Toulouse, mardi 18 février

Laurent Ducros avait obtenu, par l’intermédiaire de Laura Marques, la collaboration de la société Carmes FM, qui était bien en charge de la conciergerie et de l’entretien de l’appartement, rue du Pont de Tounis. Il avait donné rendez-vous à Tiago Mendes, le gérant, au pied de l’immeuble. Celui-ci arriva un peu après quinze heures, en retard de quelques minutes, et visiblement agacé d’avoir à se déplacer en milieu de journée.

« J’ai déjà parlé avec un gendarme il y deux semaines, vous n’allez pas visiter tous les appartements que je gère ! Qu’est-ce que vous voulez cette fois ?

— Nous souhaitons nous rendre compte par nous-mêmes, il s’est peut être passé quelque chose de grave ici.

— Oui, et quand ? demanda Mendes.

— Au mois d’août dernier, je vous l’ai dit au téléphone.

— Vous voulez rire, il y a plus de six mois ! Il en a défilé du monde ici depuis ce temps. Cet appartement, c’est un de ceux qui sont le plus demandés.

— Je vous l’accorde, mais nous avons besoin de vérifier un certain nombre d’éléments, désolé de vous déranger, mais moi aussi j’ai fait plus de cinquante kilomètres pour venir ! répliqua Ducros.

— Bon, allons-y alors ! »

Le gérant les fit monter au troisième étage et déverrouilla la porte. L’appartement était situé dans un angle de l’immeuble, donnant à la fois sur le quai de la Garonne et sur la rue. Comme précisé sur l’annonce, il était spacieux et lumineux. La décoration était récente, dans un style moderne nordique, meubles de bois clair et accessoires colorés. Les trois grandes chambres permettaient d’héberger confortablement trois couples, la cuisine était équipée d’appareils récents. La pièce principale était accueillante, avec un grand canapé beige et deux fauteuils assortis. Sur le mur du fond, une fausse cheminée à éthanol apportait une touche chaude à l’ensemble. Pendant que Marchand passait les différentes pièces en revue, Ducros interrogea Mendes.

« Vous avez vérifié vos registres ? demanda le gendarme.

— Oui, oui, maugréa le gérant. L’appartement a bien été loué pour le week-end qui vous intéresse. Du vendredi soir au lundi matin. C’est d’ailleurs assez surprenant dans les périodes d’été, les clients louent généralement à la semaine.

— Peut-être que le propriétaire s’était réservé cette période, pour des amis de passage. Ça doit se produire, non ?

— Oui, c’est vrai, mais là, c’est la pleine saison, le moment où c’est le plus demandé et le plus cher.

— Vous le connaissez, le propriétaire ? demanda Ducros.

— Oui, il a plusieurs appartements chez nous. C’est un avocat, je crois.

— Je suppose que c’est trop loin pour que vous ayez le souvenir d’éléments insolites, tenta le gendarme.

— C’était le mois d’août, on avait pas mal de personnel en vacances ; j’ai vérifié, la personne qui est passée faire le ménage ne travaille plus pour nous.

— Vous pourrez quand même me fournir ses coordonnées ?

— Oui, bien sûr, je vous enverrai ça en rentrant.

— Donnez-moi votre numéro de portable, je vous envoie un SMS pour vous le rappeler !

— Vous avez besoin d’autre chose ? J’ai encore du travail.

— C’est bon, je pense qu’on a tout vu. De toute façon, je vous recontacterai en cas de besoin. »

Les deux gendarmes laissèrent Mendes repartir et Ducros entraina Marchand jusqu’au quai. Ils n’avaient que la rue à traverser.

« C’est plutôt sympa comme endroit, non ?

— Tu as raison, mais ce n’est sûrement pas dans mes moyens, répliqua le jeune gendarme.

— Tu sais combien ça se loue ?

— Aucune idée !

— On est à plus de huit cents euros pour un week-end.

— Quand même, ils doivent avoir les moyens ceux qui organisent ces soirées !

— Oui, pour le moment on a un dentiste, un avocat… pas des petits fonctionnaires. Tu as vu la maison des Delcasse et leur voiture ? Ils n’avaient pas de problème de fin de mois. »