Nouvelle piste

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Gaillac & Toulouse, jeudi 20 février

Une idée était venue à l’esprit de Mark Keller en parcourant un article sur son ordinateur. Il appela son adjoint pour évoquer cette piste avec lui.

« Laurent, tu m’as bien dit que le dernier bornage des téléphones des Delcasse était du côté de Lanta ?

— Oui, répondit Ducros, on les a pistés depuis Toulouse, ils y sont arrivés vers une heure du matin et ils n’ont pas bougé ensuite.

— Ils n’ont pas quitté Toulouse avec leur voiture, c’est donc qu’ils ont fait le chemin avec quelqu’un d’autre. Si on pouvait trouver les mobiles qui ont parcouru la même route en même temps, ça pourrait nous permettre d’identifier celui ou ceux qui les accompagnaient !

— En théorie, tu as raison, mais ça fait un nombre énorme de numéros à identifier. Il devait y avoir des milliers de mobiles dans le secteur du quai de Tounis le samedi soir.

— Sans doute, mais beaucoup moins à Lanta. Si on pouvait faire la recherche en partant de là…

— Tu veux que je recoupe tous les relevés des différents opérateurs pour cette nuit là ? demanda Ducros affolé.

— Non, mais on peut faire mieux et plus vite. J’ai lu qu’il est possible d’utiliser les outils d’intelligence artificielle pour analyser de grandes quantités de données.

— Peut-être, mais tu crois qu’on utilise ça chez nous ?

— Je n’en sais rien, mais je connais quelqu’un qui pourrait sans doute nous aider. J’ai un neveu qui est étudiant à Paul Sabatier[1]. Si j’ai bien compris, il prépare une thèse de mathématiques. On pourrait lui soumettre notre problème ?

— De toute façon, on ne risque rien en essayant. Tu crois qu’il faut en parler à la substitute ?

— Tu as bien obtenu les réquisitions pour le bornage des téléphones, ça devrait suffire.

— C’est qu’il ne s’agit pas juste de pister le mobile d’un suspect, mais de scanner tous les abonnés présents dans une zone.

— Écoute, je vais parler avec mon neveu, et s’il pense que c’est possible, alors on demandera à Laura. »

Ducros fut un peu surpris par l’usage du prénom de la magistrate, mais il ne releva pas cette familiarité.

« Ça t’ennuie si je t’accompagne, ça m’intéresse ce truc ! »

Deux heures plus tard, les deux gendarmes roulaient vers le sud. Maxime Keller avait accepté de les recevoir à l’heure du déjeuner. L’adjudant lui avait donné quelques éléments au téléphone, et le jeune homme avait montré un vif intérêt pour l’exercice. Marc stationna la voiture à proximité de la station du Téléo[2] où l’étudiant leur avait donné rendez-vous.

« Tu m’excuseras de t’avoir proposé de nous retrouver ici, mais les uniformes ne sont pas très bien vus sur le campus ! lança Maxime avec un sourire.

— Tu as raison, tes copines pourraient prendre peur ! Je te remercie de nous accorder un peu de temps, répondit l’adjudant. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais en gros, nous cherchons à identifier des personnes qui se seraient retrouvées au même endroit, en même temps, à partir des relevés téléphoniques.

— Je vois ce que tu veux dire, sur le principe, ça ne pose pas de problème technique, à condition d’avoir accès à toutes les données. Je ne suis pas un pirate informatique, pas question pour moi de hacker les serveurs d’Orange. Si tu me fournis les fichiers, peu importe le nombre d’entrées, c’est la machine qui fera le travail.

— On a déjà tracé l’itinéraire des personnes que nous recherchons, ça permet de limiter le nombre de zones à analyser.

— J’ai fait une première recherche, ajouta Ducros, autour de Lanta, il y a trois relais 4G et un seul relais 5G. La commune fait tout de même presque deux mille habitants.

— Si on oublie les enfants et les personnes absentes, on doit avoir quand même au moins un millier de mobiles connectés ! estima Maxime, mais je vous l’ai dit, ce n’est pas un problème insurmontable. Ce qui est important c’est d’avoir la collaboration des opérateurs.

— Je vais en parler avec la substitute, concéda Marc Keller, et donc si je t’obtiens ces fichiers, tu pourrais rechercher les concordances ?

— Oui, mais je ne vous donnerai que les numéros communs, pour le reste, ce n’est pas de mon ressort.

— Bien sûr, tant que ce n’est pas un prépayé, on arrivera à identifier le propriétaire. Je te remercie de ton aide.

— De rien, c’est assez proche des sujets sur lesquels je travaille, c’est même plus simple que ce que je fais d’habitude.

— Tu as le temps de déjeuner avec nous ? proposa l’adjudant. »



[1] Paul Sabatier : Université scientifique de Toulouse

[2] Téléo : Téléphérique urbain de Toulouse

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