son aimée.

Il commanda une bière ambrée, espérant que leur discussion serait courte et qu'il aurait peut-être la chance de voir rapidement ressortir Jean. Il observait l'immobilise d'Ingrid de l'endroit où il se trouvait.

Le serveur revint rapidement avec sa commande qu'il paya directement. Il engloutit sa boisson, s'apprêtant à en commander une autre, lorsqu'il entendit l'arrivée d'un message. Édith venait de lui confirmer qu'il pouvait passer chez lui. Il estima qu'il était mieux pour lui de la rejoindre plutôt que d'attendre sur la terrasse et il envoya un message à Ingrid.

Édith vient de m'envoyer son adresse, je t'attends chez elle.

Courage, je suis avec toi en pensée.

Au moment de partir, il jeta un dernier coup d’œil en direction de la fenêtre d'Ingrid et il vit deux silhouettes enlacées.

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