Gaillac, jeudi 20 février

Aussitôt après le déjeuner, sur le chemin du retour, l’adjudant avait appelé Laura Marques pour lui faire part de ses intentions. La substitute se montra assez réservée sur la recevabilité de la demande.

« Je ne pense pas que le procureur acceptera cette requête, mais je vais tout de même lui soumettre, sinon, il faudra trouver une méthode moins massive, nous avons quelques règles à respecter. Il ne s’agit pas d’une affaire de sécurité nationale ou de terrorisme. Je te rappelle dès que j’ai la réponse de Vanderberghe. »

Le gendarme raccrocha, déçu.

« Qu’est-ce qu’elle a dit ? demanda Ducros.

— Elle pense comme toi, ça fait trop de données personnelles à interpréter. On ne peut pas demander ces infos.

— Qu’est-ce qu’on peut faire ?

— On va attendre la réponse du procureur, puis on avisera. »

Les deux gendarmes étaient de retour à Gaillac quand le portable de Keller sonna. Il lut le nom de la magistrate.

« Sans surprise, le procureur ne valide pas ta réquisition, mais il trouve l’idée intéressante. Tu pourrais trouver un moyen d’analyser moins d’infos ? »

L’adjudant réfléchit un moment avant d’émettre une suggestion.

« Si on se limite à la zone de Lanta, au moment où les portables des Delcasse y sont entrés, ce serait jouable ? C’était au milieu de la nuit, il ne doit pas y en avoir beaucoup qui sont arrivés au même moment, c’est vraiment en zone rurale, loin de l’autoroute.

— Oui, je pense que ça peut se tenter. Tu n’as qu’à établir une demande pour les cinq minutes avant et après l’heure relevée, sur les seules antennes qui couvrent l’endroit où ils se sont arrêtés. Tu peux restreindre la requête aux mobiles qui ne sont pas ressortis. Je pense que les opérateurs pourront vous fournir ça.

— Très bien, je demande à Ducros de préparer ça tout de suite. Tu l’auras dans quelques minutes. »

Keller appela le maréchal des logis et lui rapporta les propos de Marques. En fin d'après-midi, la magistrate avait validé la demande. Ducros se chargea de la transmettre à ses contacts chez les opérateurs.

« Voilà, c’est parti, confirma le gendarme quelques minutes plus tard. On devrait avoir les réponses demain. »