Première sortie
L’Herm & Toulouse, samedi 29 juin
Stéphanie avait soumis un échantillon de son travail à ses modèles et reçu une réponse enthousiaste de la part du couple. Ils avaient ensuite échangé au travers de la messagerie rose. Ils s’étaient revus à la fin mai à l’atelier, à Portet, et Stéphanie leur avait remis des tirages des meilleurs clichés. Camille avait profité de l’occasion pour renouveler sa proposition de rencontre libertine et ainsi de lui ouvrir les portes de la nuit rose. Franck, tout d’abord, s’était montré un peu réticent, mais il avait fini par se laisser convaincre de tenter l’expérience, surtout pour permettre le développement de l’activité de sa compagne. Stéphanie avait eu l’occasion de côtoyer de nombreux artistes parisiens avant de venir s’installer avec Franck dans le Midi. Elle avait eu l’occasion de participer à des soirées sans tabous aussi bien dans des clubs que dans des contextes privés. Il n’en était pas de même de son conjoint, qui avait consacré une bonne partie de sa jeunesse à ses études avant de passer le plus clair de son temps la tête dans les étoiles. Franck ne s’intéressait que très peu aux activités de Stéphanie. Leurs préoccupations professionnelles étaient diamétralement opposées. La jeune femme l’avait tout de même convaincu de venir jeter un coup d’œil aux clichés qu’elle avait réalisés avec Camille et Léonard. Il avait dû reconnaitre qu’il se dégageait une force érotique très forte des photos et pourtant, les poses n’étaient pas provocantes, à des lieues des productions pornographiques habituelles. L’artiste avait réussi à faire ressortir le plaisir évident que les deux amants prenaient en s’offrant ainsi à l’objectif de la photographe.
« On dirait qu’elle cherche à te provoquer ! commenta Franck, qu’elle joue avec toi.
— Oui, c’est exactement ça, c’est ce que j’ai ressenti très rapidement. Je crois que Camille aurait aimé que je pose mon appareil pour venir la rejoindre sur ce canapé.
— Tu n’en avais pas envie ?
— Je préfère séparer les choses. Pour moi, cette séance, c’était du travail.
— C’est pour ça que tu aimerais les revoir ? demanda Franck.
— Sans doute un peu, oui. Et puis j’ai envie de sortir un peu. En fait, depuis que nous sommes installés ici, on ne s’est pas beaucoup amusés.
— Tu t’ennuies avec moi ? s’offusqua Franck.
— Non, pas du tout, ce n’est pas ce que je veux dire, mais comme tu es souvent en voyage, je sais que tu préfères rester à la maison le week-end…
— C’est vrai, mais je peux faire un effort. Je dois repartir à Kourou, si tu veux, fin juin on peut prévoir quelque chose. Je te laisse organiser ça. »
Stéphanie avait continué de dialoguer avec Camille et les deux femmes s’étaient accordées pour une soirée commune au club Le Private le dernier samedi de juin. Pour la circonstance, la photographe avait choisi une tenue légère, adaptée à la saison, mettant en valeur son physique, sans provocation. Franck avait proposé qu’ils aillent dîner en ville avant de se rendre au club, il lui avait donc fallu trouver une robe qui puisse se porter dans un restaurant sans provoquer d’émeute. Elle avait opté pour un décolleté juste assez audacieux et une coupe mi-longue. Franck avait manifesté son approbation soulignant sa silhouette des ses mains, constatant avec plaisir qu’il était aisé de s’aventurer sous la mince étoffe. Lui-même, sur la recommandation de Stéphanie, s’était contenté d’un chino beige, une chemise à col ouvert et une veste légère. Franck n’aimait pas trop se rendre en centre-ville en voiture, mais il n’avait pas vraiment le choix pour cette fois et il choisit le parking Victor Hugo, proche du Capitole et de l’adresse où il avait réservé. La salle était déjà bien remplie lorsqu’ils arrivèrent. Stéphanie prit plaisir à constater que quelques regards se portaient sur elle comme ils gagnaient leur table. Le repas se déroula dans une ambiance détendue, sans allusion à la suite de la soirée. Au moment de régler l’addition, Franck aurait tout autant aimé aller prendre un verre dans un des pubs du quartier, mais il ne pouvait pas priver sa compagne du plaisir attendu. Quelques minutes plus tard, il quittait la rocade pour s’engager sur l’autoroute en direction d’Albi. Le trajet ne leur prit pas longtemps et il ne tarda pas à arriver devant le club. Il y avait déjà un bon nombre de véhicules sur le parking. À l’intérieur, il était difficile de se frayer un chemin jusqu’au bar, des couples se retrouvaient et échangeaient, dans un brouhaha à peine couvert par la musique d’ambiance. Le DJ n’avait pas encore lancé le programme dansant. Stéphanie reconnut Camille et Léonard en discussion avec un couple plus âgé. Suivie de Franck, elle parvint à les rejoindre. Camille la gratifia d’un baiser appuyé sur les lèvres.
« Je te présente Francis et Sophie, déclara Camille, ce sont des amis de longue date avec qui nous passons d’excellents moments. »
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