Atelier d’artiste

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L’Herm, vendredi 24 mai


Stéphanie dirigeait la séance avec douceur, tout en s’efforçant d’obtenir les poses qu’elle recherchait. Pour la circonstance, son atelier à l’étage avait été agencé en studio de prise de vues avec des rouleaux de fonds déployés et des flashs au plafond. Un canapé de style classique, recouvert de velours rouge constituait le seul mobilier. Le couple qui lui servait de modèles se prêtait au jeu sans retenue. La femme était encore assez jeune, pas beaucoup plus de trente ans, pensa Stéphanie. Elle avait de longs cheveux blonds ondulés, permettant d’agréables jeux d’ombres et de lumière sur son visage et ses yeux clairs. Elle avait des seins naturellement fermes, qui faisaient penser aux bustes de déesses grecques. La nudité ne semblait pas être une gêne pour elle. Son compagnon était plus âgé, l’air sombre et la peau mate d’un homme du sud. Sa silhouette svelte laissait deviner une pratique régulière de l’exercice physique. Lui aussi évoluait nu, avec naturel. Stéphanie avait débuté sa séance avec des attitudes classiques, à la fois pour lui permettre d’ajuster ses éclairages et pour les mettre en condition, mais très vite, ses modèles avaient proposé des poses plus sensuelles. Après une heure, la photographe avait proposé une interruption, autant pour permettre aux modèles de se reposer que pour lui permettre de visionner les premiers rushs.

« Est-ce que ça vous intéresserait de regarder ce que j’ai déjà réalisé ? demanda la jeune artiste. »

Sans attendre de réponse, elle leur tendit un ouvrage de grand format.

« J’ai réalisé ces photos il y a quelques années déjà. J’étais encore à Paris à cette époque. J’ai eu la chance de travailler avec un véritable maître. C’est lui qui m’a encouragé et aider à réaliser ce livre. »

Le travail était de qualité, les photos représentaient des corps nus, hommes ou femmes, le plus souvent en gros plans, centrés sur une partie de corps, parfois, une main étrangère venait souligner un sein, une fesse ou un sexe.

« Vous n’avez pas continué dans cette voie, demanda l’homme ? Pourquoi ?

— Il est très difficile de vivre de son travail de photographe d’art. Je n’ai pas gagné d’argent avec ce livre, au contraire, il m’en a coûté ! J’ai préféré me tourner vers des activités plus lucratives. Je ne pratique plus la photo que pour le plaisir. Je peins aussi, comme vous pouvez le voir de ce côté.

— Vous avez beaucoup de talent ! ajouta la femme, et vous savez nous mettre en confiance. C’est vraiment très agréable de poser pour vous.

— Ça semble tellement naturel pour vous, ce n’est pas difficile.

— C’est vrai, nous aimons être nus dès que c’est possible. Comme vous l’avez sûrement remarqué, pas de trace de maillot sur la peau ! confirma l’homme avec un sourire.

— Nous sommes sans doute même un peu exhibitionnistes, ajouta la femme. Ça m’excite de savoir que l’on me regarde ainsi. »

Après quelques minutes, Stéphanie proposa de reprendre la séance.

« Si ça ne vous pose pas de problèmes, nous aimerions des photos plus explicites, vous voyez ce que je veux dire ? demanda la femme. C’est possible ? Juste pour nous.

— Oui, bien sûr, je n’ai pas de tabous ! répondit la photographe. Je vous laisse l’initiative, j’ajusterai l’éclairage si nécessaire. »

L’homme s’installa sur le canapé, une jambe sur le sol. La femme se cala sur le sol, entre ses genoux. Stéphanie déplaça un projecteur pour éviter les ombres et se plaça au niveau de l’action. Elle alternait les points de vue, champ large et gros plans, zoomant sur la main et le sexe érigé, puis sur les lèvres brillantes quand elles prirent possession du membre dressé. Les attitudes changèrent, mais la tension érotique continua de monter. L’artiste comprit bientôt que ces deux-là n’avaient pas l’intention de s’arrêter avant d’avoir atteint le point culminant du plaisir. Elle prit un peu de recul, pour capter le corps tendu, le visage exprimant la plénitude de la satisfaction charnelle. Enfin la femme lança un cri de bonheur, long, profond, avant de se laisser retomber dans les bras de l’homme.

Stéphanie se recula avec précaution, éteignant progressivement les éclairages. Elle déposa son appareil et le brancha sur l’ordinateur. Lorsqu’elle se retourna, la femme avait retrouvé ses esprits.

« Je vous prie de m’excuser, dit-elle, mais à partir d’un certain point, je ne peux pas arrêter.

— Il n’y a pas de mal, bien au contraire, c’était très beau.

— Vous auriez pu venir me rejoindre.

— Une autre fois, peut-être, répondit Stéphanie. Là, vous m’avez un peu… surprise.

— Vous fréquentez le milieu libertin ? demanda la femme avec assurance.

— Je ne vis dans la région que depuis quelques mois, répondit la photographe, je ne connais pas encore beaucoup de monde.

— Vous avez de la chance. Avec nous, vous pourriez vous faire de nouveaux amis !

— Pourquoi pas, il faudra que j’en parle avec mon mari. Il est actuellement en voyage. Il ne reviendra que dans deux semaines.

— Rien ne presse ! De toute façon, nous allons garder le contact, nous sommes très impatients de découvrir les photos.

— Laissez-moi un peu de temps pour les classer et les travailler un peu. Je vous enverrai quelques exemples d’ici une ou deux semaines.

— Nous allons vous faire parvenir un lien vers un site de rencontres et de dialogue. Notre pseudo c’est Lleonard & Camille, avec deux l. »

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